Le Printemps des étoiles
194 pages
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Le Printemps des étoiles , livre ebook

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Description

En épousant Jonathan, un jeune Juif, Ilse ne pouvait imaginer qu’elle embrasserait aussi son Dieu et le sort de son peuple, au point d’être un jour contrainte de fuir son propre pays, l’Allemagne, pour échapper à des réglementations odieuses. C’est un voyage plein de découvertes qui commence pour elle, avec ses joies et ses peines, ses hivers et ses printemps. Un parcours prenant à travers les années 1932-1947 qui lui permettra d’acquérir et approfondir des convictions, mais son couple y survivra-t-il? Parviendra-t-elle à trouver sa place en Palestine, au milieu de gens qui ne peuvent qu’assimiler ses compatriotes à des bourreaux et pour qui Jésus représente tout sauf un Sauveur?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 7
EAN13 9782889135677
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait


De la fenêtre de sa chambre, Ilse pouvait contempler les vastes étendues de pins et d’épicéas qui recouvraient les collines de la région aux sommets arrondis. La profondeur de la vallée dans laquelle était logée la rivière contrastait avec les hautes cimes des arbres qui semblaient toucher le ciel. La rivière s’écoulait en un lent et doux murmure auquel s’ajoutait le chant des oiseaux, venus célébrer le début du printemps, la fin de l’hiver, à l’ombre des vignes en fleur. Ilse savourait le paysage: son éclat, son chant, son parfum. «Comme c’est beau!» pensait-elle. Elle pouvait sentir l’odeur des premières fleurs, apercevoir les bourgeons qui s’épanouissaient doucement, entendre la nature chanter comme une ode au bonheur de vivre. Cette nature embellie réjouissait le cœur de la jeune fille. C’était une invitation secrète, une invitation au chant et à la danse qu’elle lui adressait en un murmure, mais il fallait comprendre son langage. Ilse promenait ses yeux ici et là sur le paysage que lui offrait le printemps revenu. Elle aurait voulu voir plus loin, entendre et goûter davantage, mais un bruit inopiné vint perturber ce doux spectacle.


– Ilse! Ilse! entendit-elle crier.

C’était tante Maria qui appelait. Ilse descendit en hâte et se retrouva dans la cuisine.

– Va acheter du pain, lui commanda Maria.

– Oui, répondit-elle, non sans penser avec joie au privilège de pouvoir sortir prendre l’air.

– Et n’oublie pas de poster cette lettre, ajouta Maria en tendant une enveloppe à sa nièce.

Ilse acquiesça d’un hochement de tête et partit.

Le printemps semblait plus magnifique encore. Dehors, elle pouvait savourer le parfum du beau temps revenu, du soleil qui avait tant manqué au cours des derniers mois. «Il fait si froid», avait-elle souvent grogné pendant les longues semaines d’hiver. Un hiver qui n’était pas sans beauté, d’ailleurs, lorsque la neige était au rendez-vous. La jeune fille décida de passer par le petit parc que bordait l’avenue principale. Au centre, il comportait un étang joliment entouré d’arbustes et d’arbres fruitiers de toutes sortes. Ilse marchait sur le sentier de sable, rencontrant de temps à autre un ou deux passants, voire des enfants venus s’amuser à bicyclette. Enfin, elle arriva à la boulangerie. Le boulanger ne manqua pas de faire remarquer que le temps était au beau fixe. C’était un petit homme corpulent et moustachu, très généreux et chaleureux. Il avait pris Ilse en affection depuis la mort de ses parents. Il l’avait vue grandir dans cette ville et jouer aux côtés de ses propres fils. Ces derniers n’étaient guère plus âgés qu’elle et ils l’aimaient bien. A l’annonce de la mort des parents d’Ilse, ils lui avaient confectionné une petite poupée de chiffon de toutes les couleurs. La petite n’avait alors pas plus de 10 ans. La poupée, Ilse s’en souvenait et la gardait précieusement dans sa chambre, sur sa table de chevet. Elle lui rappelait Hans et Dieter (c’était ainsi que s’appelaient les deux fils du boulanger). Elle les voyait moins souvent désormais. Les études leur demandaient beaucoup de temps, mais elle pouvait toujours compter sur eux, elle le savait.


Comme d’habitude, le boulanger fut gentil et donna à la jeune fille une viennoiserie aux raisins secs.

– Comme tu les aimes, précisa-t-il en tendant le petit pain doré aux raisins.

– Merci beaucoup, répondit Ilse. Vous êtes toujours si bon envers moi.

– C’est parce que je te connais depuis toujours. Pour moi, tu seras toujours la petite fille aux tresses brunes, au tablier blanc taché de cassis lorsque…


– Lorsque je mangeais trop? continua Ilse en riant.

– Ce n’est plus le cas! Heureusement, car avec le temps, tu es devenue le phénix de cette ville! D’ailleurs, sans toi, le printemps ne serait même pas le printemps.

Ilse sourit doucement et rougit un peu. Ces paroles lui allaient droit au cœur, car sa tante ne manquait jamais une occasion de la rabaisser. Elle ne le faisait pas par méchanceté. Elle aimait Ilse, mais elle était bien trop exigeante envers la jeune fille rêveuse et discrète qu’était sa nièce. Petite, Ilse avait voulu habiter chez son grand-père à la mort de ses parents, mais il était bien vieux et malade. Elle aurait été une trop lourde charge pour lui, selon tante Maria. La petite n’était pas du tout de cet avis et savait qu’elle y aurait été plus heureuse, mais en ce bas monde, la parole des adultes l’emporte presque toujours sur celle des enfants. Ilse était donc allée habiter chez tante Maria et oncle Georg.


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