Mahmoud Harbi (1921-1960)

MOHAMED ALI

Description

Qui est Mahmoud Harbi ? Certains voient en lui le premier nationaliste djiboutien moderne en ce qu'il prône la fin de la domination coloniale, tandis que d'autres le décrivent comme un apostat, un intransigeant et aventureux apôtre d'un pansomalisme voué à l'échec. Quels que soient les buts qu'il s'assigne en disant non au référendum de 1958, Harbi pose pour la postérité les fondements du nationalisme djiboutien.

Sujets

• Colonisation
• Science politique
• Histoire

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2014
• Nombre de lectures: 19
• EAN13: 9782336336848
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Ali Coubba

Mahmoud Harbi (19211960)

Un nationaliste djiboutien ?

Mahmoud Harbi (1921-1960) Un nationaliste djiboutien ?

Du même auteur Djibouti , une nation en otage,L'Harmattan, 1993. Le mal djiboutien. Rivalités ethniques et enjeux politiques, L'Harmattan, 1995. L'Aleph-Ba-Ta : Récits de Tadjoura, L'Harmattan- Collection Encres Noires (Roman), 1998. Ahmed Dini, la vie politique à Djibouti, L'Harmattan, 1998. e Les Afar, de la préhistoire à la fin du XV siècle, L'Harmattan, 2004.

Ali Coubba

M AHMOUD H ARBI (1921-1960) Un nationaliste djiboutien ?

Je dédie ce livre à tous les hommes et femmes, de l’Ethiopie à l’Erythrée, en passant par Djibouti, qui ont contribué et contribuent dans des conditions politiques très difficiles à la diffusion de la langue et de la littérature afar : -Gifta Abdoulkader Reedo, GiftaDidier Morin GiftiEnid Parker GiftiHawthorn Gifti R.J. Hayward Illustration de couverture : Mahmoud Harbi, Archives de l’Assemblée territoriale djiboutienne, 1957-1958

© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-01364-0 EAN : 9782343013640

PRÉFACE

1 «Il y a une scène… » de Cassim Ahmed Dini Il y a dans ce livre une scène, admirablement restituée par Ali Coubba : celle où le jeune Mahmoud Harbi monte sur une table et harangue l’assemblée dont il sollicite le vote pour accéder à la présidence du Club de la Jeunesse Somalie et Dankalie. Il n’est pas excessif de penser que notre destin s’est en partie joué là. Le natif d’Ali-Sabieh à la coupe de cheveux distinctive a précipité la somnolente colonie dans une nouvelle dimension historique, celle dans laquelle l’émancipation est du domaine du possible. Il y a aussi une troublante analogie entre cette scène, digne du « serment du jeu de Paume » et cet ouvrage consacré à Mahmoud Harbi : l’oubli. Dans le premier cas, nul ne se souvient de la date exacte de cette réunion, pas même les rares survivants et il n’existe aucune archive se rapportant aux activités de cette association qui a pourtant joué un rôle capital dans la socialisation des élites indigènes. Dans le second, il aura fallu attendre plus d’un demi-siècle avant qu’un compatriote daigne enfin s’intéresser au premier citadin qui défia le colonialisme français. En un sens, cet acte d’exhumation procède d’une pensée tout aussi subversive que celle de son objet. Le lecteur se rendra à cette consternante évidence : ce livre n’aura pas beaucoup de compagnie sur l’étagère réservée à l’histoire politique de Djibouti. Encore plus consternant de voir que c’est en France que l’homme du « non » à la France est arraché à l’indifférence des siens : raccourci impitoyable de ce qu’est devenue

1 Politologue.

l’Indépendance usurpée par ceux qui ont le moins contribué à son avènement ! Enfin, aucun Djiboutien n’ignore que l’auteur est lui-même réfugié politique en France, l’ancienne puissance coloniale offrant asile aux victimes de l’intolérance des régimes néocoloniaux qui lui ont succédé, comme si notre Liberté s’en était allée en même temps que notre oppresseur. Comme en relief, en contraste, la parution de ce livre jette un éclairage encore plus aveuglant sur l’obscurantisme qui règne à Djibouti en matière d’historiographie et, plus généralement, dans la production du savoir. Une seule évidence, triste, suffit à montrer l’ampleur de la régression intellectuelle qui frappe cette société. Il existait, du temps de la colonisation, une excellente 2 revue d’études,Pount , consacrée à notre région et traitant de domaines aussi variés que l’anthropologie, l’ethnologie ou l’archéologie. De nos jours, toute liberté de recherche a disparu, en même temps que celle de l’expression. Sous toutes les latitudes, les sciences sociales ont toujours dérangé les tyrannies, celle qui règne à Djibouti depuis l’Indépendance n’échappe pas à la règle. En ce sens, cet ouvrage fait œuvre utile d’un double point de vue historiographique et politique : rappeler que cette terre a autrefois enfanté de grands hommes (et femmes), c’est inciter les vivants à mieux honorer les morts en se montrant dignes de leurs sacrifices. Remercions l’auteur qui n’en est pas à son coup d’essai : après un ouvrage d’entretiens consacré à Ahmed Dini poursuit un travail qui obéit à cette logique de réappropriation de notre Histoire collective. Ce qui peut sembler relever de l’action subversive car il combat à sa manière l’oubli de l’Histoire qui est un des fondements de l’usurpation politique. Plus grave (pour les tenants de l’amnésie bien sûr) est que, ce faisant, Ali Coubba réhabilite deux héros nationaux, d’origine ethnique différente et à l’envergure internationalement reconnue dans les milieux nationalistes et indépendantistes, africains et asiatiques des années 50-70.

2  Revue fondée en 1966 ayant eu 17 numéros entre 1966 et 1986. En 2007, il est réapparu sous le sous-titre « Cahier d'Etudes sur la corne de l'Afrique et de l'Arabie du Sud - (Djibouti, Erythrée, Éthiopie, Oman, Somalie, Yémen) ».

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Il appartient aux intellectuels conscients d’imposer un espace intellectuel et de produire un véritable Savoir. Paris (France), le 28 avril 2013.

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