La radioélectricité en France sous l Occupation
256 pages
Français

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La radioélectricité en France sous l'Occupation , livre ebook

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Description

La Compagnie générale de télégraphie sans fil, ou CSF, est l'ancêtre du groupe Thales. Pionnière de la radio et du radar, avec sa filiale historique, la Société française de radioélectricité (SFR), la période de l'Occupation ne freina pas son expansion. Ce livre raconte comment, sous la tutelle de la société allemande Telefunken, la CSF et la SFR traversèrent les années d'occupation en produisant massivement pour l'armement allemand.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2012
Nombre de lectures 34
EAN13 9782296511224
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Historiques
Dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland
La collection « Historiques » a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d’étude et des périodes historiques.
Elle comprend trois séries : la première s’intitulant « travaux » est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la deuxième intitulée « sources » a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accueille des textes ayant une forte dimension historique sans pour autant relever d’une démarche académique.

Série Travaux

Armand AJZENBERG, L’abandon à la mort… de 76 000 fous par le régime de Vichy , 2012.
Michel GRENON, Charles d’Anjou. Frère conquérant de Saint Louis , 2012.
Thomas PFEIFFER, Marc Lescarbot : pionnier de la Nouvelle-France , 2012.
Michel VANDERPOOTEN, 3000 ans de Révolution agricole, Techniques et pratiques agricoles de l’Antiquité à la fin du XIX e siècle , 2012.
Kilien STENGEL, L’aide alimentaire : colis de vivres et repas philanthropiques. Histoire de la Gigouillette 1934-2009 , 2012.
Donald WRIGHT, L’Antiquité moderne , 2012.
Georges ASSIMA, La France et la Suisse. Une histoire en partage, deux patries en héritage , 2012.
François CHEVALDONNE, Rosa Bordas, rouge du Midi, mémoires, oublis, Histoire , 2012.
Jean-Paul AUTANT, De la mobilisation à la victoire. 1939-1946.
Un singulier parcours sous l’uniforme durant le second conflit mondial , 2012.
Christian FEUCHER, Ali Bey, un voyageur espagnol en terre d’islam , 2012.
Titre
Emmanuel de Chambost




La radioélectricité en France
sous l’Occupation


La Compagnie générale de télégraphie sans fil,
enfance de Thales








L ’ H ARMATTAN
Du même auteur
La direction du PCF dans la clandestinité (1941-1944), Les cyclistes du Hurepoix , L’Harmattan, 1997
Histoire de Cameca (1954-2009), Voyage au pays des ingénieurs gaulois , Editions edechambost, 2010 : http://siteedc.edechambost.net
A History of Cameca (1954-2009), (Advances in Imaging and Electron Physics, Volume 167) , Academic Press, 2011.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-98949-8
EAN : 9782296989498
1. Un gant de velours
L’entreprise dont il est question dans ce livre, la CSF (Compagnie générale de télégraphie Sans Fil) dont dépendait sa principale filiale, la SFR (Société Française Radioélectrique), était l’ancêtre du groupe Thales, qui emploie en 2012 près de 70 000 personnes dans le monde entier. En 1939, la CSF n’avait pas encore acquis la taille du groupe Thales, mais elle était déjà un acteur important de ce qu’on n’appelait pas encore l’électronique mais la radioélectricité. Ce livre est une réponse à une interrogation qui me fut personnelle : « Comment une telle entreprise a-t-elle traversé la période de la Seconde Guerre mondiale et les années grises de l’occupation ? ». " Années grises " plutôt qu’« Années noires » caractérise bien l’époque dès lors qu’on traite de l’histoire des entreprises ; nous allons découvrir un monde ni blanc ni noir, qui reste naturellement gris, tant l’entreprise est génétiquement disposée à accepter pour sa survie de se prêter à toutes les collaborations.

L’histoire des entreprises n’est pas périphérique dans l’histoire de la domination allemande sur la France de juin 1940 à août 1944. Au contraire, elle y est centrale. Hitler ne voulait pas la destruction de la France, il voulait son affaiblissement. Il ne voulait pas non plus d’une France alliée de l’Allemagne. L’auteur de Mein Kampf aurait volontiers relégué la France dans une spécialisation agricole et touristique dans la vision idéale d’une Europe en paix sous domination allemande, mais l’Europe ne connut pas la domination allemande dans la paix. Engagé dans une guerre totale, Hitler a voulu que le potentiel industriel de la France ne soit pas détruit, mais exploité le plus efficacement possible au bénéfice de l’effort de guerre allemand.

Ce livre raconte donc comment la CSF traversa les années d’occupation en produisant massivement pour l’armement allemand. En fait, il sera surtout question de la SFR, mais d’un point de vue capitalistique, la CSF est l’entité pertinente. Pendant ces années là, l’interlocuteur de la SFR sera Telefunken, une société allemande travaillant sur le même créneau que la SFR. Telefunken est plus grosse que SFR, l’industrie radioélectrique allemande est plus grosse que la française, et l’Allemagne est plus grosse que la France. Ce sont des données de base qu’il faut avoir en tête.
Le qualificatif de « correct » est fréquemment utilisé vis-à-vis des armées qui déferlèrent sur le sol français en 1940. Les dirigeants de Telefunken auxquels la SFR fut confrontée se sont montrés d’une grande délicatesse, comme cela se passe parfois lors de la prise de contrôle d’une société par une autre. Certes, bien des acquisitions et prises de contrôle peuvent se faire sous le signe de l’arrogance, mais il arrive aussi que les nouveaux maitres semblent vraiment désolés d’être dans cette situation. Pour se faire pardonner, ils donnent l’assurance qu’ils ne vont guère s’immiscer dans les affaires intérieures, qu’il faut surtout continuer à travailler comme avant.

À la Libération, la grande délicatesse du Doktor Schultz, nouveau responsable du Büro parisien de Telefunken en 1941 a causé quelques ennuis aux dirigeants de la SFR. Paul Brenot (1880-1967), polytechnicien, pionnier de la radio et colonel de réserve, avait le titre de directeur technique de la SFR, mais il était un peu plus que cela, une sorte d’ alter ego du patron et fondateur du groupe, Émile Girardeau (1882-1970). Le courrier échangé entre Schultz et Brenot fut découvert par hasard en septembre 1944 par un groupe de résistants et cette découverte déclencha une instruction judiciaire relatée au chapitre 19.

Du Dr Schultz à Paul Brenot
18 Avril 1941

Cher Monsieur,

Laissez moi tout d’abord vous remercier de l’occasion que vous m’avez donnée de m’entretenir avec vous de façon si agréable au cours d’un bon déjeuner .
Je ne puis vous exprimer le grand plaisir que j’ai eu en constatant le parfait accord auquel nous sommes arrivés au cours de cet entretien sur les questions d’humanité et – bon gré, malgré – de politique dans le sens le plus élevé et ensuite dans nos considérations sur l’art .
Cet accord dans les idées m’est d’autant plus précieux que votre activité littéraire et votre expérience font de votre personne un véritable maître.
Vous avez eu la grande amabilité de me prêter votre livre sur l’hôtel du Marais 1 . J’étudierai cette œuvre avec la plus grande attention, et vous me permettrez certainement après sa lecture de revenir sur son contenu.
Je vous remercie également des livres que vous avez bien voulu mettre à ma disposition sur Paris, et j’espère que vous me les confierez aussi longtemps qu’il sera nécessaire pour les lire à fond et pour choisir ceux dont l’acquisition représente un intérêt particulier pour mes études.
Avec tous mes remerciements et mes meilleurs vœux pour de bonnes fêtes de Pâques, je voue prie de croire, Cher Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les plus dévoués

De Paul Brenot à Dr Schultz
18 avril 41, 123 Av. Malakoff,

Mon cher Docteur,

‘Tous mes remerciements l’abord pour votre aimable lettre à laquelle j’ai été très sensible.

Bien entendu, vous pouvez garder les petits livres aussi longtemps que vous voudrez. Je fais tâcher le vous en trouver une collection neuve. Si cela est impossible, je serai heureux de vous offrir la mienne. Je dois faire deux voyages, la semaine prochaine et l’autre. Dès mon retour, je vous chercherai un ouvrage d’ensemble sur Paris, que je dois avoir dans une caisse de livres, et je vous le ferai porter .
Encore merci, cher Docteur, et veuillez trouver ici l’expression de mes sentiments les meilleurs et les plus distingués.

À la Libération, lorsque Brenot fut mis en examen, il organisa sa défense en avançant que les relations très courtoises entre les dirigeants des deux société

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