La Sibérie en défis
282 pages
Français

La Sibérie en défis , livre ebook

282 pages
Français

Description

Que sait-on de la Sibérie à part ses anciens goulags, sa taïga, son climat extrême. Le carnet de voyage de Sébastien Eugène nous relate sa vision de ce vaste pays à travers des rencontres inopinées: étuudiants, entrepreneurs, cheminots, journalistes, ivrognes,... Il nous dessine le portrait d'une société multiculturelle mais renfermée, chaleureuse dans l'intimité" mais craintive au dehors.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2009
Nombre de lectures 232
EAN13 9782296222373
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection "Voyages Zellidja"LA FONDATION ZELLIDJA
« Donner aux meilleurs des jeunes Français le moyen de compléter
leurs études par des connaissances qu'ils n'ont pas acquises dans les
établissements scolaires et n'acquerront pas davantage dans les
grandes écoles ou en faculté. »
Jean WALTER (l883-1957)
Architecte, voyageur, passionné de géologie, Jean WALTER mit à
jour un très important gisement de cuivre et de plomb à Zellidja
(Maroc). Voulant contribuer à la formation des jeunes, il fonda en
1939 les Bourses Zellidja, en accord avec Jean Zay, Ministre de
l'Education Nationale de l'époque.
Tous les ans, à la suite d'un concours retenant les projets les plus
valables, la FONDATION ZELLIDJA, sous l'égide de la Fondation
de France, attribue à des jeunes de 16 à 20 ans des bourses de voyage
selon les critères suivants:
durée minimum du voyage: 1 mois
voyage en solitaire
remise au retour d'un rapport comprenant l'étude du sujet
proposé dans le projet, un journal de route et un carnet des
comptes.
2émeLes meilleurs travaux autorisent l'obtention d'une bourse pour un
voyage dont le rapport peut permettre à son auteur d'accéder au titre
de Lauréat Zellidja. Certains rapports présentant un intérêt
exceptionnel, tant par la valeur de l'étude que par la qualité littéraire du journal
de bord, font l'objet d'une publication dans la collection « Voyages
Zellidja N.
En 2007, la FONDATION ZELLIDJA a attribué le GRAND
PRIX ZELLIDJA à Sébastien EUGENE qui avait été Lauréat
Zellidja 2005.
Association des Lauréats Zellidja
60 rue Regnault
F - 75013 -PARIS
Tél/fax: 01 4021 75 32
info@zellidia.com
www.zellidja.comSébastien EUGÈNE
LA SIBÉRIE EN DÉFIS
L'HARMA TTAN
5-7 rue de l'Ecole-Polytechnique
F- 75 005 - PARISToutes les photos appartiennent à l'auteur
- Couverture 1 : Marchands ambulants sur le quai du Transsibérien
- 4: L'auteur (au fond) au restaurant ukrainien avec ses
hôtes de Tioumen
copyright L'Harmattan 2009
http://www.editions-harmattan.fr
m___m m m______________________________www.librairieharmattan.comm
harmattan 1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-08054-6
EAN : 978 2296 080546À mes grands-parentsAVANT-PROPOS
Acte 2. Ce voyage en Russie est bien la seconde partie
d'une aventure commencée une année plut tôt. Une aventure
qui clôt la plus féconde des étapes d'une vie, celle que l'on
définit souvent comme le passage de l'enfance à la vie de jeune
adulte.
En 2005, alors que je n'avais jamais :tTanchiles frontières
de l'Union européenne, je décidai de m'envoler seul à l'aide
d'une bourse de voyage que je venais d'obtenir auprès de la
Fondation Zellidja. Je m'étais engagé à mener une étude sur la
débrouille en Inde, dont des centaines de millions d'Indiens
sont tributaires. Ignorant tout du voyage et des rencontres qui le
dessinent, j'ai dû apprendre. Apprendre à me servir pleinement
de mes sens, à affronter ma timidité et mes angoisses, à
discerner mes limites et apprendre à les surmonter avec l'aide
des autres.
J'en suis revenu avec une fatigue, une anxiété et une
satisfaction, qui se sont conjuguées pour donner naissance à un
goût, une amertume addictive, celle de la découverte des
rapports humains. Plusieurs mois après mon retour, mon esprit
était toujours tiraillé entre l'attirance pour l'inconnu, et l'envie
et le réconfort d'une tranquillité routinière.
Taïga, toundra, orthodoxie, nuits moscovites, lac Baïkal,
vodka, pétrole, gaz, nouveaux riches, restructurations,
inégalités, démocratie bafouée, développement, autoritarisme,
communisme, ours, froid, neige, récession, petites retraites,
conservatisme, chasse aux étrangers,... Tous ces mots, ces
concepts abstraits tourbillonnaient dans mon cerveau lorsque la
Russie pénétrait dans mon conduit auditif. Mais tels des
électrons tournant irrémédiablement autour d'un noyau
atomique sans jamais s'entrechoquer, ces mots ne parvenaient
jamais à s'associer pour fournir une image précise de ce que la
Russie pouvait être aujourd'hui. Pis, ils formaient un mur
mouvant qui occultait le noyau, le plus essentiel.
7Une question me venait alors en tête, celle qui comme un
indice d'une chasse au trésor me laissait entrevoir la possibilité
d'une prochaine résolution: la Sibérie sombre-t-elle dans
l'oubli? Et parce que je voulais que ma curiosité vainque ma
recherche de confort, et parce que les chasses aux trésors ne
sont jamais aussi passionnantes que lorsqu'on les vit, je soumis
un nouveau proj et au jury de l'association des lauréats Zellidj a.
Ils me renouvelèrent une seconde fois leur confiance et je pus
partir pour Moscou avec le projet de traverser la Sibérie et
d'atteindre Vladivostok par le train.
8PREMIÈRE PARTIE
DE MOSCOU À VLADIVOSTOKAvion 05-Juil 17-Juil23-Juin
06-Juil 18-Juil Irkoutsk et sud24-Juin
Tobolsk
du Lac Baïkal25-Juin 07-Juil 19-Juil
Moscou
26-Juin 08-Juil 20-Juil
09-Juil 21-Juil27-Juin
Train Train28-Juin Train 10-Juil 22-Juil
29-Juin 11-Juil 23-Juii
30-Juin 12-Juil 24-Juil
Iekaterinbourg Severobaïakalsk
01-Juil 13-Juil 25-Juil Vladivostok
et nord du Lac
14-Juil 26-Juil02-Juil
Baïkal
03-Juil 15-Juil 27-Juil Avion
Tioumen
Train04-Juil 16-Juil1. Avion et réflexion
vendredi 23 juin 2006
C'est reparti! Mon voyage en Russie vient de
commencer. Au moins en théorie: je me trouve quelque part
entre Paris et Moscou, et j'atterris dans moins de deux heures.
Mais je ne parviens pas à me mettre dans la tête que je vais
atteindre Vladivostok en train, depuis Moscou. De manière
générale, je n'arrive vraiment pas à rentrer dans ce voyage.
Pour la simple et bonne raison que je n'en ai pas rêvé
auparavant. L'an passé, six mois avant mon départ en Inde,
j'aimais m'imaginer les lieux que j'allais découvrir, les
personnes que j'allais rencontrer ou bien les situations
auxquelles j'allais être confronté. Cela n'a pas été le cas pour la
Russie. Peut-être ai-je appris du précédent que les voyages
imaginaires ne collent en rien à la réalité, tout simplement parce
que le cerveau ne fait que transposer et adapter ce qu'il connaît
déjà pour créer de l'inconnu. Pour autant, c'est tout de même
une source de plaisir que de pouvoir rêver de son futur voyage
et de ses prochaines péripéties. Je n'en ai pas été capable. Ce
sera donc un voyage sans passé imaginaire.
Une année s'est écoulée depuis mon premier voyage
Zellidja. À mon âge, c'est beaucoup. J'ai eu le temps de
rencontrer mes premières difficultés universitaires, de souffler
vingt bâtonnets de cire, de rater un concours qui me tenait à
cœur, de rédiger une étude sur la débrouille en Inde et de mettre
au propre un carnet relatant quotidiennement un voyage qui m'a
profondément changé. Cette année-là m'a demandé beaucoup
d'énergie et m'a ôté ce que je savais faire de mieux: rêver. Elle
a chassé mes pensées imaginaires pour leur substituer des
réflexions plus métaphysiques et moins enfantines. J'ai
également éprouvé un sentiment qui m'était jusqu'alors
inconnu: la solitude. Voilà que je me surprends désormais à
m'entourer de musique dans certaines pièces pour couvrir le
silence, désormais assourdissant, alors qu'il était si plaisant une
année auparavant.
Tout a commencé avec cette remarque faite dans l'avion
qui se dirigeait vers New Delhi: «le monde est petit ». La
représentation que je me faisais du monde était auparavant
Ilassimilée à l'infini. Puisque le monde est infini, inutile de
penser à ce qui peut-être plus grand que l'infini lui-même. Je
savais bien que les nouvelles prouesses technologiques
permettaient de rejoindre les quatre coins du globe en quelques
heures. Mais cela n'a de sens que si son corps et sa pensée
peuvent, par eux-mêmes, mesurer ce temps et cette distance. En
quelques minutes, le monde était passé d'infini à... petit! Je ne
m'en suis toujours pas remis.
J'aurais très bien pu me dire « après tout, si notre planète
est diversifiée, cela ne change rien à l'affaire ». Mais voilà,

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