Histoire économique et sociale du monde (Tome 1)
431 pages
Français

Histoire économique et sociale du monde (Tome 1) , livre ebook

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Description

Cet ouvrage apporte un éclairage concret sur les évolutions, spontanées ou du fait d'une action politique, des différentes activités économiques et leurs implications sociales dans les principaux pays, à chacune des époques, depuis l'origine de l'humanité jusqu'au XXe siècle. Ce premier tome examine les transformations des situations économiques et leurs conséquences sociales dans le monde, sans négliger les courants de pensée économique.

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Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 270
EAN13 9782296453807
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HI S T O I R E É C O N O M I Q U EE T S O C I A L E D U M O N D E
TO M E1
Paul MASSÉ
HÉ C O N O M I Q U EI S T O I R E E T S O C I A L E D U M O N D Ed e l ’ o r i g i n e d e l ’ H u m a n i t é a u X X e s i è c l e TO M E1 Économie générale et société Évolution des théories économiques
© L’Harmattan, 20115-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13359-4 EAN : 9782296133594
AVANT-PROPOS Alfred Marshall donne de l'économie politique une définition fort pertinente : «Une étude de l'humanité dans les affaires ordinaires de la vie. » Les affaires ordinaires recouvrent très tôt dans l'histoire de l'humanité d'autres aspects que la stricte lutte pour la survie. Dès que les hominidés ont acquis un pouvoir de réflexion, ils se mettent à fabriquer des outils pour la chasse, première manifestation d'une activité « artisanale ». Puis les hommes construisent des habitations, commencent à organiser leur travail, parviennent à un stade de méditation philosophique qui leur fait prendre conscience des notions de vie et de mort et d'organisation de la société, puis procèdent à des échanges, premières manifestations d'une activité commerciale. L'économie naît avec l'homme. Au fil des siècles, toutes les civilisations qui se sont épanouies dans le monde ont apporté leur contribution à l'économie réelle ou à la pensée économique, et les théories de Platon et d'Aristote comme les initiatives concrètes d'Hammurabi ont été importantes pour l'évolution ultérieure de la société et de la vie des hommes. Les théoriciens ont été nombreux surtout à partir du XIIIème siècle, et leur apport à la connaissance du fonctionnement del'économie est indiscutable dès lors qu'ils trouvent leur inspirarationdans l'observation et l'interprétation des faits et des opinions, et qu'ils tentent d'en fournir une explication, même partielle. Il est donc utile de retracer l'évolution de la pensée et des doctrines économiques. Mais l'économie politique est loin d'être une science exacte, bien que certains penseurs aient tenté, surtout à partir du XVIIIème siècle, de la mettre en équation à l'exemple des sciences mathématiques ou mécaniques. D’autres ont cru pouvoir bâtir une doctrine définitive à partir de la réalité d'un moment. De là vient sans doute le fait que les théories soient si souvent éloignées de la réalité comme l'ont fait remarquer Auguste Comte, et plus tard Jean Fourastié, François Perroux ou le Prix Nobel américain G.J. Stigler.Contrairement à un système physique, le système économique n'est pas immuable. L'économie politique est une science humaine, donc évolutive car l'homme réagit individuellement et collectivement aux phénomènes dont il prend conscience et qui conditionnent sa vie et celle de la société à laquelle il appartient. Pour cette raison, les mutations sociologiques, philosophiques,
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politiques et technologiques font vieillir et disparaître les théories qui ne prennent pas en compte le comportement des hommes face aux nouvelles réalités, ou face aux nouvelles opinions et croyances. Par ailleurs, ces mutations et les comportements qui en découlent font que ni les crises ou dépressions, ni les périodes de croissance économique ne se répètent jamais à l'identique. Prévoir l'évolution économique ou décider d'une politique économique basées sur les théories passées sont des exercices voués à l'échec comme l'a montré la crise de 1929 qu'aucun économiste n'a vu venir, ni ensuite expliquer de manière convaincante. D'où l'échec des stratégies économiques mises en œuvre ici ou là après son apparition. Il apparaît donc indispensable d'intégrer l'histoire des faits économiques et sociaux aux multiples aspects dans l'analyse économique. Les théories doivent être fondées - avec un esprit scientifique certes pour comprendre les phénomènes - sur l'observation et l'analyse concrètes de ces faits et non sur des conceptions purement intellectuelles et trop abstraites. Elles nevalent que si certaines conditions sont remplies, et un seul fait peut détruire une théorie, si séduisante soit-elle. Il n'y a pas de théorie sacrée en économie. Et l'on peut s'interroger sur l'importance de l'apport de certains penseurs célèbres - dont des Prix Nobel - à la connaissance des phénomènes économiques et à leurs relations. Les profonds désaccords qui les opposent suffisent d'ailleurs à montrer la subjectivité de beaucoup de leurs thèses, ce qui est tout à fait naturel car chaque économiste a sa propre vision du monde, en raison de sa nationalité, de son milieu social, de son idéologie et de son temps.En conséquence, le présent ouvrage s'attache d'abord dans son premier volume à rappeler l'essentiel des faits économiques et des situations sociales et politiques dans lesquelles ils sont survenus ou qu’ils ont provoqué depuis la période mésolithique jusqu'au XXème siècle inclus, en faisant appel à l'histoire et à la statistique, et à indiquer les dispositions économiques prises par les pouvoirs en place dans les principaux pays à toutes les époques. Il traite ensuite de l'évolution de la pensée économique. Le second volume s'attache à décrire l'évolution des différentes activités économiques - agriculture, commerce, industrie - ainsi que de l'économie monétaire et financière, en rappelant les conséquences sociales des transformations intervenues au fil des siècles.
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CHAPITRE I : ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET SOCIÉTÉ PÉRIODE MÉSOLITHIQUE(10 000/6 000-5 000 ans avant J.C.)Une transformation capitale de la vie en société s'opère au cours de cette période où l'homme invente l'économie de production, agit au lieu de subir comme aux périodes précédentes. Les débuts d'une agriculture organisée entraînent une sédentarisation d'une partie des populations, et en corollaire une amorce d'urbanisation, voire même l'édification de « villes » et rapidement leur extension. Ainsi, en Jordanie, dans la région de Pétra, la ville de Ba'ja semble dater de 9 000 ans avant notre ère ; elle est pour partie composée de maisons à deux étages qui présentent des peintures murales aux motifs abstraits. Vers 8 000 ans avant J.C., Jéricho connaît un grand développement et se dote d'un rempart et d'une tour, modeste sans doute. Un bel exemple de construction est donné en Anatolie par Çatal Höyük (près de la ville actuelle de Konya) où les immeubles sont édifiés à l'aide de briques crues, les murs étant blanchis à la chaux et décorés de peintures. Après une première destruction vers 7 000 ans avant J.C., Jéricho est reconstruite. La nouvelle « ville » est constituée de maisons carrées dont le sol est enduit de plâtre. L'existence des premiers villages en Chine, dans l'Europe méditerranéenne (Grèce surtout, et Crète : premières constructions de Cnossos), en Syrie et en Mésopotamie date aussi de cette époque. Un début de sédentarisation se manifeste aussi en Amérique vers 5 000 ans avant J.C., comme le révèle le site de Zohapilco (bassin de Mexico). PÉRIODE NÉOLITHIQUE(6 000-5 000/2 000 ans avant J.C.) À la période néolithique l'outillage se diversifie et s'améliore. Les nouvelles techniques agricoles favorisent les concentrations humaines et l'édification de communautés villageoises relativement importantes qui se multiplient. Il s'agit de communautés semi-sédentaires qui changent de lieux dès que le sol ou les pâturages sont épuisés. Cependant, de vraies villes et de vrais villages se développent en Asie occidentale (la civilisation urbaine n'atteindra l'Inde que deux millénaires plus tard, et la Chine seulement vers
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1 500 ans avant J.C.). Elles sont parfois entourées de murs construits en briques crues (sites de Çatal-Hûyûk en Anatolie ; de Sâmarrâ, en Iraq, sur les bords du Tigre, à 200 km au nord de Bagdad), et même en pierres (Jéricho), et certaines possèdent des rues pavées. Qalat-Jarmo (Iraq oriental) est l'un des plus anciens sites villageois connus dont la population exerçait à la fois l'agriculture et l'élevage. Cependant, aux côtés des populations de laboureurs-éleveurs, des tribus nomades de pasteurs existent. Ces peuplades habituées au combat pour préserver leurs troupeaux des vols tentés par d'autres tribus, deviennent dominatrices, et peu à peu asservissent les laboureurs sédentaires. C'est le début de l'esclavage qui ne fera que croître pendant des siècles. Les nombreuses figurines de femmes trouvées en différents sites -notamment à Jéricho - semblent indiquer que le système matriarcal prédomine dans les villes et villages, alors que le patriarcat est la règle dans les tribus nomades. Les premières civilisations réellement urbaines apparaissent d'abord à Suse vers 4 000 avant J.C., puis en Mésopotamie, à Uruk (l'Erech de la Bible) dans le pays de Sumer, vers 3 500 ans, et ensuite à Mari sur les bords de l'Euphrate à l'aube du IIIème millénaire. La ville est organisée autour d'un ensemble formé de temples religieux et d'édifices dont la fonction est probablement administrative et politique. Cette civilisation est attestée en Egypte un siècle plus tard. La capitale de l'Etat du Sud (Hierakonpolis) est fortifiée, ainsi que la ville de Nagada. Les villes fortifiées sont également présentes en Europe de l'Ouest comme le montre le site de l'Etoile, dans la Somme. La fondation de Byblos (Phénicie) semble dater de 3 200 ans avant J.C., et d'autres villes côtières sont crées en Phénicie, en Syrie et en Palestine. La civilisation urbaine apporte un certain raffinement et représente un certain coût ! Ainsi, les femmes de la Basse-Egypte se fardent les paupières à l'aide de poudre de malachite qu'elles broient dans des palettes de maquillage, malachite qu'il faut importer de Nubie ou de la péninsule du Sinaï. Le roi lui-même se maquille chaque jour. Une civilisation urbaine comparable à celle de l'Orient n'existe pas encore en Occident. Toutefois, des villages vivent. L'éruption du Vésuve dite « des Ponces d'Avellino » (3 550 ans avant J.C.) a enseveli celui de Nola sous une couche de cendres sans le détruire, le fossilisant en quelque sorte. Les parois des cabanes conservées sur un mètre trente environ permettent de connaître la structure de l'habitat de l'Italie du sud à l'âge du bronze ancien. La plupart des cabanes soutenues par des poteaux en bois comportent deux pièces séparées par une cloison transversale en planches - parfois revêtue de tissus -percée d'une porte. La plus petite des pièces de forme absidiale est destinée à l'entreposage des vivres ; la plus grande où se trouve le foyer sert de pièce à
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vivre. Dans certaines cabanes une échelle mène à une sorte de mezzanine. Les parois extérieures sont revêtues de chaume. Les cabanes d'habitation sont séparées du quartier réservé aux animaux (moutons, cochons, vaches) par tout un agencement de barrières ; l'eau est fournie par des puits protégés par des barrières. Des cités lacustres existent, par exemple sur les bords du lac de Clairvaux (Jura) où l'on a identifié des maisons construites sur pilotis. Les besoins du commerce et de la gestion des biens provoquent la naissance de l'écriture L'invention fondamentale du IVème millénaire, celle qui va bouleverser l'histoire des hommes, est celle de l'écriture. Elle apparaît semble-t-il simultanément à Uruk (pays de Sumer, au sud de la Mésopotamie) et à Suse vers 3 250 ans avant J.C. (période de Djemdet-Nasr, première grande civilisation des sumériens), sous la forme de pictogrammes inscrits sur des plaquettes d'argile. Le déchiffrement de cette écriture n'est pas encore totalement résolu. Assez rapidement, les signes pictographiques vont se transformer et donner naissance, vers 3 100 ans avant J.C. à l'écriture cunéiforme, puis plus tard à une écriture linéaire dans laquelle les signes symboliques d'origine sont remplacés par des signes abstraits. Tout à la fin du troisième millénaire avant J.C., l'écriture hiéroglyphique fait son apparition en Egypte. Sa conception, pictographique au départ, rappelle l'écriture susiane ou sumérienne, et il est permis de se demander si elle ne trouve pas son origine à Uruk ou à Suse. L'invention de l'écriture à cette époque est logique. Le développement du commerce d'une part, l'organisation débutante des Etats ou simplement des communautés urbaines rend nécessaire la tenue de comptes. Et les plus anciennes tablettes trouvées sont précisément des listes de biens de temples (quantités de céréales, de bêtes...) ou des relevés de ventes, de débits et crédits. Donc les prémices d'une vraie comptabilité. En Mésopotamie, la notation des chiffres cardinaux est basée sur le système sexagésimal, par étapes de 1, 10, 60, 600, 3 600, 36 000.En Egypte, le premier document écrit conservé est la palette de Narmer. La nation égyptienne met en place son organisation et son administration Pendant le quatrième millénaire avant J.C., l'Egypte est partagée en une multitude de petits royaumes à civilisation paysanne qui semblent cohabiter dans une certaine harmonie le long de la vallée du Nil. Sans doute est-il plus réaliste de parler de villages regroupés en districts pour faciliter le travail collectif que l'irrigation artificielle des terres rend indispensable, que de
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royaumes. Vers 3 300/3 200 avant J.C., ces petits royaumes sont unifiés et donnent naissance à deux Etats : le royaume du Sud dont la capitale est fixée à Nekhen (appelée Hiéraconpolis par les Grecs, et située entre Louxor et Edfou) et le royaume du Nord dont la capitale est Bouto, située dans le Delta. Aux environs de 3 100/3 000 ans avant J.C., le roi du Sud Narmer (ou Ménès, appelé aussi le roi Scorpion) - selon un sceau trouvé dans un tombeau d'Abydos - prend possession de l'Etat du Nord, pourtant plus riche et plus civilisé, et réunit les deux Etats en un seul, autocratique et théocratique. Il fonde la première dynastie et installe sa capitale à Memphis (35 km au sud du Caire, au commencement du delta du Nil). Le souverain porte la double couronne où figurent les symboles de la Haute et de la Basse Egypte. A cette époque sont construites les fondations de la phénoménale civilisation pharaonique qui va fasciner le monde jusqu'à nos jours. Une civilisation dont le développement est rendu possible grâce à une administration efficace dont le rôle s'amplifie avec la création des Etats qu'il faut organiser et gérer. L'Egypte est divisée en nomes (districts) dont les charges les plus importantes sont la conduite de l'irrigation des terres, l'établissement des cadastres qui permettent de refaire le bornage des champs après chaque décrue du Nil, et la collecte des impôts. Dès le règne de Narmer (Ménès), une administration centrale est créée dans chacun des deux anciens Etats (Haute-Egypte et Basse-Egypte). Chacune exerce son autorité sur les nomes de sa région et possède son arsenal et son entrepôt, et chacune est placée sous la direction d'un haut fonctionnaire. Mais il arrive fréquemment que la responsabilité des deux administrations centrales soit confiée à un seul homme. Le roi est aidé dans ses tâches par des hauts fonctionnaires dont le plus important est le vizir. Choisi généralement parmi les princes de la maison royale, il est le « gardien des sceaux du roi », exerce le contrôle des voies de communication et des transports, élabore les bilans des affaires du royaume, et exprime la volonté du roi. Le « colonel des soldats » dirige l'armée, tandis que le « chef de l'arsenal » a la responsabilité du matériel et des armes de l'armée. Le « chef des travaux » est en quelque sorte le ministre de la construction, et il est responsable des constructions décidées par le roi. Or chaque roi se fait construire un palais entouré d'une ville. Il s'agit donc là aussi d'un poste important. Les autres hauts fonctionnaires d'importance sont les responsables de l'approvisionnement en céréales ou en bétail, et naturellement de la collecte des impôts. Le personnel de l'administration est composé d'une armée de scribes formés dans des écoles où ils apprennent le calcul et les règles de l'arpentage. Sous la deuxième dynastie (vers -2800/-2660), un recensement des populations et des maisons est réalisé tous les deux ans afin d'établir les bases des impôts. Un impôt foncier et un impôt sur le capital existent déjà à l'époque. Les temples disposent aussi de leur propre administration.
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