Les libres de couleur en Martinique (Tome 2)
240 pages
Français

Les libres de couleur en Martinique (Tome 2) , livre ebook

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240 pages
Français

Description

Cet ouvrage démontre comment la ségrégation perdure en dépit de l'impact de la Révolution française dans l'île et à cause surtout du maintien de l'esclavage en Martinique entre 1789 et septembre 1802. En dépit de certaines velléités égalitaires durant la période révolutionnaire, de la participation d'une partie non négligeable des libres de couleur à la défense de la République française, ils sont demeurés dans un entre-deux discriminatoire et ségrégatif.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2012
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296498785
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96561-4 EAN : 9782296965614
LES LIBRES DE COULEUR EN MARTINIQUE
Tome 2
Historiques Dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland
La collection « Historiques » a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des périodes historiques. Elle comprend trois séries : la première s’intitulant « travaux » est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la deuxième intitulée « sources » a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accueille des textes ayant une forte dimension historique sans pour autant relever d’une démarche académique.
Série Travaux
Jean-Marc SERME,Andrew Jackson, l’homme privé. Émotions et sentiments d’un homme de l’Ouest, 1767-1845, 2012. Gilles GÉRARD,Famiy Maron ou la famille esclave à Bourbon (île de la Réunion), 2012. Bernard CAILLOT,L’Angleterre face aux Bourbons dans la Guerre d’Indépendance Américaine. Paradoxe dans l’Europe des Lumières, 2012. Alain COHEN,Le Comité des Inspecteurs de la salle, 2011. Franck LAFAGE,Le théâtre de la Mort, 2011. Clément LEIBOVITZ,L’entente Chamberlain-Hitler, 2011. Peter HOSKINS,Dans les pas du Prince Noir. Le chemin vers Poitiers 1355-1356,2011. Janine OLMI,Longwy 1979, Pour que demeure la vie, 2011. Fabrice MOUTHON,L’homme et la montagne,2011. Fernando MONROY-AVELLA,Le timbre-poste espagnol et la représentation du territoire, 2011. François VALÉRIAN,Un prêtre anglais contre Henri IV, archéologie d’une haine religieuse,2011. Manuel DURAND-BARTHEZ,De Sedan à Sarajevo. 1870-1914 : mésalliances cordiales, 2011. Pascal MEYER,Hippocrate et le sacré, 2011. Sébastien EVRARD,Les campagnes du général Lecourbe, 1794-1799, 2011. Jean-Pierre HIRSCH,Combats pour l’école laïque en Alsace-Moselle entre 1815 et 1939, 2011.
Abel A. Louis
LES LIBRES DE COULEUR EN MARTINIQUE
Tome 2
Quand Révolution et retour à « l’Ancien Régime » riment avec ségrégation 1789-1802
L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR
Les libres de couleur en Martinique. Tome 1 : Des origines à la veille de la Révolution française. (1635-1788), Paris, L’Harmattan, 2012, 383 p. Les libres de couleur en Martinique. Tome 3 : De septembre 1802 aux débuts de la Restauration,Paris, L’Harmattan, 2012, 233 p.
AVERTISSEMENT
e Les unités de mesure que nous avons eu à utiliser sont au XVIII siècle et au e début du XIX siècle en Martinique le pied (0,324 mètre) et le carré de cent pas de côté qui équivaut à 1,29 hectare (ha). Les prix sont indiqués en livres coloniales sauf indication contraire. La livre coloniale est une monnaie de compte, une livre coloniale (l. ou £) vaut environ 0,66 livre tournois (monnaie de France), puis, 0,55 franc. Les autres pièces de monnaie utilisées ou mentionnées sont parfois la gourde (9 l.) et la moëde (portugaise) valant 66 livres coloniales. Nous avons conservé en général l’orthographe des documents originaux (ou copies de l’époque)grâce à l’emploi de (sic) ou [sic] en fin de citation. Cependant, lorsque la compréhension du texte ne nous paraissait pas suffisamment bonne, nous avons fait le choix de corriger la grammaire et la ponctuation en précisant ainsi nos apports entre deux crochets. Nous avons choisi aussi de mentionner directement dans le corps du texte en langue anglaise nos citations tirées de documents d’archives anglophones et celles provenant d’historiens de cette origine avec la traduction française reproduite généralement en note de bas de page. La graphie des patronymes étant très variable, nous avons utilisé la forme la plus répandue, en spécifiant, les autres orthographes possibles suivant les cas. Nous avons respecté le nom des lieux de l’époque en donnant simplement entre parenthèses ou en note de bas de page leur nom actuel.
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Introduction
L’année 1789 s’ouvre en Martinique sur les reliquats de dissensions opposant les commissionnaires et commissaires du commerce de Saint-Pierre aux grands propriétaires d’habitations sucrières et caféières réunis au sein de 1 l’Assemblée coloniale où ces derniersà propos desont majoritaires l’imposition de 1788. La nouvelle répartition de l’assiette votée par cette assemblée et approuvée par l’ordonnance des administrateurs du 3 janvier 1788 2 avait fait pesé sur l’industriesoit toutes les activités liées au commerce, sur les libres de couleur et sur les esclaves des villes et bourgs, la majeure partie de l’impôt; les habitants, propriétaires fonciers, ayant été fortement ménagés. Devant la levée de boucliers des représentants du commerce, au nom des villes principalement et de leurs populationsquelques-uns, libres de couleur, dont ont «tellement été effarouchés de [cette] surcharge d’impôts» qu’ils «se sont 3 expatriés »–, une scission s’amorçait entre le négoce et l’agriculture. De nouvelles résolutions plus justes furent prises au début de l’année révolutionnaire etun rapprochement semblait s’opérer entre commissionnaires et membres de l’Assemblée coloniale. Cependant, la taxe sur les esclaves des villes et bourgs était maintenue à 33 livres « par tête » pour 1789 au lieu des 25 livres réclamées par les commissaires du commerce. En outre, la capitation des libres de couleur (de sexe féminin) était aussi confirmée à 25 livres « par tête » alors que les représentants du commerce souhaitaient un retour à 15 livres comme en 1787. Les libres de couleur de Saint-Pierre, en particulier, ne sont pas demeurés indifférents au problème posé par la répartition de l’imposition de 4 1788. Ils ont fait part de leurs inquiétudes aux commissaires du commerce . Si
1 L’Assemblée coloniale comptait 31 membres au nombre desquels figuraient «24 habitants sucriers » soit 77,41 % du total et « cinq caféiers et deux propriétaires de maisons des villes de 8A Saint-Pierre et du Fort Royal». Cf., A.D.M., Correspondance générale à l’arrivée, sous-série C 88-1788, microfilm 1 Mi 202-204, « Observations des commissaires du commerce de la Martinique sur le procès-verbal de l’Assemblée coloniale de cette île, rédigée le 14 janvier 1788, en vertu de la délibération de la dite assemblée, en date du 31 décembre précédent (Saint-Pierre, le 31 mars 1788) », f° 283 v°. 2 Des classes d’imposition avaient été créées et chaque individu devait payer une taxe selon le type d’activités qu’il effectuait (commissionnaires, commerçants en gros, libraires, huissiers, notaires, médecins, etc.). 3 « Cinquante et plus, tous ouvriers à talents » libres de couleur ont été peuplés cette colonie selon 8A les commissaires du commerce. Cf., A.D.M., Correspondance générale à l’arrivée, sous-série C 88-1788, microfilm 1 Mi 202-204, « Observations des commissaires du commerce de la Martinique sur le procès-verbal de l’Assemblée coloniale de cette île, rédigée le 14 janvier 1788… (Saint-Pierre, le 31 mars 1788) », f° 283 v°. 4 8A A.D.M., Correspondance générale à l’arrivée, sous-série C 88-1788, 1 Mi 202-204, « Observations des commissaires du commerce de la Martinique… (Saint-Pierre, le 31 mars 1788) », f° 311-311 v°.
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les libres de couleur exerçant un métier ont obtenu gain de cause avec le retrait de la taxe sur l’industrie, le nombre des femmes de ce groupe imposées 1 augmente singulièrement entre 1787 et 1789 avec la croissance du prix de la capitation et des efforts faits par l’administration coloniale pour mieux les 2 recenser . L’année 1788 et le début de celle qui suitsemblent donc ne rien présager de bon pour le groupe des libres de couleur. Devant l’impôt, le langage des commissaires du commerce s’était voulu rassembleurde toutes les forces vives des villes et bourgs. Le retournement sera tout aussi brutal en 1789-1790 lorsque certains libres de couleur vont porter d’autres revendications. La crise économique qui sévit en Martinique depuis 1787 n’est pas étrangère aux tensions qui perdurent dans la colonie entre « habitants» et négociants. D’un côté, le tremblement de terre du 20 janvier 1787 a fait pour un demi-million de livres de dégâts à Saint-Pierre. De l’autre, la destruction d’une partie des récoltes par l’ouragan du 14 août 1788 a contribué à réduire les manipulations sur le port. Cette catastrophe naturelle a fait de nombreux dommages matériels, 3 humains et détruit beaucoup de vivres ce qui a entraîné au début de 1789 « une crise alimentaire qui est à l’origine de très sérieuses remontrances présentées 4 par le Conseil supérieur le 6 mai » . De plus, le commerce français fut dans l’incapacité de fournir lesquantités de farine nécessaires à la suite de la « crise frumentaire consécutive à la mauvaise récolte de 1788et à l’hiver rigoureux qui 5 suit ». Les membres du Conseil supérieur avaient réclamé l’ouverturedes ports au commerce étranger ce qui accrut la tension entre les « habitants cultivateurs » et ceux des négociants ou commissionnaires qui voulaient profiter des prix élevés entre Saint-Pierre et les autres bourgs. L’ordonnance du 16 août 1788 prise par les administrateurs de la colonie facilita l’entrée des marchandises étrangères dans les nouveaux ports (Fort-Royal, Trinité, l’anse du
1 En 1787, les 1.583 femmes taxées à 15 livres par personne ont payé 23.745 livres coloniales. En 1788, les 1.732 femmes imposées à 25 livres ont déboursé 43.300 livres et en 1789 les 1.972 femmes ont acquitté 49.300 livres coloniales. Cf., A.D.M., Correspondance générale à l’arrivée, 8A sous-série C 90-1789, microfilm 1 Mi 205, « Ruste, Delhorme, Joyau et Fortier au ministre de la marine et des colonies (Saint-Pierre, le 28 février 1789) », f° 350 v° ; et, « Tableau de l’imposition de 1789, signé Guilhot de Rochepierre (6 mars 1789)», f° 261. 2 L’Assemblée coloniale avait conféré à deux receveurs le droit sur les esclaves des villes et bourgs et sur « les nègres et gens de couleur libres» (article XXIV de l’ordonnance du 3 janvier 1788). Il n’est pas à douter qu’ils eurent à vérifier les titres de liberté des libres de couleur et de ceux qui se disaient libres. 3 8B A.D.M., Correspondance générale à l’arrivée, sous16 (1785-1791), 1 Mi 1444, pièce-série C N° 154, «Décision relative aux secours alloués aux victimes de l’ouragan du 14 août 1788 (31 janvier 1789) ». 4e e Leo ELISABETH,La société martiniquaise aux XVII et XVIII siècles (1664-1789),Paris/Fort-de-France, Éditions Karthala/SHM (Société d’Histoire de la Martinique), 2003,p. 436. 5 Jean CARPENTIER et François LEBRUN (dir.),Histoire de France,[s. l.], Éditions du Seuil, édition mise à jour en 1998, pp. 237-238.
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