Développement durable et responsabilité d entreprise
128 pages
Français

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Développement durable et responsabilité d'entreprise , livre ebook

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Description

Le développement durable et la responsabilité d'entreprise sont des théories et des démarches encore peu matures, sans normes ni référentiels, très dépendantes de leurs contextes culturels et des civilisations. Clarifier les concepts, réfléchir sur le fond des choses, s'interroger sur la place de l'entreprise dans la cité font partie des pré-requis à l'action. La vingtaine de billets d'humeur ou de pamphlets ici présentée propose de développer une vision politique du développement durable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 103
EAN13 9782296805651
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Développement durable et responsabilité d’entreprise
Philippe LAGET
Développement durable et responsabilité d’entreprise
Mes quatre vérités
L’Harmattan
Du même auteur
Responsabilité d’entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ? – Editions de l’Aube
Les chiffres d’une planète de fous…ou de l’urgence d’un développement durable – Editions de l’Aube
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54600-4
EAN : 9782296546004
A mon grand-père maternel, dont le souvenir m’aide à me tenir droit.
Le chemin qui mène à la fortune n’est pas celui qui mène à la vertu .
Adam Smith
L’avenir de l’humanité est incertain parce qu’il dépend d’elle .
Henri Bergson
Dans toutes nos délibérations, nous devons prendre en compte les impacts de nos décisions sur les sept prochaines générations .
Loi de la paix des six nations iroquoises (1856)
Introduction
Un développement humain équilibré, où la richesse créée soit équitablement redistribuée et qui n’épuise pas les ressources de la planète plus vite qu’elles ne se reconstituent : vaste programme ! Le développement durable est une idée jeune. A peine une vingtaine d’années. Ce qui est une durée beaucoup trop courte pour qu’un concept voie ses contours et sa définition se stabiliser, fasse à peu près consensus sur son sens, puis soit enseigné de façon normative dans les universités d’économie et enfin, apparaisse dans les manuels scolaires d’histoire.
Regardons en effet les grands courants de pensée en « isme » : capitalisme , socialisme …Ils sont plus que centenaires et font encore débat, non seulement bien entendu sur leurs bienfaits et méfaits, mais aussi sur leur contenu même. Car la société évolue et, de générations en générations, les lunettes et les regards portés sur les concepts changent de focale et de perspective. Nombreux sont encore ceux qui se plaisent à faire semblant de confondre l’idéal théorique du communisme avec le totalitarisme d’une dictature soviétique. Des exégètes se battent aujourd’hui 1 pour savoir si libéralisme et capitalisme sont ou non synonymes. Qui sait répondre simplement à la question : la Chine de 2011 est-elle un pays communiste ou capitaliste ?
Nous croyions savoir ce qu’était le colonialisme et sa fin. Voilà que, quarante ans après sa mort, des députés français s’interrogeaient sur l’enseignement de ses bienfaits. Et l’accaparement dramatique des terres arables africaines, ou le déversement de déchets toxiques occidentaux en Somalie, ou l’envahissement d’Haïti par les semences OGM de Monsanto, ou la pollution pétrolière permanente du golfe du Niger 2 ,… vont-ils remettre le concept à la mode ?
On le voit, et c’est heureux, le monde des idées n’est jamais figé et les débats sont éternels. Il n’y aurait peut-être guère que nos grandes religions ( christianisme , indouisme, …), qui feraient sens commun. Il leur aura fallu 2000 ans ! Et encore, il n’est pas sûr que les principes de base de l’ islamisme , par exemple, soient également perçus par tous.
Il est donc tout à fait naturel que, dans un monde qui change beaucoup plus vite qu’autrefois, les théories du développement durable et de la responsabilité d’entreprise soient sujettes à débats, controverses et querelles de chapelles.
Encore faudrait-il qu’elles ne se présentent pas comme des religions, justement, auxquelles nous devrions tous croire . Avec ses grands-prêtres : un ministre d’Etat, un animateur de documentaire télévisé, un cinéaste animalier… Ses grands-messes : le happening du Grenelle de l’environnement, les larmes et lamentations de Copenhague… Sa liturgie : les 257 articles de loi du Grenelle. Ses péchés et ses indulgences : culpabilisation du citoyen qui émet du CO2 mais qui se rachète par une « compensation » financière. Ses marchands du temple : traders et fraudeurs des marchés du carbone. Ses inquisiteurs : organisations non gouvernementales environnementalistes qui disent le bien et le mal. Ses rites : l’ineffable semaine ( sic ) du développement durable. Ses profiteurs : dirigeants d’entreprises opportunistes, de mauvaise foi ou cyniques, agences de publicité expertes en greenwashing 3 , cabinets de conseil attirés par les nouveaux fromages des bilans carbone ou de la pseudo-norme ISO 26000…
Le risque de se positionner comme une religion est de prétendre à l’universalisme, tout en engendrant des guerres de sectes.
Quand on mélange l’économique, le social et l’environnement, quelles sont les activités humaines qui échappent au périmètre attrape-tout du développement durable ?
La culture ? Même pas, puisque certains veulent même l’ajouter en tant que quatrième pilier (on n’arrête pas le progrès) ! De fait, les problématiques sont terriblement dépendantes du contexte culturel et de la civilisation dans lesquels elles se situent. Ne resteraient exclus que le sport et l’amour…
Le développement durable prétend répondre aux besoins des générations futures. Or, personne ne sait ce que seront ces petits-enfants qui n’existent pas encore, ni leurs besoins. Car il existe des milliers de futurs possibles. Notons au passage que rares sont ceux qui qualifient les trois problèmes majeurs pour les générations à venir que sont l’endettement public, le financement des retraites et celui de la dépendance, sous l’étiquette du développement durable…
Par contre, les besoins des populations actuelles, à commencer par celles du Sud, sont bien connus (manger, boire, survivre) et nous n’arrivons déjà pas à les satisfaire.
Soyons donc indulgents avec le développement durable et ses défauts de jeunesse. Accompagnons-le dans son difficile voyage de progrès. Aidons-le à mieux s’asseoir sur des bases plus scientifiques qu’émotionnelles, à s’ancrer davantage dans l’économique, à ne jamais perdre de vue la finalité qui est le bonheur de tous les hommes, et à former ainsi un jour une nouvelle science sociale, véritablement transdisciplinaire.
Mais soyons impitoyables avec les négationnistes, les cyniques, les imposteurs, les profiteurs et autres passagers clandestins. Dénonçons l’incompétence et le charlatanisme, autant que la cupidité.
C’est ce que proposent ces quelques propos, sous forme de billets d’humeur ou de pamphlets, nourris par une expérience de terrain en entreprise, qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres.
Lorsque, il y a sept ans, j’ai pris mes fonctions de Directeur du Développement Durable dans une grande entreprise du CAC 40, j’ai commencé par faire le tour des membres du Comité de Direction pour leur demander leurs besoins relativement à mes missions. Un dirigeant important, confit dans l’arrogance liée à l’étendue de son pouvoir, m’a répondu sans ambages : « Faites-moi un rideau de fumée pour cacher mes turpitudes ! ». Je suis sorti de son bureau et nous ne nous sommes plus parlé depuis.
Les multinationales, qui façonnent, plus que toute autre catégorie d’acteurs, le monde dans lequel nous vivons, n’ont pas d’états d’âme : leur objectif unique est de produire toujours plus, en maximisant, chaque trimestre, la rentabilité du capital de leurs actionnaires.
Aux seuls ordres du système financier mondial, elles ne s’intéressent ni aux moyens pour parvenir à leurs fins, ni aux effets négatifs de leurs externalités sur la société, puisqu’elles ne les payent généralement pas.
Après de nombreuses années de réflexions et d’actions concrètes sur ce sujet, j’en suis arrivé à la conclusion qu’une vision du développement durable ne peut être que politique.
Essayer de changer incrémentalement le système de l’intérieur, avec des gentils « chaque geste compte » et armé de ses seules bonnes intentions, est totalement inefficace compte tenu du niveau des enjeux. Le capitalisme financier dans lequel baigne le monde d’aujourd’hui, s’oppose, par son essence même, à tout développement humain équitable et soutenable dans la durée.
Le développement durable, projet politique de civilisation, reste à inventer.


1 Lire notamment Valérie Charolles : « Le libéralisme contre le capitalisme » (Fayard, 2006).
2 Bien

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