Une descente dans le Maelström
18 pages
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Une descente dans le Maelström , livre ebook

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Description

Histoires extraordinaires

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 105
EAN13 9782820607638
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une descente dans le Maelstr m
Edgar Allan Poe
1841
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0763-8
Les voies de Dieu, dans la nature comme dans l’ordre de laProvidence, ne sont point nos voies ; et les types que nousconcevons n’ont aucune mesure commune avec la vastitude, laprofondeur et l’incompréhensibilité de ses œuvres, qui contiennenten elles un abîme plus profond que le puits de Démocrite.
JOSEPH GLANVILL.
Nous avions atteint le sommet du rocher le plus élevé. Le vieilhomme, pendant quelques minutes, sembla trop épuisé pourparler.
– Il n’y a pas encore bien longtemps, – dit-il à la fin – jevous aurais guidé par ici aussi bien que le plus jeune de mes fils.Mais, il y a trois ans, il m’est arrivé une aventure plusextraordinaire que n’en essuya jamais un être mortel ou du moinstelle que jamais homme n’y a survécu pour la raconter, et les sixmortelles heures que j’ai endurées m’ont brisé le corps et l’âme.Vous me croyez très-vieux, mais je ne le suis pas. Il a suffi duquart d’une journée pour blanchir ces cheveux noirs comme du jais,affaiblir mes membres et détendre mes nerfs au point de trembleraprès le moindre effort et d’être effrayé par une ombre. Savez-vousbien que je puis à peine, sans attraper le vertige, regarderpar-dessus ce petit promontoire.
Le petit promontoire sur le bord duquel il s’était sinégligemment jeté pour se reposer, de façon que la partie la pluspesante de son corps surplombait, et qu’il n’était garanti d’unechute que par le point d’appui que prenait son coude sur l’arêteextrême et glissante, le petit promontoire s’élevait à quinze ouseize cents pieds environ d’un chaos de rochers situés au-dessousde nous, – immense précipice de granit luisant et noir. Pour rienau monde je n’aurais voulu me hasarder à six pieds du bord.Véritablement, j’étais si profondément agité par la situationpérilleuse de mon compagnon, que je me laissai tomber tout de monlong sur le sol, m’accrochant à quelques arbustes voisins, n’osantpas même lever les yeux vers le ciel. Je m’efforçais en vain de medébarrasser de l’idée que la fureur du vent mettait en danger labase même de la montagne. Il me fallut du temps pour me raisonneret trouver le courage de me mettre sur mon séant et de regarder auloin dans l’espace.
– Il vous faut prendre le dessus sur ces lubies-là, me dit leguide, car je vous ai amené ici pour vous faire voir à loisir lethéâtre de l’événement dont je parlais tout à l’heure, et pour vousraconter toute l’histoire avec la scène même sous vos yeux.
« Nous sommes maintenant, reprit-il avec cette manièreminutieuse qui le caractérisait, nous sommes maintenant sur la côtemême de Norvège, au 68e degré de latitude, dans la grande provincede Nortland et dans le lugubre district de Lofoden. La montagnedont nous occupons le sommet est Helseggen, la Nuageuse.Maintenant, levez-vous un peu ; accrochez-vous au gazon, sivous sentez venir le vertige, – c’est cela, – et regardez au delàde cette ceinture de vapeurs qui cache la mer à nos pieds. »
Je regardai vertigineusement, et je vis une vaste étendue demer, dont la couleur d’encre me rappela tout d’abord le tableau dugéographe Nubien et sa Mer des Ténèbres. C’était un panorama pluseffroyablement désolé qu’il n’est donné à une imagination humainede le concevoir. À droite et à gauche, aussi loin que l’œil pouvaitatteindre, s’allongeaient, comme les remparts du monde, les lignesd’une falaise horriblement noire et surplombante, dont le caractèresombre était puissamment renforcé par le ressac qui montait jusquesur sa crête blanche et lugubre, hurlant et mugissantéternellement. Juste en face du promontoire sur le sommet duquelnous étions placés, à une distance de cinq ou six milles en mer, onapercevait une île qui avait l’air désert, ou plutôt on la devinaitau moutonnement énorme des brisants dont elle était enveloppée. Àdeux milles environ plus près de la terre, se dressait un autreîlot plus petit, horriblement pierreux et stérile, et entouré degroupes interrompus de roches noires.
L’aspect de l’Océan, dans l’étendue comprise entre le rivage etl’île la plus éloignée, avait quelque chose d’extraordinaire. En cemoment même, il soufflait du côté de la terre une si forte brise,qu’un brick, tout au large, était à la cape avec deux ris dans satoile et que sa coque disparaissait quelquefois tout entière ;et pourtant il n’y avait rien qui ressemblât à une houle régulière,mais seulement, et en dépit du vent, un clapotement d’eau, bref,vif et tracassé dans tous les sens ; – très-peu d’écume,excepté dans le voisinage immédiat des rochers.

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