Risques humains dans l'entreprise

Sandrine Vialle-Lenoel

Description

Les nouvelles logiques de production et l'évolution des systèmes d'information ont métamorphosé nos façons de travailler. Ces transformations ne sont pas sans conséquences sur les salariés et de nombreux symptômes de mal-être se font ressentir tandis que le suicide est devenu en quelques années le symbole d'une souffrance impossible à surmonter. Analysant le travail aujourd'hui, sans idéologie ni victimisation, l'auteure entend développer une prévention efficace des risques en s'appuyant sur son expérience en tant qu'intervenante au sein des entreprises.

Sujets

• Psychologie
• Management
• Psychanalyse
• Psychiatrie
• Gestion
• entreprises

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2016
• Nombre de lectures: 46
• EAN13: 9782140000485
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

place afin d’enrayer ce que le travail génère. Cependant pour construire des préventions efficaces, il faut

connaissances spécifiques pluridisciplinaires, dont d’incontournables

d’élucider l’énigme du suicide, afin de pouvoir traiter l’insupportable

Sandrine Vialle-Lenoël

Risques humains dans l’entreprise

Vers de nouvelles réponses

Risques humains dans l'entreprise Vers de nouvelles réponses

Sandrine Vialle-Lenoël

Risques humains dansl'entreprise Vers de nouvelles réponses

© L'H ARM ATTAN , 2016 5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-07628-7 EAN : 9782343076287

INTRODUCTION La médiatisation des suicides de salariés a donné une impression de passage à l’acte de masse durant ces dernières années. Il est presque considéré comme un fait établi que les suicides liés au travail sont en augmentation, et nous ne manquons pas d’être régulièrement informés sur les chiffres apparemment accablants des entreprises du Cac 40 ou d’autres institutions. L’acte suicidaire a trouvé des porte-voix et il est de plus en plus difficile pour les entreprises de contenir le dévoilement du suicide d’un de leurs salariés, que l’acte se soit déroulé à l’intérieur ou à l’extérieur de l’enceinte de l’entreprise. Au moment de l’annonce, aucun lien de causalité n’est encore établi entre le suicide et le travail, mais être salarié et se donner la mort, érige le travail, l’employeur et l’entreprise en des suspects présumés coupables. Les parois entre le domaine professionnel et celui du privé, voire de l’intime, n’ont jamais été aussi peu étanches. Le discours sur le travail a pris une place particulière dans le débat public, avec son lot d’idéologie et de victimisation. Que le travail ait quelque chose à voir avec l’acte suicidaire est extrêmement dérangeant. Le travail du XXIème s’est profondément transformé et ces mutations ne sont pas sans conséquence sur l’état psychique et physique des salariés. Il n’existe pas à ce jour d’appareil d’analyse satisfaisant pour nous permettre de valider cette impression que les suicides liés au travail sont en augmentation. Les données les plus récentes font ressortir 10334 et 10359 et 9695 suicides toutes populations confondues en France, respectivement sur les

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1 années 2010, 2011 et 2012 . Ces chiffres annuels tendent globalement vers une stabilisation depuis ces vingt dernières années. Il est difficile d’établir avec rigueur le nombre de suicides où le travail serait en cause et dans quelle proportion. Les suicides reconnus comme accidents du travail pourraient servir de principe de recensement. Or, la législation ayant considérablement évolué durant ces 15 dernières années vers une plus grande responsabilité de l’employeur, ce fait apparemment fiable serait également insuffisant pour fournir un indicateur valable sur l’augmentation du nombre de suicides attachés au travail. Mais chaque suicide est un drame et fait du comptage un acte indécent, même s’il permet d’établir un seuil qui en fait un enjeu de santé publique. Ce qui relève de la tragédie personnelle a rencontré le politique et a entraîné, par voie de conséquence, l’injonction de réduction du nombre de suicides. Face aux risques juridiques et à la dégradation de leur image, les entreprises n’ont pas d’autres choix que de traiter les risques psychosociaux à l’intérieur desquels se trouvent les risques suicidaires. Pour les entreprises qui ont traversé une crise médiatique, la peur du suicide s’est installée. Ainsi, repérer le moindre signe devient un impératif et traiter les risques, une nécessité. Si la volonté de préserver la santé des salariés est présente, la prévention se heurte à un manque de savoir sur la question suicidaire. À l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise, des a priori et lieux communs circulent, empêchant une véritable prévention de ces tragédies. Le suicide se situe sur un point de conjonction entre l’histoire,

1 INSERM CEPIDC (Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès)

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la structure psychique, la contingence et ce que le travail fait éventuellement vivre au point d’en mourir. Le processus suicidaire, son savoir et son traitement relèvent de compétences très spécifiques. Si les suicides de salariés sont divulgués, les entreprises dénoncées, il est en revanche plus rare d’évoquer les pratiques de prévention efficaces qui sont mises en œuvre. De plus, la recherche dans ce domaine précis est peu développée, même si de nombreux discours viennent saturer la question et la rendre parfois encore plus confuse. Il existe encore peu d’ouvrages qui abordent le risque suicidaire et sa prévention dans le champ du travail. Le suicide de salariés n’est pas, contrairement à ce que certains auteurs affirment, un phénomène apparu dans les années 2000. Il ne s’agit pas de confondre suicides et médiatisation des suicides. J’interviens sur la prévention de ce risque en entreprise depuis 1990. Ce livre est donc le fruit d’une longue pratique. Il s’agira dans cet ouvrage non pas d’exposer des statistiques, et des enquêtes sur le suicide, mais de relater des situations véritablement traitées lors de mes nombreuses interventions en entreprise. La singularité des cas présentés ne doit pas induire de généralités, mais peut permettre au lecteur de retrouver certains traits de situations vécues ou observées et d’en avoir une interprétation différente pour conduire à une mise en place de dispositifs de prévention plus efficaces. Cet essai est aussi une prise de position sur les débats et les approches théoriques qui encombrent les entreprises sur les suicides, le travail et la prévention. Pour aborder cette relation délicate entre le suicide et le travail, il est nécessaire d’analyser ce dernier dans une

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