Exaucia - Opération Sweet Sesel
225 pages
Français

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Description

Quand elle débarque à l’aéroport de Victoria, Exaucia n’a qu’un objectif : retrouver au plus vite Emma Flavore, une jeune Italienne disparue avec 13 autres opérateurs touristiques lors d’un voyage de prospection sur le catamaran « Sweet Sesel », voilier dont les autorités seychelloises ont perdu la trace depuis son mouillage face à l’ile de Curieuse. C’est la nouvelle mission que B., son patron, responsable d’IIN (International Investigation Network), une agence de détectives exclusivement féminines, lui a confiée et elle compte bien ne pas la décevoir. Ce n’est pas une poignée de pirates somaliens sans doute à l’origine de l’enlèvement qui va l’empêcher d’honorer son contrat ! D’autant qu’elle dispose cette fois d’un atout majeur. Les Seychelles, elle connaît : elle y est née et y a passé son enfance.
Mais l’affaire s’avère plus complexe que prévu. Que cherche Sonny Grandcourt, le directeur scientifique de Curieuse ? Agnela est-elle restée l’amie de toujours ? Qui se cache derrière cette voix mystérieuse qui la harcèle ? Qui est vraiment Emma Flavore ?
Exaucia va devoir faire appel à toutes ses qualités de détective pour déjouer les pièges d’un petit monde où l’argent, l’ambition et le mensonge dominent, et d’un passé enfoui au plus profond d’elle-même qui remonte à la surface au risque de la perdre à jamais…
Les tortues de Curieuse ne sont peut-être pas aussi innocentes qu’elles y paraissent ; les Seychelles loin d’être toujours un paradis.

Informations

Publié par
Publié le 23 janvier 2014
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

 
 
 
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 EXAUCIA Opération Sweet Sesel                   Un roman d’Isabelle Rouma    Copyright © 2014 isabelle.rouma@gmail.com www.facebook.com/IsabelleRoumaWriter www.facebook.com/NomDeCodeExaucia  
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I 13 juin 2010
 Maastricht,   Cela faisait plusieurs minutes que Hilde attendait, debout, face au bureau de sa supérieure, tenant des deux mains, serré contre son buste, un épais dossier rouge. Enfin, B. tendit le bras et empoigna ce dossier sans détacher le regard de l’écran de son ordinateur portable.  Exaucia ?  C’est son nom de code, madame.  Ses états de service ?  Excellents. Elle atteint un score de 9 sur notre échelle de 10.  Son âge ?  30 ans.  Lieu de résidence ?  Elle vit à Paris.  Prête à tout ?  Oui. Prête à tout.  Votre avis personnel sur ce choix ?  Elle arrive en tête dans les résultats donnés par notre logiciel de sélection. J’ai introduit tous les critères que vous m’aviez listés et…  Je ne vous demande pas l’avis de la machine, Hilde, celui-là, je l’ai sous les yeux. B. s’était mise à feuilleter le dossier que l’informaticienne venait de lui soumettre.  Le vôtre, Hilde. Pour une fois, soyez intuitive, si vous le pouvez.  Et bien…  Et bien ? …Et bien, soupira B., regardons ce que votre super logiciel a retenu sur cette jeune femme et voyons si nous sommes d’accord avec lui. B. repoussa son portable, enfila ses lunettes en écaille rouge et se mit à étudier avec attention le document dont la couverture révélait en lettres noires capitales le nom de « EXAUCIA » suivi d’un code à 7 chiffres. Imprimées de biais à l’aide d’un tampon, les lettres du mot « CONFIDENTIEL » s’étalaient en carmin sur chacune des pages.  jeune femme, plutôt jolie d’ailleurs - B. passaitCette maintenant en revue les photos de face et de profil
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rassemblées au début du dossier - est née à Victoria, île de Mahé, aux Seychelles ; de père français et de mère seychelloise. Elle a des origines indiennes du côté de sa mère. Obtient une première bourse d’études à 18 ans ; Master en Droit à Paris, puis Droit international à Bruxelles ; enfin diplôme de criminologie en Angleterre : une scolarité sans failles ! Nous avons à faire à une intellectuelle. Or, il nous faut plutôt un profil de terrain cette fois. Qu’en pensez-vous ? B. avait parlé vite. Elle fit une moue dubitative et poursuivit sa lecture commentée sans laisser à la jeune Hollandaise le temps de lui répondre :  Voyons la suite :parents disparus en mer alors qu’elle n’a que 15 ans. Cette mission risque de lui rappeler de mauvais souvenirs. Or, il va lui falloir de la distance. Pas de sentimentalisme.Travail pour des ONG, protection des animaux, escalade du Mont Blanc, championne de natation de France… B. feuilleta le reste du dossier, parcourut rapidement la liste des missions réussies, puis revint à la fiche signalétique.  Tiens ! Un tatouage en signe particulier. Vous en avez noté la nature, Hilde ?  J’ai dû le lire, Madame.  Une tortue, sur le biceps gauche. B. referma le dossier, et le rendit à sa jeune collaboratrice.  C’est bon. Le choix de votre fichu logiciel est validé. Bientôt, ce service n’aura plus besoin de moi. Prévenez notre contact à Paris. Faites-lui suivre les documents nécessaires. Prévoyez un double cryptage. Départ prévu le 15 juin. Cela laisse deux jours à notre agent pour se mettre au courant de l’affaire. Hilde quitta le bureau de sa supérieure. Lorsqu’elle ferma la porte, B. était de nouveau absorbée dans la lecture de mails top secrets, présageant de missions à venir dont elle seule détenait tous les éléments.   
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Paris,   Pierre allait arriver. Il devait la rejoindre dans cette brasserie sur les Champs Elysées où ils avaient l’habitude de se voir. Il était en retard et ça tombait bien. Ca lui laissait le temps de préparer ses arguments. Il voulait vivre avec elle. Il avait même envisagé le mariage. Elle sourit, s’imaginant un instant dans le rôle d’une épouse, d’une mère peut-être, avec deux gosses dans un superbe appartement du Ve Arrondissement, dont Pierre avait fait l’acquisition, six mois plus tôt, dans un souci de mise en place d’un programme « cocoon »… Elle secoua la tête. C’était impossible. Elle n’était pas faite pour cette vie-là. Il lui avait demandé d’arrêter son boulot de journaliste. « Toujours à courir le monde ! Avec tes qualifications, trouve-toi un boulot dans une compagnie d’assurances, ou dans la police, si tu veux de l’action, tu es juriste et criminologue, après tout ! A quoi ça te sert d’être journaliste pour des magazines de voyage que personne ne lit ? Ecris un bouquin ! Tu peux même prendre un peu de temps pour toi. L’argent n’est pas un problème, tu sais. »  Elle le savait. Pierre était avocat d’affaires. Ils s’étaient rencontrés en Faculté de criminologie. Ils avaient alors l’ambition commune de percer le cerveau des plus grands assassins. Mais Pierre avait opté pour une carrière plus rentable et il avait vu juste. Le cabinet dont il était un des associés marchait très bien. Ce que Pierre ne savait pas, c’est que ses collègues les plus proches l’avaient contactée, un après l’autre, pour tenter leur chance avec elle, car, d’après eux, elle méritait mieux que Pierre qui avait atteint ses limites professionnelles et ne progresserait plus… Ce qu’il ne savait pas non plus, c’est qu’elle s’était jurée, le jour de ses 18 ans que jamais elle ne dépendrait d’aucun homme pour vivre. D’ailleurs, elle ne faisait confiance qu’à elle-même. Et de l’argent, elle en gagnait pas mal. La journaliste indépendante Claire Bertrand, qui vivait de ses piges, dont le salaire assurait à peine ses dépenses de voyage, c’était une couverture. Fausse identité, métier facile, derrière lequel se cachait d’autres missions. Comme celle qu’elle venait de recevoir, par mail : une invitation adressée à Exaucia. C’était son nom de code, son second nom de baptême aussi. Le mot magique qui à lui seul déclenchait des réactions physiques en chaîne quasi incontrôlables : d’abord un long frisson depuis le bas des reins jusqu’au cou, ensuite une salivation excessive, puis une forte sensation de chaleur. A tout ceci s’ajoutait même parfois… Décidément, ce job l’excitait. Ses yeux devaient briller comme à chaque début d’une
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nouvelle aventure, et elle craignait que cela porte à confusion. Pierre allait encore s’imaginer des choses… Il plongerait son regard dans ses grands yeux couleur miel, qui, dirait-il, avaient l’éclat du soleil des îles, etc. Elle resterait silencieuse, comme toujours, et il croirait qu’elle était d’accord. Son dernier SMS lui posait un ultimatum : « Claire, veux-tu vivre avec moi oui ou non ? » Evidemment, la réponse était non. A cet instant, plus que jamais. D’ailleurs, comment aurait-elle pu partager sa vie avec un homme qui ne connaissait même pas son vrai nom, Amanda, Exaucia, Claire Albert, qui apparaissait sur son passeport seychellois et que, mis à part B., personne ne prononçait plus.  Sans prendre le temps d’allumer, Exaucia se dirigea vers son bureau qui se trouvait près de la fenêtre. Il était encombré de papiers ; comme le reste du studio, d’ailleurs. Elle louvoya entre les piles de revues de voyage, de guides touristiques, et de polars aux couvertures écornées qui jonchaient le vieux parquet de chêne ; interrompit la mise en veille de son portable et lança sa messagerie. Elle prit soin de tirer les tentures, bien que le quartier fût calme à cette heure, et se laissa tomber dans le sofa. La tête lui tournait. Il n’était pas tard pourtant. L’horloge murale indiquait neuf heures trente. Le rendez-vous avec Pierre avait été bref. Il avait commencé par lui raconter son entretien pénible avec un de ses associés, au sujet d’une affaire qui stagnait. On voulait lui retirer le dossier. Pierre était furieux. Furieux car impuissant. Il avait eu ce genre de conversation à propos d’un autre client trois semaines plus tôt. Il s’était ensuite radouci, avait promis de ne plus parler boulot, et l’avait regardée droit dans les yeux, en état d’extase. C’était prévu. Alors, elle lui avait dit sans détours : « Pierre, c’est non. » Il avait d’abord feint ne pas comprendre, puis s’était à nouveau emporté. Il ne comprenait pas pourquoi, il faisait tout pour elle. Il lui avait énuméré les cadeaux des six derniers mois. On aurait cru qu’il pointait les articles d’un ticket de caisse ; rien n’y manquait. Elle n’avait pas bronché, se contentant de réprimer un sourire qui l’aurait fait sortir de ses gonds.  Elle l’avait interrompu en lui lançant un « Tu as mangé ? C’est moi qui invite ! » Il avait lâché un « Je n’ai plus faim », avait attrapé sa veste accrochée au dossier de son siège et avait quitté le bistrot. Une fois seule, elle avait poussé un soupir de soulagement. Puis, elle avait commandé son steak grillé habituel accompagné d’un Château Haut-Bailly 2005, une excellente année, et avait porté un toast à toutes celles qui, comme elle, voulaient rester libres.
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 Du grand Cru classé ou de la liberté retrouvée, difficile de dire ce qui l’avait le plus enivrée. La tête lui tournait en tout cas, et ça, c’était le vin. Il lui fallait pourtant prendre connaissance sans plus attendre des instructions concernant sa nouvelle mission. Le premier message relevé sur son BlackBerry au bistrot était succinct. C’était toujours la même question :Dear Exaucia, are you free ? B. Sa réponse était aussi brève,Yes, of course. Ex. suffisait à déclencher la procédure et Cela faisait office de contrat. Dès cet instant, plus rien d’autre ne comptait.  Sa boite mail indiquait deux nouveaux messages. Le premier était de Pierre qui s’excusait pour son attitude et mettait cela sur le compte de la pression, de son métier difficile. Elle le supprima sans aller jusqu’au bout. Le second se présentait comme une invitation à la presse. Il s’agissait du vernissage d’une exposition des dernières œuvres du photographe Günter Hale, célèbre pour ces prises de vue aériennes. Les îles, auxquelles il venait de consacrer trois années, étaient ici mises à l’honneur. L’invitation était nominative. Elle était adressée à Exaucia. Le cocktail dînatoire débuterait à 20h30, le lendemain en présence de Günter Hale. C’était l’heure du rendez-vous. Le contact était sans doute le photographe en personne. Elle avait l’habitude de ces messages codés. 14 juin 20h30 – Boulevard Raspail, dans le XIVe Arrondissement. Elle effaça le message et se coucha sans attendre. 
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II 14 juin 2010  Maastricht, bureau d’IIN   Hilde avait 27 ans. Elle avait la blondeur hollandaise et le teint frais des filles de la campagne ; un sourire franc qui dévoilait une dentition d’une blancheur éclatante ; une poitrine plantureuse à la chair rose, qu’elle avait du mal à dompter, malgré les chemisiers blancs boutonnés et les tailleurs pantalons stricts qu’elle portait au travail. Elle provenait d’Amsterdam, y avait étudié les langues étrangères puis les mathématiques avant de se spécialiser en informatique à l’Université de Maastricht. Elle était tombée amoureuse de cette ville mosane et avait décidé d’y faire sa vie.  En intégrant le service informatique de l’IIN, l’International Investigation Network, deux ans plus tôt, Hilde avait reçu la mission de mettre à jour le fichier central de l’agence, la bible de l’investigation. Tous les agents actifs ou à la retraite, ayant collaboré au moins une fois avec l’IIN y étaient répertoriés. Leurs missions décrites et les résultats analysés suivant une notation impitoyable. Le travail était considérable. C’était l’ancien patron, fondateur de l’agence qui avait mis le programme au point. Lui-même apparaissait dans la liste des détectives. Jan de Grote, c’était son nom, était le mari de B. D’après sa fiche signalétique, il était « mort en mission » cinq ans plus tôt. Le commentaire disait: « Arrêt cardiaque », sans autre détail. Elle en avait parlé à Anna, sa collègue la plus proche qui l’avait bien connu. Un homme charmant, selon elle, un bon détective aussi, artiste à ses heures. La grande toile affichée dans la salle de réunion était signée de lui. Jan et Birgit de Grote s’étaient rencontrés à la Hoge School Van de Kunsten d’Utrecht alors qu’ils étudiaient la peinture.  « Passer de la peinture à l’investigation, c’est un véritable grand écart ! », avait décrété Hilde, mais d’après Anna, cet homme savait tout faire. Il avait monté son agence à Maastricht 10 ans plus tôt. Avant cela, un meurtre avait eu lieu dans la galerie d’art où il exposait ses toiles ; un jeune gars lâchement poignardé dans le dos. Il s’était senti responsable et avait mené une enquête parallèle et rapidement dénoué l’affaire, qu’il avait alors servie sur un plateau à la police. Avec cette première mission réussie, il s’était pris de passion pour ce métier, où, disait-il, il se sentait plus actif que devant une toile blanche.
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 Sa mort a dû être un choc !  Oui, avait poursuivi Anna, d’autant que Jan est mort dans des conditions particulières.  C'est-à-dire ?  Cela s’est passé dans les locaux de l’agence. C’est son assistante qui a prévenu les secours, mais quand ils sont arrivés, il était trop tard.  Mourir au travail. Triste fin !  Mourir à la tâche, d’accord, mais ses dernières heures n’ont pas été aussi tristes que cela.  Que veux-tu dire ?  Les secours l’ont retrouvé nu, allongé sur la moquette. Quant à son assistante, elle avait quitté les lieux. On ne l’a jamais revue.  Crime passionnel ?  Passionnel peut-être, mais il ne s’agissait pas de crime. Un simple accident cardiaque alors qu’ils baisaient comme tous les vendredis soirs, après ou pendant ce qui aurait du être le débriefing hebdomadaire. Même si tout le service était au courant, la consigne a été de garder le silence. Le dossier, tu l’as lu, ne stipule pas la nature de la mission. Ne t’avise pas de prononcer la moindre syllabe concernant cette affaire. B. serait au courant dans la minute et tu te ferais virer dans l’heure. Sujet TABOU. Compris ?  Compris. Puis-je encore te poser une question ?  puis tu me promets de ne plus aborder le sujet.La dernière, Hilde avait opiné.  Pourquoi B. a-t-elle repris l’agence ? Elle y travaillait du temps de son mari ?  Ca fait deux questions ça ! Non. On ne la voyait jamais traîner ici. Mais il se disait à l’époque qu’elle était sa meilleure conseillère. L’intuition, le choix des agents pour la création du réseau international, la gestion financière ; en fait, le vrai boss, c’était elle. Femme de l’ombre dirigeant un réseau de plus de 30 agents depuis son atelier de peinture. Incroyable, non ? A la mort de Jan de Grote, elle a hérité de ses parts dans la société, elle en détenait déjà la moitié. Et le lundi qui a suivi l’enterrement, elle est venue à l’agence, s’est assise dans le fauteuil de son défunt mari, a fait changer la plaque sur la porte et s’est mise à bosser.  Et rien n’a changé ?
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