Le problème des sectes et l'Eglise catholique au Rwanda

Semana Tharcisse

Description

On assiste au Rwanda ces dernières années à une floraison de "Nouvelles Eglises" que les experts du monde des religions qualifieraient de "sectes" ou de "nouveaux mouvements religieux". Qu'est-ce qui se cache derrière ces "Nouvelles Eglises" qui s'installent au Rwanda ? Une nouvelle spiritualité ? La conquête d'une "liberté religieuse" longtemps occultée ou plutôt le désespoir d'un peuple qui sort d'un génocide ? Serait-ce un nouveau paysage religieux ou des "signes avant-coureurs" d'une autre tragédie meurtrière ?

Sujets

• Religion
• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2013
• Nombre de lectures: 46
• EAN13: 9782336324975
• Langue: Français

Extrait

Tharcisse Semana

Le problème des sectes et l’Eglise catholique au Rwanda

Le problème des sectes et l’Eglise catholique au Rwanda

Études africaines Collection dirigée par Denis Pryen Dernières parutions Paul MALUMBA (dir.),Gestion durable des agrosystèmes en milieu tropical humide, 2013. Anne-Marie KOFFI KOUADIO BLA,La Côte d’Ivoire en crise face au droit international, 2013. Mwamba TSHIBANGU, Alexis KABAMBI,Étienne Tshisekedi, la trajectoire vers la présidence, 2013. Barthélémy NTOMA MENGOME,La Bataille de Libreville. De Gaulle contre Pétain : 50 morts, 2013. Alfa Oumar DIALLO,Bien enseigner en Afrique, oui, mais avec qui et comment ?, 2013. Régine NGONO BOUNOUNGOU,La réforme du système pé- nitentiaire camerounais. Entre héritage colonial et traditions coloniales, 2013. Augustin TCHAMENI,Évolutions contemporaines du régiona- lisme africain, 2013. Antoine NGAKOSSO,Réformes fiscales en Afrique. Le mana- gement du changement, 2013. Jean-Baptiste NKULIYINGOMA, Rwanda : le pouvoir à tout prix, 2013. Alain Laurent ABOA, Hilaire DE PRINCE POKAM et Abou- bakr TANDIA,:Démocratie et développement en Afrique perspectives des jeunes chercheurs africains, 2 volumes, 2013. Fidèle BEKALE B’EYEGHE,Souveraineté alimentaire en Afrique subsaharienne. Le cas du Gabon,2013. Patrice MOUNDOUNGA MOUITY,Le NEPAD. Histoire, dé- fis et bilan 10 ans après,2013. Prudent Victor TOPANOU,Introduction à la sociologie poli- tique du Bénin, 2013. Fidèle ALLOGHO-NKOGHE,Quartiers informels et politiques de la ville, 2013. Sadio CAMARA, La longue marche pour l’indépendance et les libertés démocratiques au Sénégal,2013.

Tharcisse S EMANA Le problème des sectes et l’Église catholique au Rwanda

© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-336-00737-3 EAN : 9782336007373

INTRODUCTION

Intéressé par le phénomène des religions, mais aussi stu- péfait par le boum des nouveaux mouvements religieux » 1 et/ou Nouvelles Églises connus au Rwanda sous le vocable de « sectes » – liés ou non aux confessions chrétiennes – qui explosent actuellement au Rwanda, nous voulons com- prendre ce phénomène religieux qui, depuis déjà les années 1985, et de manière très spectaculaire dès le lendemain du 2 « génocide» de 1994, ne cesse de s’amplifier. Et nous en-

1 Les termes « Nouveaux Mouvements religieux », « sectes » ou « Nou- velles Églises » souvent employés en histoire et en sciences des reli- gions pour étudier le phénomène sectaire ainsi que quelques autres concepts y relatifs seront amplement décrits et définis au premier cha- pitre. 2  Nous mettons le mot génocide entre guillemets, car beaucoup de Rwandais qui ont perdu les leurs ou qui, de près ou de loin, ont vécu voire aussi ont été victimes de graves crimes commis par l’ancien ré- gime et le nouveau régime militaire actuellement au pouvoir attendent toujours justice. Nous le mettons également entre guillemets, par le fait que certaines personnes – rwandaises et étrangères – estiment qu’on devrait parler plutôt du double « génocide », étant donné qu’après que l’ancien régime s’en était pris à la population de l’ethnie tutsi, le nou- veau régime lui aussi s’en est pris à la population de l’ethnie hutu, la massacrant sauvagement et systématiquement. L’autre motif est que l’on pense que ce nouveau régime serait responsable du crash de l’avion dans lequel les deux présidents Juvénal Habyalimana du Rwanda et Sylvestre Ntaryamira du Burundi, tous deux en exercice, ont péri ; et que c’est ce crash qui a enclenché les massacres à grande échelle que

tendons le faire en nous interrogeant d’abord sur leurs mo- biles, puis sur leurs raisons d’être : quand, comment, où, par qui ou avec qui sont-ils nés ?

Pour ce faire, nous nous interrogerons sur les raisons pour lesquelles, après un siècle d’évangélisation, beaucoup de Rwandais quittent aujourd’hui massivement l’Église catholique pour intégrer ces nouveaux mouvements reli- gieux. Pourquoi dans ce pays où l’on pensait que la foi ca- tholique était enracinée dans les mœurs, les « sectes » /et/ou « Nouveaux Mouvements religieux » arrivent-ils et déstabi- lisent-ils le tissu social ? Qu’est-ce qui est meilleur dans ces « sectes »/et/ou « Nouveaux Mouvements religieux », qui n’est pas présent dans l’Église catholique et attire à ce point de nombreux fidèles catholiques ? Autrement dit, pourquoi, dans un pays où la foi catholique était une référence, le ca- tholicisme, avec ce qu’il comporte de richesse philoso- phique, morale et éthique, semble ne plus l’être au- aujourd’hui ? Pourquoi un tel engouement fulgurant de la population envers ces « sectes »/et/ou nouveaux mouve- ments religieux/Nouvelles Églises » ? Comment peut-on l’expliquer ? Dans un pays à dominante chrétienne comme le Rwanda, où plus de 65% de la population sont estimés 3 catholiques , la foi catholique est-elle vraiment ancrée dans

l’ONU a qualifiés de « génocide ». De plus, il semblerait que ce même nouveau régime aurait commis d’autres crimes et atrocités au Rwanda et en République démocratique du Congo (ancien Zaïre), qu’on qualifie- rait aussi de « génocide », selon le rapport du projet de l’ONU (sorti en 2010) dit MAPING. 3 Selon des estimations datant de 1996, quelque 74 % de la population était de religion chrétienne dont 65 % de catholiques convaincus et 9 % de protestants (au sens pluraliste : presbytériens anglicans et autres), alors que près de 25 % de la population seraient pratiquants de la reli- gion traditionnelle. Les musulmans représenteraient environ 1% de la population. Au lendemain du « génocide », la situation doit avoir beau-

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la conscience collective ? Les us et coutumes des Rwandais en sont-ils véritablement imprégnés ? Et si oui, comment expliquer qu’un grand nombre d’entre eux tournent au- jourd’hui le dos à l’Église catholique et intègrent les nou- velles confessions ? Serait-ce alors l’ère du « déboulonne- ment » – « découronnement » ou retrait forcé – de l’Église catholique ? Peut-on vraiment penser ou parler de sa défaite ou d’une interpellation qu’on lui adresse pour qu’elle se renouvelle ? Quelles sont les raisons réelles qui poussent les catholiques à s’enrôler dans les « sectes » et « Nouveaux Mouvements religieux » ? Et, s’il y en a, sont-elles fon- dées ? La situation du phénomène sectaire qui prévaut ac- tuellement au Rwanda est-elle modifiable ou irrémédiable ? L’autre question à laquelle nous voulons répondre, vu les accusations qu’on adresse à l’Église catholique et l’ampleur effrayante de ce phénomène, est de savoir si les cent ans d’évangélisation de l’Église catholique au Rwanda n’auraient été qu’une passade superficielle ! Autrement dit, les Rwandais ont-ils été vraiment enracinés dans la foi ca- tholique ? Et si oui, pourquoi alors ces départs massifs et très surprenants ? En d’autres termes, à qui la faute ? Aux « missionnaires » civilisateurs, ou aux autochtones qui, mo- ralement forcés, auraient hypocritement fait semblant d’embrasser la foi de l’Église catholique alors que leur âme restait en fait imperméable à sa doctrine ? Voilà le cadre réflexif et sociocontextuel dans lequel oscillera notre ré- flexion par laquelle nous tâcherons de décrire synthétique- ment les approches socioanthropologiques, mais aussi pastorales et catéchétiques que déploient deux grands mou- vements, à savoir la catégorie des mouvements dits « mou- vements millénaristes » et l’autre dite « mouvements de réveil », ou encore « Églises évangéliques » ou eschatolo- coup changé, mais faute de statistiques, nous ne pouvons pas nous pro- noncer à ce propos.

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