Peuples, guerres et religions dans l Amérique du Nord coloniale
222 pages
Français

Peuples, guerres et religions dans l'Amérique du Nord coloniale , livre ebook

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Description

Les missionnaires français des XVIIe et XVIIIe siècles en Amérique ont laissé de nombreux écrits permettant d'appréhender le phénomène du "contact" entre les civilisations européennes et amérindiennes. Les jésuites publièrent maints récits de leurs voyages. L'exemple de Sébastien Racle qui passa plus de trente ans en Acadie chez les Abenakis est étudié dans cet ouvrage. L'auteur met en lumière les interactions réciproques du "Vieux Continent" et du "Nouveau Monde" dont les missionnaires furent les vecteurs précoces et majeurs.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2014
Nombre de lectures 25
EAN13 9782336353708
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AnneClaire Moreau
Peuples, guerres et religions dans l’Amérique du Nord coloniale
Peuples, guerres et religions dans l’Amérique du Nord coloniale
Religions et Spiritualité fondée par Richard Moreau, Professeur émérite à l'Université de Paris XII dirigée par Gilles-Marie Moreau et André Thayse, Professeur émérite à l'Université de Louvain La collection Religions et Spiritualité rassemble divers types d’ouvrages : des études et des débats sur les grandes questions fondamentales qui se posent à l’homme, des biographies, des textes inédits ou des réimpressions de livres anciens ou méconnus. La collection est ouverte à toutes les grandes religions et au dialogue interreligieux. Dernières parutions Francis Weill,Dictionnaire alphabétique des versets des douze derniers prophètes(2 vol.), 2014. Philippe Beitia,Le culte local des Papes dans l’Eglise catholique, 2014. Ataa Denkha,L’imaginaire du paradis et le monde de l’au-delà dans le christianisme et dans l’islam, 2014. Fr. Etienne Goutagny,La manne du désert : petit dictionnaire des noms communs bibliques à la lumière des Pères du désert, 2014. Michel Sala,YHWH ou l’économie du sang : une lecture girardienne de l’Exode biblique, 2014. Joannès Praz (chanoine),Mgr Alexandre Caillot (1861-1957), évêque de Grenoble, 2013. Bruno Florentin,Appréciations et réalisations dans le livre de la Genèse, 2013. Matthieu Rouillé d’Orfeuil, «? » et autresDieu existe-t-il questions chrétiennes dans un monde qui souffre, 2013. Albert Goossens,La tragique éradication du christianisme cathare, 2013. Philippe Beitia,Les fêtes des saints Papes dans les livres liturgiques de l’Eglise catholique, 2013.
Anne-Claire Moreau
Peuples, guerres et religions dans l’Amérique du Nord coloniale
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03710-3 EAN : 9782343037103
Remerciements
Je remercie M. Manuel Tramaux, conservateur de la Bibliothèque diocésaine de Besançon, qui m’a fait connaître lesLettres Edifiantes et Curieuses des Missions d’Amérique; ainsi que le P. Robert Bonfils, aux Archives jésuites de Vanves, où d’autres éditions originales desRelations etLettres Edifiantesm’ont été montrées ainsi que divers documents. Mmes Claire Seguin et Stéphanie Grenier, directrices de la Bibliothèque Gaston-Miron de la Délégation générale du Québec à Paris, ont bien voulu s’intéresser à mon travail et m’aider à trouver des ouvrages le concernant. Je remercie la Bibliothèque Houghton de l’Université Harvard (Cambridge, Massachussets, USA) qui m’a mis entre les mains la correspondance du P. Racle et son dictionnaire franco-abenaki ; la Bibliothèque de l’Etat du Maine à Augusta (USA) ; et les Bibliothèques et Archives du Canada et du Québec. Les P. Georges Plante et Maurice Morin, anciens curés de Madison (Maine, USA), ainsi que Mme Elisabeth Crowley, paroissienne de Madison, m’ont aimablement reçue et renseignée lors de mon voyage en Nouvelle-Angleterre. Je remercie chaleureusement les amis états-uniens et québécois qui m’ont aidée et encouragée, dont M. Paris Avraamides, M. Stéphane Morvan, M. Jean-Marc Sarni et Mme Nathalie Vincent, M. et Mme Luc et Catherine Sodoyer. M. Denis Pryen a bien voulu m’accorder sa confiance et n’a pas ménagé ses conseils. Enfin, ma gratitude va à mes parents, Odile et Richard Moreau, ainsi qu’à mon frère Gilles-Marie, pour leur assistance et leur soutien.
Avant-Propos
De ce côté-ci de l’Atlantique, nous souvient-il encore des Français qui s’aventurèrent autrefois vers le «Nouveau Monde» ? Naguère, dans mon cursus scolaire, je n’appris qu’assez peu de choses au sujet de l’histoire de l’Amérique, et ce fut bien domma-ge ; elle fait partie intégrante de l’histoire des Français, mais aussi de l’histoire de nos civilisations occidentales. Dans mon esprit adolescent, les événements historiques qui avaient concerné les Français en Amérique pouvaient se résumer comme suit. Après la découverte du Canada par Jacques Cartier, puis la fondation de Québec par Champlain, trois peuples se trouvèrent en présence en Amérique du Nord : les Anglais, les Français, et les «Indiens». Voltaire se gaussa de cesquelques arpents de neigecanadiens ; ce furent les Anglais qui «gagnèrent» ; ensuite notre La Fayette apporta son aide à la révolution américaine contre la «perfide Albion». Napoléon Bonaparte vendit la Louisiane aux Américains, Louisiane où quelques Cajuns parlent encore un drôle de français. Au Québec aussi l’on parle toujours français, avec un savoureux accent qui nous rend les Québécois bien sympathiques. Mais, pour les Canadiens francophones, c’est nous qui parlons bizarrement le français, avec un accent «pointu»... Or, à l’évidence, s’en tenir là donnerait une vision extrême-ment simpliste de la place que tinrent et que tiennent, sur le conti-nent américain, l’influence française, la langue française, la cultu-re française, la pensée française, et le souvenir même, encore et toujours, de la présence française : la simple phrase «Je me sou-viens» n’est-elle pas la devise du Québec (qui figure jusque sur les plaques d’immatriculation des automobiles québécoises) ? Nos lointains «cousins», les descendants des Français au Canada et aux Etats-Unis, ne nous oublient pas : ne les oublions pas. Les hasards de la vie et de ses rencontres me firent présent d’amitiés américaines, grâce auxquelles j’ai eu la chance et la joie de découvrir deux grands pays, les Etats-Unis et le Canada, et
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deux langues, l’anglais américain et le français québécois. Mon métier de médecin et mon goût pour les langues étrangères m’amenèrent à des cours d’anglais médical : le professeur, états-unien, me fit alors un autre précieux cadeau lorsqu’il me donna, au fil de nos conversations, des clés pour la découverte de la littératu-re états-unienne, dont je n’avais auparavant acquis qu’une vague idée au travers de quelques oeuvres traduites en français. Il me cita, en particulier, l’écrivain et médecin états-unien William Carlos Williams (1883-1963), et son livreIn the American Grain, qui a pour sujet l’histoire du continent américain. Au onzième cha-pitre, l’auteur exposait sa vision du rôle du catholicisme français dans l’histoire des Etats-Unis, dans la conception de ses fonde-ments et principes moraux, et pour son évolution ultérieure. Dans 1 ce chapitre intituléPère Sebastian Rasles, le catholicisme fran-çais de l’époque coloniale en Amérique du Nord s’incarnait en un seul personnage, un missionnaire jésuite : Sébastien Racle, dont Williams avait lu la correspondance. Cela attira naturellement mon attention puisque Sébastien Racle et moi étions «pays», comme l’on disait autrefois : je suis née en Franche-Comté comme lui. Même si j’y ai peu vécu, je garde une tendresse particulière pour ma province natale et ses hauts plateaux de forêts odorantes, de rivières bruissantes, de lacs, de grottes, et d’immenses pâturages, théâtre de mes jeux et rêves d’enfant, et d’où émanent, lorsque parfois j’y retourne, les souvenirs des anciens qui me contaient les hivers enneigés et les étés éclatants, les moissons et les vendanges, les gens taiseux ou emportés, les exploits, heurs et malheurs des uns et des autres ; et tout finissait par des chansons en patois. Il est toujours émouvant de songer à ceux qui, avant nous, ont admiré les mêmes paysages, ont partagé le même attachement à la terre puis la même nostalgie de l’avoir quittée, et de se demander en quoi cette terre-ci et cette nostalgie-là ont pu marquer et influencer nos vies, célèbres, comme celle de Louis Pasteur, ou anonymes. La Franche-Comté n’est pas la province française qui a envoyé le plus d’émigrants outre-Atlantique, loin s’en faut. Pourtant, Claude-François-Adrien de Lezay-Marnésia (1735-____________ 1. L’écrivain états-unien a utilisé l’une des orthographes de son nom : on trouve aussi Rasle, Ralle, Rale, Râle. Autrefois l’orthographe n’était pas si fixée qu’aujourd’hui, notamment en ce qui concernait les noms propres.
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1800), Lorrain devenu Lédonien et Bisontin, et ses illusions per-dues dans l’Ohio, Victor Considerant (1808-1893) et son phalans-2 tère texan, Jules Marcou (1824-1898) et sa carte géologique des Etats-Unis, voire même le désir, rapportée par Marcou, du comte de Paris, Comtois par amitié, de s’acheter un ranch au Texas pour s’y retirer, font partie de l’histoire de l’Amérique du Nord. Sébastien Racle (1657-1724), l’un des nombreux missionnaires envoyés en Nouvelle-France, joua un rôle particulier dans les luttes d’influence de l’époque coloniale entre Français catholiques et Anglais protestants. J’avais d’abord pensé à publier les lettres du P. Racle accompa-gnées d’une note biographique. Mais le contexte historique com-plexe, et mon souhait de savoir qui étaient les Anglais de Nouvelle-Angleterre, ces voisins et adversaires de la Nouvelle-France, et qui étaient les Amérindiens de l’époque, m’ont fait élar-gir ma recherche. Je me suis donc efforcée d’exposer l’histoire de l’Amérique du Nord coloniale et de ses habitants, Amérindiens, Anglais puritains, et Français catholiques, et d’expliquer les enjeux politiques de l’époque ainsi que la problématique des reli-gions, qui étaient étroitement liés, avant de replacer le P. Racle dans cette histoire. Objectif présomptueux et tâche ardue sans doute. J’ai alors suivi les traces de Sébastien Racle, de notre Franche-Comté natale jusqu’à l’ancienne Acadie où sa vie se ter-mina brutalement. J’ai donc recherché des documents, de Besançon à Paris, puis de Paris jusqu’en Amérique ; du Massachusetts au Maine, puis de la Nouvelle-Angleterre jusqu’au Québec. J’ai beaucoup lu, beaucoup écouté ; je cite souvent, et je commente peu. J’ai fait quelques choix, tels que celui de mettre en avant les noms des jésuites qui ont joué un rôle important dans l’exploration de l’Amérique, puisque la vie d’un jésuite fut le point de départ de cet ouvrage ; ou de préférer l’adjectif «états-unien» au terme «américain», selon l’usage de nos amis québé-cois qui m’ont rappelé qu’ils étaient aussi des Américains du Nord. La coexistence des calendriers julien et grégorien peut par-fois compliquer la compréhension des dates, l’Angleterre n’ayant ____________ 2. R. Moreau et M. Durand-Delga (2002)Jules Marcou(1824-1898),précurseur français de la géologie nord-américaine. L’Harmattan, Paris. « Comte de Paris », pp. 110-112.
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