La Lutte des sans-abri au Japon
415 pages
Français

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La Lutte des sans-abri au Japon , livre ebook

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Description

Au début des années 90, le nombre de sans-abri augmente rapidement dans les grandes métropoles japonaises. Les autorités n'ont d'autres politiques que de répondre aux plaintes d'habitants par des évictions localisées. C'est en résistance à l'une d'entre elles que se cristallise à Tokyo, la première lutte des sans-abri. L'analyse porte sur l'origine d'un renouveau du militantisme, stimulé par l'apparition de populations exclues, prises en charge par des militants d'extrême gauche en quête de nouvelles causes.

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 123
EAN13 9782296801431
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La lutte des sans-abri au Japon
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54216-7
EAN : 9782296089501
David-Antoine Malinas
La lutte des sans-abri au Japon
Le renouveau du militantisme
L’Harmattan
Points sur l’Asie
Collection dirigée par Philippe Delalande
Dernières parutions
Claude Helper, La Dénucléarisation de la Corée du Nord et la Succession de KIM Jong-il, dans le contexte géopolitique et de sécurité en Asie-Pacifique , 2010
Mathieu BARATIER, Les Chinois aujourd’hui , 2010
Carla DI MARTINO, Le Pakistan, islam et modernité. Le projet de Benazir Bhutto , 2010.
Vincent GREBY, Le nouveau Népal. Le pari d’une utopie, 2010.
Raoul Marc JENNAR, Trente ans depuis Pol Pot. Le Cambodge de 1979 à 2009 , 2010.
Thierry GUTHMANN, Shintô et politique dans le Japon contemporain , 2010.
Raphaël GUTMANN, Entre castes et classes. Les communistes indiens face à la politisation des basses castes , 2010.
Changxing ZHAO, L’enseignement non gouvernemental en Chine , 2009.
Lionel BAIXAS, Lucie DEJOUHANET, Pierre-Yves
TROUILLET, Conflit et rapports sociaux en Asie du Sud, 2009.
Maja A. NAZARUK, La prostitution en Asie du Sud-Est, 2009.
Anne BUISSON, Alphabétisation et éducation en Inde , 2009.
Jean-Pierre CABESTAN et Tanguy LE PESANT, L’esprit de défense de Taiwan face à la Chine , 2009.
Chloé SZULZINGER, Les Femmes dans l’immigration vietnamienne en France de 1950 à nos jours , 2009.
Marc DELPLANQUE, Le Japon résigné , 2009.
Alain LAMBALLE, L’eau en Asie du Sud : confrontation ou coopération ? , 2009.
Stephen DUSO-BAUDUIN, Sociostratégie de la Chine : dragon, panda ou qilin ? , 2009.
A mon père,
Infiniment.
REMERCIEMENTS
Je voudrais remercier Bruno ETIENNE, mon onshi ( maître), qui m’a donné le goût de la recherche et de la recherche de l’autre.
Je voudrais remercier le ministère de l’Education nationale du Japon ( Monbû kagaku sho ) pour avoir soutenu financièrement ce travail de recherche ainsi que l’université de Hitotsubashi qui m’a accueilli pendant mes années de recherche au Japon. Ma gratitude s’exprime au plus haut point envers le professeur Takashi MACHIMURA, pour son soutien indéfectible. Je garde le souvenir le plus respectueux du professeur Takamichi KAJITA, sans qui ce projet n’aurait pu voir le jour, et dont le départ prématuré a touché tous ses élèves.
Je tiens à remercier le Centre de Recherches Politiques de la Sorbonne qui m’a accueilli dans son équipe de recherche sur l’action collective alors que j’étais un « rônin » , et plus particulièrement je tiens à remercier Olivier FILLIEULE pour son haut degré d’exigence et les conseils qu’il m’a prodigués tout au long de cette recherche.
Je voudrais remercier également le centre de recherche français de la Maison franco-japonaise, le Centre de Recherche sur la Stratification Sociale et les Inégalités de l’université du Tohoku, l’Institut d’Asie Orientale de l’IAO et le Réseau-Asie pour leur soutien, logistique ou financier, accordé pendant mes années de réécriture. Je remercie plus particulièrement pour leur soutien de cœur et d’esprit le professeur Yoshimichi SATO, le professeur Marc HUMBERT et le professeur Jean-François SABOURET.
Je remercie mes collègues et amis qui tout au long de ce travail m’ont offert, tard dans la nuit et jusqu’à la dernière heure, conseils, discussions, et relectures, en particulier Frédéric ROUSTAN, AIKAWA san , Paul JOBIN, Vincent MOENECLAEY, TSUTSUMI san , HARAGUCHI san, KAKITA san , TSUMAKI, INADA san , ainsi que mon frère Pierre-Yves MALINAS.
Je tiens à remercier ma famille qui m’a soutenu dans ce projet de longue haleine.
J’adresse une pensée particulière pour Nadejda S.
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
24 janvier 1996. Tokyo. Il est six heures du matin. L’heure comme la saison veulent qu’il fasse froid. Près de mille agents de sécurité, policiers et police antiémeute sont en position devant l’entrée de l’une des deux rues souterraines qui mènent du nouveau quartier des affaires de la capitale à la sortie Ouest de la plus grande gare du Japon : Shinjuku 1 . Des passants, peu, mais des journalistes, des photographes, des grands reporters, beaucoup. En face, une centaine de sans-abri et leurs soutiens militants, tous assis, bloquent de leur corps serrés l’entrée de la rue derrière une barricade. Ils refusent depuis plus de six mois de quitter le « village », une cinquantaine d’abris en carton, allongés le long de cette artère. Ils ont décidé de résister une dernière fois, pacifiquement, en organisant un sit-in contre l’ordre d’éviction de la mairie de Tokyo qui souhaite ardemment construire un couloir roulant précisément dans cette rue et propose aux sans-abri l’accès à un centre d’hébergement temporaire. A 7h20, les policiers interviennent. Confusion, cris, des œufs et de la farine volent, plusieurs militants sont arrêtés, les flashs crépitent, les caméras tournent. Il s’agit de la seconde éviction générale des sans-abri de Shinjuku, l’un des premiers évènements marquant de l’année 1996 et un pic dans la relation qui oppose la mairie de Tokyo et l’organisation de défense des droits et de la vie des sans-abri, la SRK ( Shinjuku Renraku Kai ou SRK dans le texte).
Quelque deux ans auparavant, le 17 février 1994, la mairie de Tokyo, épaulée par les services de la mairie d’arrondissement de Shinjuku, avait déjà réalisé la même opération. L’objectif était également de repousser en dehors de la gare de Shinjuku le nombre grandissant de sans-abri qui s’étaient sédentarisés, depuis quelques dizaines de mois, dans ces entrailles souterraines, avec une attention particulière à cette même artère dans laquelle un regroupement d’une cinquantaine de cabanes de carton s’était formé. Au volet répressif était adjoint un léger volet social: l’accès à un centre d’hébergement temporaire accessible pour deux semaines. Contrairement à 1996, cette première éviction générale n’aura suscité aucune résistance majeure. L’éviction apparaît comme un succès. Le personnel administratif mobilisé est minime, les sans-abri sont évacués rapidement, les militants sont absents. Les journalistes s’étonnent, à la page des faits divers, avec des photos de souterrains vides et les associations de commerçants sont satisfaites: leurs doléances ont été prises en compte. C’est pourtant bien cet évènement qui déclenche un processus complexe de formation d’une action collective en résistance, et la constitution de la toute première organisation dédiée exclusivement à la défense des sans-abri.
Quelque deux années plus tard, en février 1998, la mairie de Tokyo et la SRK s’accordent pour jeter les bases de la toute première politique officielle de réinsertion pour sans-abri au Japon. L’administration abandonne sa politique d’éviction et offre aux sans-abri un accès à des centres d’hébergement dans lesquels des dispositifs de retour à l’emploi et d’aide sociale ( seikatsu hogo) sont mis en action. La SRK est reconnue comme interlocuteur légitime des intérêts des sans-abri et, dans un processus d’institutionnalisation croissante, sera labellisée NPO ( Non Profit Organization ) par la même administration qui avait assigné deux de ses leaders en justice.
La chronologie à elle seule ne pourrait servir d’explication mais permet de relever toute l’importance historique de la lutte des sans-abri de Shinjuku. Il s’agit, tout d’abord, de la première action collective contestataire de cette population. Ensuite, la SRK, dotée d’une remarquable longévité, constitue la première organisation dont le but exclusif est la défense de la cause sans-abri. Enfin, cette lutte a été victorieuse. Les sans-abri, et les militants qui se sont engagés à leur côté, ont réussi à modifier durablement l’allocation sociétale des ressources – juridiques et matérielles – en leur faveur à travers cette première politique de réinsertion. Ainsi, pour autant que cette étude se concentre sur un évènement microsociologique, localisé, et avant même sa problématisation sociologique, il est déjà possible de souligner son caractère marquant, c’est-à-dire à la fois distinctif, saillant dans la mémoire contemporaine, constitutif d’une véritable ligne de césure 2 .
Il n’est cependant pas habituel de retenir, du Japon, l’étude d’un tel phénomène social. Ce pays a su présenter l’image d’un pays harmonieux dont le principe était celui d’une répartition égalitaire des fruits de la croissance. Si de rares ouvrages, en langue française, se sont intéressés à des phénomènes de pauvreté ou de discrimination 3 ou de situations de conflits 4 ,

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