Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier dattier
379 pages
Français

Les déportés maghrébins en Nouvelle-Calédonie et la culture du palmier dattier , livre ebook

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379 pages
Français

Description

L'auteur analyse la situation des descendants de Maghrébins en Nouvelle-Calédonie dont les ancêtres ont été déportés à la suite des insurrections algériennes et le ralliement d'autres clans tunisiens et marocains. De plus, l'auteur suit également l'histoire de ce lien entre le Maghreb ancien et la Nouvelle-Calédonie, grâce au fil conducteur que constitue l'introduction par les déportés de la culture du palmier dattier. Un éclairage sur la complexité historique de la colonisation française en Algérie puis en Nouvelle-Calédonie.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 317
EAN13 9782296420700
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Avertissement au lecteur Cet ouvrage a fait l’objet d’une première thèse de doctorat traitant de la déportation des Maghrébins en Nouvelle-Calédonie. Celui-ci a été préparé sous la direction de Monsieur le Professeur Pierre-Philippe Rey à l’Université Paris VIII -Département d’Anthropologie. Il a bénéficié d’une bourse chercheur-doctorant allouée par la commune de Bourail (Nouvelle-Calédonie), et de financements du Laboratoire d’Anthropologie historique de l’Université Paris VIII. Le jury réuni en avril 2004, était composé des personnes suivantes : Monsieur Pierre-Philippe Rey, Professeur, Université Paris VIII, Monsieur Jean-Luc Chevanne, Professeur, Université Paris VIII, Monsieur Francis Kahn, Directeur à l’I.R.D Niger. Les rapporteurs du jury étaient : Monsieur Salem Chaker, Directeur et Professeur du Centre des Recherches Berbères à l’I.N.A.L.C.O, Monsieur Abdallah Bounfour, Professeur et linguiste à l’I.N.A.L.C.O. Il a décerné la mention très honorable avec les félicitations du jury. Ce travail est l’aboutissement de dix années de recherche, ponctuées par la réalisation d’un mémoire de Maîtrise (1996), d’un DEA (1998) et cinq années passées en Nouvelle-Calédonie.Il s’agit d’une édition des sources écrites «en l’état ». Seule la présentation a été revue nécessitant quelques rajouts. Cet ouvrage ne pouvant contenir les nombreuses autres sources : graphiques, cartes, iconographies (faisant l’objet d’expositions ultérieures), références de fonds d’archives inédites (actes de mariage, décès, listes et matricules de l’ensemble des déportés, etc.…), l’ensemble a été sauvegardé à l’état de « rush ». Les documents transcrits sont indiqués en italique dans le corps du texte et en caractère plus petit et avec retraits pour les longues citations. Pour les termes arabo-berbères, nous avons adopté un système de transcription faisant place à l’usage local, aux formes courantes, s’efforçant de respecter le discours des populations. Pour les références géographiques, les cartes I.G.N de la Nouvelle-Calédonie ont été utilisées (Bourail série orange 4823 (1/50000) ; Moindou série orange (4824) 1/50000) pour notre thèse. Ces cartographies m’ont permis de réaliser la carte phœnicicole de Bourail intégrée à cet ouvrage.
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Remerciements Je tiens à témoigner toute ma gratitude à Monsieur le Maire de la commune de Bourail ainsi qu’à son équipe, en particulier Mme M.-C. Salem, chargée du patrimoine historique de Bourail, pour la confiance qu’ils ont témoigné à l’égard de ce travail. Ma reconnaissance va, en premier lieu, à l’égard de mon Directeur de thèse, Pierre Philippe Rey (Professeur à l’Université Paris VIII) pour m’avoir engagée dans la voie de cette recherche et m’avoir accordé, son aide et sa disponibilité dont je lui suis gré. En second lieu, je tiens à remercier Jean-Luc Chevanne (Professeur à l’Université Paris VIII) qui m’a encouragée et soutenue depuis mon D.E.A., notamment pour les aspects ethnologiques de terrain. Mes remerciements s’adressent également à Salem Chaker et Abdallah Bounfour (Professeurs à l’I.N.A.L.C.O), pour leur reconnaissance à ce premier travail du domaine scientifique. Ma gratitude s’exprime également envers les équipes phoenicicoles du Maghreb, l’I.N.R.A Algérie, Mr le Directeur K. Feliachi et son équipe, M. Belguedj (ingénieur agronome), l’I.N.R.A Tunisie, Mr le Directeur Q. Othman et son équipe, Daniel Dubost, ingénieur agronome, qui m’ont permis de bénéficier des apports enrichissants de leurs spécialisations respectives, notamment sur la valorisation et la caractérisation du patrimoine génétique oasien. Ceci grâce aux savoirs provenant des familles oasiennes du Djérid, du Zab et du Mzab auprès desquelles j’adresse ma profonde gratitude pour m’avoir transmis cette formidable préservation locale coutumière. Je remercie les représentants des institutions agronomiques locales (Nouvelle-Calédonie) : l’I.A.C (ex-Cirad), la S.R.F.P, le C.R.E.A pour l’intérêt porté au palmier dattier néo-calédonien ; Mr F. Kahn, botaniste et représentant de l’I.R.D. Niger. Ma reconnaissance s’adresse à la compétence des Archives Territoriales de Nouméa (Mr B. Deladrière et Mme Picquet), des Archives Militaires Historiques de Vincennes (Mr P. Carré), des Archives Départementales des Charentes Maritimes (Mr P.-A. Augié et Mme Chauffier), des Archives d’Aix-en-Provence (Mme E. Durand), des Archives Départementales du Finistère (Mme S. Tesson-Bennett) et aux personnes qui m’ont aidé à regrouper la documentation nécessaire : Mr J.P. Aïfa, ex-Maire de la mairie de Bourail et son secrétaire général, Mme A.-A. Pagès, Mr H. Martinez pour sa collaboration à la recherche de photographies du palmier dattier ancien, Monsieur H. Wayewol journaliste pour un premier communiqué du sujet sur RFO. Enfin, mon amitié s’adresse à ceux qui ont accepté de relire et informatiser tout ou partie de cet ouvrage ; en particulier les éditions l’Harmattan, L. Delozanne, Ingénieur des mines, A. Laupeze, anthropologue, et A. Burelle pour le graphisme. Je remercie les Maires de Moindou, Pouembout, La Foa, Voh et Koumak pour m’avoir fourni leurs précieuses informations sur les dattiers de leurs communes. Enfin, ce livre n’aurait pas pu être rédigé consciencieusement sans les Calédoniens eux-mêmes, en premiers lieux les Kanaks premiers habitants de Bourail, auprès desquels j’adresse toute ma reconnaissance par la qualité de leurs savoirs ; ponctués par la formidable mémoire des familles de descendants d’Algériens qui m’ont consacré la gentillesse des années passées en leur compagnie, le partage quotidien de leurs travaux et leur grande hospitalité. Ils sont nombreux et je ne saurais les remercier nommément sans contrevenir à l’anonymat que la plupart d’entre eux ont souhaité. Je remercie profondément les familles : Bouffénèche, Aïfa Laïfa, Ali ben Ahmed, A. ben Ali, ben Toumi, Mokrani, Abdelkader, El Arbi, Benamiche, Benyamina, Boussenah, Belpatrone, Mestoura, Salem, Hardy, Moulin, Barreteau, Prati, Roy, Richard, Flotta, Rouached, Manauté, pour m’avoir laissé accéder à l’intimité de leurs organisations coutumières.
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Préface Ce livre présente le double avantage : - d’apporter des connaissances très utiles sur des aspects peu connus de l’Histoire de la Nouvelle-Calédonie et sur celle de l’Algérie, connaissances qui peuvent avoir des retombées politiques et économiques importantes, notamment en Nouvelle-Calédonie ; - d’intéresser un assez large public pour des raisons diverses en France, en Algérie et en Nouvelle-Calédonie. Il repose d’abord sur une enquête approfondie auprès des descendants d’Algériens en Nouvelle-Calédonie, dont les ancêtres ont été déportés à la suite des différentes insurrections algériennes et notamment kabyles des années 1870, particulièrement l’insurrection dirigée par Al Mokrani en 1871. Les descendants d’Algériens sont au nombre de 15 000 environ répartis sur le Territoire mais ils sont particulièrement présents dans la Commune de Bourail. Cette descendance résulte du mariage des déportés algériens avec des femmes kanakes et avec des femmes françaises déportées elles aussi, particulièrement des Communardes, puisque l’insurrection algérienne principale coïncide avec la Commune de Paris et sa répression avec celle des Communards ; il n’y a en effet pas de femmes algériennes déportées. Cette enquête et l’ensemble de la mémoire orale qu’elle expose sont confrontées avec de nombreuses sources écrites, notamment des listes de déportés établies par l’administration pénitentiaire convoi naval par convoi naval, des listes d’attribution des lots de terre visant à utiliser les déportés en tant que concessionnaires pour la mise en valeur agricole de l’île et aussi avec des sources relatives aux insurrections algériennes elles-mêmes. De plus, l’auteur suit également l’Histoire de ce lien entre Algérie et Nouvelle-Calédonie grâce au fil conducteur que constitue l’introduction par les déportés de la culture du palmier dattier, dont la présence importante dans l’île aujourd’hui témoigne des lieux d’implantation de ceux que leurs descendants appellent aujourd’hui les « Vieux-arabes ». Cette Histoire est absolument passionnante et on imagine facilement qu’elle puisse fasciner les lecteurs algériens et maghrébins en général, des descendants d’Algériens en France, bon nombre d’habitants de la Nouvelle-Calédonie qui côtoient cette communauté de descendants d’Algériens, à l’identité fortement affirmée, sans toujours connaître leurs origines, ainsi qu’un public français intéressé par l’Histoire de la période coloniale et des résistances qu’elle a suscitées ; il peut aussi s’ajouter à ce lectorat un certain nombre de scientifiques, notamment dans le domaine agronomique, qu’intéresse l’influence des faits sociaux et historiques sur la diffusion des espèces
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végétales. Précisions quelques dimensions de l’ouvrage qui risquent particulièrement d’accrocher le lecteur : - ce qu’il y a de plus frappant dans l’ouvrage, c’est la reproduction par ces déportés tous de sexe masculin d’une communauté qui, au bout de trois ou quatre générations, a conservé la référence à ce groupe initial comme ciment culturel ; peut-être le point le plus significatif est-il celui-ci : l’administration coloniale refusait d’enregistrer les enfants sous des prénoms d’Algériens. Pendant deux ou trois générations, l’ensemble des enfants portait donc officiellement un prénom chrétien et y répondait à l’école, devant l’administration, au service militaire, etc. Mais à l’intérieur de la famille c’était le prénom musulman qui était utilisé ; aussi lorsqu’en 1936 l’administration leva l’interdit sur les prénoms musulmans, tous les Jean, Christian, Joseph, Robert, Michel, etc. redevinrent instantanément officiellement des Taïeb, Ahmed, Mohamed, Ali, Kader, etc. - Cette remarquable résistance à l’acculturation ne se manifeste évidemment pas que sur ce point : l’auteur nous explique comment ces déportés masculins ont appris à leurs femmes françaises ou canaques la cuisine algérienne qui s’est ensuite transmise de génération en génération ; comment a été édifié un mausolée à la mémoire d’unCheikhdécédé par noyade, à l’endroit de son accident et comment ce mausolée donne lieu à un pèlerinage annuel rappelant en tous points lesziarradu pays des ancêtres, comment une association de descendants d’Algériens gère ce lieu de pèlerinage et le cimetière musulman qui l’entoure ; comment les dattiers sont vénérés comme témoins actuels de la présence en ces lieux du « Vieil-arabe » qui les a plantés... - En sens inverse, il est clair que la pression coloniale pour acculturer ces descendants d’Algériens s’est complètement retournée : ce sont les femmes françaises, communardes ou d’origine pénale, qui ont adopté les coutumes algériennes et non l’inverse ; le texte montre à quel point le groupe de déportés issu des insurrections algériennes était prestigieux ; sans doute le groupe des Communards bénéficiait-il d’un prestige identique ; mais il s ont été amnistiés bien plus tôt et ont donc moins laissé de traces sur place ; quant aux femmes communardes mariées à des Algériens, elles ont manifesté à leur façon l’alliance qui s’est immédiatement construite sur place entre insurgés algériens et insurgés parisiens et leur intégration à la communauté algérienne n’a pu que se renforcer lorsque les hommes sont rentrés en France après l’amnistie décrétée par Mac Mahon. Par ailleurs, il est certain que pour tous ceux qui descendent, d’une part de déportés algériens et d’autre part de déportés français d’origine pénale effective (autres que les Communards), la référence à l’ancêtre algérien permet d’effacer la descendance de condamnés de droit commun, dévalorisante, ce qui ne fait que renforcer la cohésion de la communauté des descendants d’Algériens. Cet exemple de contre acculturation intéressera certainement de nombreux lecteurs. Elle mériterait peut-être aussi d’intéresser les politiques en France même, ne serait-ce que pour leur faire prendre conscience du fait que l’intégration des communautés de descendants d’Algériens qu’ils préconisent ne se fera pas forcément sous la
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