Des écoliers congolais en Belgique 1888-1900
160 pages
Français

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Des écoliers congolais en Belgique 1888-1900 , livre ebook

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Description

Fin XIXe siècle début XXe siècle : un contingent d'enfants noirs, originaires de l'actuelle RDC, fait le voyage dans le cadre de "l'Oeuvre de l'éducation des jeunes Congolais en Belgique". L'opération vise à créer "une section spéciale" pour la formation des "garçons noirs" et "une école ménagère pour les filles congolaises". Dans ce livre-document, qui s'appuie sur des archives ecclésiastiques belges, l'auteur tente de tirer des décombres de l'Histoire ces jeunes, "cobayes" d'une expérimentation coloniale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296471085
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des écoliers congolais en Belgique
(1888-1900)

Une page d’histoire oubliée
Collection Cinquantenaire
Animée par Henri MOVA Sakanyi et Eddie Tambwe

Déjà parus dans la collection :

▪ Ouvrage collectif, Femmes de tête, femmes d’honneur. Combats des femmes, d’Afrique et d’ailleurs

▪ Ouvrage collectif, La RDCongo dans la révolution numérique. Les enjeux actuels, les défis pour demain.

▪ Henri MOVA Sakanyi, Et pourtant… Elle tourne…, pièce de théâtre.

▪ Antoine Tshitungu Kongolo, Visages de Paul Panda Farnana.

▪ Ouvrage collectif, 50 ans de relations belgo-congolaises. Rétrospective et perspectives.

▪ Tedanga Ipota Bembela, Une Tranche du Kaolin pour la Paix , fiction romanesque.


Avec l’appui technique et conceptuel de
Carrefour Congo Culture
Mathieu Zana Aziza Etambala


Des écoliers congolais en Belgique
(1888-1900)

Une page d’histoire oubliée


Cinquantenaire
L’Harmattan-RDC
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56102-1
EAN : 9782296561021

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
A la fin du 19 ième siècle, un gros contingent d’enfants noirs, congolais, fait le voyage en Belgique dans le cadre de « l’Oeuvre de l’Éducation des Jeunes Congolais en Belgique ». Disons d’emblée que cette oeuvre n’a pas été fondée à l’initiative du gouvernement de l’État Indépendant du Congo car elle va être organisée par l’abbé Van Impe, alors directeur d’un établissement scolaire à Gyseghem-lez-Alost. Le nombre d’élèves noirs augmentant avec rapidité dans son institut, celui-ci décide de créer une section spéciale pour la formation des garçons noirs et une école ménagère pour les filles congolaises. Le plus célèbre d’entre les élèves congolais de Gyseghem a été, indubitablement, Léopold Vidi.

L’abbé Van Impe a réussi à intéresser à son oeuvre plusieurs congrégations religieuses féminines qui ont accueilli des filles noires. Des pensionnaires congolaises se sont alors retrouvées à Gand, à Louvain, à Maaseyck, à Gierle, etc. Citons ici le nom de Marie Ibanga que l’histoire du Congo semble avoir complètement oubliée. Pourtant, entrée en 1903 dans la congrégation des Franciscaines Missionnaires de Marie à Gooreind, dans la Province d’Anvers, la soeur Marie Ibanga – c’est son nom religieux – est par conséquent la première religieuse d’origine congolaise. {1}

Aux élèves noirs de Gyseghem, Auguste Roeykens a consacré un article très intéressant en 1956. L’auteur s’est appuyé sur les Archives du Ministère des Colonies, actuellement les Archives Africaines du Ministère des Affaires Étrangères à Bruxelles, les Papiers Van Eetvelde des Archives Générales du Royaume et des Archives personnelles du Baron Léon Béthune. Il voulait surtout faire une analyse de la politique scolaire de l’État Indépendant du Congo. {2}

Pour la réalisation de ce livre, nous avons tout d’abord exhumé un grand nombre de nouveaux fonds d’archives ecclésiastiques. C’est surtout le dossier « Gyseghem », inédit et conservé dans les archives de l’évêché de Gand, qui permet de compléter notre connaissance actuelle de cette page spéciale de la colonisation belge et de l’enseignement congolais. Et ne perdons pas de vue que cette oeuvre n’a pas encore conquis l’historiographie congolaise. {3} Puis, la plupart des enfants adoptés par l’Oeuvre de l’Éducation des Jeunes Congolais en Belgique ayant été baptisés lors de grandes solennités, nous avons tout de suite compris l’importance des registres paroissiaux de baptêmes. Ensuite, des investigations ont été faites dans toutes les archives des congrégations religieuses qui ont adopté des pensionnaires congolaises et des établissements scolaires qui ont inscrit des élèves congolais.

En plus n’ayant manqué aucune occasion pour décrire en long et en large ces événements exceptionnels, la presse contemporaine constitue une source pratiquemment intarissable. Il faut dire que le paysage de la presse à la fin du 19 ième siècle était complètement différent de celui d’aujourd’hui car presque toutes les villes de la Belgique possédaient leurs propres journaux.
Chapitre I : Les élèves congolais de Gyseghem
Dans la vallée de la Dendre, à mi-chemin entre Alost et Dendermonde, se situe un petit village, Gyseghem, qui a accueilli plusieurs dizaines d’enfants congolais au terme du 19 ième siècle. Ils étaient pensionnaires dans l’Institut Saint-Louis de Gonzague, un établissement qui avait été fondé en 1757. Cette école n’a même pas fermé les portes pendant la Révolution Française. {4}

L’Institut va subir des grands changements tant matériel qu’éducationnel sous l’impulsion de l’abbé Van Impe qui, après y avoir travaillé comme professeur, est nommé directeur par Mgr Bracq. Le bâtiment est pendant un certain temps la propriété d’un père capucin du nom de Lennoir, qui l’a transmis par testament aux fabriques de l’église de Gyseghem et d’Asse. L’abbé Van Impe va l’acquérir et, en tant que propriétaire, va construire de nouveaux bâtiments. C’est en 1888 qu’il va imprimer un nouveau destin à son institut en prenant l’initiative d’y instruire des enfants congolais. Mais quelle a été la source d’inspiration de l’abbé Van Impe pour élaborer un projet pareil ? Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude. En tout cas, tout au long du 19 ième siècle, des missionnaires, tant protestants que catholiques, ont emmené vers le monde occidental des enfants africains afin de leur donner une solide instruction religieuse et pratique. Des « Instituts Africains » se sont d’ailleurs érigés dans plusieurs pays colonisateurs.

Du côté protestant, il y a « The Congo House » ou « The African Training Institute » qu’un ancien missionnaire baptiste, William Hughes, a créé à Colwyn Bay (North Wales). L’histoire de ce pensionnat est très intéressant d’autant plus qu’il a été patroné non seulement par Henri-Morton Stanley, un Américain d’origine galloise, mais aussi par Léopold II. William Hughes a travaillé dans le Bas-Congo de 1882 à 1885 et est rentré définitivement en Grande-Bretagne pour une raison de santé. Lors de son débarquement à Liverpool, en septembre 1885, il était accompagné de deux enfants congolais : Kinkasa et Nkanza. Il avait déjà l’idée de fonder un institut africain, mais c’est en 1889 qu’ il réussira à le réaliser. Il a fait venir des enfants des différentes colonies, mais principalement des colonies anglaises de l’Afrique de l’Ouest. Mais douze enfants d’origine congolaise ont reçu une éducation à Colwyn Bay. {5}

Du côté catholique, signalons tout d’abord la fondation en 1828 par Dom Mazza, à Vérone, d’un Institut pour l’éducation chrétienne à l’intention des jeunes filles pauvres. En 1832, il ouvre également une autre maison destinée cette fois aux jeunes garçons pauvres. Il accueillait dans les deux établissements des jeunes esclaves rachetés de l’oeuvre de Don Nicolo Olivieri, un prêtre de Gênes, qui organisait le rachat de jeunes esclaves en Egypt et qui les envoyait, dans un premier moment dans différents pensionnats en France et en Italie. En 1856, un « Collegio dei Moretti » (un Collège pour garçons noirs) est fondé à Naples (Italie) par Ludovico Casoria, un prêtre franciscain. En 1856, il étend son institution en y annexant un « Collegio delle Morette » (un Collège pour filles noires). Toujours en Italie, Daniele Comboni crée, dans le même but, un « Istituto per le Missioni della Nigrizia ». Son institut s’installe à Vérone en 1867. {6}

Mieux connu est « l’Institut des Jeunes Noirs » fondé par le Cardinal Lavigerie sur l’île de Malte pour y former des catéchistes – médecins. Au moins cinq jeunes Congolais ont été formés dans cet établissement : André Faraghi, Léon Ossumbe, Joseph Gatchi, André Mwange et Charles Faraghit. Andr&

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