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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 avril 2010 |
Nombre de lectures | 511 |
EAN13 | 9782296253308 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 13 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,2400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Pour Pierrick et pour Jade… pour apprendre
à lire leslettres ; pour apprendre à lire entre
leslignes.
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Cardinal deRichelieu,Mémoires(livreXXIV : année 1633)[éd.M.Petitot],
Paris,Foucault,1823, p.269.
Introduction
Au cours de l’hiver 1632-1633,Louis XIII, victorieuxdeson frère, le duc
d’Orléans, etduducdeMontmorency, regagne lentementParisparle Limousin.
Richelieu, malade,suit unautre itinéraire, en passantparBrouage etLa Rochelle, pour
montreràla Reine lechâteau qu’ilse faitconstruire sur ses terres, et tenterde gagner sa
confiance.Non sansarrière-pensées, la duchesse de Chevreuse luirévèlequ’elle a
depuislongtempsconnaissancede l’unioncontractée parMonsieuravec Margueritede
Lorraine et sedéclarerenseignée par sonamant, le marquisde Châteauneuf.Lecardinal
est en mauvaise santé : ilsouffre notammentderhumatismesetderétentiond’urine.La
densité desévénements quiont marqué lesannées1631-1632laisse des tracesetilse
sent fragilisé par rapportà Anned’Autriche,dontil aimerait qu’elle luisoitplus
favorable.Premierévénementmarquantdecetteannée 1633, le25 février, le garde des
sceaux,CharlesdeL’Aubespine, marquisdeChâteauneuf, estdestitué puisemprisonné
auchâteaud’Angoulême, ses fonctions etcharges sontconfiéesàPierreSéguier.Il est
arrêté en mêmetemps qu’un personnageambigu, lechevalierdeJars,qu’ila connuen
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Angleterreaucoursde lamission diplomatiquequi luiaétéconfiée en 1629-1630.
Miné parlamaladie,Richelieu reproche d’abordàChâteauneuf de l’avoirabandonnéà
l’article de lamortàlafin de l’année 1632.Plusprofondément,LouisXIIIet son
principal ministre ne lui pardonnentpas son échec, ou samauvaisevolonté,àimposer
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l’autoritéroyaleauParlement.Le garde des sceauxa aussicommisde graves
maladressesaucoursde négociations secrètesmenéesenLorraine parl’intermédiaire de
son frère,M. deVerderonne, proche duducd’Orléansen exil, etdePuylaurens.
Surtout, ila conservéunecorrespondancebien malvenueavecl’AnglaisMontaigu,
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aveclescomtesdeHolland etdeCarlisle,aveclareine d’Angleterre ,ainsiqu’avec
Madame deChevreuse,qu’ilaeul’indiscrétion d’informerduprojetd’intervention
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françaiseà Moyenvicen 1631 .Jaloux,Richelieune peut, non plus, lui pardonner ses
liensavecla Reine mère, etd’avoirparticipéauprojet, dix-huitmoisplus tôt, par
l’intermédiaire duchevalierdeJars, de faire passerMarie deMédicisetGaston
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d’Orléansoutre-Manche .Châteauneufconnaissaitleursintriguesd’autantque, n’ayant
jamais rompulecontactaveclesexilésfactieux, il échangeaitdescourriers réguliers
me6
avec MduFargis.Il étaitenfinresté en possession d’unecassettecompromettante de
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lettresdugarde des sceauxMichel deMarillac.Coupable d’omission plusque de
trahison,àl’instarduducdeBellegarde,Châteauneuf estl’une desdernières victimes
de lajournée desDupes, maisluiaumoinsalaviesauve puisqu’il estlibéréaprèsla
mortducardinal-ministre.L’observation minutieuse dontil faitl’objeten prison meten
lumière l’ancienneté du vœude la Reine mère deserendreà Londres,bienqu’elle nese
résolveàyfaireson entréesolennellequ’aumoisde novembre 1638.Lesinstructions
adresséesparRichelieuaugeôlier,RobertdeLamont, en insistant surlanécessité de
mieux connaître lerôle de l’ancien garde des sceaux auprèsdeses amis anglaisou
anglophiles,témoignentde l’importancerevêtue,auxyeuxdu cardinal, par Marie de
1
Ordre d’arrestation deChâteauneuf,25 février.
2
G.Hanotaux,Histoire ducardinal deRichelieu.TomeIV,Paris, 1935, p. 168.
3
RobertdeLamont à Richelieu,Angoulême, 16mars.
4
Richelieu à RobertdeLamont, finavril.
5
«Déclaration du sieur chevalierdeJars, prisonnier àla Bastille »,25 mars.
6
RobertdeLamontà Richelieu,Angoulême,29 mars.
7
Commission délivréeà LaurentTestu,31 mars.
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Médicis.En 1632, le pèredominicainThomasCampanella afaitdiffuser sonDiscorso
politicotraunVeneziano,Spanolo eFrancese, déplorantladiscordeavec LouisXIII,
dommageable, selon lui,auxbienfaitsde lapolitique mise en œuvre parRichelieu pour
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lagrandeurdu royaume,autant qu’àl’intérêtgénéral de lanation.En incarcérant le
marquisdeChâteauneuf, lecardinal écarteàlafois un fauteurdetroubleset un
sympathisant silencieuxdethèsespolitiques que le ministreauraitaimé définitivement
éradiquer.
Aumoisd’avril, parachevant les mesuresderétorsion prises, le parlementdeParis
retireàdeuxprochesde l’ancien garde des sceauxetdeMonsieur, le présidentau
ParlementJacquesLeCoigneuxetleconseillerPierrePayendesLandes, lesoffices
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dontilsétaient pourvus, et leur notifie un ordre d’exilàperpétuité .Leurscharges sont
attribuéesàdeuxfidèles serviteursdeRichelieu,ChrétiendeLamoignon,conseillerau
Parlement, oncledeClaude deBullion (lui-même faitgarde des sceauxde l’ordre du
Saint-EspritenremplacementdeChâteauneuf), etM.deLa Haye deVentelet, jusque-là
conseillerauGrandConseil.Orlasuccession quePierrePayendesLandesahéritée de
son père,PierrePayen, en failliteau momentdesondécès,en 1626, s’estavérée
particulièrementdifficile.En 1630,LouisXIII apris un règlementafindeconfier
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l’apurementdesdettesà CharlesAubert,CharlesBoucheretClaudeJenin .Au moisde
novembre 1631, l’ensembledesactifs restantà PierrePayendesLandesestconfisqué.
L’affairene se règle qu’au momentdesa condamnation en 1633.Lechâteau et le parc
deRueil faisaient partiede l’ensembleléguéà PierrePayen
desLandes.Lecardinalministreappréciaitparticulièrementle lieu.Ily séjournedès1632,etprofitantdu
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contexte, l’acquiert officiellementau moisd’août1633.
Parailleurs, le parlementdeDijon,chargé de jugerlescompagnonsdeGaston
d’Orléansdepuislafinde l’année précédente,continueàrendre d’impitoyables
sentences:leducd’Elbeuf;Puylaurens, favorideMonsieur ;LeCoudray-Montpensier
etGoulas sontdéclaréscriminelsde lèse-majesté etcondamnésàmortparcontumace,
toutcomme l’aété le présidentLeCoigneux dèsle moisd’octobre 1632.Ilsontlatête
tranchéeen effigie.IsaacdeLaffemas, le «bourreaudeRichelieu»,quiainstruit le
procèsdumaréchal deMarillac, examine lecasde leurscomplicesderang inférieur, et
se montretoutaussi intransigeant:le marquisdeSauvebœuf,quiasuivi le duc
d’Orléans, se voitappliquer lamême peine, et seschâteaux sontdétruits.Le25 octobre,
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T.Campanella(O.P.),Monarchie d’Espagne etMonarchie deFrance[éd.G.Ernst],Paris,PUF, 1997,
p.XXXII.Le philosopheThomasCampanella(1568-1639)appartientàl’ordre desdominicains.Déçuparles
Habsbourg,il faitdu roi deFrance l’unique fondateurpossible d’une monarchie universelle qui réaliserait
l’unitéreligieuse européenne et mettrait sapuissance temporelleau servicede l’Église etduSaint-Siège.D’un
gallicanisme religieuxmodéré, il prône pourtant, par soucid’équilibre politique, l’interventiondu roi de
Franceau seindesordres religieux,notamment dansl’organisationdu sien, provoquant la colèreduPape et
celle dumaîtregénéral deson ordre,NicolasRidolfi.Desurcroît,Campanellamet saplumeau servicede la
cause deGalilée.Accusé deconspirationcontre l’autorité espagnoleétablieenItalie,detentative
d’empoisonnementcontre lecardinalZapata,ainsi qued’hérésie, il est incarcéré pendantplusieursannées
danslesprisons napolitaines.Ildemeure pourtant encontactavecles plus grandséruditsdeson temps:
Peiresc,Gassendi,GabrielNaudé, ou encore les frèresDupuy.Grâceàla complicité de l’ambassadeurde
Franceà Rome, il s’évade desgeôlesde l’Inquisitionàlafindumoisd’octobre 1634 et se réfugieenFrance,à
Aix,chezPeiresc.Ilarriveà Parisquelques semaines plus tard.Protégé parRichelieu, ilobtient une pension
duRoi mais reste étroitement surveillé parlenonceapostolique,Bolognetti.
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J.-C.Petitfils,LouisXIII,Paris,Perrin, 2