Afrique : l'alibi colonial se consume

Célestin M'Peya

Description

Ce livre est un recueil de réflexion et de citations sur la période sombre de l'histoire du continent noir. Il est une invitation à ne pas laisser l'histoire de l'humiliation des peuples africains passer sous la trappe. Le recueil focalise son éclairage sur l'inhumanité, le cynisme et la brutalité du système colonial. Pendant des siècles, on a maintenu la tête du continent noir sous l'eau. Il est en voie de s'en sortir lentement mais résolument. Les anciens maîtres se bousculent maintenant à sa porte. Le vent est en train de tourner.

Sujets

• Colonisation
• Histoire

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2014
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782336344393
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Célestin M’PEYA

Afrique : l’alibi colonial se consume

19/03/14 18:13

Afrique : l’alibi colonial se consume

Études africaines Collection dirigée par Denis Pryen Dernières parutions Boureïma N. OUÉDRAOGO,Droit, démocratie et dévelop- pement en Afrique, 2014. Angèle Christine ONDO,Mvett Ekang : forme et sens, 2014. Didier AMELA,Place et problématique de la nouvelle en Afrique noire francophone,2014. Clotaire MESSI ME NANG, Les chantiers forestiers au Gabon. Une histoire sociale des ouvriers africains, 2014. Bruno KOFFI EHUI,Qu’est-ce qu’une O.N.G ?,2014. Roger Mawuto AFAN,Éléments de psychologie politique africaine,Rite initiatique et socialisation politique,2014. Romaric Franck QUENTIN DE MONGARYAS (dir.),L’école gabonaise en débat, 2014. Patrice MOUNDZA,Le chemin de fer Congo Océan et le département de la Bouenza, 2014. TÚ et sa philosophie soci Pulaaku, Le code d’honneur chez les chez les Peuls , 2014. Hamadou ADAMA (dir.),De l’Adamawa à l’Adamaoua, Histoire, enjeux et perspectives, 2014. Mahamadé SAVADOGO,Philosophie de l’action collective, 2013. Abou KANATE,Radiographie du droit foncier en Côte d’Ivoire,2013. Abou KANATE,Le droit de la promotion immobilière en Côte d’Ivoire,2013. François LAGARDE,Mémorialistes et témoins rwandais, 2013. Gilchrist Anicet NZENGUET IGUEMBA (dir.),Hommages à Pierre N’Dombi – Université Omar Bongo (Libreville), 2013. Nathalie CASANOVAS,Une destination pour un autre tourisme pour l’Afrique de l’Ouest, 2013. Georgin MBENG NDEMOZOGO,La protection animale au Gabon, 2013. Djibril MAMA DEBOUROU,BiƆ GƐra, entre mythe et réalité : le sens de son combat pour la liberté (1915-1917), La guerre coloniale au Nord du Dahomey, 2013. Mahamadou DANDA,Niger, une décentralisation importée. Une comparaison avec la France, 2013.

Célestin M’PEYA Afrique : l’alibi colonial se consume L’HARMATTAN

© L’H ARMATTAN , 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique 75005 Paris www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-00817-2 EAN : 9782343008172

Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut pas savoir où il va.  Antonio Gramsci Ceux qui ont infligé des souffrances ont tendance à les oublier facilement alors que ceux qui les ont endurées ne le peuvent pas.  Naoto Kan

P R E F A C E

Je ne vous soumets pas à la lecture une histoire de l’ère coloniale. On commettrait une erreur en pensant que je suis le premier à honorer la mémoire des sans voix. Beaucoup avant moi l’ont déjà fait. J’apporte une réflexion. Ma petite touche de réflexion. Celle qui n’est point esclave de la chronologie des faits. Celle qui ne jette guère son dévolu uniquement sur un ou deux siècles. Mais qui embrasse du regard toutes les époques aussi bien anciennes que contemporaines. Car le colonialisme n'a pas d'époque. C'est un mal ambiant. Ce récit qui va et vient est une variante pêle-mêle des citations, des exemples, des paraboles, des monologues, des ouvertures et des fermetures de longues parenthèses. Il ignore délibérément l’ordre établi, au grand dam du rationalisme cartésien. Eparpillés comme de la paille sur le sol, ces extraits et ces illustrations sont l’indice révélateur d’égards pour la mémoire collective. Les lignes de ce livre s'appliquent à une chose qui, par les temps qui courent, n’est plus en verve. Elle n’est plus en première ligne. Elle perd progressivement son génie. Si elle ne l’a pas déjà totalement perdu. Cette chose précieuse se nomme la fierté, l’honneur. Autant une plante se flétrit faute de soins autant de nos jours, l’honneur se vulgarise par l’abandon des valeurs de la société. Dans un passé pas si lointain, des envahisseurs véreux ont souillé de boue l’honneur des peuples autochtones. Non contents de se comporter en brutes, ils tenaient la dragée haute. L’humiliation aura été rarement aussi cruelle. Ils furent dépouillés de leur paisible existence chère à toute population. Ma démarche consiste à rétablir la justice. Pour faire court, à laver leur honneur couvert de gribouillis.

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Tout long et tout développé qu’il soit, ce récit est une réflexion sur les moyens d’y parvenir. Les peuples dont il est question ne sont plus de ce monde. Persécutés et opprimés, personne ou presque ne se soucie d’eux. On s’en souvient comme de sa première chemise. Leur cause est abandonnée à son triste sort. Elle se trouve rangée dans les placards deshas been. D’entrée de jeu, ces lignes vous avertissent que je me prépare à faire une plongée dans un univers mystérieux à la recherche de ces âmes égarées. Pourquoi ? Je veux contribuer à la purification de leur honneur. Je veux les

aider, tant que faire se peut, à se débarrasser des souillures qui coulent sur leur âme. Mais, pour ce faire, il faudrait d’abord les retrouver, d’où le sens de ma plongée. Ne tombez surtout pas à la renverse. C’est tout réfléchi. Il y a beau temps que je m’y prépare. L'idée ne date pas d'hier. Voilà des lustres qu'elle trotte dans ma tête. S'aventurer au fond des mers n'est pas chose aisée. Mais je fais contre mauvaise fortune bon cœur. Ces âmes qui sont acculées dans une sorte d’inextricable labyrinthe semblent ne présenter aucun intérêt particulier. C’est comme si elles étaient proscrites. Nul ne s’en préoccupe vraiment, au motif erroné qu’elles font désormais partie du passé. Elles sont en passe de devenir des pièces de musée que personne ne fréquente. Et ne déclenchent guère l’adrénaline. On prétexte les tourments de l’histoire pour altérer le sujet. En parler est passé de mode. Pourtant, pour peu qu’on s’en donne la peine le sujet peut prendre sa place dans le rayon des grands évènements de l’histoire. Il faut se garder d’oublier qu’il est à la fois ancien et contemporain. Je scruterai les profondeurs des océans avec minutie. J’ai pris les précautions d’usage. Mon équipement de plongée est soumis à l’épreuve de la réalité. La tâche exige du temps et donc de la patience. J'userai du temps qu’il faudra. A

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la surface, je ne remonterai que lorsque j'aurai localisé leur fosse d’enfouissement. Je cherche ces esprits comme une aiguille dans une botte de foin. Il faut que je fasse la lumière sur leur effacement dans la mémoire des hommes. Nul doute que c’est une question d’engagement. Je fais mon possible pour découvrir la solution de cette idée par un effort de pensée. D’une certaine manière, je suis un explorateur des abysses. Non pas par simple goût d’aventure mais pour une bonne cause. Dès que j’aurai découvert l’endroit de leur assignation à résidence forcée, ma mission ne sera pas terminée pour autant. Il restera la plus noble, la plus sublime. Les arracher des griffes d'un éternel oubli. Je sais que là où ils se trouvent, ils ne sont pas en villégiature. De toute évidence, c’est la mesquinerie humaine qui les a relégués dans ces obscures profondeurs de l’oubli. Mon rôle est de les extirper de là. Pour votre information, il ne s'agit pas de n'importe quels esprits. Ceux qui nous préoccupent sont en perdition. Et c’est justement parce qu’ils sont en détresse qu’ils méritent toute notre sollicitude. Des siècles durant, ils furent privés des conditions élémentaires d’un développement harmonieux. On leur déposséda de la subsistance d’une valeur inestimable, la liberté. Quand je les aurai retrouvés, je ferai en sorte qu’ils reconquièrent leur place parmi les grands esprits. En clair, ils seront rétablis dans les limbes de la pensée universelle. Pensez-vous qu'il soit raisonnable de faire une plongée ? Pareil à un livre qu’on laisse moisir dans un coin de la cave, ces esprits sont mis à l’ombre contre leur bon vouloir. Ils croupissent, quelque part dans des fonds marins. Tout seuls au milieu d’un champ d’écueils. Leurs dénigreurs sont prêts à les couler définitivement dans les tréfonds de la mémoire. Aidés à cela par l’histoire officielle. Comment fonctionne l’histoire officielle ?

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