Athée et croyant
118 pages
Français

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Athée et croyant , livre ebook

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Description

Ce troisième livre de Jean Dumas répond à l'interrogation d'amis lui reprochant de n'avoir dialogué qu'avec des croyants. La question était posée : comment dialoguer avec des incroyants sans chercher à les récupérer au profit de sa foi propre ? Après avoir déblayé le terrain commun à l'athée comme au croyant pour combattre les injustices criantes asservissant tant d'humains, l'auteur précise les valeurs qui motivent celui qui croit au ciel comme celui qui n'y croit pas. Le croyant doit remercier l'athée pour l'avoir aidé à se défaire d'une fausse image de Dieu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 81
EAN13 9782296806719
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Athée et croyant
Quand l’athéisme vient en aide à la foi
Jean DUMAS

Athée et croyant
Quand l’athéisme vient en aide à la foi
L’Harmattan
Du même auteur
L’arc-en-ciel des religions, Editions Labor et Fides, 2003
Jean, explique-moi ton évangile, Editions L’Harmattan, 2009
Couverture : iduma
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54707-0
EAN : 9782296547070
PRÉSENTATION








Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Que l’un fut de la chapelle
Et l’autre s’y déroba
Tous deux étaient fidèles
Des lèvres, du cœur, des bras
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

(La rose et le réséda, poème d’Aragon)


Le dialogue entre croyants s’impose à moi dans mon être tout entier, à ma réflexion comme à ma pratique. Mais s’impose en même temps, avec la même force, le dialogue avec l’athée. Dans un livre précédent ( L’arc-en-ciel des religions) j’avais ouvert aux autres fois religieuses ma foi de chrétien, et quelques amis proches m’ont dit leur déception de ne pas se sentir concernés par mes raisonnements : ils étaient athées, ou indifférents à tout attachement à quelque religion que ce soit. S’ils ont été sensibles à mes arguments, ceux-ci, m’ont-ils dit, ne concernent que les lecteurs déjà inscrits dans l’un des courants religieux du temps. J’avais parlé en faveur du dialogue entre gens religieux, mais j’avais laissé de côté les non – religieux. S’ils comprenaient tout à fait l’importance du dialogue entre gens de religions différentes, ils auraient aimé entrer eux aussi dans la ronde du dialogue.

Comme tout religieux sincère et comme tout homme soucieux du bonheur de ses semblables, ces amis qui se définissent athées et qui sont animés par les valeurs humanistes font en effet partie des hommes d’aujourd’hui tourmentés par les temps qui sont les nôtres. Je pense que l’athée comme tout croyant peut entrer dans ce combat pour un monde plus juste. S’il refuse Dieu, de quelque nom qu’on le nomme, il revendique les mêmes valeurs que défendent toutes les religions.

Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, au cœur du même combat, dit le poète.

Allant dans la même direction, me revient en mémoire un fait vécu qui a laissé en moi sa trace profonde.

C’était en 1952, dans le village du CHAMBON SUR LIGNON. Dans ces montagnes de la Haute-Loire, les habitants avaient suivi la volonté de leurs pasteurs pour cacher des enfants juifs pendant la guerre. Ces pasteurs, André TROCME et Edouard THEIS, étaient des pacifistes convaincus qui refusaient l’usage de toute résistance armée : ils avaient inventé une résistance non-violente. C’est ainsi qu’ils avaient compris leur façon de résister aux ordres décidant la déportation des juifs réfugiés en France.

Ce dimanche matin, le pasteur TROCMÉ avait choisi de prêcher sur l’image de l’Eglise comparée à l’arche de Noé : une Eglise ouverte prête à accueillir toutes les misères du monde. Son sermon frappa l’assemblée tant par le talent oratoire du pasteur que par le rappel évident de l’accueil des juifs pendant la guerre, qui avait valu au CHAMBON d’être le seul village inscrit au livre des Justes en tant que communauté civile. TROCME avait terminé en ajoutant l’image de l’Apocalypse. Ce dernier livre, clôturant la Bible, décrit la ville sainte de Jérusalem comme une ville aux portes ouvertes. « Telle devrait être l’Eglise, » avait conclu le pasteur.


Avant la dispersion, à la fin du culte, annonce avait été faite d’une conférence du philosophe Paul RICOEUR, ancien professeur ayant enseigné au Collège Cévenol du CHAMBON quelques années plus tôt. RICOEUR parlera à propos du récent livre d’Albert CAMUS, « L’homme révolté ».

La conférence se fit dans une petite salle paroissiale attenante, et Paul RICOEUR fit un long et passionnant résumé de la pensée de CAMUS, prenant la défense de l’auteur alors que ses amis communistes ou existentialistes sartriens avaient rompu tout lien avec leur compagnon de Combat, le quotidien bien connu : CAMUS avait eu l’audace de dénoncer le totalitarisme stalinien, tandis que ses anciens compagnons magnifiaient la nouvelle société d’avenir qu’était à leurs yeux le régime marxiste soviétique.

RICOEUR arrêta son exposé, et les applaudissements fusèrent, puis un des auditeur se leva pour dire ceci, qui fit choc sur l’assemblée : « Avant de commencer le débat, je voudrais vous présenter Albert CAMUS, qui a suivi avec un intérêt passionné la présentation qui vient de nous être proposée par RICOEUR. Je pense que vous attendez tous sa réponse. ». Personne n’avait prêté attention à la présence d’Albert CAMUS dans l’assemblée, RICOEUR comme les autres.

Commença alors un long et passionnant échange entre les deux hommes, qui se conclut par une apostrophe de CAMUS au chrétien RICOEUR : : « J’étais hier au culte du pasteur TROCMÉ, et je suis en total désaccord avec lui sur ce qu’il a dit de l’Eglise. Vous, les chrétiens, vous pensez vous soucier des autres qui se perdent dans les eaux dévastatrices des misères de l’après - guerre, en les invitant à entrer dans l’Eglise pour y trouver un réconfort spirituel, moral ou social.


Mais vous restez bien au chaud dans la barque de vos Eglises.
Quant à moi, je suis et je reste journaliste, soucieux de venir en aide à ceux qui se perdent. Avec eux, je plonge dans le tourbillon des eaux déchaînées qui menacent les vies des innocents abandonnés de tous » Paul RICOEUR répondit alors qu’il approuvait entièrement l’écrivain, lui signalant que des chrétiens sociaux choisissaient le même combat que celui de CAMUS. « Avec des motivations différentes, vous, qui vous affirmez athée, comme moi, qui me veux chrétien, nous menons le même combat. Je me situe dans l’appartenance au mouvement du Christianisme social, qui regroupe ceux qui s’en réclament pour s’engager dans les combats pour l’homme contre les injustices quelles qu’elles soient. Pour nous, l’Eglise ne peut prétendre n’être qu’un refuge confortable. Comme vous je ne suis pas d’accord avec TROCMÉ »

J’ai eu la chance et le bonheur d’assister, encore tout jeune étudiant, à cet échange d’une profondeur exceptionnelle. Je ne me souviens pas d’une conclusion de la part d’un organisateur de la conférence, mais tous ont certainement conservé un grand souvenir de cet échange d’une si forte intensité.

Aujourd’hui pasteur retraité, je suis arrivé au soir de ma vie, mais je sais que la route s’ouvre devant moi. Je me sens invité à aller de l’avant, mon avenir est devant moi, quelle que soit la longueur de la route qu’il me reste à parcourir, et le regard en arrière ne m’intéresse que pour mieux comprendre mon avenir. Je veux me risque à regarder en avant sur les traces déjà visibles du chemin de demain. Je ne le parcourrai pas moi-même, mais d’autres s’y aventureront.


J’habite un petit village des Préalpes. Ma maison est la dernière du village, face à l’Est, où se lève le soleil. Alors que je pourrais me sentir attaché aux maisons du village situées derrière moi, empêtrées avec leurs habitants par le poids d’un passé paysan lourd de traditions et de lenteurs, bien au contraire je m’appuie sur elles pour regarder l’avenir d’un nouveau jour qui vient. Chaque matin, je construis mes « mémoires d’avenir », selon la belle expression.

Mon regard longe la verte vallée où descend la Veyssane, le petit torrent de montagne venu du haut des bois laineux et feuillus. Derrière la ligne de crête qui barre l’horizon, va apparaître bientôt le premier soleil du matin. Je devine plus loin, cachée par les montagnettes trop proches, l’étendue des sommets arrondis qui se succèdent jusqu’au Vercors. Puis je laisse aller mon imagination. Je me représente, plus loin encore, les grandes Alpes, puis l’Italie dont le sillage blanc, laissé dans le bleu du ciel par un avion, me signale la direction de Rome. Et, plus loin encore, le monde qui tourne en boucle lancé dans la galaxie. Je m’émerveille au spectacle d’un lever du soleil, au matin d’une transparente journée d’été, et je sens vibrer le sol de ma planète qui poursuit sa lente rotation dans l’abaissement inexorable de l’horizon. Ce n’est pas le soleil qui monte en se levant, mais la terre qui tourne en s’abaissant !

Qui suis-je pour prétendre jouer un rôle dans ce vaste unive

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