Les prémices du génocide Rwandais
287 pages
Français

Les prémices du génocide Rwandais , livre ebook

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287 pages
Français

Description

Un génocide constitue l'aboutissement d'un lent processus qui s'inscrit au cœur d'une situation socio politico-économique particulièrement défavorable. Reléguant au second plan le récit du génocide lui-même, cet ouvrage vise à mettre en lumière le contexte sociopolitique qui prévaut au Rwanda quatre ans avant la tragédie de 1994. Par ce travail de psychologie politique, l'auteur cherche à comprendre le pourquoi de la participation populaire à cette entreprise de destruction massive que fut le génocide rwandais.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 427
EAN13 9782296449497
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait










LES PRÉMICES DU GÉNOCIDE RWANDAIS
Crise sociétale et baisse de la cohésion sociale












Collection Racisme et eugénisme
Dirigée par Michel Prum

La collection "Racisme et eugénisme" se propose d'éditer des textes étudiant
les discours et les pratiques d'exclusion, de ségrégation et de domination dont
le corps humain est le point d'ancrage. Cette problématique du corps fédère
les travaux sur le racisme et l'eugénisme mais aussi sur les enjeux bioéthiques
de la génétique. Elle s'intéresse à toutes les tentatives qui visent à biologiser
les rapports humains à des fins de hiérarchisation et d'oppression. La
collection entend aussi comparer ces phénomènes et ces rhétoriques
biologisantes dans diverses aires culturelles, en particulier l'aire anglophone
et l'aire francophone. Tout en mettant l'accent sur le contemporain, elle
n'exclut pas de remonter aux sources de la pensée raciste ou de l'eugénisme.

Déjà parus

Claude CARPENTIER et Emile-Henri RIARD, Vivre ensemble et éducation
dans les sociétés multiculturelles, 2010.
Dominique CADINOT, Michel PRUM et Gilles TEULIE (dir.), Guerre et
race dans l’aire anglophone, 2009.
Michel PRUM (dir.), Ethnicité et Eugénisme, 2009. (dir.), La Fabrique de la « race ». Regards sur l’ethnicité
dans l’aire anglophone, 2007.
Lucienne GERMAIN et Didier LASSALLE (sous la direction de), Les
politiques de l’immigration en France et au Royaume-Uni : perspectives
historiques et contemporaines, 2006.
Xavier YVANOFF, Anthropologie du racisme, 2005.
Jean TOURNON et Ramon MAIZ (Sous la dir.), Ethnicisme et Politique,
2005.
Michel PRUM (dir.), L’Un sans l’Autre, 2005.
Frédéric MONNEYRON, L’imaginaire racial, 2004.
Michel PRUM (dir.), Sang-impur, Autour de la « race » (Grande-Bretagne,
Canada, États-Unis), 2004.
Martine PIQUET, Australie plurielle, 2004.
Michel PRUM (dir.), Les Malvenus, Race et sexe dans le monde anglophone,
2003.

Le Groupe de Recherche sur l'Eugénisme et le Racisme (GRER) a
précédemment publié, sous la direction de Michel Prum, trois ouvrages aux
éditions Syllepse :

Corps étrangers, Racisme et eugénisme dans le monde anglophone, 2002
La Peau de l'Autre, 2001
Exclure au nom de la race, 2000
Catherine Ukelo












LES PRÉMICES DU GÉNOCIDE RWANDAIS
Crise sociétale et baisse de la cohésion sociale



































L’Harmattan












































© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13598-7
EAN : 9782296135987
Avant-propos
En 1994, le Rwanda, petit pays au cœur de l’Afrique, était rendu
tristement célèbre en raison d’un génocide qui ravagea une grande
partie de sa population tutsi, mais qui fit aussi des victimes du côté
des citoyens hutu « modérés ». En un peu plus de trois mois, du 7
avril au 18 juillet, le gouvernement intérimaire autoproclamé de
Kigali sera responsable de près de 937'000 morts.
Le Front patriotique rwandais (FPR), sous le commandement du
général Kagame, mettra un terme au génocide. Cependant,
craignant les représailles d’un groupe armé dont les membres étaient
majoritairement des Tutsi, plus de deux millions de Hutu quitteront
le territoire rwandais pour trouver refuge dans les pays limitrophes,
la République démocratique du Congo et la Tanzanie notamment.
Parallèlement, un second mouvement migratoire se dessine. En
effet, nombre de Rwandais tutsi (ou descendants de ces derniers)
qui avaient fui le Rwanda dès la fin des années 1960 rentrent au
pays, profitant de ce que ni le gouvernement génocidaire (en fuite),
ni l’ex-gouvernement Habyarimana ne soient désormais en mesure
de les empêcher de revenir s’installer au Rwanda.
Aujourd’hui, cette tragique page de l’histoire rwandaise semble
tournée. Pourtant, elle suscite encore de multiples questions. Et
s’interroger sur les évènements qui ont endeuillé le Rwanda en
1994 nécessite, au préalable, d’examiner la notion même de «
génocide ».
S’inspirant des travaux du juriste juif Raphaël Lemkin, la
Convention 260.a des Nations Unies sur la prévention et la répression
du crime de génocide le définit comme l’un des actes ci-après,
commis dans l’intention de détruire – totalement ou en partie – un
groupe national, ethnique, racial ou religieux, à savoir :
a) le meurtre des membres du groupe ;
b) une atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale des
membres du groupe ;
c) la soumission intentionnelle du groupe à des conditions
d’existence devant entraîner sa destruction physique totale
ou partielle ;
d) des mesures visant à entraver les naissances au sein du
groupe ;
5e) le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Cette définition, qui résulte d’un accord politique passé entre les
emembres de l’ONU à la fin de la II Guerre mondiale, est loin de
faire l’unanimité parmi les chercheurs en sciences humaines et
sociales. En effet, ces derniers lui reprochent son manque de
précision ainsi que son incapacité à permettre la reconnaissance de
certains crimes de grande envergure, comme l’assassinat
d’individus en raison de leur appartenance à une classe sociale ou à un
parti politique. Sans compter le fait qu’elle ne permet pas non plus
de reconnaître les crimes que constituent les restrictions des
naissances dont ont fait l’objet les habitants de l’Inde durant les années
1960 à 1970 ou encore la destruction culturelle dont sont victimes
certains peuples (les Tibétains par exemple).
Si les chercheurs ne s’accordent pas nécessairement sur les
crimes que devrait permettre de recouvrir la définition du génocide,
bon nombre d’entre eux critiquent la nécessité qu’il y a de prouver
l’intention de détruire de la part des initiateurs d’un génocide.
L’intention, il est vrai, est un phénomène difficile à prouver et la
nécessité de pouvoir le faire est considérée comme une entrave
particulièrement importante à la reconnaissance d’un cas de
génocide. Or, si l’on adopte le point de vue de ces scientifiques, de
très nombreux génocides n’ont pas été reconnus en raison de cette
définition trop restrictive du génocide établie par l’ONU.
Afin de dépasser la problématique engendrée par une telle
définition, de nouvelles appellations ont été proposées par certains
chercheurs dans le but de faire reconnaître des crimes qui n’étaient
pas considérés comme desgénocides suivant la Convention de
1948.
On parle ainsi parfois d’ethnocide (Jaulin, 1970) pour désigner
une assimilation culturelle forcée (avec – ou sans – usage de la
violence), tandis que le terme de démocide (Rummel, 1986) est
quelquefois adopté pour souligner l’importance du massacre
perpétré contre une population. Gurr et Harff (1988) ont proposé
l’expression politicide, mais les termes de femmicide, culturicide et
urbicide sont aussi à relever.
Kuper, Chalk et Jonassohn ont adopté l’expression massacres
génocidaires ; Kuper propose par ailleurs la formule atrocités
apparentées au génocide pour désigner certains crimes.
Toujours dans l’optique de contourner une définition onusienne
qui ne les convainquit pas, de nombreux chercheurs proposeront
6leur propre définition du génocide. Certains d’entre eux, comme
Fein (1993), suggéreront de s’appuyer sur un certain nombre de

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