Pars !
127 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description


Quinze voyages comme quinze petites histoires.








François Simon ne pense qu'à partir, à se tirer, à s'embarquer pour ailleurs, à prendre un avion, sauter dans un train, monter dans une voiture, démarrer, marcher droit devant lui. À Paris, où il vit, il lui arrive de prendre une chambre d'hôtel pour faire comme si, de rentrer dans un café au cas où, d'héler un taxi à tout hasard. Il voyage. Pas seulement à l'étranger. Il voyage aussi dans sa tête et c'est pourquoi, vers ses destinations favorites, il part toujours en compagnie d'un écrivain, d'une rockstar ou de Marlene Dietrich. Ce qui l'intéresse, ce sont les correspondances, ce qui se passe entre un lieu et un être humain qui a infusé sa sensibilité entière dans une ville, une route, un fleuve.


Dans Pars !, il donne un florilège, son premier choix, quinze endroits magiques à ses yeux, et maintenant aux nôtres, où se répondent Céline et New York, Susan Sontag et Istanbul, John Lennon et un village japonais, etc. Et l'alchimie se fait par son écriture si personnelle, son émotivité si particulière. En quelques pages, le lecteur est transporté dans cet ailleurs tant recherché par François Simon et chaque fois en merveilleuse compagnie.





SOMMAIRE



Avant-propos



Chapitre I : Rilke / Paris



Chapitre II : Susan Sontag / Istanbul



Chapitre III : John Lennon / Karuizawa



Chapitre IV : Chuck Berry / Route 66 Chapitre V : Paul Morand / Londres



Chapitre VI : Claude Levi Strauss / Sao Polo



Chapitre VII : Coetzee / Le Rovos à travers l'Afrique du Sud



Chapitre VIII : J.M.G. Le Clezio / Rio Grande



Chapitre IX : Marlene Dietrich, David Bowie / Berlin



Chapitre X : Parfum d'Iris / Kyoto



Chapitre XI : Truman Capote / Sicile



Chapitre XII : Visages / Le Tour de France



Chapitre XIII : Louis Ferdinand Céline / New York



Chapitre XIV: Joseph Delteil / Venise



Chapitre XV : Anissa Hélou / Alep






Informations

Publié par
Date de parution 05 mai 2011
Nombre de lectures 59
EAN13 9782221126202
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR
Paris Vin , Éditions du May, 1987.
Guide des stations de sports d’hiver , Julliard, 1995.
Paris fines gueules , Éditions du Levant, 1994.
Guide des restaurants de Paris , TF1 éditions, 1996.
52 week-ends en Europe , Assouline, 1999.
Guide des restaurants d’affaires , Éditions de l’Organisation, 1999.
Chairs de poule, 200 façons de cuisiner le poulet , Agnès Vienot, 2000.
La Provence d’Alain Ducasse , Assouline, 2000.
Les Recettes d’une cocotte , Francis Staub, 2001.
Comment se faire passer pour un critique gastronomique sans rien y connaître , Albin Michel, 2001.
Miam miaou, Conseils et recettes pour chat moderne , Noesis, 2002.
Hôtels de Paris , Assouline, 2003.
Manger est un sentiment , Belfond, 2003.
Adresses choisies pour des amis qui ne le sont pas moins , hors commerce, 2004.
Toscanes , roman, Assouline, 2004.
N’est pas gourmand qui veut , Robert Laffont, 2005.
Hôtel du Cap-Eden-Roc, Cap d’Antibes , Assouline, 2007.
Adresses pour clouer le bec… à ceux qui en connaissent trop , hors commerce, 2007.
Jean-Paul Hévin , Assouline, 2008.
Les Recettes de l’Hôtel du Cap-Eden-Roc , Assouline, 2008.
Aux innocents la bouche pleine , Robert Laffont, 2008.
Pique-assiette , Grasset, 2008.
Les Artisans du paradis , Assouline, 2009.
Hugo Desnoyer , un boucher tendre et saignant , Assouline, 2010.
En collaboration
Guide Gault & Millau , 1981, 1982, 1983, 1984.
Vins et vignobles de France , Larousse, 1988.
Voyages d’écrivains , « L.-F. Céline à New York », Plon/ Le Figaro , 2002.
Peoplogie , avec Sébastien Le Fol, Les Équateurs, 2002.
Le Sommeil, 48 heures au Lutetia , Scali, 2004.
Les Meilleurs Restaurants du Figaroscope 2010 , Le Figaro éditions, 2010.
Guide des restaurants du Figaroscope 2011 , Le Figaro éditions, 2011.
FRANÇOIS SIMON
PARS !
Voyager est un sentiment
© Éditions Robert Laffont, S. A., Paris, 2011
En couverture : Conception graphique : Pascal Guédin, © Jean Roquecave
EAN 978-2-221-12620-2
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Avant-propos

« Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. »
Arthur Rimbaud,
« Le bateau ivre 1  »

C’est sans doute au bord d’un estuaire que j’ai pris goût au départ. J’étais là sur le sable à scruter ces bateaux qui ne cessaient de s’en aller. J’étais là avec une longue-vue de poche à me rapprocher de l’horizon ; celui-ci rayait son centre, comme une énigme. Je suis allé au-dessus des voies ferrées me baigner dans la vapeur des locomotives. J’ai compté les voitures qui passaient sous les fenêtres de la maison. Je m’adressais même des lettres en poste restante dans tous les bouts du monde. Celles-ci me revenaient quelques mois après, la chair martelée de tampons de toutes les langues. Je me devinais là-bas. Je m’y suis attendu sans jamais être parti. Et puis, tout a démarré par l’émerveillement des départs. Je n’ai cessé de m’y frotter les yeux. Au bout d’un moment, un nouveau puzzle s’est constitué. Chaque fois, des personnages apparaissaient. Des musiciens, des écrivains… Ils formaient comme une ligne claire. Celle de ce que l’on est. Les fantômes sont plus vivants que nous ne le pensons. Ils hantent avec constance hôtels et gares de chemin de fer. Ils sont vivants mais jamais ne parlent.
 
On se demande aussi si la vie n’est pas l’enchaînement miraculeux de ce que l’on s’est murmuré si bas. Une oreille est en nous qui nous veut du bien. Qui nous précède, nous amène. On croit alors aux vertus des circonstances, alors que finalement tout a été décidé clairement en son for intérieur. La vie est le lit de nos décisions.

1 - Arthur Rimbaud, « Le bateau ivre », in Œuvres complètes , traduit par Claude David, © Gallimard, « La Pléiade », 2009.
Paris / Rainer Maria Rilke

« Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, beaucoup d’hommes et de choses […] et savoir le mouvement qui fait s’ouvrir les petites fleurs du matin.
Il faut pouvoir se remémorer des routes dans des contrées inconnues, des rencontres inattendues et des adieux de longtemps prévus – des journées d’enfance restées inexpliquées […], des matinées au bord de la mer, la mer en général et chaque mer en particulier, des nuits de voyage […] et ce n’est pas encore assez que de pouvoir penser à tout cela. »
Rainer Maria Rilke,
Les Carnets de Malte Laurids Brigge 1

Sur ma table de nuit, il y a souvent un livre de Rilke qui remonte à la surface. Il est là ce matin avec son papier cristal tendu comme des élytres. Ses phrases claquées avec douceur : « Nous sommes irrésistiblement seuls 2 .  » Son titre aussi : Lettres à un jeune poète . Moi qui pensais que la poésie était un ruissellement de songes rimés la tête penchée, de petits oiseaux alignés sur une ligne à haute tension. De gants blancs oubliés au bord du lac de Côme, de toux aristocrates.
Il y a dans ce recueil ce fil qui allait m’embarquer partout dans le monde ; cette intranquillité rebondissant constamment de livres en livres mais aussi glissant sous une robe, dans le lobe d’un parfum, le sillage d’un riff de guitare. Ne serait-ce que la métaphore du voyage que l’on ne fera pas (les livres non lus qui nous attendent), son impatience, une sorte de fraternité inquiète, humble, faite de lumières vacillantes, de mélancolie radicale, de purgatoires pensifs. Partout, il y a une voix qui me dit : « Pars ! Va 3  ! » Même aux retours incessants, je me cache dans les doubles tiroirs de la ville, les hôtels. C’est plus fort que moi, même à Paris. Ce sont les antichambres du voyage.
 
Alors, histoire de voir, j’ai pris ma bicyclette, remonté quelques rues pentues de la rive gauche. Au numéro 11 de la rue Toullier, à Paris, la porte ne veut pas s’ouvrir. Ce n’est pas plus mal. À quoi bon remonter le temps et les étages, gratter un morceau de bougie, ramasser les miettes, reconnaître un tibia. Rainer Maria Rilke habita ici en 1902.
Dieu sait s’il détesta cette ville. Il y noircit son désespoir, ponça son malheur. La troisième des grandes fièvres les cloua, lui et la ville, au fond du lit. Vision de fosse septique.
Bonhomme mourant dans la rue, odeurs d’urine, de sueur, d’iodoforme, de graisse rance de pommes frites. Et de peur. Haleine fade des bouches, la suie qui brûle. Tout cela est gravé dans Les Carnets de Malte Laurids Brigge . Le bruit le poursuit : « Les tramways roulent en sonnant à travers ma chambre. Des automobilistes passent sur moi. Une porte claque… Une femme crie “Ah, tais-toi, je ne veux plus”… Un chien aboie. Quel soulagement ! Un chien 4 . » Il se promène comme un défenestré. On le voit rue Racine, il écrit : « Les gens se moquent bien de mes poignets 5 . » Plus tard, il croise une vieille se promenant avec son tiroir de table de nuit : « Pourquoi marchait-elle toujours à mon côté et m’observait-elle 6  ? »
Rilke quitta la ville, avoue-t-il, « le cœur lourd 7  ». Tu parles, il était trop heureux dans le train vers la Méditerranée, dans son coin de compartiment, vers Santa Margherita Ligure.
Les villes deviennent irrésistibles lorsqu’on les quitte. Les personnes doivent être de la même étoffe, lorsqu’elles partent avant l’heure, leur densité devient cruellement pesante.
Le voyage se révéla rêche, interminable, effrayant avec des tunnels sans fin, des ravins caillouteux. Rilke était d’humeur massacrante.
Le deuxième séjour de Rilke à Paris, en août 1902, fut bien meilleur. Façon de parler. Il pense toujours que cette ville est un « lieu de mort, où la précipitation et l’énervement révoquent la vie 8  ». Paris est « une ville étrangère plus qu’étrangère 9  ».
Rilke mourut dans des conditions qui m’étourdirent d’admiration quand j’étais adolescent. Une piqûre de rose dégénéra en septicémie. Sur sa tombe, une épitaphe : « Rose, ô pure contradiction, volupté de n’être le sommeil de personne sous tant de paupières », composée au

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