Le crime du mort
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Français

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Description


LE CRIME DU MORT


À Rochebourg, Me Fouque, notaire, s’inquiète de l’absence de son clerc, Georges Vidal.


Parti à sa recherche, il croise le chemin du docteur Fouace qui, apprenant l’étrange disparition, crie à l’assassinat et désigne, comme meurtrier, Jean Cabri, un marginal vivant seul dans sa ferme familiale.


La police est rapidement chargée de l’affaire et le célèbre commissaire Rosic, de passage dans la région, est convié à participer à l’enquête.


Tous les éléments démontrent la culpabilité du fameux Cabri et ce dernier est promis à la peine capitale.


Mais, Jacques Vix, un millionnaire excentrique, camarade de tranchée de Jean Cabri, fait son apparition, clamant l’innocence de son ami.


La déclaration n’ébranlerait aucunement le commissaire Rosic, si le riche homme ne l’avait déjà désavoué, à raison, dans une confrontation précédente...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373471403
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couve

Commissaire Rosic

LE CRIME DU MORT

Roman policier

 

par Rodolphe BRINGER

 

D'après la version publiée sous le titre « Le crime du mort » dans la collection « Le Roman Policier » aux éditions « Ferenczi & Fils » en 1920.

I

UN CRIME MYSTÉRIEUX

 

CE jour-là, sur le coup de neuf heures et demie, Me Fouque, notaire à Rochebourg, descendit à son étude, frais et rose, rasé de près, élégamment vêtu d'un complet de couleur claire qui faisait agréablement valoir ses formes replètes et rondelettes, et tout guilleret, tout content de vivre, tout heureux d'être notaire, de posséder une étude qui faisait de bonnes affaires et ajoutait une vingtaine de mille francs à ses quinze mille livres de rente personnelles.

Donc, ce jour-là, sur le coup de neuf heures et demie, quand Me Fouque pénétra dans son étude, il fut assez surpris de trouver vide la place qu'occupait d'ordinaire son maître clerc, qui eut dû se trouver là, depuis huit heures et demie du matin.

Et, s'adressant au petit saute-ruisseau, qui écrasait son nez contre les vitres de l'étude, tout en se bourrant de mies de pain.

— Où donc est M. Vidal ?

Le saute-ruisseau fit un effort pour avaler la bouchée de pain qui lui obstruait la gorge, puis, d'une voix pâteuse :

— Il n'est pas encore arrivé !...

— Comment, pas arrivé... à neuf heures et demie !...

Et, tout soudain, une grosse inquiétude le poignit. M. Vidal serait-il malade ?... Ce ne serait pas à faire !... Justement ce jour-là, il y avait assez de travail à l'étude, et si M. Vidal n'était pas là, serait-il obligé, lui, de rester à l'étude ?

— Vite, fais un saut jusque chez M. Vidal, et vas un peu voir pourquoi il n'est pas venu !...

Le saute-ruisseau prit sa casquette et fila tel un zèbre.

Me Fouque se laissa tomber sur son fauteuil notarial ; toute sa bonne humeur s'était évanouie ; il flairait la catastrophe.

Heureusement qu'il n'y a pas loin de la place aux Herbes, où se trouve l'étude, au quartier de la Guinguette où demeurait M. Vidal, et, pour une fois, le saute-ruisseau n'avait pas musé en route.

Tout de suite il fut là, essoufflé, ayant sans doute couru tout le long du chemin, et ce fut d'une voix hoquetante qu'il dit :

— La maison de M. Vidal est fermée... Mlle Catalogne est en voyage... il n'y avait personne !...

— Qu'est-ce à dire ?... fit Me Fouque tout pâle.

Car enfin, si M. Vidal n'était pas chez lui, où pouvait-il se trouver à cette heure, puisqu'il n'était pas à l'étude ?...

Rochebourg n'est, en somme, qu'un gros village, et Me Fouque savait bien que son maître clerc n'avait que trois endroits à aller : chez lui, à l'étude et au café des Platanes ; or, on ne va pas au café des Platanes à neuf heures du matin...

Il y avait bien encore les Malar où M. Vidal se rendait souvent et pour cause, vu qu'il était fiancé avec Mlle Malar ; mais on ne va pas voir sa fiancée à une heure aussi matinale !...

Qu'est-ce que tout cela voulait dire ?...

— Je vais voir moi-même !...

Ayant pris la rue du Grand-Prieuré, puis celle du Four, Me Fouque se dirigea vers la Guinguette ; c'était au bout de ce quartier, presque dans la campagne, dans la dernière maison du chemin du Rhône que demeurait en garni le maître clerc.

Mais quand il fut arrivé devant la maison de Mlle Catalogne, il constata qu'elle était fermée et c'est en vain qu'il sonna et frappa à la porte, nul ne vint ouvrir.

Simplement, le père Placide, un maraîcher qui demeurait en face, mit son nez à la porte et regarda ce qui se passait.

— Vous n'avez pas vu M. Vidal ?... lui demanda Me Fouque.

— Ma foi, pas depuis hier au soir !...

— Et ce matin ?...

— Je suis à peu près sûr qu'il n'est pas sorti encore de chez lui.

— Pourtant !...

Et Me Fouque haussa les épaules ; puisqu'il n'était pas chez lui, il fallait bien qu'il en fût sorti.

Et il se dirigea vers le café des Platanes, qui s'érigeait sur le Champ-de-Mars.

À cette heure, il était vide, et une fade odeur de pipe, d'alcool et de bière aigrie en parfumait l'atmosphère. Jeannette, d'un balai paresseux, en balayait le sol maculé de bouts de cigarettes et de sciures de bois.

— Vous n'avez pas vu M. Vidal ? lui demanda Me Fouque.

— Pas même hier au soir !... Ces messieurs l'ont attendu jusqu'à dix heures pour le poker, mais il leur a faussé compagnie !...

— Merci !... fit Me Fouque, qui se dit en lui-même :

— Il a dû passer la soirée chez les Malar !...

Et il se dirigea vers l'avenue de la Gare, dont la villa des Malar était l'orgueil.

Tout le monde y dormait encore, ou du moins Mme et Mlle Malar n'étaient pas encore descendues de leur chambre ; mais Gabi, la bonne, voulut bien apprendre à Me Fouque que la veille, pas plus que ce matin, M. Vidal n'avait paru à la maison.

Me Fouque était atterré, il faisait, à cette heure, une si grise mine, que le docteur Fouace, maire de Rochebourg qui venait vers lui, se rendant à la gare, en fut frappé.

— Hé !... Que vous arrive-t-il donc, notaire ?...

— Il m'arrive, répondit Me Fouque, que je ne puis arriver à mettre la main sur mon maître clerc...

— M. Vidal ?...

— Je le cherche depuis une heure et ne le trouve en aucun des endroits où il devrait logiquement se trouver !...

— Diable !... Voilà qui est grave !...

Le docteur Fouace, maire de Rochebourg, était un homme d'une imagination ardente : dans son petit crâne d'oiseau, les idées fusaient comme pièces de feu d'artifice ; tout de suite, la révélation de Me Fouque lui suggéra mille pensées, toutes, d'ailleurs, plus extravagantes les unes que les autres ; mais il s'arrêta à une seule, la plus sage, sans doute, et c'était que M. Vidal avait été assassiné.

Et il le révéla à brûle-pourpoint au notaire :

— Pensez-vous ?...

— Dame !...

— Mais quel intérêt... et qui ?...

Cela n'était pas pour embarrasser le docteur Fouace qui n'eut à prononcer qu'un nom :

— Jean Cabri !...

— Fichtre !... fit Me Fouque.

Mais le maire de Rochebourg était déjà parti en campagne :

— Ne nous emballons pas, fit-il gravement... il faut voir... il faut enquêter... Ma foi, j'allais voir le père Gachon... mais il n'est pas si malade que cela et peut attendre... Courons au plus pressé...

Et, rebroussant chemin, il revint vers le village...

En route, il avertit Huguin, le serrurier, de se tenir prêt avec ses rossignols ; puis il courut à la gendarmerie, envoya un galopin chez le juge de paix et le greffier ; enfin, toujours suivi de Me Fouque qui s'essuyait le front, écrasé par cet événement improbable, il se rendit à la Guinguette.

Le quartier était calme, car on ne s'y doutait encore de rien.

Cependant, Huguin avait ouvert la porte, et les autorités s'étaient ruées vers l'intérieur.

Au rez-de-chaussée, rien d'étrange : le petit corridor, avec à droite la cuisine et à gauche la petite salle à manger-salon de la propriétaire, ne trahissaient rien d'anormal.

On monta au premier étage ; c'était là, de l'autre côté de la chambre de la vieille fille, que M. Vidal avait loué deux pièces qui se trouvèrent fermées à clef et que Huguin eut vite fait d'ouvrir.

Le gendarme poussa les volets et toute l'assistance s'attendit à ce que quelque lugubre spectacle s'offrit aux regards épouvantés ; mais il ne se produisit rien de tout cela ; la chambre était fort en ordre, le lit n'était même pas défait et rien n'indiquait que dans ce logis, comme on s'y attendait un peu, un crime eut été commis.

Le juge de paix, qui était un esprit fort et n'aimait pas M. le docteur Fouace, prit un petit air goguenard et prononça :

— Votre imagination vous a égaré, monsieur le maire... vous voyez...

— Je vois, en effet, que M. Vidal n'est pas là !...

— En effet !...

— Et alors, où peut-il être ?...

— Cela...

— Vous n'en savez rien !... Eh bien, moi, je vais vous le dire... Il a été assassiné par Jean Cabri, et son cadavre, à cette heure, doit être abandonné sur les bords du Rhône ; à moins, ce qui est plus probable, qu'il ne flotte dans les remous du fleuve...

— Croyez-vous... ?

— Dame !... Si M. Vidal était parti en voyage, il en aurait averti son patron, Me Fouque ! Pour que ce clerc de notaire, sur qui il n'y a rien à dire, ait disparu, il faut qu'il ait été assassiné !

Et ce fut à ce moment que le gendarme Barthalasse vint dire à M. le maire :

— Il y a là Gustou, de la Bocquerelle, qui désirerait vous dire un mot.

— Amenez-le !...

Et on amena Gustou ; c'était un garçon de ferme, employé à la Bocquerelle qui est une grosse propriété sur les bords du Rhône ; et, ayant ôté sa casquette, il dit :

— Hier au soir, j'ai rencontré, sur le coup de neuf heures, M. Vidal qui se dirigeait vers la Fayarde !...

M. Fouace triompha, et écrasant le juge de paix de son regard victorieux :

— Qu'est-ce que je vous disais ?... Est-ce assez clair !... Voilà un garçon qui a vu M. Vidal se diriger...

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