La mémoire de la Nakba en Israël
228 pages
Français

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La mémoire de la Nakba en Israël , livre ebook

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Description

Plusieurs dizaines d'années après sa création, l'Etat d'Israël s'est doté d'une loi punissant la célébration de la Nakba, nom que les Palestiniens donnent à l'expulsion des trois quarts d'entre eux entre 1947 et 1949. C'est dire combien cet événement pèse dans la mémoire des deux peuples. En analysant les mécanismes de refoulement de cette mémoire, l'étude nous plonge au coeur de la mentalité juive israélienne, et nous montre que la paix au Proche-Orient est impossible sans un accord sur l'histoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 janvier 2015
Nombre de lectures 20
EAN13 9782336368054
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Comprendre le Moyen-Orient
Comprendre le Moyen-Orient
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud
Mamduh NAYOUF, Vers le déclin de l’influence américaine au Moyen-Orient ?, 2014.
Hillel COHEN, Les Palestiniens face à la conquête sioniste (1917-1948). Traîtres ou patriotes ?, 2014.
Pierre JAQUET, L’Etat palestinien face à l’impuissance internationale , 2013.
Firouzeh NAHAVANDI, L’Iran dans le monde , 2013.
Aline KORBAN, L’évolution idéologique du Hezbollah , 2013.
Samy DORLIAN, La mouvance zaydite dans le Yémen contemporain , 2013.
Gamâl AL-BANNA, L’islam, la liberté, la laïcité et le crime de la Tribu des « Il nous a été rapporté », 2013.
Daniel CLAIRVAUX, Iran : la contre-révolution islamique, 2013.
Naïm STIFAN ATEEK, Le cri d’un chrétien palestinien pour la réconciliation. Pour une théologie palestinienne de la libération , 2013.
Céline LEBRUN, Julien SALINGUE (dir.), Israël, un État d’apartheid ? Enjeux juridiques et politiques , 2013.
Pierre GUILLOSSOU, La Palestine contemporaine, des Ottomans aux Israéliens , 2013.
Mohammad AL SUBAIE, L’idéologie de l’islamisme radical . La nouvelle génération des intellectuels islamistes, 2012.
Didier LEROY, Hezbollah, la résilience islamique au Liban , 2012.
Hassan Diab EL HARAKÉ, République islamique d’Iran : quel pouvoir pour le peuple ? , 2012.
Alice POULLEAU, À Damas sous les bombes, Journal d’une Française pendant la révolte syrienne (1924-1926), 2012.
Titre
Thomas V ESCOVI







La mémoire de la Nakba en Israël

Le regard de la société israélienne sur la tragédie palestinienne
Copyright

























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71816-3
Avant-propos
« Le commencement de l’élaboration critique est la conscience de ce qu’on est réellement, un “connais-toi toi-même” conçu comme produit du processus historique qui s’est jusqu’ici déroulé et qui a laissé en chacun de nous une infinité de traces reçues sans bénéfice d’inventaire. »
Cette citation d’Antonio Gramsci résume comme nulle autre le parcours personnel de l’auteur. Parmi les traces reçues, nous ne pouvons ignorer cinq séjours en Cisjordanie, dont trois dans les camps de réfugiés palestiniens d’Aïda, de Balata et de Dheisheh. Une démarche qui, bien qu’elle se situe du côté du droit international, de la justice et de la paix, peut être jugée à bien des égards, partisane. Conscient de centrer l’étude sur l’un des conflit les plus archivés, cartographiés, documentés, et passionnés au monde – une passion souvent sincère, parfois nauséabonde –, l’auteur entend s’extraire ici de toutes distorsions, exagérations, occultations de faits.
Indéniablement, il existe un risque d’être guidé uniquement par l’émotion. L’enjeu étant de s’en échapper, en n’obéissant qu’à la recherche sérieuse de documentation, son étude, sa critique objective et sa mise en perspective. Partant de ce principe, cette recherche s’est attelée, par nécessité, à sortir d’un cadre d’analyse où Israël serait vu comme la seule démocratie du Proche-Orient, ou à l’inverse celui d’un pays, homogène, de colonisateurs.
Il ne faut pas oublier que nous sommes, comme disait Edward W. Said, « tous acteurs d’une grande lutte », puisque « la terre constitue de fait un seul monde, où il n’y a pratiquement pas d’espaces vides et inhabités. De même qu’aucun d’entre nous ne se trouve hors de la carte ou au-delà, nul n’est entièrement étranger à la lutte dont elle est l’enjeu. Bataille complexe et captivante, car elle ne se livre pas seulement avec des soldats et des canons mais aussi avec des idées et des formes, des images et de l’imaginaire 1 . »
Cette étude s’inscrit dans l’analyse d’une histoire pouvant être qualifiée d’« immédiate » ou du « temps présent ». Véritable segment de l’historiographie, l’histoire du temps présent suscite de manière récurrente des conflits de définition, voire de légitimité, à l’inverse des autres champs tels qu’antique ou médiévale. L’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS possède néanmoins une unité de recherche consacrée à notre champ historiographique a . Ce champ désigne l’étude des rapports entre passé et présent, analyser l’influence de l’Histoire sur le moment présent, s’intéresser à une séquence temporelle pour laquelle existent des acteurs vivants 2 .
Mes premiers remerciements vont à Valérie Pouzol, directrice de recherche de ces travaux, pour sa bienveillance, ses conseils et son suivi. À mes parents et ma famille. À Isabelle Avran, Eléonore Merza, Mehdi Rahem et Dominique Vidal pour leurs appuis, corrections et relectures. Cherazad Bekrar et Meryem Bouhafs pour leur présence et leur soutien. À celles et ceux qui peut-être, sans le savoir, ont permis l’aboutissement, et la publication, de cette étude.
Une pensée toute particulière à mes amis, Palestiniens et Israéliens, héros au quotidien.
1 Edward W. Said, Culture et impérialisme , Paris, Fayard/Le Monde Diplomatique, 2000.
a Institut d’histoire du temps présent (IHTP). Fondé en 1978 par François Bédarida, et dirigé depuis 2004 par Christian Ingrao.
2 Henry Rousso, « Histoire du temps présent », Le dictionnaire des Sciences Humaines , Paris, PUF, 2006.
Préface
Par Dominique Vidal
« La thèse selon laquelle l’Holocauste ne serait qu’une fabrication des sionistes circule ici et là de manière inacceptable. Pourquoi attendons-nous du monde entier qu’il prenne conscience de nos souffrances en tant qu’Arabes si nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience de celles des autres, quand bien même il s’agit de nos oppresseurs, et si nous nous révélons incapables de traiter avec les faits dès lors qu’ils dérangent la vision simpliste d’intellectuels bien-pensants qui refusent de voir le lien qui existe entre l’Holocauste et Israël. Dire que nous devons prendre conscience de la réalité de l’Holocauste ne signifie aucunement accepter l’idée selon laquelle l’Holocauste excuse le sionisme du mal fait aux Palestiniens. Au contraire, reconnaître l’histoire de l’Holocauste et la folie du génocide contre le peuple juif nous rend crédibles pour ce qui est de notre propre histoire ; cela nous permet de demander aux Israéliens et aux juifs d’établir un lien entre l’Holocauste et les injustices sionistes imposées aux Palestiniens, établir un lien et du même coup le mettre en cause pour ce qu’il recouvre d’hypocrisie et de déviation morale. »
Cette réflexion du grand intellectuel palestino-américain Edward W. Said 3 n’a pas d’équivalent israélien. On ne saurait mieux résumer, sur le plan de la mémoire, le déséquilibre qui fonde le rapport entre les deux peuples en conflit. Curieusement, ceux-ci ont choisi pour qualifier leur traumatisme respectif deux mots qui, l’un en hébreu ( Shoah ) et l’autre en arabe ( Nakba ), signifient « catastrophe ». Pas question, bien sûr, de tracer un signe d’égalité entre un des pires génocides de l’histoire et une expulsion, même massive. Mais ces deux blessures, toujours ouvertes, n’en constituent pas moins une des composantes majeures de leur identité. Et ils en souffrent d’autant plus que ces tragédies ne sont pas reconnues, les Palestiniens aujourd’hui comme les Juifs autrefois.
C’est dire toute l’importance de ceux qu’on appelle les « nouveaux historiens » israéliens et que je me suis efforcé de faire connaître, en 1998, avec mon livre Le Péché originel d’Israël 4 . Leur irruption dans le débat historiographique et politique a fait grand bruit. Et pour cause : quarante ans après les événements, ils ont, grâce à l’ouverture des archives israéliennes, confirmé pour la première fois l’essentiel de la version palestinienne de ce qui s’était passé alors : non pas la fuite, mais l’expulsion, souvent manu militari et au prix

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