La Femme de cire - Mémoires d un détective
117 pages
Français

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La Femme de cire - Mémoires d'un détective , livre ebook

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Description

New York, au XIXe siècle. Ada Ricard, jolie femme de moeurs légères au passé mystérieux, est enlevée au cours d'un bal costumé sous les yeux de son amant, le riche fabricant de biscuits Willie Saunders. Celui-ci utilise les services d'une agence de renseignements pour retrouver sa trace après avoir été éconduit par la police, mais en vain. La police finit cependant par s'intéresser à l'affaire lorsqu'un cadavre que de nombreux témoins identifient comme Ada Ricard est retrouvé dans le port de Brooklyn. Seuls la femme de chambre et James Gobson, le premier mari, réapparu fort opportunément, refusent de reconnaître la jeune femme enlevée. Le chef de la police inculpe Gobson... Les rebondissements se succèdent, mais le détective William Dow finira par débrouiller cet imbroglio...

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 282
EAN13 9782820608543
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Femme de cire - M moires d'un d tective
Ren de Pont-Jest
1883
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0854-3
Partie 1 UN CADAVRE ANONYME
Chapitre 1 UN BAL CHEZ ADA RICARD

Un soir de l’hiver de 1805, il y avait grandbal au n° 17 de la 23 e rue Est.
Ce mode de désignation des rues indique assezque nous sommes dans l’Amérique du Nord, où, sans doute par mesurede précaution contre les réactions politiques, on numérote presquetoujours les voies de communication, au lieu de leur donner desnoms de personnages qui, célèbres et bienfaiteurs de l’humanitéaujourd’hui, pourraient être voués aux gémonies par leursremplaçants de demain.
Nous ajouterons, pour préciser davantageencore, que notre drame se passe à New-York, la capitalecommerciale de cette gigantesque république fédérative que lesdémocrates nous citent comme un modèle d’institutions libérales,bien qu’on y pende ceux qui rêvent l’émancipation des esclaves, etque les noirs, les hommes de couleur eux-mêmes, ne puissents’asseoir, ni au théâtre ni dans les voitures publiques, là où seplacent les blancs.
Mais, aux États-Unis, contrée par excellencedes contradictions sociales, politiques et religieuses ; paysoù vivent côte à côte toutes les civilisations et toutes lesbarbaries ; où la faillite est une institution et le revolverun article du code ; où on se marie le soir pour divorcervingt-quatre heures plus tard ; où un dentiste se fait à songré chef de secte ou banquier ; où la population se doubletous les vingt ans depuis un siècle ; où on met en actions deslacs de pétrole et des sources de lait condensé ; où il paraîtquotidiennement un milliard d’exemplaires de journaux, c’est-à-diretrente et trente-cinq exemplaires par habitant ; où le plusignare se proclame impunément jurisconsulte ou médecin ; où lavie humaine n’est rien, mais l’argent tout ; où la finjustifie les moyens ; où la jeune fille présente à son pèrel’homme qu’elle a épousé, alors même que le chef de famille n’ajamais entendu prononcer le nom de son gendre ; où le flirtageest l’école de la prostitution ; mais aux États-Unis,disons-nous, terre promise des aventuriers et des déclassés, on nedemande à nul d’où il vient ni ce qu’il a été ; on nes’informe que de ce qu’il a et de ce qu’il veut être. À ce titre,les démagogues ont cent raisons pour une d’en admirer les coutumeset les mœurs.
C’est donc à New-York que nous conduisonscette fois nos lecteurs, au n o 17 de la23 e rue, chez miss Ada Ricard, la nouvelle étoile dumonde galant de la grande cité américaine, mais étoile dont lesprofanes ne connaissaient l’éclat que par reflet, car son existenceétait enveloppée de mystère et on ne la rencontrait jamais dansaucun lieu public.
Tout ce qu’on savait du passé d’Ada Ricard,c’est qu’elle avait été mariée à un riche négociant de Buffalo,James Gobson, personnage ivrogne et brutal, dont elle étaitparvenue à secouer le joug grâce la cour des divorces, mais qui luiavait laissé certains souvenirs ineffaçables de sa tendresse.
Gobson, en effet, qui adorait sa femme et enétait fort jaloux, l’avait un jour si maltraitée qu’elle n’étaitsortie de cette scène violente qu’avec une oreille déchirée et unedent de moins.
Ada Ricard cachait, il est vrai, sous un grosdiamant, la cicatrice de sa mignonne oreille ; mais elle avaittoujours refusé de remplacer la perle qui manquait à l’écrin de seslèvres roses.
– De cette façon, disait-elle, jen’oublierai jamais ce que peut coûter un mari, et lorsque quelquefolle ambition ou quelque sot amour serait sur le point de me faireperdre la mémoire, il me suffira de m’adresser à moi-même unsourire dans une glace pour me rappeler le passé.
Armée de la sorte contre ses propresfaiblesses, la jeune femme s’était lancée hardiment dans la viegalante. Riche de dix à douze mille dollars que son mari avait dûlui restituer, elle avait débuté par les dépenser jusqu’auxderniers pour s’installer luxueusement, sachant bien que leshommes, dans leur orgueil, n’attachent pas moins de prix à lasplendeur du temple qu’aux charmes de l’idole.
Cela fait, n’ayant plus pour tout capital quesa beauté, elle s’était bien gardée d’en disposer en faveur dupremier venu ; elle avait attendu patiemment, se montrant àpeine, refusant absolument tous les hommages, jusqu’au jour où uncertain Thomas Cornhill, propriétaire d’inépuisables puits depétrole, lui avait paru digne de son cœur.
Malheureusement, moins de trois mois après cemariage de la main gauche, Thomas Cornhill avait passé subitementde vie à trépas, et miss Ada s’était trouvée veuve, avec cent milledollars d’argent comptant, il est vrai, et une somme égale enbijoux, tant elle avait bien employé son temps.
Ada porta le deuil de ce premier amant pendantquelques semaines, puis d’un esprit essentiellement pratique, ellerenouvela le personnel de sa maison, avant d’accepter pour nouveauseigneur et maître Willie Saunders, richissime fabricant debiscuits, qui s’était immédiatement présenté pour succéder aupauvre Cornhill.
Elle remplaça même sa femme de chambre par unebelle et intelligente fille, Mary Thompson, qui était arrivée del’Ouest peu de temps après la mort de Cornhill, ne connaissaitpersonne à New-York, ni rien des anciennes amours de l’ex-MadameGobson, et s’était présentée juste à point au moment où la placeétait vacante.
Lorsque Willie Saunders apprit que seshommages et ses bank-notes étaient enfin agréés, il entra donc dansune maison relativement vierge, ce qui le flatta beaucoup.
C’était un gros homme d’une cinquantained’années, sensible, simple et vaniteux. Il adorait vraiment Ada ets’en crut bientôt tendrement aimé.
Aussi, tout à ses caprices, n’avait-il faitquelques observations que pour la forme, lorsque sa maîtresse luiavait parlé du bal qu’elle voulait donner.
D’abord, c’était là une fête qu’autorisaientmédiocrement les mœurs américaines ; de plus, Saunders étaitfort jaloux. Il savait la jeune femme poursuivie par maintssoupirants, surtout par un certain Edward Forster, colonel del’armée fédérale et l’un des plus séduisants gentlemen du high-lifenew-yorkais.
Or, si convaincu que voulût être le bravemarchand de biscuits de l’amour et de la fidélité d’Ada, ilsupposait naturellement que ses adorateurs, Forster tout lepremier, profiteraient de la soirée pour se rapprocher d’elle plusqu’il ne le désirait, et cela le troublait fort.
Mais la jolie pécheresse s’y prit siadroitement que le gros Saunders ne résista pas longtemps.
C’était d’ailleurs une merveilleuse fille etle millionnaire bourgeois avait affaire à forte partie.
Grande, admirablement campée sur les hanches,blonde avec de grands yeux d’un bleu d’acier, des pieds et desmains d’enfant, une bouche sensuelle et rieuse, effrontée et necraignant rien, Ada Ricard était bien faite pour plaire à cesacheteurs d’amour qui, de l’autre côté de l’Océan pas plus qu’enEurope, n’ont de temps à perdre en marivaudage.
Une seule chose inquiétait parfois la jeunefemme au milieu de sa nouvelle existence, c’était le souvenir deson ex-mari. Ayant gardé mémoire de ses brutales amours et de sajalousie, elle ne se rappelait pas sans terreur qu’il avait juré dese venger de son abandon.
Cependant, depuis le règlement de ses comptes,elle n’avait plus entendu parler de lui.
Ses amis de Buffalo eux-mêmes ne savaient tropce qu’il était devenu. Un beau matin, il avait réalisé sa fortuneet s’était dirigé vers l’Ouest. Les dernières nouvelles qu’on enavait eues étaient datées de San Francisco, où il vivait,disait-on, dans le plus grand désordre, courant les tripots et lesmauvais lieux, cherchant bien évidemment à s’étourdir, àoublier.
Ada Ricard, qui tenait du brave Saunders cesrenseignements, était donc dans la quiétude la plus parfaite. Aussijamais n’avait-elle été plus gaie ni plus séduisante que ce soir-làoù elle recevait ses invités.
Le bal de la courtisane étant travesti etmasqué, maintes femmes du vrai monde s’y étaient hasardées afin devoir de près cette mystérieuse et dangereuse beauté qui menaçait decoûter à chacune d’elles un mari ou un amant.
Vers onze heures, les salons de l’ex-mistressGobson présentaient un coup d’œil vraiment pittoresque.
Toutes les époques, toutes les classes de lasociété, toutes les légendes y avaient leurs représentants, depuisles compagnons d’armes de Christophe Colomb jusqu’aux trappeurs duFar-West, depuis Méphistophélès jusqu’à l’arlequin vénitien. Ducôté des femmes

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