Le silence des roses
193 pages
Français

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Description

Septembre 1944. Le groupe de résistants Ognon-Doubs est sur la brèche. Les Allemands ont investi le village voisin, et c’est la panique générale. Quand André est capturé et torturé, Ginette va tout faire pour le sortir de là…

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 39
EAN13 9782812933691
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0028€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Roger Faindt



Le Silence des roses
















Établi en Franche-Comté, Roger Faindt s’est lancé avec passion dans l’aventure de l’écriture. Il est scénariste, « prêteur de plume », auteur de nombreuses nouvelles, d’ouvrages de science-fiction et de plusieurs romans ayant souvent pour toile de fond les deux grandes guerres du xxe siècle. Il a été récompensé par le Prix Louis Pergaud 2001 pour La lettre de Charlotte.





Du même auteur

Aux éditions De Borée


Bleuvent
Le Dernier Soldat
Les Âmes Simples


Autres éditeurs


10 h 59
Ils ont cru aux larmes des femmes
La petite maison jaune
Le silence des roses, un été 1944
Le Souffle du Passé
Les fleurs de Nouara
Niobé, la fille aux lèvres bleues
Quand les ombres s’allongent









En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© De Borée , 2017
© Centre France Livres SAS, 2016
45, rue du Clos-Four - 63056 Clermont-Ferrand cedex 2







À André Brenot et Henri Angonnet.
À leurs camarades.

À titre posthume.







Avertissement




André Brenot et Henri Angonnet sont morts trop jeunes pour avoir une histoire. Faits prisonniers sur la route de Chemaudin le 4 septembre 1944, interrogés, battus, utilisés comme boucliers humains, ils furent assassinés en fin d’après-midi du même jour à Montferrand-le-Château.
Ce jour-là, devant le restaurant de la gare du village où les deux jeunes garçons ligotés attendaient leur triste sort, aucun de ceux qui les connaissaient n’est intervenu pour tenter de les sauver. Si on peut comprendre leur crainte des représailles allemandes, on peut difficilement admettre qu’ils n’aient pas jugé utile de se manifester après guerre afin de donner leur version des faits que les familles étaient légitimement en droit d’attendre. Ce que j’ai appris de la courte existence de ces deux hommes, je le dois à Marcel Brenot, frère d’André, qui, après la Libération et avec bien des difficultés, a rassemblé les souvenirs de ce tragique événement.

Alors pourquoi ce livre ? Pourquoi pas ? répondrai-je. Rares sont les personnes qui s’arrêtent devant le monument de Mazerolles-le-Salin pour lire les noms de ces deux garçons et de leurs cama rades. Un livre, c’est peu, mais c’est davantage que le silence…







C’est en septembre que l’on sent le désir du vent éparpiller les pensées. Des pétales de roses semés par milliers comme des coquelicots dans les champs. Il suffit de fermer les yeux pour voir tous ces garçons et ces filles lever leur jeunesse en drapeau et chanter cette terre qui donne corps au voyage.

Roger Faindt







Remerciements




Je remercie Catherine, Corinne, Hélène, Nadine, Alain, Jean-Noël, Marcel et Philippe qui ont été les premiers lecteurs de ce livre.

Je veux également dire ma gratitude à Françoise et Gérard Comtet pour leur aide à la traduction des dialogues en langue allemande.







« À quoi bon écrire des livres si on n’invente pas la vérité ? Ou encore mieux, la vraisemblance ? »

Jorge Semprun


Sur le faîte des toits des baraques blanches les colombes sont venues un soir de printemps les filles menaient les soldats par les manches
sans aucun espoir de les rencontrer vivants.

Extrait du recueil « Les chardons ne les étoufferont pas »

Milan Lajciak







Clairière des Roches.
Début août 1944.

— T’as déjà tué des Allemands ? demanda Bébert.
Neinei marqua une légère hésitation avant de répondre.
– Pas encore. Et toi ?
– Je ne sais pas si je pourrais.
– Après tout ce qu’ils nous ont fait, on ne va quand même pas les regarder filer sans leur plomber le cul !
– Il y a aussi de bons gars chez eux.
– Bon gars ou pas, ils n’ont rien à foutre chez nous !
– Tu te souviens de l’officier allemand qui logeait dans la grande maison à côté de chez moi ?
– La maison Blum ?
– Ouais !
– La fille, c’était une sacrée belle gosse !
– C’est ton copain Lolo qui la lorgnait.
– Il a vite compris qu’elle n’était pas faite pour lui !
– Qui sait ?
– Tu plaisantes ou quoi ? Rappelle-toi comment elle s’habillait. Une vraie princesse ! Et la bagnole du père… Une décapotable avec des chromes partout !
– La dernière fois qu’ils sont venus au village, c’était avant guerre…
– La maison leur appartient toujours ? questionna Neinei.
– Il paraît qu’elle aurait été vendue à un notable de Besançon.
– Et les Blum, que sont-ils devenus ?
– J’ai entendu ma mère parler d’eux à la voisine. Elle racontait qu’ils avaient été déportés parce qu’ils étaient juifs et que c’était leur jardinier qui les avait dénoncés.
– Pourquoi ?
– Pour du pognon, Neinei… pour du pognon !
Bébert essuya son front du revers de la main et cracha. Cette histoire de délation le dégoûtait. Malgré le temps, la question le taraudait. Était-il possible que, dans un même village, des gens qui avaient vécu et travaillé ensemble durant des années puissent dénoncer leur voisin par jalousie et pour de l’argent ?
Dès les premières mesures prises à l’encontre des Juifs en septembre 1940, Bébert avait questionné sa mère. Sur le sujet, celle-ci lui avait conseillé de se taire et d’éviter d’exprimer ses opinions devant ses amis et à plus forte raison dans les lieux publics. Des recommandations que Bébert avait très vite oubliées, au même titre qu’il ne pouvait imaginer le sort que l’occupant, aidé du félon régime de Vichy, réservait à la population israélite.
Penser à la maison Blum, c’était revoir les visages de ses propriétaires, mais aussi ceux des Allemands qui désormais l’occupaient.
– L’officier, ce n’était pas un grand sec avec des lunettes ? demanda Neinei.
– Si ! Une belle vacherie ! Sauf quand il avait bu un bon coup. Alors là, il souriait et saluait tous ceux qu’il rencontrait.
– Son ordonnance, c’était un chic type.
– C’est lui qui mettait ce salaud au lit quand il rentrait bourré de chez la Juju. Des stages chez elle à siffler sa réserve de cognac, je peux te dire qu’il en a plus à son actif que de coups de fusil pour l’Allemagne…
– Il paraît qu’il payait bien, coupa Neinei.
– Encore heureux, avec tout le pognon qu’on leur a filé… Vingt Reichmark pour un franc, alors que le change était à six contre un, il pouvait s’en payer des bouteilles de cognac !
Neinei acquiesça en hochant de la tête. Bébert posa la main sur l’épaule de son camarade et, d’un air pensif, ajouta :
– Quand je pense à ma mère qui n’a jamais eu un sou devant elle.
Le visage de sa mère minée par les soucis lui rappela celui de ce soldat allemand accablé par les caprices de l’officier dont il avait la charge. Un soldat qui lui avait offert des bonbons alors qu’il jouait dans la rue. Des friandises que sa mère lui avait interdit de manger, qu’elle lui avait confisquées. Depuis, fasciné par l’uniforme allemand, Bébert n’avait eu cesse de s’intéresser à ce soldat. Il l’avait suivi. Le soldat Kurt logeait dans la maison Blum, là où l’officier responsable de la section qui occupait le village avait installé ses quartiers. Régulièrement et avec ponctualité, Kurt traversait le village pour aller à l’épicerie. Un va-et-vient qui n’avait pas échappé au jeune garçon qui, afin de se faire saluer, s’arrangeait toujours pour se trouver sur le bord de la route au moment de son passage. Après une l

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