Les élections de 2010 en Grande-Bretagne : contexte et enjeux
90 pages
Français

Les élections de 2010 en Grande-Bretagne : contexte et enjeux , livre ebook

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Description

Succédant à plus de 10 ans de travaillisme, le parti Conservateur a remporté les élections de 2010, avec cependant une majorité insuffisante pour former un gouvernement uniquement conservateur. S'en est donc suivi une alliance avec les Libéraux-démocrates. Dans l'urgence d'une réorganisation de l'économie et de la société, les deux partis ont réussi à surmonter ceraines différences, ceci étant sans doute facilité par les personnalités de David Cameron et de Nick Clegg.

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Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 14
EAN13 9782296504936
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Les élections de 2010 en GrandeBretagne : contexte et enjeux
Actes de la journée d’étude organisée par l’Université d’Artois Centre de recherche « Textes et Cultures », Arras, 11 mars 2011
Sous la direction de Michael HEARN
LANGUE & PAROLE
Les élections de 2010 en Grande-Bretagne
Langue et Parole. Recherches en Sciences du langage Collection dirigée par Henri Boyer (Université de Montpellier 3) Conseil scientifique : C. Alén Garabato (Univ. de Montpellier 3, France), M. Billières (Univ. de Toulouse-Le Mirail, France), P. Charaudeau (Univ. de Paris 13, France), N. Dittmar (Univ. de Berlin, Allemagne), V. Dospinescu (Univ. "Stefan cel Mare"de Suceava, Roumanie), F. Fernández Rei (Univ. de Santiago de Compostela, Espagne), A. Lodge (St Andrews University, Royaume Uni), I.-L. Machado (Univ. Federal de Minas Gerais, Brésil), M.-A. Paveau (Univ. de Paris 13, France), P. Sauzet (Univ. de Toulouse-Le-Mirail), G. Siouffi (Univ. de Montpellier 3, France).  La collectionLangue et Parole. Recherches en Sciences du langagese donne pour objectif la publication de travaux, individuels ou collectifs, réalisés au sein d'un champ qui n'a cessé d'évoluer et de s'affirmer au cours des dernières décennies, dans sa diversification (théorique et méthodologique), dans ses débats et polémiques également. Le titre retenu, qui associe deux concepts clés (et controversés) duCours de Linguistique Généralede Ferdinand de Saussure, veut signifier que la collection diffusera des études concernant l'ensemble des domaines de la linguistique contemporaine : descriptions de telle ou telle langue, parlure ou variété dialectale, dans telle ou telle de ses/ leurs composantes; recherches en linguistique générale mais aussi en linguistique appliquée et en linguistique historique; approches des pratiques langagières selon les perspectives ouvertes par la pragmatique ou l'analyse conversationnelle, sans oublier les diverses tendances de l'analyse de discours. Elle est également ouverte aux travaux concernant la didactologie des langues-cultures.  La collectionLangue et Parole souhaite ainsi contribuer à faire connaître les développements les plus actuels d'un champ disciplinaire qui cherche à éclairer l'activité de langage sous tous ses angles. Rappelons que par ailleurs la CollectionSociolinguistiquede L'Harmattan intéresse les recherches orientées spécifiquement vers les rapports entre langue/langage et société. Dernières parutions Teddy ARNAVIELLE,Voyages grammairiens, 2012. Abdenbi LACHKAR (sous la dir. de),Langues et médias en Méditerranée, 2012. Eléonore YASRI-LABRIQUE,Les forums de discussion : agoras du XXIe siècle ?, 2011. Mohamed EMBARKI,La coarticulation. Des indices à la représentation, 2011. Paul BACOT,La construction verbale du politique, Etudes de politologie lexicale, 2011.
Sous la direction de Michael Hearn
Les élections de 2010 en Grande-Bretagne : contexte et enjeux
ACTES DE LAJOURNÉE DÉTUDE ORGANISÉEPAR L’UNIVERSITÉ D’ARTOIS
CENTRE DERECHERCHE« TEXTES ETCULTURES»
ARRAS,11MARS2011
L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00137-1 EAN : 9782336001371
Préface La Révolution permanente
Michael Hearn
Les élections qui ont eu lieu en 2010 au Royaume-Uni n’ont pas en soi revêtu de caractère particulier. On pourrait presque dire qu’en démocratie, dans ce pays comme ailleurs, les élections se suivent et se ressemblent. Certes il y a des moments qui changent une évolution politique et économique, ce fut le cas en 1945 quand Clement Attlee met en place l’Etat Providence, en 1979 quand Margaret Thatcher devient Premier ministre pour changer de façon significative, certains diront révolutionnaire, la société britannique ou en 1997 quand Tony Blair annonce un processus de dévolution qui donnera une assemblée au Pays de Galles et un parlement à l’Ecosse. En 2010 on s’attend à une certaine continuité et peu de nouveauté, quelque soit le résultat des élections, même si la crise financière mondiale de 2008 a quelque peu modifié le paysage économique d’un Etat dont la situation était devenue jusque-là plus favorable que celle de ses voisins. Pourtant, finalement, le résultat a dépassé la routine escomptée.
Lors des élections l’absence d’une majorité pour les Conservateurs donnera lieu à des tractations assez longues qui finiront par aboutir à une alliance que d’aucuns définiront comme surprenante, entre deux partis, les Conservateurs et les Libéraux-démocrates, que peu d’observateurs voyaient s’accorder. Pendant un temps beaucoup ont d’ailleurs crû à une entente de ces derniers avec les Travaillistes de Gordon Brown, plus proches peut être, en tous les cas perçus comme plus à même de s’entendre avec le parti de Nick Clegg. Au bout du compte c’est bien un accord de gouvernement entre le parti Conservateur et le parti Libéral-démocrate qui sera scellé. Cet accord consacrera l’arrivée au pouvoir des Libéraux-démocrates après cent ans d’absence aux affaires de l’Etat, un aspect non négligeable pour leurleader, Nick Clegg, dans ce choix pour lui audacieux. Et de l’audace il lui en a fallu dans la mesure où, sur le papier du moins, les deux partis non seulement ne s’entendent sur presque rien mais ont en plus des divergences fondamentales sur l’essentiel.
En premier lieu les Libéraux-démocrates, par exemple, ont œuvré depuis toujours pour une refonte constitutionnelle, notamment la dévolution, désormais entérinée mais vue d’un œil soupçonneux par les
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Conservateurs, et celle du système électoral. Au Royaume-Uni existe ce qui est communément appelé leFirst past the post, c'est-à-dire un système qui implique que celui qui arrive en tête, qui passe le poteau de tête, est élu. C’est simple, clair, facile à comprendre et d’une certaine façon efficace mais, bien évidemment, pour ceux qui défendent la proportionnelle, injuste car ce système ne reflète pas la répartition équilibrée des votes. Les Libéraux-démocrates veulent depuis toujours l’instauration de la proportionnelle qui leur permettrait de ne pas être à chaque élection relégués en position défavorable au point de ne pas pouvoir obtenir une majorité de gouvernement. Dernier désagrément en date, la réforme de la Chambre des Lords, qui risque de mettre à mal la coalition. En second lieu les politiques économiques des Libéraux-démocrates se sont opposées, clin d’œil de l’histoire, au libéralisme effréné, mais en son temps peut être salutaire, des Conservateurs de l’époque thatcherienne, libéralisme hérité d’Adam Smith et de Mill, agrémenté des idées de Friedrich von Hayek, connu pour son approche idéologique définie notamment dansThe Road to Serfdom et de l’économiste de Chicago Milton Friedman dont l’ouvrageFree to Chooseest devenu une sorte de livre de chevet du libéralisme contemporain, doctrine empruntée, bien que remaniée par la « troisième voie » d’Anthony Giddens, par le Travaillisme de Tony Blair et de son successeur Gordon Brown. Un libéralisme que même la droite française, en dépit de ce qu’en disent les critiques de cette droite, n’a jamais pu envisager. Enfin, les Libéraux-démocrates ont un point de friction réel, qui demeure alors qu’ils sont au pouvoir, avec la politique européenne des Conservateurs, jugée au mieux sceptique ou au pire hostile, au processus d’intégration européenne.
Cependant les deux partis avaient quelques points de convergence qui ont permis leur entente : une critique commune de la centralisation de l’Etat, la nécessité de changer la société britannique et d’améliorer le fonctionnement des services publics, l’enseignement, la santé, et, surtout, de rendre, ou de donner la parole au peuple dans un grand mouvement que David Cameron a appelé la « grande société », par exemple en permettant aux parents de gérer les écoles et aux citoyens, mot qui sonne un peu faux au Royaume-Uni, de prendre leurs vies et leurs affaires en main.
Surtout cette alliance un peu contre-nature repose sur deux chefs de partis presqu’interchangeables, qui pourraient presque ne faire qu’un tant ils se ressemblent et semblent complices: la quarantaine précoce, comme l’était Tony Blair en arrivant au pouvoir, donc jeunes, si on compare leurs âge à
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l’âge moyen de la classe politique française, tous deux issus de milieux favorisés et éduqués dans des universités rivales mais comparables, à l’allure physique et sociale fraternelle, un aspect retenu par tous les observateurs lors de leur apparition devant le10 Downing street (voir incidemment la couverture deThe Economistdu 15 mai 2010 intitulée Britain’s accidental revolution) et de leur première conférence de presse commune tenue dans les jardins ensoleillés de la résidence du Premier ministre, au tout début du nouveau gouvernement.
Il est un peu tôt, diraient les Chinois, pour émettre un jugement sur ce gouvernement qui a eu le mérite, étant donné les divergences initiales de cette coalition, de durer plus d’un an. Certains points d’accord sont intervenus sur des politiques qui auraient pu paraître conflictuelles, par exemple la réforme du système électoral, soumise aux électeurs par référendum autour d’un projet de vote alternatif (alternative voting ou a.v), petite révolution institutionnelle qui n’a pas abouti puisque les électeurs en ont décidé autrement. D’autres politiques ont été plus délicates à mettre en place pour cette coalition, notamment les coupes sondes dans les services publics, difficilement admises dans leur ampleur par les Libéraux-démocrates mais qui, là encore, n’ont pas fait tomber le gouvernement, sans doute grâce à la présence, certes critique, mais de bonne volonté de Vince Cable, talentueux Ministre des affaires (BusinessSecretary) Libéral-démocrate de ce gouvernement de coalition. Enfin il y eu la politique européenne de David Cameron, persistant à ne pas rejoindre la zone euro et refusant de signer le nouveau traité fiscal en mars 2012 à Bruxelles, en vérité une politique solitaire de la chaise vide, contestée symboliquement par les Libéraux-démocrates, marquée par l’absence de Nick Clegg aux côtés du Premier ministre lors d’une session parlementaire rituelle des questions au gouvernement suite à un sommet fondateur à Bruxelles, David Cameron ayant argué de la souveraineté britannique et de l’indépendance de la Cité de Londres. «No one likes us, no one likes us, no one likes us, we don’t care », ont longtemps chanté sur leurs gradins les supporters de l’équipe de Football de Millwall, qui n’étaient pas tous des enfants de cœur. Ce pourrait presque être la devise de la politique extérieure britannique, ce qui heurte nécessairement les diplomates du pays.
Malgré tout, même érodé par le pouvoir, le gouvernement de coalition correspond un peu à l’image originale choisie par la couverture du Economistaout 2010 montrant David Cameron en punk affublé du14 d’une tignasse aux couleurs de l’Union Jack, titrant «Radical Britain» et sous-titrant «»The West’s most daring government . Il se situe dans la
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lignée mal comprise de gouvernements de l’après guerre de type réformateurs, qui ont changé le Royaume-Uni et ont servi de modèles dans d’autres pays, même dans ceux qui n’en ont jamais accepté la paternité (ou la maternité dans le cas de Margaret Thatcher), on pense au modèle social de Clement Attlee, à la révolution thatchérienne ou à la troisième voie blairienne.
Car en vérité il y a au Royaume-Uni une révolution permanente (qui n’a pas encore envisagé l’abolition de la monarchie mais s’en rapproche), qui touche aux politiques sociales, économiques et aux institutions de l’Etat. Que dire par exemple de la dévolution instaurée par Tony Blair qui donne un parlement à l’Ecosse, comme si il y avait un parlement à Lille, ou si on ressuscitait celui des Flandres à Douai ou celui de Bretagne à Rennes. Que dire de l’impatience de David Cameron sur l’organisation d’un référendum en Ecosse, comme si était organisé un référendum sur l’indépendance de l’Alsace-Lorraine, au Pays basque ou en Corse, ce qui, même en Corse, n’est guère probable. Ce n’est pas non plus crédible en Flandres belge où les revendications nationalistes sont pourtant fortes. Ce mouvement permanent, cet esprit de changement, cette trame révolutionnaire, distingue le Royaume-Uni de ses voisins qui n’ont en vérité d’esprit révolutionnaire que le romantisme, comme l’avait d’ailleurs souligné Vedel quand il écrivait « à l’encontre des Anglais qui font des révolutions sans le dire (…) les Français adorent changer l’étiquette du flacon sans changer de breuvage ». Certes les révolutions anglaises ne sont pas toutes sanguinaires mais elles ont néanmoins pour objet un bouleversement,a radical change pour reprendre l’expression communément utilisée dans la langue anglaise. Le gouvernement de David Cameron et de Nick Clegg, vrai partenariat, se situe dans ce contexte de l’histoire politique du Royaume-Uni.
Les résultats de la politique de ce gouvernement dirigé par David Cameron, au moment où ces lignes sont écrites, ne sont pas vraiment probants : le chômage est élevé, le gouvernement n’a pas encore résolu les problèmes d’une société que le Premier ministre a lui-même qualifié de « brisée », illustrée par les émeutes de l’été 2011 et la propension d’une certaine jeunesse anglaise à transformer le centre des ville en champs de bataille le vendredi soir, l’unité de l’Etat du Royaume-Uni reste en suspend. Il y a cependant cette volonté qui ne peut être contestée dans ce cadre particulier et singulier de la coalition gouvernementale, expérience en soi.
L’enjeu pour David Cameron et de Nick Clegg est de rester fidèle à l’esprit réformateur, plus, à l’esprit révolutionnaire de quelques de leurs
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