Fugue vénitienne
267 pages
Français

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Description

Trompée par son mari, tyrannisée par ses enfants en pleine crise d’adolescence, Clarisse craque !
Finies l’épouse idéale et la mère parfaite, Clarisse part à la reconquête de sa vie. Malgré les conseils de son entourage, elle est bien décidée à ne plus fermer les yeux. De rencontres fortuites en voyages impromptus, retrouver sa liberté ne se fait pas sans heurts ni désillusions. C’est alors qu’en solitaire, elle se décide pour une escapade vénitienne… Et si la magie de la ville des amoureux pouvait tout changer ?


Après une carrière enrichissante de directrice d’un organisme de formation auprès d’un public féminin, Marie-Claude Gay est aujourd’hui l’auteur de nombreux romans à succès. Alliant vivacité de plume et style bien trempé, les femmes sont au coeur de ses intrigues.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 370
EAN13 9782812913488
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait
I

6 h 30 – Le radioréveil se déclencha. Sur France Info, une voix masculine égrenait sans états d’âme les informations. Couchée sur le ventre, Clarisse tâtonna, fit tomber un livre de la table de chevet, maugréa, trouva enfin l’interrupteur, baissa le son. La jeune femme s’octroya cinq minutes avant d’ouvrir les yeux pour rester dans la chaleur du lit. Les mots « Costa Concordia » la firent sursauter ; elle tendit l’oreille. Le naufrage du paquebot l’avait rendue malade. Elle avait fait une croisière en Méditerranée l’an dernier et avait aimé cette vie sans contraintes, vouée uniquement au bien-être. L’idée que le bateau pouvait sombrer ne lui était même pas venue à l’esprit. Il était question de redresser le navire pour le conduire dans un port où il serait désossé. Elle revit en pensée les belles salles de restaurant, les salons cosy, les bars, et l’intérieur de la chapelle décorée de fresques délicates. Tout le tribord sous l’eau, les images glauques et surréalistes des reportages dans la carcasse éventrée lui revinrent en mémoire, et puis la tragédie de tous ces morts… Elle frissonna. Comment aurait-elle fait si, ce 13 janvier, elle avait été confrontée au même désastre ? Aurait-elle pu nager jusqu’à l’île de Giglio munie de ce fameux gilet de sauvetage ? Sa fille Léa qui l’accompagnait, excellente nageuse, lui avait assuré qu’elle l’aurait conduite sur la terre ferme sans encombre. Léa ! Sa présence l’avait sécurisée même si parfois elle s’inquiétait de voir le lit vide à 4 heures du matin… Les enfants d’aujourd’hui n’avaient pas les mêmes limites que ceux d’hier. « J’ai bien le droit de parler avec mes potes », lui avait-elle dit de mauvaise humeur en regagnant sa couche. Ses potes ? Le bateau n’était parti que depuis deux jours ! À dix-sept ans, elle en prenait à son aise. Mais que faire ? Clarisse soupira, écoutant une énième fois les arguments de la droite contre ceux de la gauche qui souhaitaient voir leur candidat élu. Elle avait dormi, d’un mauvais sommeil haché et se sentait harassée avant même de poser un pied à terre. Se tournant vers Olivier, elle le contempla dans une demi-pénombre. « Où pouvait-il bien être cette nuit ? » La tête appuyée sur un coude, elle le détaillait sans indulgence, surprise de ne plus être sous le charme. Il s’était empâté, perdant ainsi de sa superbe. Le cou et le menton accusaient un piteux relâchement et de grands cernes mauves accentuaient les traits tirés du dormeur, détail qui alarma Clarisse, signe révélateur d’une nuit d’amour. Rentré à 3 heures du matin, que lui dirait-il en guise d’excuse ? Existait-il aussi un facteur Z, celui de l’infidélité masculine occultée avec soin par des chercheurs mâles ? Elle grimaça, irritée d’éprouver tant de méfiance. Et pourtant, qu’avait-il fait de sa soirée ? Lorsqu’elle avait appelé au cabinet, il y avait le répondeur ; au Cercle, lieu privilégié des joueurs de cartes, une voix évasive avait dit, après quelques hésitations, qu’il devait être dans les étages. Dans les étages ! Ridicule ! La fraternité, en cas de suspicion des légitimes, ne pouvait que jouer ! Sans doute avait-il terminé sa sortie chez l’un ou l’autre de ses partenaires de poker devant l’ultime verre. L’état de sommeil ne révélait-il pas l’âme ? Son visage désarmé n’avait rien à voir avec celui qu’il montrait en public. D’ailleurs, dormir n’était-ce pas oublier, se détacher du monde des vivants ? Une sorte de petite mort, une mise à nu de l’être tel qu’en lui-même. Penchée vers lui, elle tentait en vain de percer le mystère de son comportement. « Je ne me vois pas découcher sans explication cohérente. Je voudrais bien voir sa tête si ça m’arrivait ! » Responsable de sa nuit blanche, il n’en payait même pas le prix, continuait à reposer dans une bienfaisante sérénité. Quelle chance avait-il de s’extraire ainsi des corvées, sous le fallacieux prétexte qu’il portait un chromosome Y absent chez elle, pensa la jeune femme. Pourquoi fallait-il que les rôles soient ainsi distribués depuis des siècles et que la gent féminine n’ait pas le choix des armes ? Quelle injustice ! La parité ! Tu parles ! Foutaises ! Subtile invention politique pour faire taire les plus agressives et endormir la majorité du troupeau de femelles bêlantes. Les paupières d’Olivier frémirent imperceptiblement. Sans doute rêvait-il… Univers onirique impénétrable auquel elle n’avait pas accès.
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