Santé !
15 pages
Français

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Description

Quand Monique apprend que son mari est condamné et décide de dépenser leurs économies en lui offrant un dernier voyage autour du monde, elle n’imagine pas que la médecine puisse se tromper… Elle n’imagine pas non plus tous les coups bas et coups de théâtre qui vont bousculer cette famille désormais ruinée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 septembre 2012
Nombre de lectures 13
EAN13 9782363150899
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Santé !
Sophie Adriansen
ISBN 978-2-36315-227-5

Septembre 2012
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Santé !
Biographie
Dans la m me collection
Santé !
— Combien de temps lui reste-t-il, docteur ?
— Six mois. Tenez, voici les coordonnées d’un établissement spécialisé. Faites-vous aider, vous en aurez besoin.
Le vent s’était levé. Monique sécha ses larmes et, comme pour affronter une tempête, remonta le col de son pardessus. Elle ne voulait pas que Ian puisse lire la terrible nouvelle sur son visage.
Ian ne demanda rien en sortant de la salle de radiographie. Ce n’est que plus tard, quand ils se furent éloignés d’un ou deux kilomètres, alors qu’ils marchaient le long des immeubles gris, qu’il questionna sa femme :
— Il t’a dit quelque chose ?
— Tout va bien se passer, répondit Monique en s’agrippant à son bras.
Elle ment , pensa-t-il.
Il me croit , se dit Monique.
Sans rien ajouter, le couple hâta le pas. Il semblait à Monique qu’une pellicule s’était posée entre elle et le monde, que les façades étaient plus floues qu’à l’ordinaire, que si elle avait voulu toucher les gens du bout des doigts — ces gens qui lui paraissaient si gais, si insouciants — elle n’aurait pas réussi à les atteindre. Elle se sentait exclue. Ian et elle étaient exclus. Bannis, rejetés. Hors-jeu.

— Je vais me coucher, annonça Ian dès la fin du repas.
Il n’était pas neuf heures. Ils avaient dîné d’une infâme soupe de fruits et légumes — choux de Bruxelles, airelles, ail, brocolis, pamplemousse, oignons et épinards — dont Monique avait découpé la recette dans les pages santé du programme télé.
Vêtu de son pyjama rayé qu’il passait de plus en plus tôt dans la soirée, ses éternelles charentaises aux pieds, Ian entama lentement l’ascension de l’escalier. Il trébucha sur la huitième marche, se retint à la rampe, puis marqua une pause sur la marche suivante, se croyant à l’abri du regard de sa femme.
On dirait déjà un vieillard , songea Monique en contemplant les deux cannes immobiles de son mari. Elles se remirent en route, sortirent de son champ de vision, mais Monique ne parvint pas à reprendre la lecture de son magazine. Elle se leva et, attirée par la lumière bleutée que l’éclairage municipal projetait sur le mur au-dessus de sa gazinière, elle marcha jusqu’à la cuisine. S’accouda au plan de travail sous la fenêtre qui donnait sur la rue.
Ian était-il vraiment fatigué, ou voulait-il rester seul avec lui-même ? Ne sentait-il pas qu’il mourait à petit feu ? N’avait-il aucune idée de ce qui se jouait à l’intérieur de lui ?
Sur le trottoir d’en face, tous les bâtiments étaient animés, et l’obscurité de la cuisine rendait plus lumineuses encore les fenêtres éclairées qui, à cette distance, ressemblaient à de petits écrans de télévision dans lesquels se déroulaient différents films : ici un souper qui touchait à sa fin, là un enfant qui jouait seul dans sa chambre, plus haut quelques amis réunis autour d’un feu de cheminée…
Il y avait de la vie, derrière ces façades. Et c’était juste de l’autre côté de la rue, si près et à la fois tellement loin, ces gens qui riaient, mangeaient, s’aimaient…
Monique eut la sensation que plus jamais elle n’en ferait partie. C’était comme si la Terre continuait de tourner sans eux. Lorsqu’elle sentit les larmes monter, elle ne chercha pas à les retenir.

Monique ne retourna dans le salon que quand les lumières furent toutes éteintes et les immeubles d’en face engloutis par l’obscurité.

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