Paco le rebelle

Emile Gines

Description

19 juillet 1936: Franco perpètre un coup d'État militaire contre la République espagnole. N'écoutant que leur courage, les civils volontaires – ouvriers, paysans, syndicalistes – prennent les armes. Trois ans de conflit plus tard, le pays s'enfonce dans la dictature... Parmi les combattants républicains, il y a Paco, qui a tout abandonné pour embrasser une lutte violente, terrifiante, qui se terminera, pour son camp, par la débâcle et l'exode en France... Une terre où les exilés vivront dans le mépris et la précarité, comme en ce camp d'Argelès-sur-Mer, où Paco connaîtra l'enfer... Un enfer dans lequel il trouvera néanmoins son salut en la figure de Julia, jeune femme au passé pour le moins trouble... À travers la trajectoire héroïque mais heurtée de son personnage, E. Gines jette une lumière crue et réaliste sur le sort des Espagnols et plus particulièrement des républicains au lendemain de la défaite. Et c'est plus précisément sur le "devenir français" de ces révoltés que porte l'attention de l'auteur, qui nous renvoie à une partie méconnue de notre passé, révélant les pans les plus sombres de l'histoire, qu'elle se situe de notre côté des Pyrénées ou de l'autre.

Sujets

• Exil
• Debacle
• Guerre civile
• Espagne
• Républicain

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 20 septembre 2012
• Nombre de lectures: 111
• EAN13: 9782748391282
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Paco le rebelle

Émile Gines Paco le rebelle

Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0117508.000.R.P.2012.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2012

« Tu laisseras toute chose le plus chèrement aimée : C’est là que le trait de l’arc de l’exil décoche le pre- mier. Tu éprouveras combien le pain d’autrui est amer, Et quel dur chemin est de monter et descendre par l’escalier d’autrui… »

DanteLa Divine Comédie

1 La journée avait été torride. Paco en avait beaucoup souffert. Cette chaleur lourde l’incommodait. Depuis ce jour, où son cœur l’avait lâché, il devait se protéger. Il s’y conformait, à regret. On lui concédait, généreusement, un chapeau à larges bords ou l’ombre d’un parasol. Quelle tyrannie, pour ce fils de l’Andalousie. Là-bas, le soleil s’invitait plus de trois cents jours par an. Au plus fort de l’été, le mercure dépassait allégrement les cinquante degrés. En Andalousie, le soleil est un ami, un complice, un fi- dèle compagnon des bons et aussi des mauvais jours. Il fait vibrer les cœurs, chanter les âmes et germer les mois- sons. Il adoucit la misère. Et, le dimanche, dans l’arène, il fait scintiller les habits de lumière. Paco était né à Séville, au début des années 1900, dans une famille de bourgeois aisés. Son père, Manuel Muñoz, occupait un poste important à la RENFE (Red Nacional de los Ferrocariles Españo- les) ; l’équivalent de notre SNCF. Il avait, pendant quelques années, assuré la direction du vaste domaine familial. Et un beau jour, sans que l’on sa- che très bien pourquoi, il lâcha les rênes pour intégrer la RENFE. C’est son père, Don Ernesto, qui reprit la direction de la finca. Il en confia l’exploitation à des métayers. Un étrange mystère flottait autour de cette passation de pouvoir, imprévisible et précipitée.

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Paco opta pour des études d’ingénieur. Son père, Don Manuel, en choisit le lieu. Ce serait Barcelone. Eduardo, de deux ans son cadet, s’orienta vers l’expertise-comptable. Ramón et Isabel étaient encore sur les bancs du lycée. On verrait plus tard. Paco était très attaché à son Andalousie natale. C’est là qu’il avait grandi, au milieu des vignes et des champs d’oliviers. Le récit de Paco me conduisait dans son sillage. Je dé- couvrais, avec lui, cette région du sud de la Péninsule. C’était captivant. Il la racontait avec le cœur ; c’est avec le cœur que je l’écoutais. Enfant, Paco était très attiré parla finca. Chaque fois qu’il le pouvait, il accompagnait son grand-père, Don Ernesto, au marché. Il se fondait dans cette ambiance, toute de bonhomie. Les gens s’exprimaient avec ce phrasé, typiquement andalou, qui élide la dernière syllabe. Dans la bonne humeur et l’atmosphère bruyante de vociférations, lesnegocios se faisaient. Lemercadode Séville se tenait chaque vendredi. On y trouvait, à peu près, tout ce qui s’élevait, se fabriquait et se produisait dans la province. Et derrière la Plaza Del Salvador, tout près d’ici, des ruelles pavées offraient un autre site. On plongeait dans les méandres de l’histoire. On re- montait le cours du temps. On rentrait dans l’intimité de Séville. On découvrait sa fabuleuse épopée, aux confins de la légende et du mythe. Séville, la Florence espagnole. Séville et ses musées connus du monde entier. La tour arabe de la Giralda. Le palais de l’Alcazar. Son port fluvial sur le Guadalquivir. Séville, et sesferiasSes inoubliables interminables. soirées, jusqu’au petit jour, bercées par les chants et les danses typiquement andalous. Au détour d’une ruelle, sur

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