Hommage à François Fejtö
176 pages
Français

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Hommage à François Fejtö , livre ebook

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Description

"Grand exilé pour les Hongrois, surtout de gauche, grand chroniqueur de son siècle pour les Italiens (mais un peu moins pour les Français), quel était le statut de Fetjö au regard de l'histoire intellectuelle du vingtième siècle ? Maintenant qu'il n'est plus, on reconnaît en lui une sorte de "passager du siècle" (...et) d'observateur infatigable du communisme d'Europe centrale et orientale (...)" (Pierre Kende).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 85
EAN13 9782296447271
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cahiers

d’ Études

Hongroises

et Finlandaises


Hommage à François Fejt ö
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13134-7
EAN : 9782296131347

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Cahiers

d’ Études

Hongroises

et Finlandaises


Hommage à François Fejt ö

Actes des colloques organisés
par la Fondation Károlyi à Fehérvárcsurgó et par
le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises à Paris


L’Harmattan
Le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises de l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris3 tient à remercier la Fondation Robert Schuman et l’Institut Français de Budapest pour leur contribution à la publication du présent ouvrage.
Cahiers d’Études Hongroises et Finlandaises
16/2010

Revue publiée par le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises
de l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris3


DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Patrick Renaud


RÉDACTION
Sophie Aude, Péter Balogh, Eva Havu, Judit Maár,
Patrick Renaud, Traian Sandu


Ce numéro est dirigé par
Judit Maár


Secrétariat
Martine Mathieu


Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises
1, rue Censier
75005 Paris
Tél. : 01 45 87 41 83
Fax : 01 45 87 48 83
Avant-propos
François Fejtö était un historien et politologue d’origine hongroise, de nationalité française, une personnalité marquante de la vie culturelle européenne. Il est décédé, à Paris, à l’âge de 98 ans, en mai 2008.
Celui qui avait écrit entre autres L’Histoire des démocraties populaires , (1952, Seuil, rééditée en 1992), était une figure éminente de la philosophie politique et de l’historiographie du XX e siècle. Acteur de l’Histoire qu’il écrivait, il a créé, grâce à son œuvre, un vrai pont entre les sociétés et les cultures des deux parties de l’Europe, celle de l’Est et celle de l’Ouest. Grâce à lui de nombreuses générations d’étudiants et d’historiens français et italiens notamment, ont pu découvrir l’Europe centrale en général, et la Hongrie en particulier.
Un an après son décès, les scientifiques ont à peine entrepris la découverte et l’interprétation de l’œuvre gigantesque de cet homme qui a vécu presque autant d’années que le siècle. C’est en hommage à sa mémoire que les colloques, dont nous mettons maintenant les actes à la disposition de nos lecteurs, ont été organisés, avec les interventions d’historiens européens, dont plusieurs étaient ses disciples ou ses collaborateurs.
Le premier colloque a été organisé, en Hongrie, à Fehérvárcsurgó, les 17 et 18 avril 2009, par la Fondation Joseph Károlyi, détentrice de la Bibliothèque et des Archives François Fejtö, le second s’est tenu à Paris le 5 mai 2009, organisé par le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises (CIEH) de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, avec la contribution de l’Institut Hongrois de Paris.
Les communications qui constituent le présent numéro de notre revue sont autant de pistes de recherches sur l’œuvre que Fejtö nous a laissée et les thèmes pour lesquels il s’est passionné.

Angelica Károlyi
Judit Maár
Pierre KENDE
François Fejt ö , un observateur engagé
Conférence inaugurale au Colloque « Autour de François Fejtö »
(organisé les 16-18 avril 2009 par la Fondation Károlyi
à Budapest et à Fehérvárcsurgó)


Décédé 15 mois avant son centenaire, François Fejtö faisait partie de ces rares parmi nos contemporains qui, non seulement avaient vécu la guerre de 1914-1918, mais en avaient retenu quelques souvenirs marquants. Il a partagé ses presque cent ans entre plusieurs patries : la Monarchie austro-hongroise dont il était l’enfant, la Hongrie de l’entre-deux-guerres où il est « entré en littérature » (comme d’autres entrent en religion), – ses deux autres patries étaient la France qu’il avait élue comme domicile en 1938 et où il est mort 70 ans plus tard, enfin l’Italie où il comptait de nombreux amis et qu’il aimait – la Toscane en particulier – d’un amour presque charnel.
Grand exilé pour les Hongrois, surtout de gauche, grand chroniqueur de son siècle pour les Italiens (mais un peu moins pour les Français), quel était le statut de Fejtö au regard de l’histoire intellectuelle du XX e siècle ? Maintenant qu’il n’est plus, on reconnaît en lui une sorte de « passager du siècle » (titre d’un de ses ouvrages) et – surtout – d’observateur infatigable du communisme d’Europe centrale et orientale, ce qu’illustrent bien ses livres ainsi que ses remarquables commentaires à l’Agence France Presse. Mais de son vivant ni les historiens ni les philosophes ne le considéraient comme leur et rares étaient ceux qui l’aient spontanément rangé parmi les grands intellectuels de l’époque. De cette catégorie, si difficile à définir, il faisait pourtant partie.
Né dans une ville de la Hongrie méridionale, au sud du lac Balaton et pas loin de la Croatie (dont sa mère, disparue jeune, fut originaire) Ferenc Fischel, le futur François Fejtö – Feri pour ses amis – était fils d’un libraire de province et appartenait à une famille juive libérale magyarisée et bien intégrée à la société austro-hongroise. Il avait des parents proches à Zagreb, à Trieste voire à Prague mais se considérait hongrois à cent pour cent et évoquait toujours avec fierté la ville de Nagykanizsa, lieu de sa naissance et de son enfance. Mais le judaïsme de ses ancêtres faisait partie de son identité de même que le christianisme qu’il adopta dans sa jeunesse. Et au-delà de la Hongrie dont il maniait la langue avec brio, il se réclamait de l’héritage culturel d’une Europe centrale multinationale et multiconfessionnelle, aux contours politiques discutables et discutés, mais qu’à l’époque de sa naissance, et jusqu’en 1918, la Monarchie des Habsbourg avait unie dans une seule et même civilisation.
Le jeune Feri, tout en ayant la plume facile, ne s’est pas préparé au journalisme, encore moins à un rôle de chroniqueur et d’observateur lointain. Après des études littéraires brillantes, commencées en province mais achevées à Budapest, ses convictions socialistes l’ont fait adhérer au Parti social-démocrate. Théoricien respecté malgré son jeune âge, Fejtö est devenu bientôt un acteur central de la vie littéraire hongroise des années trente. Ami intime du plus grand poète de l’époque, Attila József, il a fondé en sa compagnie la revue « Szép Szó », organe politique et littéraire, dont les articles n’ont pas cessé de servir de référence à ce jour pour une gauche démocratique et moderne. Le titre de cette revue, devenue légendaire, peut se traduire en français de deux manières. Texto, Szép Szó veut dire ‘belle parole’ – mais Fejtö, lui, s’inspirant d’un poème célèbre de son ami Attila, préférait traduire ce titre par le mot argument (ce qui était aussi une allusion à la revue parisienne fondée dans les années 60 par Kostas Axelos et Edgar Morin, et à laquelle François avait activement collaboré).
Mais retournons aux années 30 et voyons comment cet acteur influent de la vie littéraire hongroise se trouve subitement transféré de Budapest à Paris. Pour le comprendre, il faut revenir aux premiers engagements politiques du jeune Ferenc Fejtö. Socialiste de gauche, il se croyait pendant un moment proche des idées communistes, ce qui lui a valu quelques ennuis dans une Hongrie où le PC était interdit d’activités légales. Mais cette fois, il s’est agi d’autre chose, à savoir d’un compte rendu enthousiaste que Fejtö avait publié à l’issue d’une soirée littéraire de province et que les autorités ont perçu comme une ‘incitation à la haine de classe

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