Approche interprétative des discours de presse
283 pages
Français

Approche interprétative des discours de presse , livre ebook

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283 pages
Français

Description

Cette étude s'inscrit dans une approche paramétrique de l'interprétation des discours de presse qui ne tente pas de mettre à distance son objet d'analyse à la manière structuraliste, mais qui cherche, au contraire, à impliquer totalement l'interprétant dans son acte de signification du discours. Elle s'inscrit dans le cadre d'une sémiotique subjective mais aussi dans celui de l'analyse du discours. Cet ouvrage tente de répondre à la question non pas seulement de l'interprétation comme activité de signification, mais des lieux socio-subjectifs de sa construction.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 65
EAN13 9782296489868
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

APPROCHE INTERPRETATIVE
DES DISCOURS DE PRESSE
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96530-0 EAN : 9782296965300
Victor ALLOUCHE
APPROCHE INTERPRETATIVE
DES DISCOURS DE PRESSE
L’Harmattan
A Nada, ma femme, et à mes enfants, Christophe et Gabriella,
Qui m’ont fait entrer dans la parole.
Du même auteur, aux Presses Universitaires de la Méditerranée (PULM) :
Vécu de langues en milieux australiens(2006)
L’écrit en FLE : Travail du style et maîtrise de la langue (2010)
Préface
La réflexion assortie d’outils d’analyse à la lecture de laquelle nous convie Victor Allouche dépasse largement le cadre de son titre. Appuyée sur une observation attentive des textes de presse pendant près de vingt ans, elle constitue une plongée à la fois dans le monde social qui est le nôtre et dans celui des conceptions et des méthodes d’analyse de son expression journalistique. Mais l’intérêt que je crois devoir souligner réside essentiellement dans sa valeur didactique au sens large. En effet, la profusion des informations qui nous assaillent, nous submergent parfois, requiert à l’évidence un outil heuristique, et celui que propose Victor Allouche est indéniablement fonctionnel, façonné par un cadre épistémologique où le repérage des éléments d’information et le travail de l’interprétation prennent une place centrale. Que la signification soit construction, cela va de soi, mais en détailler les dynamiques et leurs fonctionnements est une autre affaire, que cet ouvrage met au jour avec clarté, l’auteur ayant toujours le souci d’appuyer ses propositions d’analyses finement corsetées sur des thèmes qui, en vingt ans, trament notre horizon social.
Nous vivons apparemment un monde de stimulations faites essentiellement de mots et d’images. Mais l’écrit s’impose à tous avec un caractère d’inévitabilité que ne connaissaient pas les générations précédentes. Depuis les traces élémentaires à produire et à déchiffrer dans une lointaine France rurale (adresses à recopier, commandes et plan des tâches à réaliser, notes et listes soutenant la mémoire…), nous sommes passés à un oral mis par écrit et numérisé, libéré de l’orthographe, collant à l’événement ou à l’émotionnel (les communications des « chats » par le Net, les forums) et à une sollicitation quotidienne des appels écrits (les enseignes, les publicités engorgeant nos boîtes à lettres, les notes de service, les rapports, les instructions de nos ordinateurs, monstres dominateurs familiers et bien entendu la presse…). Se pose alors avec encore et toujours plus d’insistance la réflexion à propos de la maîtrise de ce que nous constituons en données de l’interprétation abstraites du flot continu des stimulations graphiques. L’homme du XIXème siècle prenait en compte l’écrit, le réalisait, ou en structurait son monde (les contrats, les
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inscriptions, les ordres…). Nous nous trouvons sommés de réagir – et vite ! – aux déluges modernes de messages écrits – dont les journaux, qu’ils soient de papier ou numériques… Or l’illusion du codage universel (STOP et je m’arrête, « je t’aime » et elle m’aime) masque – je dirais révèle, (revoile) – l’activité d’une interprétation qui, renvoyée au monde chtonien de l’inconscient, cause sans doute alors plus de mal encore que débats et disputes…
L’incertitude, le doute, le questionnement structurent notre rapport au monde – en particulier celui de l’information : que nous dépeint-on, comment, qui opère, avec quelles fins ? Le schéma de Lasswell (qui parle à qui, de quoi, où, quand, comment et avec quel but ?), largement revisité, repensé et enrichi ici, offre un outil d’éducation personnelle et sociale du plus grand intérêt. Mais au-delà de ce constat, l’appareil épistémologique qui sous-tend cet ouvrage renvoie à une réalité qui est bien la nôtre : il n’est pas de données brutes qu’il suffirait de décoder. Les dimensions sociale et subjective se fondent en une sociolinguistique des sujets, pour reprendre le terme de Paule Fioux et le processus de reconstruction des univers écologiques de cette parole figée dans son encre s’impose au sujet interprétant : qui, en quelles circonstances émet ce message réduit à sa trace journalistique et qui suis-je, moi qui ainsi bâtit un sens sur ces lignes – et ce dernier « qui » apparaît alors bien souvent comme un autre… Révélation de soi au contact des productions d’autrui, prise en conscience de ce qui nous meut, nous agite ou nous manque, interprétation projective ou extractive, monde souterrain des paramètres nombreux, certes, mais non pas ouvert à une éternelle création (donc repérables, définissables), vie des dynamiques de leurs agencements, eux toujours neuf : une fois, la personne représente un morceau de réalité sur fond de valeurs communes, une autre fois, l’acteur social, ou encore le sujet dans la plénitude de sa différence revendiquée, viendra peindre émotionnellement son ressenti…
Le mérite de cet ouvrage est d’abord de franchir les limites phrastiques, à l’instigation de chercheurs comme Charaudeau, mais aussi de lier la production aux paramètres de la situation d’énonciation et d’interprétation (pour ne pas utiliser le terme réducteur de réception), dont la dimension pragmatique. C’est dire que loin des positions harrissiennes d’antan, le sujet est rétabli dans son statut, et il apparaît à tous les niveaux du travail de la
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signifiance, y compris à celui du mot, terme longtemps discrédité par les linguistes. Or, comme le montre Victor Allouche, le mot est une matrice qui, par le choix dont il est issu, définit (explicitement ou non),qualifie(au sens que donnent les juristes à ce terme, c’est-à-dire cadre, focalise d’une certaine manière une portion d’expérience (le Président, le locataire de l’Elysée…), fédère des expériences, des émotions, des valeurs, des imaginaires, des relations symboliques tenus pour communes, et par rapport auxquels le sujet vient se situer, autant en production qu’en interprétation. Ici, sur la base concrète de discours de presse significatifs historiquement, Victor Allouche dynamise ces paramètres, montre leurs interactions, leur hiérarchie à un moment donné, dans une situation (ce qu’il appelle les configurations paramétriques). C’est tout son mérite que de se démarquer d’une quelconque grille de lecture, et de mettre ainsi en évidence le fait que si ces paramètres constituent une liste fermée, leurs agencements sont toujours nouveaux, comme les situations, les objets et les discours que vivent les sujets. L’attitude épistémologique du chercheur ici consiste à faire émerger les éléments entrant dans la construction d’uneinterprétationpossible, et d’en montrer souvent les variantes. Le non-dit, les valeurs, les représentations des sujets et leur relation spéculaire (les différentes mises en scène voulues ou non, leur réputation, leur crédibilité…), la répartition des pouvoirs, des connaissances, bref, tout ce qui est saisi/sélectionné par ce système élémentaire de la communication : attentes, intérêts, attention, intentions avant d’être traité au plan de la signifiance. Evidemment, il aurait été possible, avec d’autres textes, de cerner encore davantage certains de ces paramètres, comme l’ampleur et l’incidence discursive (sur quel élément d’expérience portent les séquences narratives, commentatives, descriptives), l’ordre de ces types discursifs… Mais la richesse de l’analyse, ici, donne appétit au lecteur, et tout le mérite en revient à l’auteur.
L’ensemble de la recherche dessine enfin le cadre d’une réflexion qui structure les approches discursives au plan épistémologique. Quelques lignes pour concrétiser cette affirmation. L’interprétation peut être consensuelle ou informative, l’information étant ici comprise comme ce qui déstabilise, surprend, dérange, scandalise, bref apporte du nouveau ;
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Consensuelle, elle confirme, elle meuble un échange, conforte une relation, dit l’appartenance à un groupe, la participation à un mode de pensée. Les critères d’appréciation du discours interprétatif mobilisent quant à eux plusieurs liens. Le premier noue le discours et des faits, de manière convergente ou divergente (avec l’expérience ou avec la représentation qu’ont les sujets de cette expérience). Le second lie le discours de l’interprétation avec un système de références (le nombre de paramètres et la nature des codes mobilisés, la sélection d’un ou plusieurs langages dans les cas de plurimédialité, tels que les discours de presse assortis d’images, de dessins humoristiques, de graphiques… On est alors en face de questions touchant à la cohérence et à la consistance de ces rapports (la réaction : « Mais qu’est-ce que cet exemple vient faire ici ? » témoigne d’une « incohérence » ressentie.) Enfin, les ancrages mêmes de l’interprétation demandent à être repérés : rationalité, scientificité, matérialisme, objectivité revendiquée vs intuition, émotion, conjectural, subjectivité assumée/affirmée…
De la complexité mouvante qui devient créatrice sous l’œil du sujet-lecteur/interprétant, l’analyste dégage les nœuds des possibles discours interprétatifs qui s’y génèrent. En prenant en compte les acquis de ce lecteur, acquis toujours remis en œuvre et en cause dans la confrontation au texte coupé du terreau de sa naissance, qu’il doit reconstituer, toujours, à chaque fois, mais aussi méthodes à dynamiser, en particulier la nécessaire contextualisation de tout objet journalistique, et sur tous les plans. C’est aussi bien le doute freudien de l’univocité, l’approche écologique de Wilden ou le sens implié de Bohm qui sous-tendent ces études. Et l’on prend alors ici la mesure du fait que ce travail (qui peut être, comme le marque l’étymologie, souffrance) du passage de la potentialisation vers le jour de l’actualisation, pour reprendre Lupasco, demeure une proposition, une position aussi, soumise, dès qu’elle est dite, à l’éternel jeu spéculaire des interprétations qui nous dit et nous fait humains.
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Alain COIANIZ
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