Pourquoi avoir fait de Mayotte le 101e département français ?
176 pages
Français

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Pourquoi avoir fait de Mayotte le 101e département français ? , livre ebook

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Description

En pleine crise économique, quelle peut-être l'utilité pour la France de conserver le territoire de Mayotte dépourvu de richesses naturelles et confronté à une forte pression migratoire ? Cet ouvrage s'attache à expliquer cette évolution qui fait de Mayotte le 101e département français ; tout en s'interrogeant sur notre rapport aux valeurs de la République, aux principes d'égalité, de laicité et de développement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2012
Nombre de lectures 162
EAN13 9782296505964
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
8
4e de couverture
Questions Contemporaines
Collection dirigée par
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

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Titre
Christophe du Payrat






POURQUOI AVOIR FAIT
DE MAYOTTE
LE 101 e DÉPARTEMENT FRANÇAIS ?








L’Harmattan
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-98420-2
EAN : 9782296984202
Introduction
Le 31 mars 2011, Mayotte, petite île de l’Océan indien située à 8000 km de la métropole, est devenue le 101 ème département français. Cette évolution fait naître un intérêt nouveau pour ce « confetti d’empire » devenu français en 1841, avant Nice et la Savoie, et qui l’est resté contre le sens de l’histoire, en refusant d’accéder à l’indépendance au même titre que les autres îles de l’archipel des Comores en 1974.

Singulière par son histoire, qui en fait le seul territoire de la République dont la souveraineté est contestée à l’ONU, l’île de Mayotte l’est aussi par son faible niveau de développement et sa population de 200.000 habitants, tiraillée entre sa volonté de devenir « encore plus Française » et sa réalité sociale, plus africaine qu’hexagonale.

La départementalisation de Mayotte suscite des interrogations sur le risque d’alimenter assistanat et immigration clandestine au détriment de finances publiques françaises déjà mises à mal par la crise économique.

Quelle est donc l’utilité pour la France de conserver une île dépourvue de richesses naturelles et, plus encore, de la transformer en département d’Outre-mer ?

Après la crise sociale qui a mis en lumière le mal développement de la Guadeloupe, et au moment où d’autres départements et territoires, à l’image de la Martinique ou de la Polynésie française, aspirent à davantage d’autonomie, pourquoi la population mahoraise demande-t-elle, avec tant de constance, d’accéder au statut départemental ?

La départementalisation de Mayotte s’opère en l’absence de réel débat, tant national que local, le sujet paraissant trop anecdotique vu de Paris et l’unanimité départementaliste étant trop ancrée pour être seulement questionnée localement. Loin des préjugés qui biaisent souvent le regard sur l’Outre-mer, il s’agit de comprendre ici les ressorts de cette évolution.

Laboratoire des idées sur un territoire réduit et isolé, Mayotte permet de questionner notre rapport aux valeurs de la République. Pour faire face à une problématique aiguë d’immigration clandestine, quelles sont les limites qu’une démocratie s’impose dans son action ? Pour tester la solidité de nos principes d’égalité ou de laïcité, pour déterminer le sens à donner à l’identité nationale, il peut être éclairant de les confronter à l’épreuve des faits dans la situation singulière qui est celle de Mayotte.
1 ère PARTIE : MAYOTTE, LA FRANCE ET LES COMORES, UN MÉNAGE À TROIS, TOUJOURS INSTABLE
1. La demande constante des mahorais de rester Français.
Les Comores sont un archipel situé au débouché Nord du canal du Mozambique, peuplé depuis le VIII ème siècle au moins, d’une population d’origine bantoue d’Afrique de l’Est, dont la langue, le shimaoré, est dérivée du swahili. La population a subi au cours des siècles une double influence arabe et malgache, provenant de commerçants ou de pêcheurs. Sous la houlette de sultans, un système politique et social inspiré du monde arabe a été progressivement institué.

Au XIX ème , la compétition franco-britannique pour la suprématie mondiale s’exerce jusque dans les recoins de l’Océan indien. Les îles de La Réunion, de Maurice et de Madagascar font l’objet de la convoitise successive des deux nations. Pendant ce temps, aux Comores, des aventuriers de nationalités française et britannique s’installent pour cultiver des épices ou de la canne à sucre et recherchent opportunément l’appui de leur Etat d’origine pour asseoir leurs possessions, obtenant parfois un titre de consul. Pour compenser la perte de l’île Maurice en 1815, passée dans le giron britannique, la Marine française souhaite enfin un nouvel appui maritime et militaire dans la région.

Afin de devancer les Anglais qui paraissent s’intéresser à l’île voisine d’Anjouan, la Marine française prend pied à Mayotte en 1841 : tirant profit des querelles incessantes des « sultans batailleurs » des quatre îles des Comores, le commandant Passot achète l’île de Mayotte au sultan Andriatsouly. L’île devient ainsi possession française par un contrat entre un vendeur qui dispose d’un bien qui ne lui appartient plus vraiment, le pouvoir du sultan étant très fragile, et un acheteur qui n’a pas autorité pour l’acheter. La prise de possession ne fut ensuite confirmée par le gouvernement de Louis-Philippe qu’en 1843.

Faut-il voir dans cette vente « un rattachement volontaire » de Mayotte à la France ? Certains ont cru pouvoir l’affirmer en indiquant que, déjà, la volonté du sultan de l’époque fut de se trouver une puissance tutélaire et protectrice, distincte des autres îles des Comores. L’analyse historique montre néanmoins que cette vente s’est faite dans des conditions qui font douter de l’existence d’un libre consentement : d’un côté, la France fit valoir sa puissance navale, ce qui s’apparente à une forme d’intimidation. De l’autre, le sultan Andriantsouly faisait figure d’interlocuteur inconstant, à la légitimité fragile.

Toutefois, l’ordonnance royale du 9 décembre 1846 est venue très vite abolir l’esclavage à Mayotte 1 , si bien que l’appartenance à la France est, dans l’histoire officielle de Mayotte, synonyme de liberté. Cette présentation paraît historiquement contestable lorsque l’on sait que la prise de possession de Mayotte a justement été motivée pour partie par les besoins de main d’œuvre des planteurs français de La Réunion. Si le statut d’esclave disparaît, il est d’ailleurs immédiatement remplacé par celui, peu avantageux, « d’engagé libre », qui n’octroie que des droits limités aux travailleurs noirs. C’est toutefois dans cette abolition qu’il faut sans doute trouver l’origine du beau slogan choisi depuis 1974 par les mahorais partisans de la présence française : « nous voulons être Français pour être libres ».

Après Mayotte, la France étend sa présence aux autres îles de l’archipel des Comores en 1876, dans des conditions différentes puisqu’une intervention militaire est cette fois nécessaire pour sécuriser les possessions d’Anjouan et de Grande Comore. Force est de reconnaître que l’antériorité de la présence française à Mayotte a créé une relation spécifique avec cette île, dont la puissance coloniale fit son chef-lieu. Pendant plus d’un siècle, les liens avec la métropole et ses efforts financiers n’en restèrent pas moins insignifiants.

L’état de développement limité de Mayotte et des Comores après un siècle de colonisation n’est ni à la gloire de la France, ni au crédit des politiques coloniales. La colonisation française a toutefois eu certains effets positifs, qui ont d’ailleurs incité les mahorais

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