La théologie académique : une discipline universitaire en éclipse

Olivier Nkulu Kabamba

Description

La voix de la théologie académique est inaudible dans les grands débats de société. Éclipse ou effacement définitif de cette discipline universitaire ? "la théologie a-t-elle encore une parole pertinente à prononcer au sein de la société ? Si oui, comment et à quelles conditions ?". L'image négative de l'Eglise dans le monde n'améliore pas non plus son sort en tant que discipline confessionnelle, et cela pose question : en tant que discipline universitaire, a-t-elle une utilité publique ?

Sujets

• Philosophie et théologie
• Religión

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2013
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782336325095
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Olivier Nkulu Kabamba

La théologie académique : une discipline universitaire en éclipse

Églises d’Afrique

La théologie académique : une discipline universitaire en éclipse

Collection EGLISES D’AFRIQUE Depuis plus de deux millénaires, le phénomène chrétien s’est inscrit profondément dans la réalité socio-culturelle, économique et politique de l’Occident, au point d’en être le fil d’Ariane pour qui veut comprendre réellement les fondements de la civilisation judéo-chrétienne. Grâce aux mouvements d’explorations scientifiques, suivis d’expansions coloniales et missionnaires, le christianisme, porté par plusieurs générations d’hommes et de femmes, s’est répandu, entre autres contrées et à différentes époques, en Afrique. D’où la naissance de plusieurs communautés ecclésiales qui ont beaucoup contribué, grâce à leurs œuvres socio-éducatives et hospitalières, à l’avènement de plusieurs cadres, hommes et femmes de valeur. Quel est aujourd’hui, dans les domaines économiques, politiques et culturels, le rôle de l’Église en Afrique ? Face aux défis de la mondialisation, en quoi les Églises d’Afrique participeraient-elles d’une dynamique qui leur serait propre ? Autant de questions et de problématiques que la collection « EGLISES D’AFRIQUE» entend étudier. Dernières parutions Francis Michel MBADINGA,Ce que le Gabon doit savoir pour entrer dans sa destinée prophétique, 2013. Philippe MABIALA,: leLe Congo-Brazzaville et son Église défi de la mission, 2012. Michel LEGRAIN,Un missionnaire français au cœur de la décolonisation, Tome 2, 2012. Michel LEGRAIN,Un missionnaire français au cœur de la décolonisation, Tome 1, 2012. Georges NJILA Jibikilayi,La triple exégèse de la révélation chez Hans Urs von Balthasar, 2012. Armand Brice IBOMBO,L’œuvre missionnaire de Mgr Propser Augouard au Congo-Brazzaville (1881-1921),2012. Joseph Ntap NGOUPOU,De la souffrance à la délivrance : le pardon, Eveil pour une vie plus heureuse, 2012.

Olivier Nkulu Kabamba La théologie académique : une discipline universitaire en éclipse

© L'H ARMATTAN , 2013 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-01496-8 EAN : 9782343014968

INTRODUCTION

La théologie académique m’a toujours paru comme la voie intellectuelle royale pour approcher rationnellement le divin afin de mieux comprendre les différentes visions du monde et leur rapport au sacré, à l’homme, à l’environ nement et à l’histoire. Et aujourd’hui, dans les temps qui sont les nôtres, temps de la mondialisation et des nouvelles technologies, de l’internet et des réseaux sociaux, temps des recherches poussées au plus haut point dans les différents domaines du savoir humain, je constate que la théologie académique est presque absente, ou mieux, qu’elle évolue 1 « en éclipse » . Son espace en milieu universitaire est de plus en plus réduit. Ainsi, là où grâce à leurs spectaculaires innovations sans cesse renouvelées, les sciences en tant qu’approche matérialiste de la réalité se sont imposées comme la seule vision du monde capable d’apporter un

1 Dans le Dictionnaire Le Petit Robert, uneéclipsesignifie l’occultation d'une source de lumière par un objet physique. En astronomie, une éclipse se produit lorsqu'un objet occulte une source de lumière pour un observateur. Par exemple, une planète ou un satellite naturel occulte une étoile ou un objet éclairé pour un observateur. Deux exemples : l’éclipse solaire ou plus exactement une occultation solairese produit lorsque la lune se place devant le soleil, occultant totalement ou partiellement l'image du soleil depuis la Terre. Le soleil s’efface ou se cache momentanément derrière la lune. Uneéclipse lunaireest une éclipse se produisant à chaque fois que la lune se trouve dans l'ombre de la terre.

nouvel éclairage dans l’explication du réel, la théologie académique, avec son lot d’explications immatérielles et surnaturelles, toujours les mêmes, semble s’être éclipsée. Elle est inaudible ; ou quand elle s’exprime, elle le fait avec une voix de faible intensité qui ne porte plus audelà des cercles familiers. Paradoxalement, chaque fois que les sciences ont identifié des causes objectives pouvant expliquer le réel, les théories subjectives et celles relevant des croyances religieuses n’ont pas pour autant disparu. Ce qui prouve que la plupart des gens, même après avoir tourné le dos aux Églises institutionnelles et à leurs doctrines théologiques, préfèrent encore conserver certaines croyances héritées de la tradition et renforcées par les habitudes. Voilà qui me rend curieux et me pousse dans le corps de cet ouvrage à m’interroger sur « l’inaudibilité » actuelle de la théologie académique dans les grands débats de société. S’agitil d’une inaudibilité momentanée et passagère, c’est àdire d’une éclipse, ou s’agitil d’une mutation en profondeur, c’estàdire un signe d’un progressif efface ment vers autre chose. Soit c’est une éclipse, cela reviendrait à dire que la théologie académique se cache 2 derrière les sciences des religions et profite de ce temps de recherche pour se réajuster. Ce serait peutêtre comme une stratégie pour se renouveler et ressortir revêtue d’autres

2  Sciences des religions : « Ainsi en estil du terme « sciences religieuses » que l’Ecole pratique revendique encore aujourd’hui comme une marque de sa méthode, se présentant comme spécialisée dans l’analyse du « fait religieux sous ses aspects à la fois philosophiques et archéologiques, historiques et juridiques, philo sophiques et littéraires, anthropologiques et sociologiques, sans aucune prétention d’encyclopédisme mais avec une méthode rigoureuse ». VALDRINI, P. « Enseigner la théologie en régime de laïcité : le cas de la France » in Revuetheologicum.fr, septembre 2002, http://www.cathotheo.net/spip.php?article28

8

perspectives et orientations. Par cette inaudibilité passagère, la théologie académique seraitelle alors en quête de nouvelles voies et moyens pour mieux se scotcher au contexte actuel du monde scientifique et universitaire qui évolue de plus en plus dans la complexité et la multi polarité, un contexte de laïcité et de pluralisme, un contexte de sécularisation et de globalisation ? Soit alors, pour la théologie, c’est une mutation en profondeur, c’estàdire un signe annonciateur d’un effacement pour toujours vers autre chose, et donc on se prépare progressivement à fermer portes et fenêtres de toute la tradition théologique bâtie à travers les siècles, à mettre la clé sous le paillasson, à tourner la page pour aller vers autre chose. Aussi abruptes que puissent paraître ces propos, l’inaudibilité actuelle de la théologie académique ou la faible intensité de sa voix, pousse à s’interroger sur son avenir au sein des institutions universitaires sécularisées et sur les missions que doivent désormais assumer les théologiens académiques au sein des sociétés. S’interroger sur l’inaudibilité actuelle de la théologie académique ou la faiblesse de sa voix dans les grands débats de société, sur la nécessité de la pérennité de sa présence au sein des Universités, sur la condition fragile et la place atypique qu’elle occupe désormais au sein des Universités où elle éprouve, à mon avis, des difficultés d’intégration dans les programmes interdisciplinaires, ce n’est nullement verser dans le pessimisme sur le statut universitaire de cette discipline ; encore moins, cela ne signifie pas basculer dans le doute sur la nature originale et pérenne de cette discipline qui a de profondes racines universitaires. La vraie question que je me pose est la suivante : la théologie académique est elle en faillite ? Le mot « faillite » seraitil trop fort pour décrire l’inaudibilité actuelle de la théologie académique dans les grands débats de société et son statut « précaire »

9