Russie d hier et d aujourd hui
324 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Russie d'hier et d'aujourd'hui , livre ebook

-

324 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les Français nourrissent volontiers l'image d'une « Sainte Russie », chargée d'histoire et de tradition, mais ils sont en même temps souvent tentés de voir dans la Russie contemporaine une puissance énigmatique et inquiétante. Ainsi l'âme de la vieille Russie n'est-elle pas aussi celle qui anime un peuple que nous appréhendons chaque jour plus difficilement ? Cet ouvrage se propose d'analyser les relations qu'entretient la Russie avec la France, à la lumière d'approches historique, politique ou encore littéraire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2016
Nombre de lectures 30
EAN13 9782140017896
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Illustration de couverture :
Statue équestre monumentale de Pierre le Grand à Saint-Pétersbourg.
Le Cavalier de bronze ( Медный всадник ) fut commandé par Catherine II de Russie
au sculpteur français Étienne Maurice Falconet et inauguré en 1782 par Catherine II elle-même sur la place du Sénat.
Photo A. Pinot
Titre
Sous la direction de
Anne Pinot et Christophe Réveillard









Russie d’hier et d’aujourd’hui
Perceptions croisées




La publication du présent ouvrage a bénéficié du soutien du Centre de Recherches de l’ICES (CRICES).



Collection Intarissable dirigée par Jean-Pierre Deschodt


SPM
2016
Copyright
Les directeurs remercient tout particulièrement Thierry Claeys de l’UMR 8596 Roland Mousnier (CNRS – Université Paris Sorbonne), spécialiste des échanges franco-russes, pour sa relecture à la fois rigoureuse et bienveillante, attentive et passionnée.

Th. Claeys est par ailleurs codirecteur de la collection Inédits russes aux Éditions SPM.











© SPM, 2016
EAN Epub : 978-2-336770-25-3

Éditions SPM 16, rue des Écoles 75005 Paris
Tél. : 06 86 95 37 06
courriel : Lettrage@free.fr – site : www.editions-spm.fr

DIFFUSION – DISTRIBUTION : L’Harmattan 5-7 rue de l’École-Polytechnique 75005 Paris
Tél. : 01 40 46 79 20 – télécopie : 01 43 25 82 03 – site : www.harmattan.fr
Citation

Nikita Struve nous a quittés le 7 mai 2016, avant de voir paraître cet ouvrage. Qu’il nous soit permis de lui rendre ici humblement hommage. Agrégé de russe, professeur émérite à l’université Paris X, spécialiste de la littérature russe, traducteur, éditeur et ami d’Alexandre Soljenitsyne, fondateur de la revue en français Le Messager orthodoxe , auteur d’une œuvre riche et forte, il concentrait en lui passion et modestie, intelligence et courtoisie, exigence et bienveillance ; il était surtout animé d’une foi profonde qui lui permettait de pénétrer et de traduire la spiritualité russe. Son décès nous enlève l’homme cultivé et l’héritier d’une civilisation dont le charme nous était comme bienfaisant.

Anne Pinot et Christophe Réveillard
Préface Douce France et sainte Russie Jean-Louis Backès
En juin 1939, Marina Tsvetaïeva fait ses adieux à la France. Elle y a connu la gêne, l’inconfort, la solitude. Elle y a souffert. C’est n’est pourtant pas sans tristesse qu’elle s’en va. Un bref poème s’écrit, le 5 juin, à l’ombre de Marie Stuart.
Pour moi pas de pays
Plus doux que la France ;
Pour un long souvenir,
Deux perles sont données.

Elles sont sur mes cils.
Elles restent immobiles.
M’est donné le départ
De Marie Stuart.
Le titre est en français : « Douce France ». Expression traditionnelle ; voilà deux mots qui semblent faits pour aller ensemble. Ces deux mots ne se trouvent pas réunis dans le poème de Marie Stuart, pas plus d’ailleurs que n’y apparaît la triple répétition des mots « Adieu, France » dont Tsvetaïeva a fait l’épigraphe de son propre texte.
Adieu, plaisant pays de France,
Ô ma patrie
La plus chérie,
Qui as nourri ma jeune enfance.
« Plaisant » ne peut pas avoir toutes les harmoniques de « douce », parce que la formule qu’a retenue Tsvetaïeva est bien plus ancienne. Une longue tradition l’a fixée. Dire « douce France », c’est ranimer le souvenir des chansons de geste. Pour traduire l’épithète, ou pour au moins l’évoquer, la poétesse a choisi le mot « niejny », qu’elle met en italiques. Les dictionnaires rendent généralement « niejny » par « tendre », et non par « doux ». Les traducteurs russes, pour leur part, lorsqu’ils sont confrontés à l’expression « douce France », ont préféré « mily », qui, toujours selon les dictionnaires, correspondrait plutôt à « gentil » ou à « cher ». C’est la solution retenue par le traducteur de la Chanson de Roland , Iouri Korneïev, et aussi par les adaptateurs de récentes séries télévisées . Serait-il impossible de donner de « douce France » une traduction tout à fait exacte ? On a toujours l’impression que quelque chose fait défaut, que la justesse n’est pas atteinte.
Mais n’en va-t-il pas de même pour une autre expression d’allure intemporelle, celle que le français traduit par « sainte Russie » ? Cette fois, une seule traduction est possible, mais elle efface un trait important de la formule russe. L’adjectif ne fait pas question : « sainte » est bien l’équivalent de « sviataïa ». Mais le traducteur français ne peut pas ne pas savoir que sa langue le bride ; elle ne lui laisse pas le choix entre deux mots, qui rendraient différemment, l’un, le mot le plus courant, le mot officiel, « Rossia », et l’autre, le mot du temps jadis, le vieux mot presque immémorial, « Rous’ ». Or c’est ce mot-là, avec son allure un peu vieillie, qui donne à l’expression sa plus forte saveur. Par un étrange paradoxe, la couleur ancienne tient au nom, alors que, dans l’expression française, c’est l’adjectif qui la supporte. Certes, le mot « douce » est tout à fait vivant dans la langue moderne ; mais on sait qu’il a été au moins aussi fréquent dans la langue médiévale et qu’il y avait cours dans des domaines qu’il a un peu désertés depuis. On ne dit plus aussi facilement : « douce amie, doux ami » ; et c’est pourquoi on s’autorise parfois à lui imposer une graphie archaïsante ; on écrit : « doulce France ».
Les hommes et les femmes d’un pays peuvent-ils dire d’un mot, d’un adjectif, le sentiment qu’ils éprouvent à la pensée de leur pays, ou d’un autre pays, de ses hommes et de ses femmes ?
Dans un cas comme dans l’autre, il semble que le recours au passé, à un passé en partie rêvé, en partie chanté, soit un moyen de réussir la synthèse. Une expression vaguement archaïsante joue le rôle d’un symbole, ou d’un emblème.

La question de la synthèse se pose d’une autre manière lorsque sont réunis dans un même volume des essais qui étudient ce jeu d’images à partir de domaines très différents. Historiens de la politique, géographes, sociologues, historiens de la littérature, économistes, historiens des religions peuvent-ils saisir de la même façon leur objet commun, – ici la Russie et l’image que s’en font les Français ? L’un témoigne de ce qu’il a vu de ses yeux, d’un être singulier, admirable, qu’il lui a été donné de rencontrer et dont il garde un souvenir ému. L’autre analyse les textes rédigés, au cours de longues discussions, par des diplomates sourcilleux. Un autre propose des graphiques, avec des statistiques. Un autre écrit dans la marge des poèmes.
Comment l’unité se construit-elle ? Les auteurs vont-ils s’accorder sur une idée, sur une formule, sur un mot ? On pourrait souhaiter qu’ils n’y parviennent pas, tant sont redoutables les effets d’un syntagme figé, qui se transforme aisément en slogan, et pousse à la violence. Or les hommes de science, devant leur objet, font en principe taire leurs passions. Si l’impassibilité est difficile, ils préfèrent une attitude de sympathie, qui prend des formes diverses, selon qu’il s’agit du malheur d’un peuple ou du feu qui anime un poète.
Mais ils ont des lecteurs qui ne sont pas toujours sensibles à la nécessité de prendre des précautions. Ils ont des lecteurs qui s’enflamment, ou qui sont déjà convaincus. Ceux-là ont besoin de « formules portatives », comme disait Gide.
L’auteur d’un des grands livres français sur l’histoire de la Russie et sur la Russie de son temps, Anatole Leroy-Beaulieu, écrivait, avec sans doute une pointe de tristesse :
« L’histoire, la littérature, les institutions politiques et religieuses du Slave russe, nous les avons étudiées avec une ardente curiosité, nous attachant passionnément à saisir les traits de son caractère et de son génie national. Le gros public n’en continue pas moins à se forger une Russie de con

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents