La langue du roi est le français
638 pages
Français

La langue du roi est le français , livre ebook

-

638 pages
Français

Description

L'existence dans le droit positif d'une relation entre la recherche de son unité politique par l'Etat et l'instrumentalisation à cette fin d'une langue unique, la langue française, apparaît dans l'histoire des institutions françaises aux temps de la souveraineté royale. L'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 va consacrer cette évolution irréversible, en mettant un terme à la diglossie qui spécifiait jusqu'alors l'expression souveraine, légiférant en français mais jugeant en latin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 387
EAN13 9782296445567
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,2150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait











LA LANGUE DU ROI EST LE FRANÇAIS






















Logiques Juridiques
Collection dirigée par Gérard Marcou

Le droit n'est pas seulement un savoir, il est d'abord un ensemble de rapports et pratiques que
l'on rencontre dans presque toutes les formes de sociétés. C'est pourquoi il a toujours donné lieu
à la fois à une littérature de juristes professionnels, produisant le savoir juridique, et à une
littérature sur le droit, produite par des philosophes, des sociologues ou des économistes
notamment.
Parce que le domaine du droit s'étend sans cesse et rend de plus en plus souvent nécessaire le
recours au savoir juridique spécialisé, même dans des matières où il n'avait jadis qu'une
importance secondaire, les ouvrages juridiques à caractère professionnel ou pédagogique
dominent l'édition, et ils tendent à réduire la recherche en droit à sa seule dimension positive. A
l'inverse de cette tendance, la collection Logiques juridiques des Éditions L'Harmattan est
ouverte à toutes les approches du droit. Tout en publiant aussi des ouvrages à vocation
professionnelle ou pédagogique, elle se fixe avant tout pour but de contribuer à la publication et
à la diffusion des recherches en droit, ainsi qu'au dialogue scientifique sur le droit. Comme son
nom l'indique, elle se veut plurielle.


Dernières parutions

Rhita BOUSTA, Essai sur la notion de bonne administration en droit public, 2010,
Laurent ECK, L'abus de droit en droit constitutionnel, 2010.
Michel LASCOMBE, Le droit constitutionnel de la Ve République, onzième édition,
2010.
Olivier REVAH, Quelles chances de survie pour l'État post-conflit ?, 2010.
S. BIAGINI-GIRARD, L'inexistence en droit administratif, 2010.
Bahieh AGAHI-ALAOUI, L'autorité maritale en droit iranien et marocain, 2010.
Ehab FARAHAT, Le contentieux de l'élection des députés en France et en Egypte,
2010.
Marie-Axelle GAUTIER, La protection de l'environnement sur les plates-formes
industrielles. Un défi pour le droit de l'environnement, 2010.
Soufiane JEMMAR, L'évaluation des biens et services en droit fiscal, 2010.
Jiangyuan JIANG, Théorie du droit public, 2010.
Ümit KILINC, La liberté d'expression en Turquie à l'épreuve de la convention
européenne des droits de l'homme, 2010.







Agnès BLANC








LA LANGUE DU ROI EST LE FRANÇAIS


Essai sur la construction juridique d’un principe d’unicité
de langue de l’État royal
(842-1789)






Préface d’Albert Lourde











































© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12682-4
EAN: 9782296126824

PRÉFACE




« La Langue de la République est le français ». C’est une évidence.
ePourtant, depuis 1992, l’article 2 de la Constitution de la V République
n’hésite pas à l’énoncer. Or une évidence, selon E. Littré, est une
« notion si parfaite d’une vérité qu’elle n’a pas besoin d’autre preuve »,
elle s’impose d’elle-même. Les précédentes Constitutions n’ont du reste
jamais disposé que la langue de la République française était le
français : cela allait de soi. Alors pourquoi, en 1992, le Congrès a-t-il
considéré comme indispensable d’intégrer cette évidence dans l’article
2 de la Constitution de 1958 ? Parce que, sous la double poussée de
l’Europe et des régions, cette « vérité » a pu paraître fragilisée,
certaines évolutions linguistiques s’imposant d’elles-mêmes comme de
nouvelles réalités : désormais une langue véhiculaire tend erga omnes à
exister – l’anglais – et les langues régionales, protégées par le droit
européen, aspirent à une résurrection juridique contre la langue de
l’État unitaire, le français. Les parlementaires ont donc décidé de
rappeler, en énonçant et en posant la norme entre les caractères et les
emblèmes de la Nation, que la langue de la République est le français.
D’aucuns diront que ce n’était pas nécessaire, car cela va sans dire : la
langue française est tout à la fois un caractère et un emblème de la
République. Sans doute ! Mais on peut aussi considérer qu’au temps de
la mondialisation, l’identité d’un État mérite d’être réaffirmée.
La France est une vieille nation que l’on a toujours identifiée par sa
langue et si la langue de la République est encore aujourd’hui le
français, c’est tout simplement parce que la langue du roi était le
français. Encore fallait-il le démontrer. C’est chose faite avec le très
beau livre d’Agnès Blanc, que l’on peut regarder, selon l’acception du
doyen Hauriou, comme une thèse de pur droit public empruntant
l’indispensable analyse historique pour asseoir sa démonstration ; « Un
droit, même existant, disait Maurice Hauriou, doit être étudié dans la
perspective historique de son développement ». Et il ajoutait : « j’avoue
n’avoir jamais bien compris la notion d’un droit immobile quel qu’il
fût, et n’avoir jamais bien saisi la différence entre l’histoire du droit et
l’exégèse du droit existant ; pour moi, l’exégèse d’un droit doit être
constamment traitée d’un point de vue historique, car tout ce qui nous
paraît subsister est, dans la réalité des choses, en évolution plus ou

moins rapide » (Précis de droit administratif et de droit public, Paris, Sirey, 1914,
e8 édit., préface p. V-VI)
C’est très exactement dans ce type de problématique que se situe la
thèse d’Agnès Blanc. Elle y décrit la genèse, les premiers linéaments, la
naissance de la langue française parallèlement à la construction de
l’État, à la construction du royaume, à l’édification de la France.
Un des premiers apports de cette thèse est une réflexion sur les
rapports entre la langue et le droit, entre la langue et le pouvoir
politique, entre la langue et l’État. Et l’on suit, page après page, la
progression de la réflexion, à travers des développements nourris d’une
très grande érudition historique. À travers cette liaison entre la langue,
la souveraineté et l’État, c’est la singularité historique française qui est
soulignée, c’est l’identité de la France qui est analysée dans sa genèse
et sa lente construction, ce qui a conduit l’auteur à rectifier certaines
opinions convenues, et souvent à adopter un point de vue nouveau.
À travers l’histoire de la construction de l’État, Agnès Blanc
montre comment la langue française – et c’est certainement une
singularité – a été instrumentalisée à des fins politiques ; et cette
relation entre le pouvoir politique et la langue française est décrite
depuis les origines lointaines de la France que l’auteur fait remonter à
842, aux Serments de Strasbourg, jusqu’à la veille de la Révolution. En
842, Louis le Germanique et Charles le Chauve haranguent leurs
troupes dans la langue qu’elles comprennent, le tudesque pour Louis, le
roman pour Charles. L’acte de naissance de la France est donc un acte
linguistique. On peut même affirmer que la langue française écrite est
née le même jour que la France et par une décision politique liant l’une
à l’autre. L’auteur montre ensuite de manière très convaincante la
liaison entre la marche de l’État vers l’unité et ce qu’elle appelle la
marche de la langue vers l’exclusivité. Et c’est là encore, très
certainement, si on compare l’histoire de France à l’histoire des autres
pays européens, une singularité française. L’apport de cette thèse est de
ce point de vue considérable, car les auteurs ont jusqu’à présent affirmé
que les enjeux p

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