Le garage
68 pages
Français

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Description

À dix-sept ans, Gabriel reçoit une balle en pleine tête. Défiguré, il abandonne tout espoir d'être comédien et sombre dans la drogue.Vingt-cinq ans plus tard, il a refait sa vie. Mais le passé revient en force... Et avec lui, le désir de vengeance.Au bout de sa route, un garage crasseux et isolé. Le genre d'endroit où il faut éviter de mettre les pieds.LE GARAGE a été publié à sa sortie sous forme de feuilleton littéraire : cette intégrale regroupe dans un même livre les 6 épisodes de la série.Entre humour noir et suspense accrocheur, ce thriller de Sébastien Gendron s'inscrit dans la lignée de séries TV telles que Breaking Bad ou Sons of Anarchy. De l'angoisse, un soupçon de trash et une pointe d'humour : un cocktail on the rock à tester dès maintenant !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 août 2014
Nombre de lectures 318
EAN13 9782363152572
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0072€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE GARAGE L'intégrale
Sébastien Gendron
ISBN 978-2-36315-257-2

Février 2014
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris


Les éditions StoryLab proposent des fictions et des documents d’actualité à lire en moins d’une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et inédits pour un nouveau plaisir de lire.
www.storylab.fr





Ce texte est publié en partenariat avec O I FM
www.ouifm.fr





Interview de l'auteur, playlist et plus d'infos sur : http://site.legarage-ebook.com/
Table des mati res

Reconstruire un homme mort
Approcher la bête
Flairer le sang
S'embourber encore
Parer au plus pressé
Revenir à l'essentiel
Biographie
Vous avez aimé ce livre ?

Des moyens, Gabriel Orvitz avait toujours pensé qu’il en avait peu. Toujours est peut-être un bien grand mot. Disons qu’à partir de ses dix-sept ans, il s’était imaginé en homme de peu. Peu d’argent, peu d’énergie, peu d’engouement. Peu de beauté aussi. Sans doute d’ailleurs était-ce ce dernier point qui avait validé le manque d’estime dans laquelle il s’était tenu pendant longtemps. Gabriel Orvitz, sans être une gueule cassée, fut, à une époque, partiellement défiguré. Le 17 juin 1988, une balle de 7.65 perfora sa pommette gauche, éventrant le globe oculaire avant de rebondir sur l’arcade sourcilière pour ressortir par le sommet de l’arête nasale.
En quelque sorte, la vie de Gabriel avait pris fin cet après-midi-là, vingt-cinq ans plus tôt. Sa main droite avait lâché le sac dont il venait de se saisir alors que sa tête partait en arrière et que le reste de son corps suivait, effectuant un soleil qui l’envoya promener à trois mètres de là. Il ressentit très précisément le choc de l’atterrissage, les omoplates entrant en contact avec le sol gravillonneux, puis le dos, le coccyx, la mollesse des fesses et enfin les talons qui heurtèrent le bitume, les pieds qui s’écartèrent, le visage qui se coucha sur le côté, la vision périphérique en trois dimensions qui disparut, réduite à la portion congrue d’un extrait de paysage. Le cerveau coupa alors peu à peu tous les centres névralgiques pour ne préserver que l’essentiel : cœur, poumons.
Dans une dernière série de clins d’œil incontrôlés, Gabriel avait pu voir le tireur. Un homme qu’en arrivant sur les lieux il avait cru mort au milieu des autres : couché à terre, il perdait son sang par un trou sombre dans son uniforme. Or, cet homme était maintenant debout. Un pistolet brandi devant lui, il s’avança en boitant, se baissa pour ramasser le sac que Gabriel venait de lâcher, et disparut hors champ. Avant de sombrer dans le coma, le garçon avait ouvert une dernière fois son œil encore en fonction : l’homme à l’uniforme était là, couché à quelques pas de lui. Un filet de bave au coin des lèvres, il le fixait en riant. Un rire sifflant.
L’homme en question s’appelait Max Lostut. C’était un petit gabarit. Pas frêle, mais presque. En apparence en tout cas, sous sa tenue un peu trop grande pour lui. À croire qu’il avait eu du piston pour intégrer cette entreprise de transport de fonds. Il avait 44 ans à l’époque des faits et, malgré une balle qui, dans l’affrontement, lui avait arraché une partie du foie, il s’en était tiré avec deux mois d’hospitalisation et une haine farouche pour le genre humain. Cette haine se cristallisa sur Gabriel Orvitz. Et tout au long du procès de ce jeune homme, Max Lostut la lui déversa dessus. Car oui, procès il y eut.
Une fois que le corps médical avait été tout à fait certain que le garçon de dix-sept ans, nonobstant son œil crevé et son visage couturé, était apte à sortir de l’hôpital et à subir ses premiers interrogatoires, on l’avait traîné devant un juge d’instruction et il avait été sommé de s’expliquer.
Mais s’expliquer sur quoi ?
L’affaire tenait dans un dossier de près de trois tomes. En substance, ces milliers de pages racontaient l’affaire suivante :
Max Lostut et ses deux collègues, Éric Van Dermott et Claude Pouton, venaient de quitter le centre-ville pour rejoindre la Korso, la société de transport de fonds qui les employait. Fin de tournée, la cabine forte était pleine, soit dix-sept sacs renfermant la somme de trois millions et demi de francs en provenance des divers commerces de la localité. Comme chaque jour, c’est à la dernière minute qu’on leur communiqua par radio l’itinéraire de retour. Selon les normes de sécurité internes de la Korso, c’était là le meilleur moyen de parer à toute tentative de guet-apens. Van Dermott, qui conduisait le camion, avait immédiatement répondu à l’agent en charge des transports :
– Non mais c’est n’importe quoi de nous faire passer par la zone Panhard ! Y’a personne à des kilomètres, c’est super dangereux, vous vous rendez pas compte…
Dans la salle de contrôle, le directeur des opérations, Jean-Claude Dupeyron, s’était saisi de la radio et avait hurlé :
– Tu discutes pas, Van Dermott, et tu passes par Panhard ! Si t’avais pas traîné, on t’aurait filé un autre itinéraire. Alors ferme ta grande gueule et bouge-toi ! Vous êtes à la bourre, y’a encore du maille après.
Dans le fourgon, Lostut et Pouton avaient ravalé leur salive. La zone Panhard, c’était la merde, ils le savaient et ils savaient désormais aussi que ce trajet à risque, il le devait à leur collègue. L’un comme l’autre en étaient à leur énième demande de changement d’équipe. Délégué syndical réputé pour ses coups de force à répétition, Éric Van Dermott était proche de la sortie. Affaibli par les dernières revendications sur les primes de risque que le patron avait balayées d’un revers de main, il avait essuyé les moqueries de ses camarades travailleurs. De plus, la centrale syndicale lui avait reproché d’avoir agi sans son aval. En quelques semaines, Van Dermott avait perdu de son lustre. Lostut ne se priva pas de le lui rappeler quand Éric tenta de les rallier à son avis :
– Fais pas chier, Rico. T’iras te plaindre au syndicat si tu veux, mais pour l’instant, on a la dalle ! Roule.
Claude Pouton se contenta de ricaner. Le convoi avait donc tourné après le fleuve et s’était engagé dans la friche industrielle de l’agglomération, un district de plusieurs milliers d’hectares laissé à l’abandon depuis la fermeture des usines Panhard, dix ans auparavant. Un no man’s land que même les promoteurs immobiliers de la région avaient choisi d’ignorer alors que, dans deux décennies, ces parcelles en bordure des quais s’arracheraient à prix d’or. À peine l’équipage s’était-il enfoncé dans la première avenue déserte que deux voitures doublèrent le fourgon et freinèrent au ras de la calandre. Le convoi s’immobilisa dans un grand nuage de poussière.
Quatre hommes s’éjectèrent des véhicules et mitraillèrent le pare-brise du camion. Le verre s’émailla sans céder, mais là n’était pas le but. Le but était d’impressionner et de distraire. Un complice avait fait le tour du fourgon et fit sauter les portes arrière à l’aide d’un collier de grenades. Le camion fut soulevé de terre et Max Lostut, qui était assis dans le sas, fut propulsé contre ses collègues. À partir de cet instant, le temps s’accéléra. Pris d’un accès de panique invraisemblable, Van Dermott ouvrit sa portière pour s’extraire de l’habitacle et, sitôt à l’extérieur, il reçut une volée de plombs qui mit fin à ses revendications en matière de sécurité, à ses râleries, bref, à sa carrière. Profitant de l’ouverture, l’un des assaillants jeta une grenade dans l’habitacle. Max eut le temps de tirer deux balles au jugé avant de se jeter hors du véhicule. Claude Pouton, lui, eut moins de chance : emmêlé dans sa ceinture de sécurité, l’explosion le vaporisa contre les parois de la cabine. L’un des deux gangsters, touché au bassin par les balles de Max, n’eut pas le temps de reculer. Son corps fut transpercé par un bout de ferraille propulsé par la déflagration qui l’expédia ad patres . Quant à Max, toujours vivant, il s’était réfugié de l’autre côté du blindé et faisait feu sur à peu près tout ce

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