La crucifixion
214 pages
Français

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La crucifixion , livre ebook

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Description

L'auteur souhaite éclairer les modes d'une représentation symbolique du mystère christique, à travers l'art religieux. À cet égard, la Crucifixion est à l'évidence l'Image significative du Sacrifice divin, et le Calvaire le haut lieu où la Croix signe le salut des âmes. Cette étude, qui est en filigrane une réflexion sur l'« être chrétien », conjugue les données de l'Écriture, de la théologie dogmatique, de la gnose des Pères et Docteurs de l'Église.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 75
EAN13 9782296466180
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA CRUCIFIXION
Autour du septénaire onto-cosmologique
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55337-8
EAN : 9782296553378
Gérard CHAUVIN
LA CRUCIFIXION
Autour du septénaire onto-cosmologique
Histoire, iconologie et théologie
L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR



Petite histoire des jésuites , Éd. de Paris, Versailles, 2008, 218 pages.

Collection B.A-BA, 128 pages, Pardès, Puiseaux/Grez-sur-Loing : Réincarnation , 1999. Islam , 2000. Soufisme , 2001. Mort I et II , 2002.
Anges , 2002. Judaïsme , 2003. Kabbale , 2003. Ancien Testament , 2004.
Nouveau Testament , 2004. Coran , 2005. Chiisme , 2005.

Les Jardins chinois et japonais , Pardès, 1999, 156 pages.
Les Jardins feng-shui (coauteur), Flammarion, 2001, 160 pages.

Études et comptes rendus de lecture dans la revue Connaissance des Religions (1990 à 1998).
À mon épouse
Amie chrétienne
A d orientem versus




« S’Il veut vivre pour toi, Dieu même doit mourir. »
Angelus Silesius : L’Errant chérubinique .




« Quand le Seigneur expira… son Cri pénétra la
terre, l’enfer et le ciel. »
Anne-Catherine Emmerick : La Passion .
AVANT PROPOS



À la neuvième heure du quatorzième jour du mois de Nisan, veille de la Pâque juive, l’Oint du Seigneur, le corps meurtri d’horrible façon et l’âme crucifiée, remit l’esprit au Père. Alors, dans l’obscurité tombée sur l’ingrate Jérusalem, le Rideau extérieur du Temple de l’ancienne Alliance, le voile d’ignorance de l’humanité déchue se déchira ; la terre trembla, les tombes libérèrent un temps les bienheureux, la roche même du Golgotha se fendit. Aux premières lumières du shabbat, la Mère de Dieu et les saintes Femmes, l’apôtre Jean, Joseph d’Arimathie et Nicodème placèrent Jésus au Tombeau. La pierre fut roulée et, le lendemain matin, scellée.
À l’aube du « troisième jour » , il ressuscita :
« Christ est ressuscité ! En vérité il est ressuscité ! »
En ces termes, depuis bientôt deux mille ans, de Pâques à la Pentecôte les chrétiens orthodoxes ne manquent pas au devoir de se saluer.
« Mort » et « résurrection » miraculeuse du Sauveur Messie : l’affirmation péremptoire du kérygme apostolique fonde la doctrine chrétienne du salut par la foi, conjointement aux œuvres, et justifie la représentation du fait sacré, unique et inouï, qui l’établit. L’image du Fils de l’Homme, portant sur ses épaules et souffrant dans sa chair le péché de l’ancienne humanité, offert en sacrifice pour notre rédemption, cette divine image s’impose sans doute plus qu’aucune autre au chrétien : « Ne voyez-vous pas toute la science du christianisme ramassée en Jésus crucifié ? », dira Bossuet. Science du Christ, science de l’Église et science de l’Image… christologie , ecclésiologie et iconologie sont vraie Science de Dieu ( Theologia ).
L’immense matière « théo-iconologique » du christianisme se concentre dans le mystère de la Passion (lat. patior : subir, endurer), cycle sacré qui atteint son paroxysme avec l’antépénultième station du Chemin de Croix : l’enclouage cruel, l’agonie1 et la mort sur le Bois d’infamie; certainement le thème le plus fécond de l’iconographie occidentale.
Depuis le Moyen Âge, le Crucifix cristallise et sature l’imaginaire des fidèles. Il est partout, et d’abord dans l’architecture des églises. Le maître-autel, où est réactualisée (en principe quotidiennement) la sainte Oblation, est comme le cœur percé du Fils, l’abside comme sa tête, et les chapelles rayonnantes comme sa couronne. Il est la pièce maîtresse des « poutres de gloire », des jubés ou ambons, dont la plupart ont disparu – souvent moins victimes du vandalisme révolutionnaire que des préjugés plus récents d’un supposé « purisme » artistique. Il est au centre des vitraux du chevet. Il est encore, à l’extérieur, aux frontons et tympans des cathédrales, aux portails de Reims, de Toul ou de Strasbourg... où le vieil Adam reçoit le Sang coulant des saintes Plaies. On ne compte pas les croix monumentales de carrefours et de cimetières, les calvaires, les « croix de mission » qui se répandirent aux XVIIe et XVIIIe siècles, et encore pendant la Restauration. Les crucifix peints en pierre, en bois, en plâtre et même en terre cuite. Les croix à main et pectorales, les crucifix domestiques, les enluminures et gravures des livres d’Heures. Dans les sacramentaires et missels, la Croix en « tau » sert, depuis l’époque carolingienne, à marquer l’initiale du premier mot du canon de la sainte Messe, commémorant le Sacrifice christique : c’est le « T » e igitur (« Toi qui es »). La Croix est présente sur tous les objets nécessaires à l’office liturgique ( cf. infra ), et elle offre un vocabulaire considérable... Échelle de Dieu, porte du paradis, rempart de l’Église, arme invincible, havre du salut, gloire des martyrs ; elle est gardienne de l’univers, médecine des malades, bois libérateur, trophée sauveur et glorieux, etc.
Dieu, qui a pris l’apparence du vieil Adam en revêtant notre tunique de peau, celle de l’homme pécheur, a dû supporter l’indicible douleur de n’avoir pas sauvé toute l’humanité, passée et présente… Mais Il se laisse voir, depuis, aux « enfants de la Croix », suivant l’expression de saint François de Sales, et c’est cette Image exemplaire de lui-même qui inspirera le plus souvent à ceux-ci, le désir salutaire du bien, le goût du vrai et l’amour du beau.
Quelques pièces témoignent que le thème de la Crucifixion était exploité avant Charlemagne, alors qu’on répugnait à figurer le Christ mort ou souffrant, pour préférer la Croix seule. Dans l’antique panneau du portail de Sainte-Sabine, à Rome (VIe siècle), les pieds qui touchent le sol ne sont pas cloués ; le Sauveur, accosté des deux larrons, est bien dans une position cruciforme, mais on ne suggère pas qu’il endure l’atroce supplice. C’est à partir de la décision du deuxième concile tenu à Nicée (en 787), légitimant les images pieuses contre le parti des iconoclastes, que le Crucifix s’imposera, alors qu’on évitera encore de montrer trop explicitement la nature humaine de la souffrance. Par la Croix, Dieu libère les âmes de la prison de ce monde, et même la mort est finalement vaincue… là est l’essentiel. Cette conception triomphante du Sacrifice, dont les bases doctrinales sont établies chez saint Paul, dominera presque exclusivement jusqu’à l’époque préromane.
Mais après l’an mille et la consommation de la rupture avec Byzance, l’art occidental connaît de profondes mutations, dont la moindre n’est pas sa tendance générale à une perspective plus « doloriste ». Tendance qui ira crescendo avec le « mysticisme allemand », pour atteindre des sommets dramatiques, à partir du XVe siècle et au cours des deux siècles suivants, chez les plus grands maîtres comme le Tintoret, Rubens, ou le Greco. La Crucifixion occupe le panneau central des triptyques consacrés à la Passion, de plus grande dimension que ceux de gauche (scène précédente, comme l’Élévation de la Croix) et de droite (scène suivante, comme la Descente ou Déposition de Croix). Ces temps tourmentés voient s’exprimer des thèmes pratiquement ignorés au Moyen Âge, comme les Pietà , où la sainte Vierge, éplorée, porte son Fils dans ses bras ou sur ses genoux.
Les sculpteurs, peintres et graveurs de la Renaissance, se surpassèrent dans une débauche de naturalisme, dans le pathétique, la théâtralité dramatique et doloriste. La tête de Jésus est déchirée d’épines sanglantes, l’expression du visage convulsée ; le corps, hiératique et aux lignes de force épurées, sur le modèle byzantin, devient un modèle académique où le sang coule en longues traînées… Apparu en Italie au début du XVIe siècle, le maniérisme raffiné se diffuse rapidement à travers l’Europe. L’Église d’Orient exprimera non moins hautement le thème de la Crucifixion, mais elle restera dans une perspective

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