Les crimes au féminin
175 pages
Français
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Description

Dangereuses ou pathétiques, souvent surmédiatisées, les criminelles fascinent. Chaque nouvelle affaire paraît unique, chaque accusée un cas individuel. Les condamnées ne sont qu'une poignée aux Assises, étrangeté criminologique que la libération féminine n'a pas remise en question. Minoritaires, marginales même, les femmes criminelles constituent un objet de recherche riche en potentialités. A partir d'entretiens et de l'étude statistique de 554 cas, cet ouvrage présente cette population atypique.

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Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 98
EAN13 9782296261259
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Préface
Alors que l‟incarcération des femmes augmente plus vite que celle des hommes aux États-Unis, que les femmes sont de plus en plus nombreuses dans les pays anglo-saxons à faire l‟expérience de l‟incarcération sans que, pourtant, leur délinquance ait changé de nature ni augmenté en volume, la situation demeure - encore ? -inchangée en France. La France, pour des raisons qui mériteraient d‟être étudiées per se, conserve un très faible taux d‟incarcération des femmes et leur délinquance, nettement distincte de celle des hommes, ne semble pas avoir évolué de manière significative. Elle est toujours de bien moindre gravité, toujours bien plus faible quantitativement que celle des hommes. Elle met aussi en scène des personnes bien plus désocialisées, bien plus malades mentales ou en mauvaise santé physique, transportant un bagage psycho-social bien plus lourd que celui des hommes. Elles ont également des besoins « criminogenic » bien différents des hommes, notam-ment parce qu‟elles sont très souvent mères, seules en charge de jeunes enfants. Tout ceci a certes très peu été étudié en France, pays où la criminologie n‟existe qu‟à l‟état embryonnaire (voir cependant les travaux de Robert Cario et, sur l‟incarcération des femmes, de sociologues comme Corinne Rostaing ou Coline Cardi), contrai-rement à nos voisins britanniques, aux États-Unis, à l‟Australie, et d‟autresÉtats modernes. Aussi n‟est-il déjà pas banal de lire une étude s‟adressant de manière rigoureuse à cette catégorie de délinquantes. Il n‟est pas banal non plus de voir publier les travaux d‟étudiants de cinquième année. Lorsqu‟ils sont d‟une telle rigueur et qualité scientifique, il est indispensable de les faire partager au plus grand nombre. Mme Bellard a en effet effectué un travail d‟une considérable envergure, exploitant de multiples dossiers,
10Les crimesauféminin assistant à de nombreuses audiences juridictionnelles, visitant des prisons, menant des entretiens, compulsant par ailleurs une mon-tagne de coupures de presse. Ses cohortes sont suffisamment importantes pour qu‟elle puisse dresser des statistiques. Rarement dans une carrière universitaire a-t-on la chance de diriger un étu-diant de Master qui ait déjà acquis, et pour l‟essentiellui- par même, une telle compétence de chercheur.
Le sujet qu‟avait choisi Mme Bellard, pour son mémoire de Master 2 de droit pénal à l‟Université de Nantes, et qu‟elle nous avait demandé d‟encadrer- ce que nous avons à peine eu à faire tant étaient déjà affirmées ses qualités scientifiques - est également en tant que tel extraordinaire, au sens premier du terme. Mme Bellard a choisi d‟étudier non pas la délinquance des femmes comparée à celle des hommes, ce qui est classique, du moins dans la littératurecriminologique étrangère, mais d‟étudier la délin-quance criminelle des femmes en tant que telle. Ce qui l‟intéresse et qu‟elle nous fait découvrir, en ressort d‟autant plus passionnant qu‟il est expurgé, pour l‟essentiel, de ces comparaisons quantita-tivesou qualitatives. Elle s‟intéresse non pas aux femmes délinquantes en général, autre classique, mais aux femmes auteures d‟infractions juridiquement qualifiées de crime. Elle ne traite donc pas des auteures, ultra majoritaires, de délits ou de contraventions, mais à celles qui sont auteurs des faits les plus graves.
Mme Bellard en tire une analyse globalement objective de ce qu‟elle observe et qui infirme un certain nombre de poncifs sur les femmes auteures de crimes. Elle confirme cependant, rejoignant tout à fait les « feminist criminologist » anglo-saxonnes, que les femmes criminelles sont l‟objet, comme les femmes auteurs de délits, d‟a priori, de représentations, puisque, c‟est une troisième particularité de son travail, elle étudie également la manière dont ces femmes ont pu être représentées, selon les époques, dans la presse. Une femme criminelle est perçue plus durement qu‟un homme criminel, particulièrement lorsqu‟elle a fait pour victimes ses enfants,parce qu‟elle vient en rupture («») avecbad girl l‟image de la femme telle qu‟elle devrait être : modeste, discrète, travailleuse et endurante et surtout « bonne mère ».
On ne suivra cependant pas nécessairement Mme Bellard lorsqu‟elle tente de rapprocher le crime féminin du crime masculin
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