La lecture à portée de main
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Description
"Célébration de la femme"
Entouré de jeunes et jolies infirmières, Van Dongen vit ses derniers jours à Monaco en mai 1968. Atteint, entre autres, de la maladie de Parkinson, il n'aura pas le loisir de les déshabiller, de les peindre et de les aimer. Alors il se souvient et reviennent sur ses lèvres ses conquêtes féminines, ses amis Picasso, Max Jacob, Arthur Cravan.
Cette confession imaginaire est un enchantement perpétuel. Une valse folle dont on voudrait ralentir le rythme pour ne pas arriver à la dernière page.
C'est aussi un hymne à la vie, à l'amour, aux femmes et à leur corps.
Sujets
Informations
Publié par | Le cherche midi éditeur |
Date de parution | 21 août 2014 |
Nombre de lectures | 15 |
EAN13 | 9782749130033 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
François Bott
LE DERNIER TANGO
DE KEES VAN DONGEN
Roman
Directeur de collection : Pierre Drachline
Couverture : Laurence Henry.
Photo de couverture : © Kees Van Dongen : « Maria Ricotti dans l’Enjôleuse » / © Musée d’Art moderne/Roger-Viollet/Adagp, Paris 2014.
© le cherche midi, 2014
23, rue du Cherche-Midi
75006 Paris
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ISBN numérique : 978-2-7491-3003-3
du même auteur
Romans
Autobiographie d’un autre, Flammarion, 1988.
La Femme insoupçonnée, Flammarion, 1990 ; Le Livre de poche, 1993.
Le Boulevard des sentiments, Flammarion, 1991.
Les Demoiselles des Abbesses, Flammarion, 1994.
Faut-il rentrer de Montevideo ?, le cherche midi, 2005.
Vel’d’Hiv’, le cherche midi, 2008. Prix Louis Nucéra, 2009.
Avez-vous l’adresse du paradis ?, le cherche midi, 2012. Prix des lycéens de Caen, 2013.
Récits et nouvelles
Antoine et les oiseaux, Grasset, 1971.
La Déception historique, Plasma, 1979.
De la volupté et du malheur d’aimer (avec Dominique Grisoni, Roland Jaccard et Yves Simon), Le Livre de poche, 1992.
Gina, Flammarion, 1994 ; « La petite vermillon », La Table ronde, 2008.
Les Étés de la vie, « L’Arpenteur », Gallimard, 1999.
Une minute d’absence, Gallimard, 2001. Prix de la nouvelle de l’Académie française et Prix de la nouvelle du Rotary Club de Paris.
Les Éclats de rire de la jeunesse à l’arrêt des autobus, Éditions des Équateurs, 2004. Grand prix littéraire de la ville d’Antibes, Jacques Audiberti.
Le Genre féminin, Éditions des Équateurs, 2007.
La Traversée des jours, le cherche midi, 2010.
Carnets
Journées intimes, Albin Michel, 1984.
Les miroirs feraient bien de réfléchir, Plon, 1992.
ESSAIS ET PORTRAITS
Les Saisons de Roger Vailland, Grasset, 1969.
Traité de la désillusion, PUF, 1977.
Lettres à Baudelaire, Chandler et quelques autres…, Albin Michel, 1986. Prix Paul Léautaud.
Éloge de l’égotisme, L’Instant, 1988.
Les Séductions de l’existence (avec Dominique Grisoni, Roland Jaccard et Yves Simon), Le Livre de poche, 1990.
L’Entremetteur, Esquisses pour un portrait de M. De Fontenelle, PUF, 1991.
Mauvaises fréquentations, Manya, 1992.
Radiguet, l’enfant avec une canne, Flammarion, 1995 ; Folio, 2003. Prix Valery Larbaud, 1996.
Le Cousin de la marquise, Le Monde Éditions, 1996 ; « La petite vermillon », La Table ronde, 2012.
La Demoiselle des Lumières, « L’un et l’autre », Gallimard, 1997.
Sur la planète des sentiments, le cherche midi, 1998.
Dieu prenait-il du café ?, le cherche midi, 2002.
Femmes extrêmes, le cherche midi, 2003.
Femmes de plaisirs, le cherche midi, 2007.
Écrivains en robe de chambre, « La petite vermillon », La Table ronde, 2010.
Éloge du contraire, Éditions du Rocher, 2011.
Ce livre est le monologue, la confession imaginaire de Kees Van Dongen, avant de mourir. Et le peintre y devient un personnage de roman. Parfois, en effet, les légendes, les rêves, les romans sont plus vrais que la vie.
I
Après avoir vu s’éloigner tant de gens, tant de silhouettes, c’était son tour de mourir. C’était la fin du voyage. Dans la douce lumière de Monaco, parmi ses coussins de prince oriental, le vieil homme, entouré d’accortes infirmières, se remémorait son existence avant de partir. C’était sa façon de prendre congé de la planète. Il s’efforçait de rassembler ses souvenirs une dernière fois, avant que ceux-ci ne se dispersent et ne s’enfuient définitivement dans les galaxies, avec des airs de voleurs. Entre Rotterdam et Monaco, entre les promesses de l’aube et la mélancolie des crépuscules, combien de saisons, de journées, de nuits, et de minutes, de secondes éternelles qui tombèrent dans l’oubli ? Tout s’était passé si lentement, si vite.
Près de la fenêtre, une des charmantes infirmières qui se succédaient dans la chambre du vieil homme se repoudrait discrètement. Il admirait les gestes de cette demoiselle, sa grâce et son savoir-faire. C’était une artiste. Le vieux type se disait qu’une jeune femme qui se farde, se maquille, ce n’est pas de la frivolité, c’est de la peinture : un tableau qui commence ou recommence… Il essayait d’écrire, mais sa main naguère si déliée, si leste, si agile, ses doigts autrefois miraculeux étaient fébriles et tremblotants pour tenir la plume des souvenirs…
II
Moi, Kees Cornelis Van Dongen, le peintre, je suis mort à Monaco, le 28 mai 1968, alors que la France s’agitait. J’avais 91 ans. La radio me donnait des nouvelles de ce remue-ménage. Les Français s’offrent périodiquement une révolution. C’est dans leurs habitudes. C’est même leur distraction favorite. Ils revivent et ressuscitent 1789, 1830, 1848, la Commune, le Front populaire, la Libération de Paris. Comme s’ils rejouaient éternellement une pièce ancienne… Cependant, j’aurais préféré écouter une de ces musiques très légères qui montent vers le ciel. Pourquoi faisaient-ils tout ce raffut ? Ils ne pouvaient pas me laisser dormir, mourir tranquille ! Tranquille, non, la mort n’est jamais douce ni tranquille. On ne meurt jamais en paix avec soi-même.
Il est vrai que j’étais retiré du monde et de cette époque depuis longtemps. Du reste, ce n’était plus la mienne. Je m’y trouvais, je m’y sentais comme un étranger qui a perdu son permis de séjour. J’avais acquis la nationalité française, mais nous sommes tous des immigrés sur cette planète, et les années sont comme des miroirs : on cesse un jour de s’y reconnaître… Pourtant, il fallait que je fasse mes adieux à la vie. Malgré mon côté goguenard et volontiers moqueur, malgré mes accès de misanthropie, j’ai toujours été très civil et même très sociable, sous des manières souvent très brusques. Il fallait que je rassemble mes pensées pour être présentable, avant de rejoindre les couleurs infinies, la lumière absolue. Dans mes moments de torpeur, de demi-conscience, je m’effaçais lentement, je glissais vers le rien, le nada, je m’en allais vers le grand nulle part, tandis qu’une de mes infirmières se repoudrait.