Maximilien d Autriche au Mexique 1862-1867
219 pages
Français

Maximilien d'Autriche au Mexique 1862-1867 , livre ebook

-

219 pages
Français

Description

Sara Yorke Stevenson (1847-1921), scientifique et universitaire américaine, reçut une partie de sa formation en France. Pour des raisons familiales elle dut rejoindre sa mère au Mexique au moment de l'intervention française dans ce pays (1862-1867). Témoin privilégié des événements qui accompagnèrent la montée sur le trône impérial du Mexique de l'archiduc d'Autriche Maximilien, ainsi que de l'agonie du régime, elle fit paraître ses mémoires sur cette période en 1898.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 106
EAN13 9782296250703
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Maximiliend’Autriche
auMexique
1862-1867

New York
© 1897, 1898, 1899
The Century Co.

© L’Harmattan, 2010
5-7,rue del’Ecolepolytechnique,75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN:978-2-296-11337-4
EAN:9782296113374

Maximiliend’Autriche
auMexique
1862-1867

d’après les souvenirsde Sara YorkeStevenson

Traduitdel’anglais parRobertTubach

L’Harmattan

DocumentsAmériques latines
Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin

La collectionDocumentsAmériques latinespublie
témoignageset textesfondamentauxpourcomprendre
l’Amériquelatine d’hier, d’aujourd’huietde demain.

Déjàparus

FrançoisXavierEDER,Missionnaire enAmazonie.Récit
dudixhuitième siècle d’unjésuite au Pérou, enBolivie etdans les
réductions indiennes,2009.
PERSON E.,Vocabulaire hispanique deschansonsetdes
musiques populairescaraïbes,2007.
BRUNET V.,Chili.Sur les tracesdes mineursdenitrate,2006.
PRIETO M.,Mémoiresd’undiplomate...chilien,2005.
ROMERO F.,ManuelElkinPatarroyo:un scientifiquemondial.
Inventeurdu vaccindesynthèse delamalaria,2004.
DEBS Sylvie,Brésil,l’atelierdescinéastes,2004.
VILLANUEVA M.,Lepeuple cubainauxprisesavecsonhistoire,
2004.
HOSSARD N.,AlexandervonHumboldt&AiméBonpland –
Correspondance1805-1858,2004.
PACHECO G.,Contes modernesdesIndienshuicholesdu
Mexique,2004.
ABREU DA SILVEIRA M.C,Leshistoiresfabuleusesd’un
conteurbrésilien,1999.
EBELOT A.,La guerre dans laPampa.Souvenirset récitsdela
frontière argentine,1876-1879,1995.
TEITELBOIM V.,Neruda,une biographie,1995.
CONDORI P.,Nous,les oubliésdel'Altiplano.Témoignage d'un
paysandesAndesboliviennes recueilli parF.Estival.1995.
ATARD B.,JuanRulfo photographe,1994.
VIGOR C.A.Parole d'Indiendu Guatemala,1993.
WALMIR SILVA G.,Laplage auxrequins, épopée d'un
bidonville deFortaleza(Brésil) racontéeparundeseshabitants,
1991.

À la mémoire du señor Don Matias
ambassadeur du Mexique à Washington, 1882-1898.

Romero,

L’un des survivants du drame dont quelques épisodes sont
relatés ci-après.
Son approbation de cinq articles sur l’intervention
française et sur le règne de Maximilien, parus dans leCentury
Magazineen 1897, et son souhait le plus vif qu’ils « soient publiés
sous une forme plus permanente », m’ont conduite à présenter cet
ouvrage au public.
C’est avec la pleine conscience du rôle important que ce
patriote mexicain a joué en s’opposant à la politique agressive de
l’Europe sur ce continent que l’auteur tient à citer son nom en tête
de cet ouvrage.

PRÉLUDE

(N. du T. – Tout mot ou expression en italique suivi d’un * est écrit en
français dans le texte original.)

En proposant ces pages au public, je n’ai pas l’intention
d’écrire l’histoire du règne de Maximilien d’Autriche, ni de faire
le récit de la crise politique qui affecta le Mexique durant cette
période. Mon unique désir est de faire partager au lecteur un point
de vue dont l’intérêt vient du fait qu’il est celui d’un témoin
oculaire, un peu plus que banal spectateur d’une succession
d’événements qui se produisirent au cours d’un des épisodes les
plus dramatiques des temps modernes.
Les historiens ont trop souvent tendance à présenter leurs
personnages au public et à la postérité comme s’ils étaient des
acteurs sur une scène de théâtre– j’allaisdire comme des
marionnettes dans un spectacle –, totalement distanciés des actions
qu’ils accomplissent, et dont les voix n’expriment pas leurs
propres émotions. Ils apparaissent sous les lumières d’un destin
accompli, et leurs doutes, leurs faiblesses, sont dissimulés, tout
comme leurs tentations, derrière le décor et le rideau de scène dont
les enveloppent les historiens. Ces mêmes historiens, connaissant
par avance le dénouement des tribulations de leurs personnages,
les font inconsciemment détenteurs d’un savoir comparable au
leur. Ils se trouvent ainsi souvent crédités de projets très élaborés
et de motivations profondes qu’ils auraient peut-être été bienen
peine d’avoirà cemoment-là.
Pourceux qui vivaient prèsd’eux quandils faisaient
l’histoire, cesacteurs sont pleinement vivants:tout frémissants
des passions, des pulsionsdelavie; qu’ils soient poussés par
l’ambition personnelle,ou retenus pardesconsidérationségoïstes.
Cenesont pasdes personnagesdethéâtre, cesontdes hommesde
cemonde, dont lesactes publics,toutcomme ceuxdes hommes
quenouscôtoyonsaujourd’hui,sont influencés par leurs
sentiments,leursennuis familiaux,leurs préjugés,leurs rivalités,

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leur cupidité, leur vanité. Les circonstances de leur vie privée
stimulent ou freinent temporairement leur énergie et souvent lui
donnent un but nouveau ou inattendu, et le succès ou l’échec de
leurs entreprises apparaît comme la conséquence de leurs limites
en tant qu’individus, ou de leur ignorance personnelle des
conditions particulières avec lesquelles il leur a fallu se colleter,
ou de leurmyopieintellectuelle.
D’où l’importance des souvenirs personnels.Les potins
d’une époquefont partie del’histoire del’époquesuivante.On
peut toutefoisdéplorer que ceuxdont l’existenceplus ou moins
obscurese déroule en parallèle àla carrière d’un hommepublic
soient rarement suffisammentau faitdeschoses sur lemoment
pour notercorrectement leurs observationset leurs impressions.
Ces réflexions mevinrent quand, àla demande du
rédacteurduCentury,jepris maplumeunbeau soir, et réunissant
devant moi quelques vieilles lettres,photographiesetautres petites
reliques jaunies par l’âge,jemeplongeaiàfond dans les souvenirs
demesannéesdejeunesse etévoquai les fantômesd’amis
brillants, dont un grandnombre avaitdéjà disparu,n’ayant laissé
que des nomsécritsavecleur sang sur les pagesdel’histoire.
Tandis qu’ils surgissaientd’unabîme detrente ans, ces visages
bien présentsdans mamémoiremesouriaient familièrement,
chacunévoquant un souvenir.Ils formaient uncortège disparate :
des générauxaujourd’huidisparus, dont les noms sont révérés ou
honnis par leursconcitoyens ;des lieutenantsetdescapitaines qui
ontdepuis fait leurchemindans lemonde,ou sont morts,hérosau
cœurbrisé, devantMetz ouSedan ;des femmes qui semblaient
insignifiantes,maisdont les noms, dans le bouleversement général
des nations,ontdéfrayélapresseouacquis unenotoriété durable;
des soldats qui sontdevenusdes historiens ;des guérilleros qu’on
nommepompeusement généraux ;desaventuriers qui sont
devenusdes personnalités ;des personnalités qui ontdéchuau
rangd’aventuriers ;des souverains qui sontdevenusdes martyrs.
Ils reposaient tousau plus profond demamémoire,
enfouis sous lescendresdu passé commetoute cettepériode à
jamais révolue.Le drame dans lequelchacunavait jouéson rôle
m’avait semblépendantdesannéesaussi lointainet vaguequesi
jel’avais ludans un livreil yavait fort longtemps ;et pourtant,

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maintenant, comme tout cela m’apparaissait animé – animé d’une
vie qu’il est impossible de décrire!
J’avais làleurs photographieset leurs invitations,les
vieuxbilletset les versdemirliton qu’ilsavaient jointsàleurs
petitscadeaux – fleurs,musique,unbichonde LaHavane,ou le
prêtd’uncheval.Toutcela étaitbien vivant, bien réel,maintenant.
Ces hommes n’étaient pas pour moidesimples figures historiques
dont on parle dans les livres.Ilsavaient participé à desbatailles
historiques,ilsavaient fondéunempirehistorique bien
qu’éphémère; leursdéfaites,leurs triomphes,les «marchés »
qu’ilsavaientconclus,leurserreurs, étaientdésormais matériaux
historiques,mais malgrétoutcela,ilsétaient faitsde chairetde
sang, et lesévénements inouïsde cetépisode étrangement
pittoresque del’existence de ce continent semblaient sommetoute
assez naturels si l’onconnaissait un peuces hommes.
Le cortège défilait lentement,individus ou groupes,
chacun s’arrêtant unbref instantdans leflotdelumièreque
projetaient sur lui les souvenirs ravivés.Plusieurs portaientdes
uniformes – français, autrichiens, belges,mexicains.Certaines
dansaient joyeusement,riantet flirtant tandis qu’ils passaient.
D’autres semblaient rongés par les soucisetabsorbés par les
préoccupationsd’unesituation impossible et par la conscience
grandissante des responsabilités ingrates qui leur incombaientdu
faitdel’impéritie deleurschefsetdes manœ

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