Multipartisme et idéologie en Côte d Ivoire
223 pages
Français

Multipartisme et idéologie en Côte d'Ivoire , livre ebook

-

223 pages
Français

Description

Cette étude se veut une lecture du paysage politique et idéologique de la Côte d'Ivoire après la restauration du multipartisme en 1990. Il s'agit d'appréhender, à partir d'un échantillon significatif des partis en scène depuis lors, la trajectoire de leurs idées et postures enracinées pour certains dans les années coloniales. Parmi eux, les trois "éléphants rivaux": le PDCI (dont Houphouet a fait peu à peu un parti unique), le FPI (de l'opposant historique Laurent Gbagbo) et le RDR (dirigé par Alassane Dramane Ouattara).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 102
EAN13 9782296165380
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Théophile KOUI
MUL TIP ARTISME
ET IDÉOLOGIE
EN CÔTE D'IVOIRE
Droite, Centre, Gauche
L'HARMATTAN
5-7 rue de l'Ecole-Polytechnique
F -75005 - PARISThéophile KOUI est né en 1948 à Séambly, région des
Montagnes (Côte d'Ivoire). Il a étudié les lettres espagnoles à
Montpellier (France). Depuis 1975, il enseigne à l'Université de
Cocody (Abidjan). Auteur de nombreux articles dans diverses
revues - dont, en 1988, Imprévue, publication du Centre d'Etudes
et de Recherches Sociocritiques de Montpellier.
Il a publié un recueil de poésie:
-Les échos du crépuscule (PUCI, Abidjan, 1995)
Copyright L'HARMATTAN 2006
http://www.editions-hannattan.fr
www.librairieharmattan.com
hannattan 1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-02554-7
EAN : 978 2296 02544 7"Les uns regrettent un passé qui ne peut revenir, les autres
rêvent un avenir qui ne viendra jamais; ceux qui songent au présent, en
parlent comme d'une éternité.
Chaque religion a ses prêtres, chaque prêtre a ses aveugles et
ses eunuques. De réalité, point de souci.
Où sont, je le demande, les hommes libres, ceux qui vivent tout
haut, qui n'enferment pas leur pensée dans le cercle étroit d'un dogme et
qui marchent franchement vers la lumière sans craindre de se démentir
demain, n'ayant souci que dujuste et du vrai? »
Emile Zola
Ecrits sur l'art
(Gallimard,Paris, 1991,p.3?)INTRODUCTION
La guerre qui a ensanglanté la Côte d'Ivoire après le 19
Septembre 2002 apparaît comme l'une des conséquences
dramatiques d'un multipartisme encore neuf et mal compris, un
multipartisme vite « tropicalisé », érigé en arène de gladiateurs. Depuis
1995, le sang coulait en Côte d'Ivoire, car le boycott actif organisé
par le Front Républicain - FPI + RDR notamment - (voir les partis
en annexes finales), à l'occasion des élections d'octobre de cette
année-là, virait à l'affrontement sanglant avec son cortège de morts
et de blessés. Comme si cela ne suffisait pas, les élections d'octobre
2000 vont donner lieu à un véritable massacre collectif avec, de
surcroît, la découverte du charnier de Yopougon dont les
responsables demeurent à ce jour « non autrement identifiés» ou «
introuvables ».
Plutôt que d'apporter leur contribution à la création d'un
climat propice à l'émulation citoyenne dans la quête du pouvoir, les
uns et les autres se sont livrés à la « sorcellerie ». Pire, nantis de
leur vérité exclusive, ils ont pris d'assaut la scène politique en y
vendant à la criée leurs dogmes surannés. Ils ont suscité ainsi au
sein des masses non pas l'adhésion à des perspectives de vie, mais
à des réflexes pyromanes. Alors, nous sommes en droit de nous
demander quelles sont donc les idéologies qui animent ces partis
s'autoproclamant « libéraux» ou « socialistes », et dont les actes
s'enracinent jusqu'à présent dans la violence et l'anarchie? Tel est
l'objet de cet essai.
Depuis l'avènement du multipartisme en avril 1990, un
vertige s'est emparé du pays. Maintenues à l'écart et dans
l'obscurantisme politique le plus total des années durant, les masses
populaires de Côte d'Ivoire attendaient légitimement de l'ouverture
démocratique un changement qualitatif de leurs conditions de vie.
Elles ont été plutôt l'objet d'une intoxication systématique à travers
une idéologie simpliste de « ralliement» régional voire ethnique.
Cette confusion est soigneusement entretenue dans la conscience
collective par certains partis politiques, afin d'empêcher les
populations de saisir la nature réelle des intérêts sociaux et
historiques qui se cristallisent dans le discours partisan. Aussi, des
7concepts pourtant précis comme démocratie, liberté, Etat de droit,
etc., à force d'être utilisés à des fins démagogiques, ont totalement
sombré dans l'ambivalence, au point d'être vidés aujourd'hui de
tout leur sens. Dans le même registre, concernant des termes tels
que droite, centre, gauche - qui désignent en principe la
configuration spatiale d'une assemblée où les différents courants
d'idées traversant une société donnée sont représentés -, quels sont
les répondants de ces concepts dans la conscience populaire d'un
pays sans tradition de démocratie parlementaire?
Travestis par le simplisme idéologique caractérisant le
régime houphouétiste de parti unique, des concepts tels que
socialisme et communisme ont été assimilés à une hérésie, voire à un
délit, d'où la tendance à diaboliser leur expression politique. Cette
interprétation socio-linguistique explique l'importance que les
masses urbaines et rurales attachent à la personne du leader. C'est
l'un des problèmes idéologiques majeurs, car cette identification
signifie que la population a intériorisé le schème du pouvoir
existant et entend le voir reproduit. Or la personnalisation du
pouvoir conduit tôt ou tard à l'autocratie.
Si, pour la gauche, l'enjeu essentiel de la lutte politique est
bien l'avènement de la démocratie, matrice des valeurs incarnant
l'épanouissement des potentialités humaines, alors cette posture
doit veiller au fonctionnement démocratique au sein des formations
politiques qui l'expriment. Cela impose un ensemble de
préalables : l'éducation des Inilitants de gauche dans le sens de la défense
des règles élémentaires de la démocratie; le respect de la pluralité
des opinions; le rejet du totalitarisme et du spectre de la pensée
unique; le culte de la liberté; le respect de la chose publique...
Cela veut dire que la gauche doit abandonner la démagogie facile,
le populisme éculé, renoncer à la tentation de diaboliser ses
adversaires. C'est à ce prix qu'elle ouvrira les portes de l'Afrique à
la modernité.
Le monde est entré dans le XXIèmesiècle. Des progrès de
tous ordres ont ça et là allongé l'espérance de vie, vaincu les
grands fléaux qui décimaient naguère les populations, facilité une
meilleure connaissance de l'univers, etc. Mais l'Afrique demeure
l'une des régions de la planète échappant encore à ce saut
qualitatif, elle qui est aux prises avec les problèmes gangrénant la survie
même de ses populations. Ces fléaux ont pour noms: dictatures
8néo-coloniales et régimes militaires issus de coups d'Etat; guerres
civiles fomentées et artificiellement entretenues par des trafiquants
d'armes internationaux qui maintiennent ainsi le contrôle des
puissances tutélaires sur le continent; famine, épidémies, etc. Ce
sont là autant de facteurs d'inhibition contre lesquels viennent
régulièrement échouer tous les programmes de développement.
C'est dire que la démocratie est un préalable au
Toute entreprise de développement est inexorablement vouée à
l'échec si les peuples concernés, au lieu d'en être les sujets actifs,
n'en sont que les objets.
C'est pourquoi il est aujourd'hui impératif que les
conditions politiques, sociales, économiques, psychologiques, etc.
inhérentes à l'exercice de la démocratie soient créées. Il s'agit d'une
exigence historique, et tout combat d'arrière-garde sur ce terrain ne
peut que déboucher sur des tragédies massives comme au Liberia,
en Sierra Leone, en Somalie, au Burundi, au Rwanda, etc. Il s'agit
de sortir de l'engrenage d'un pouvoir absolu qui, précisément parce
qu'il est absolu, tétanise les énergies créatrices et interdit
l'émergence de toute pensée susceptible de féconder un projet de vie
digne d'intérêt. Dans la mesure où les peuples africains pourront
oeuvrer librement et assumeront des choix responsables répondant
à leurs besoins réels, la prise en charge du destin du Continent par
ses habitants s'opérera progressivement. Mais aujourd'hui hélas,
l'Afrique souffre dans son ensemble d'un immense déficit de
démocratie, non pas (comme certains discours rétrogrades tentent
de le faire croire) que l'Afrique soit allergique à la démocratie,
mais bien plutôt parce que la défense des intér

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents