Les Cahiers bleus de la maréchale Oudinot
280 pages
Français

Les Cahiers bleus de la maréchale Oudinot , livre ebook

-

280 pages
Français

Description

Si le maréchal Oudinot, "l'homme aux trente-deux blessures", est une gloire de l'épopée napoléonienne, sa seconde femme, Eugénie de Coucy, est une parfaite inconnue. Sa vie ne manque pourtant pas d'intérêt pour avoir recoupé un demi-siècle d'une histoire de France mouvementée. On peut penser à bon droit qu'elle sut, en femme de tête, préserver la carrière de son mari dans les tempêtes politiques. Femme de cœur, elle fut aussi le pilier d'une famille Oudinot recomposée, particulièrement nombreuses et aventureuses.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 107
EAN13 9782296710788
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Aux Editions L’Harmattan
Villes et cimetières en France de l’Ancien régime à nos jours.
eVictorine Monniot ou l’éducation des jeunes filles au XIX siècle.
Moreau ou la gloire perdue.
Le portrait double, Julie Candeille et Girodet.
Aux Editions Perrin
Delphine de Girardin, journaliste et femme de lettres au temps du romantisme
(épuisé).
Louise reine des Belges (épuisé).«!Je serai mon héroïne »
(Premier Cahier de la maréchale Oudinot)Remerciements
L’auteur remercie :
les Archives départementales de l’Aube, de la Haute-Saône et de la
Meuse,
la Municipalité de Bar-le-Duc,
le Musée barrois,
la Bibliothèque du Musée des Armées,
la Bibliothèque de la Fondation Napoléon,
pour les documents fournis et la documentation mise à sa disposition.
L’auteur tient à remercier tout particulièrement la famille de Vesins
qui lui a ouvert largement l’accès à ses archives privées.Avant-propos
L’histoire de la maréchale Oudinot, présentée sous la forme d’un
journal intime, est une recréation biographique qui s’appuie, pour
l’essentiel, sur les propres souvenirs de l’héroïne, restés inédits. Ces
souvenirs sont consignés dans onze cahiers de grand format (36 x 24),
d’une centaine de pages chacun, couverts d’un carton bleu. Ils sont
parfaitement calligraphiés, la maréchale Oudinot ayant eu recours à une
copiste, et authentifiés, chaque page étant soigneusement paraphée (ce qui
n’exclut pas quelques erreurs).
Une réécriture des propos de la maréchale Oudinot s’est toutefois
imposée pour les alléger d’une accumulation de noms et d’anecdotes sans
grand intérêt, pour les affranchir de leur a priori hagiographique et
moralisant (la Maréchale écrit pour ses enfants), pour les compléter aussi,
le récit s’arrêtant à la mort du Maréchal.
La maréchale Oudinot s’en explique à la fin du onzième cahier!: «!Si
Dieu m’a donné la force de vivre après la mort de mon mari et malgré les
douleurs de toutes natures qui en ont été les conséquences, il me refuse la
volonté d’en donner les détails.!»
Le douzième chapitre qui couvre la période 1847-1868 a donc été
rédigé à partir de lettres, notices nécrologiques et divers documents
provenant d’archives publiques ou familiales.
Les événements auxquels la maréchale Oudinot a été mêlée étant d’une
grande richesse, des notes ont été jugées indispensables pour éclairer le
contexte historique. On pourra, ou non, s’y reporter en bas de page.
Si les jugements et les opinions politiques exprimés par la Maréchale
ont été respectés scrupuleusement, la psychologie des personnages a été
reconstituée avec le plus de vraisemblance souhaitable et les scènes les
plus intimes sont dues à l’imagination de l’auteur, ce qui ne signifie pas
forcément qu’elles soient éloignées de la vérité!! En effet, si la Maréchale
est prolixe sur certains points, les exploits de son mari ou ses relations
mondaines, elle est muette sur d’autres!: «!On ne peut tout raconter à ses
enfants!!!» L’auteur admet donc une part d’interprétation dans l’évocationde la vie privée de la Maréchale, faisant valoir pour sa défense que son
souci majeur a été de retrouver Eugénie de Coucy dans la plénitude de
son destin, de la sortir de l’ombre du maréchal Oudinot aux côtés duquel
elle a vécu et observé un demi-siècle de l’histoire de France.
Comme l’écrivait fort justement l’historien Henri Martin en 1883!:
«!On ne saurait avoir l’intelligence complète d’une époque sans descendre
des faits généraux à leur application aux destinées particulières, sans
entrer dans l’intérieur des familles pour y suivre le contrecoup des
malheurs publics.!»
10Prologue
Moi, Eugénie de Coucy, maréchale Oudinot, duchesse de Reggio, je
me réjouis, depuis mon Panthéon napoléonien, d’ouvrir cet ouvrage qui
me rend à la vie et me redonne la parole. Il y a plus d’un siècle, un
journaliste passionné, Gaston Stiegler, avait lu mes cahiers, collecté des
1témoignages, compilé quelques brochures , pour rédiger un livre dense,
nourri, minutieux, consacré au Maréchal Oudinot, récits de guerre et de
foyer, d’après mes souvenirs. Ce livre, publié en 1892, obtint un succès
certain puisqu’il fut réédité plusieurs fois en vingt ans. Il dort maintenant,
poussiéreux et délaissé au fond des bibliothèques. Sa forme, austère, a
vieilli et son auteur avait opéré dans mes Souvenirs restés inédits les
coupures qui lui paraissaient nécessaires pour donner au Maréchal la
première place. Aussi, l’oubli nous a-t-il engloutis, moi Eugénie, Victor,
Elise, Elisa, Stéphanie, Nicolette, Auguste, Caroline, Charles, Henry,
Louise et tous les autres …
Un siècle plus tard, ce nouveau récit nous tire de l’ombre en faisant
l’économie des longs épisodes militaires et en démêlant ce qui était
embrouillé ou flou. Tout est vrai dans cette narration : les noms, les dates,
les lieux, les événements. Tout est vraisemblable dans l’évocation de mes
pensées et de mes émotions que je ne maîtrisais pas toujours moi-même.
Et je vois, au fil de ces pages, avec une stupéfaction et une fascination
sans mélange, se lever des gisants, s’animer des noms, toute une cohorte
de personnages et de familiers retrouver formes et couleurs par delà le
silence et le temps.

1 - Notamment, à l’évidence, Jules Nollet, Histoire de Nicolas Charles Oudinot,
maréchal d’Empire et duc de Reggio, Bar-le-Duc, 1850. Le livre de Gaston Stiegler a été
publié chez Plon.Chapitre I
Quand jeunesse trépigne…
(novembre 1807)
Vitry, lundi 16 novembre 1807
Il faut que j’économise l’huile de ma lampe si je veux prolonger ce
récit sans alerter la vigilance de ma mère qui craint, dit-elle, pour mes
yeux et pour mon repos. Elle craint surtout, je le sais, les dérives
romanesques d’un esprit sans contrôle… Ecrire est une activité
recommandée, mais au grand jour et sous son regard : je dois
quotidiennement tenir mon livre de vie. Cet exercice de français est aussi
examen de conscience : maman y traque avec le même soin une boucle
mal faite ou l’aveu d’une faiblesse.
Malgré cette censure, j’éprouve une sorte de fascination à consigner
mes pensées les plus vagabondes, à donner consistance à un moi qui se
dérobe. Tout est, à mon âge — j’ai seize ans depuis juillet —, désirs et
contraintes, impétuosité et soumission. Je me sens vieille parfois, sans
canonicat ni mariage en vue, mais le plus souvent pleine d’ardeurs et
d’impatiences mal contenues… Hier, comme je chantonnais en secouant
ma plume sur un chiffon, maman m’a traitée de pinson primesautier.
Pinson, passe encore, mais primesautier m’était peu familier et maman a
égrené assez de qualificatifs approchants pour esquisser mon portrait :
vive, rieuse, spontanée, sensible, impulsive, irréfléchie souvent, emportée
à l’occasion… ce que Rosalie résume en une «!vraie soupe au lait ».
Primesautier a, quand même, plus d’allure et, au féminin, je vois dans ma
tête tout un champ de primevères gambader au soleil…
Du soleil, il n’y en a guère en ce moment ; les hivers de Champagne
sont gris, immobiles, interminables. C’est le temps des visites, des
conciliabules et de la longue patience. Mère et Tante chanoinesse
13redoublent d’attention à mon égard et mettent à profit ces loisirs forcés
pour s’inquiéter de mon instruction et encore plus de mon avenir. Je n’ai
pas d’institutrice particulière et elles se relaient pour me donner des
leçons de grammaire, de catéchisme, de géographie, de littérature et de
maintien. Ni programme, ni progression, beaucoup de fantaisie dans une
éducation assez chaotique : j’ai un dictionnaire mythologique à ma
disposition et un grand nombre d’ouvrages de piété et de lectures morales.
Tante chanoinesse n’en est pas avare ; elle vient de m’apporter

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