Le Livre de l Impératrice Elisabeth
240 pages
Français

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Le Livre de l'Impératrice Elisabeth , livre ebook

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240 pages
Français

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Description

Dans ce texte, Constantin Christomanos relate, sous forme de journal, les moments passés, en tant que répétiteur de grec, auprès d'Elisabeth d'Autriche, popularisée en France sous le nom de "Sissi". Cette oeuvre, à la fois journal intime et acte de dévotion envers Elisabeth, a été publiée d'abord en allemand à Vienne en 1898, puis transposée en grec par son auteur pour être éditée à Athènes en 1908. Ce récit s'égrène comme une longue rêverie, dialoguée, méditative et itinérante, qui conduit le lecteur des palais viennois aux magnificences de l'île de Corfou.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2005
Nombre de lectures 166
EAN13 9782336276069
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747580182
EAN : 9782747580182
Le Livre de l'Impératrice Elisabeth
Pages de Journal

Constantin Christomanos
Sommaire
Page de Copyright Page de titre PRÉFACE - Le Livre de l’impératrice Elisabeth : une œuvre énigmatique PAGES DE JOURNAL - VIENNE LAINZ JE VOUS SALUE ... INNSBRUCK VIENNE - SCHÖNBRUNN MIRAMARE CORFOU Collection « Etudes grecques »
PRÉFACE
Le Livre de l’impératrice Elisabeth : une œuvre énigmatique

La Reine et le petit bossu...
Tel pourrait être le titre d’un conte de fées. Mais n’est-ce pas un conte de fées que le narrateur de cette histoire suggère avoir vécu ? A l’en croire, tout commence à son arrivée dans le parc de Lainz :
« Ainsi brusquement transporté de la grisaille de l’humble vie quotidienne de la ville dans ce jardin impérial clos, où les simples mortels ne posaient jamais le pied, troublé par l’attente anxieuse d’un événement décisif pour le cours de ma vie, je me trouvai, pour ainsi dire, projeté hors des limites de ma conscience et de mon être [...] si bien que, lorsque je revins à moi, j’avais l’impression qu’une grande vague m’avait soulevé des profondeurs vertes et immémoriales de la mer pour me précipiter sur une rive étrangère et oubliée de l’île de la Vie. »
Tous les instants que le narrateur partage avec l’impératrice sont présentés comme échappant à la réalité quotidienne et à ses contingences. Le sentiment tenace d’une vie hors du réel, dans un monde qu’Elisabeth enchante de sa seule présence, se poursuit, inaltéré, jusqu’à la fin du texte. Les dernières lignes de l’ouvrage ne font que le confirmer :
« Pour la dernière fois, comme en rêve, j’ai cueilli, à ses côtés, le crocus et l’anémone – dans une de ces prairies qu’elle m’a rendues si féeriques. [...] Je ne sais plus ce qu’elle m’a dit : je sais seulement que mes larmes tombèrent sur sa main de lys quand elle me la donna à baiser. En même temps elle me mit dans la main un petit coffret de velours pourpre, en me disant doucement : Soyez béni et heureux ! [...] Alors, je sentis la petite boîte que je serrais dans ma main - sinon je n’aurais jamais cru à la réalité de ce moment... »
Ce que relate le narrateur, dans le chatoiement des couleurs du rêve, prend l’allure d’une histoire merveilleuse : un petit étudiant grec, bossu de surcroît, exilé dans une capitale étrangère, travaillant sans relâche dans une modeste chambre, se voit soudain distingué par la plus illustre de toutes les reines du monde, pour devenir... un nouveau Tristan, ainsi que le texte paraît le suggérer à plusieurs reprises. Tout le réseau des clichés romanesques traditionnels est mis en place pour une récriture de l’histoire de la Reine et du Chevalier. Mais derrière ces images conventionnelles, qu’en est-il de la réalité ?
C’est en mai 1891 qu’a lieu la première rencontre entre Elisabeth, impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, née le 24 décembre 1837, et un jeune Grec de vingt-trois ans, Constantin Christomanos, inscrit à l’Université de Vienne pour y préparer une thèse de doctorat sur «Les institutions byzantines dans le droit franc».
Le jeune homme est né à Athènes le 1er août 1 1867. Son père, Anastase Christomanos, né à Vienne 2 , y avait effectué des études de physique et de chimie avant de s’installer à Athènes, où il avait été nommé professeur de physique à l’Ecole Polytechnique et à l’Université, dans laquelle il fonda le département de chimie. Sa mère était une Lindermayer, fille du médecin bavarois du roi Othon, mais appartenait, par la branche maternelle, à l’illustre famille des Vénizélos. Un accident survenu à Constantin dans son enfance l’a laissé bossu. A l’âge de 17 ans, au sortir du lycée, il possède, en sus de la langue grecque, une bonne connaissance de l’allemand, du français et de l’italien. Il s’inscrit en médecine à l’Université d’Athènes, qu’il quitte trois ans plus tard, pour gagner Vienne où il étudie l’histoire et la philosophie (tout en suivant un cours de préparation au métier de bibliothécaire et d’archiviste), tandis que son jeune frère Antoine le rejoint pour effectuer des études de médecine. En mai 1891, il est recruté, sur contrat, par la Maison impériale dans un emploi de répétiteur de grec moderne au service de l’impératrice. Il n’est pas son premier répétiteur car, depuis 1888, Elisabeth apprend le grec 3 .
L’intérêt de l’impératrice pour la Grèce n’est pas fortuit, c’est, pourrait-on dire, une sorte d’héritage familial : son père, le duc Max en Bavière, connaissait la Grèce par ses voyages ainsi que par ses études sur l’histoire et la littérature de ce pays ; son oncle Louis Ier, roi de Bavière, était un fervent philhellène, et le fils de ce dernier n’était autre qu’Othon, le premier roi de la Grèce indépendante, qui régna de 1832 à 1862. Elisabeth a découvert la Grèce, à travers Corfou, en 1861, sur le chemin du retour du premier voyage qu’elle a effectué à Madère pour des raisons de santé, et a séjourné ensuite à plusieurs reprises dans cette île qu’elle aimait particulièrement. Son goût pour la culture grecque se trouve toutefois avivé en 1884 par la fréquentation de l’ Iliade. Elle «s’éprend» de l’un de ses héros, Achille, dont elle se dit, dans son Journal , la «fiancée de l’âme», et auquel elle consacre un bon nombre de ses poèmes. Ayant pris connaissance des découvertes de Schliemann, elle entreprend un voyage en Méditerranée du 4 octobre au 3 novembre 1885, à bord du yacht impérial Miramare , pour rejoindre le site de Troie et se recueillir sur la tombe présumée d’Achille. La visite s’avère d’ailleurs décevante, comme elle le rapporte dans le poème « Nostalgie » de son Journal  :

« Depuis que je me suis arrêtée devant sa tombe Je suis dévorée de mille feux ; Je languissais de voir la colline silencieuse, Mais elle ne m’a rien accordé ! » 4
Toute à sa passion qui allie l’amour d’Achille et l’attrait du climat méditerranéen, elle décide en 1887 de faire construire un palais à Corfou, qu’elle dédiera à son héros : il s’appellera « l’Achilleion ». Elle charge de la direction des travaux le baron Alexandre de Warsberg 5 , helléniste de renom et consul d’Autriche à Corfou, que, depuis 1885, elle a choisi comme « conseiller scientifique » lors de ses voyages en terre grecque. A la même époque elle laisse de côté l‘ Iliade pour donner la préférence à l’ Odyssée. En octobre 1887, elle entreprend, en compagnie de Warsberg, un périple en Méditerranée à bord du Greif, sur les traces d’Ulysse. Il s’agit selon elle d’un véritable voyage d’études, mais qui n’est pas sans plonger l’empereur François-Joseph dans un grand étonnement et suscite même l’ironie des officiers du bord 6 , avant tout soucieux de la sécurité de l’impératrice en mer en cette saison. Parallèlement, de même que sa passion pour le sort de la Hongrie l’avait poussée à apprendre le hongrois, de même, et bien que les enjeux soient tout à fait différents, son rêve homérique et corfiote l’amène à étudier le grec, le grec ancien ainsi que le grec moderne parlé (et non la langue «savante», la « catharévoussa »). Elle s’explique sur son choix de la langue « démotique » :
« L’unique raison de ma prédilection pour la langue du peuple, c’est que je souhaite parler comme les neuf dixièmes de la population, et non comme les professeurs et les politiciens » 7 .
Dès 1888, trois répétiteurs corfiotes se succèdent 8 pour lui enseigner le grec, avant que les frères Christomanos ne soient recommandés en 1891 à la Maison d’Autriche par le Consul général de Grèce, Michel Dumba 9 . Antoine est le premier à servir l’impératrice, mais il cède bientôt la place à Constantin, pour qui la rencontre avec Elisabeth est relatée comme une révélation :
« Tout à coup elle fut devant moi sans que je l’eusse entendue venir, vêtue de noir, élanc

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