Eloge de la médecine coloniale
247 pages
Français

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Eloge de la médecine coloniale , livre ebook

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Description

L'auteur, ancien médecin du service colonial, a fait toute sa carrière en Afrique et à Madagascar au service des populations civiles, en milieu rural et urbain. Après avoir rappelé des faits marquants de la lutte contre les épidémies qui ravageaient ces pays avant l'arrivée de la médecine moderne, et les grands noms de l'histoire médicale d'outre-mer depuis le XIXè siècle, il livre son expérience de médecin de terrain à partir de 1960 et donne son analyse des problèmes sanitaires et de développement que connaît l'Afrique actuellement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 167
EAN13 9782336270647
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Eloge de la médecine coloniale
Regard sur la santé en Afrique

André Audoynaud
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296115248
EAN : 9782296115248
«Certaines vérités sont antipathiques mais elles n’en demeurent pas moins des vérités. »
OSWALDO DE RIVERO
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Epigraphe AVERTISSEMENT INTRODUCTION I - ÉLOGE DE LA MÉDECINE MILITAIRE FRANÇAISE OUTRE-MER II - LA COLONISATION : UNE ENTREPRISE RÉUSSIE ? III - LA DÉCOLONISATION : LE DÉSASTRE IV - LA SANTÉ SE DÉGRADE V - ÉTAT DES LIEUX VI - LE DÉSENGAGEMENT DE LA FRANCE VII - FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL ET BANQUE MONDIALE : LES PRÉDATEURS VIII - L’OMS ET LA SANTÉ EN AFRIQUE IX - LES HUMANITAIRES X - L’AIDE INUTILE XI - AIDE À LA SANTÉ XII - PROBLÈMES SANITAIRES DU DÉVELOPPEMENT XIII - UN AVENIR POUR LA SANTÉ XIV - SAUVONS L’AFRIQUE AVANT LA PLANÈTE XV - DES RAISONS D’ESPÉRER ? CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
AVERTISSEMENT
J E SUIS un ancien médecin des armées, médecin du corps de santé colonial. J’ai vécu vingt-cinq années de ma vie en Afrique et à Madagascar, tant en brousse qu’en milieu urbain, en position hors cadres, c’est-à-dire au service exclusif des populations civiles.
J’ai fait mon métier de médecin, et à ce titre, je pense pouvoir affirmer le rôle positif de cette présence française outre-mer. Alors que des attaques incessantes et partiales à l’encontre de la colonisation portent, de par leur caractère globalisant, un préjudice à notre action, nous devons être capables d’affirmer haut et fort le rôle positif de la médecine militaire en Afrique. Et je ne vois pas là matière à scandale.
Alors, n’en déplaise à certains religieux ou laïcs, intellectuels ou politiques, moi « toubib », je ne suis pas prêt à demander pardon et à faire repentance.
Mais osons le dire ! Les dirigeants actuels de notre ancien empire colonial sont peu sensibles à notre logique comptable qui consiste à aligner le nombre d’hôpitaux, d’Instituts Pasteur, de maternités, de dispensaires construits pendant la colonisation et laissés en héritage. Dans leur mémoire, prévaut une vision de leur histoire contemporaine nourrie d’une sémantique caractérisée : humiliation, dignité bafouée, souffrance, agression. Ils considèrent même comme insultant d’aborder le problème de la colonisation, quels qu’en soient ses aspects, et ce qu’elle a pu apporter de positif. Qu’avons-nous à leur opposer ?
De grands noms de la médecine coloniale et autant de grandes découvertes qui ont marqué à jamais le continent africain : Calmette et le BCG ; Yersin et le bacille de la peste ; Laveran et l’hématozoaire du paludisme; Girard et Robic et le vaccin antipesteux ; Jamot, qui, avec ses équipes mobiles, fut le sauveur de l’Afrique ; Simond, Richet, Lapeyssonnie, etc. et notre mémoire plus récente. Avons-nous, aujourd’hui, nous anciens médecins militaires du corps de santé colonial, le choix entre indifférence et indignation ?
Choisir d’être indifférents, ce serait bafouer notre mémoire, et nous associer aux sycophantes de tous bords dont beaucoup agissent, animés d’arrière-pensées plus ou moins avouables. Il nous faut condamner les amalgames simplistes et réducteurs, et convenir que l’indignation s’impose. Elle s’impose tout simplement parce que notre époque est ivre d’ignorance et n’a de mots que pour justifier ou accuser. Si j’entends, un jour, le mot repentance, je suis prêt à vanter notre glorieuse histoire en Afrique. Mais je suis également prêt à entendre les Africains et mes collègues médecins, car il est bien certain que notre présence outre-mer n’a pas eu que des effets positifs.
Mais parce qu’ils m’ont largement récompensé pour tous les services que je leur ai rendus, parce que j’ai peine à voir la situation sanitaire actuelle de l’Afrique, parce que j’ai ce continent au cœur, je peux à mon tour leur demander de bien vouloir écouter ma modeste parole, car il faut avoir aussi le courage d’entendre toutes les vérités.
INTRODUCTION
A UJOURD’HUI, je me souviens. Mais comment tout raconter ? C’est impossible. Aussi, je ne retiendrai que les souvenirs les plus présents et les événements les plus marquants, ceux qui permettent de mieux comprendre comment la santé en Afrique, aujourd’hui sinistrée, en est arrivée là.
D’abord, quelques vérités à inscrire dans le registre des évidences :
Avant l’arrivée des médecins militaires en Afrique, à la fin du XIX e siècle, les populations précoloniales subissaient épidémies et endémies (maladie du sommeil, paludisme, fièvre jaune, lèpre, variole etc.) et la médecine traditionnelle était impuissante à enrayer les fléaux qui ravageaient régulièrement ces régions. C’est donc tout simplement pour des raisons humanitaires qu’il fallait fournir une assistance aux indigènes.
En 1960, au moment des indépendances, la révolution introduite par la médecine coloniale au cours du début du xx e siècle avait porté ses fruits, même si les plus pauvres et les plus démunis payaient toujours le plus lourd tribut. L’évolution démographique avait permis, entre 1900 et 1960, de multiplier le chiffre de la population par huit, les grandes endémies étaient vaincues. La médecine coloniale laissait en héritage un système de santé extrêmement performant.
Aujourd’hui, en ce début du XXI e siècle, cinquante ans après les indépendances, même si l’on n’est pas revenu au point de départ, partout la situation sanitaire s’est dégradée, elle est même carrément devenue en certains endroits apocalyptique : cette dégradation incompréhensible témoigne de l’incapacité des États africains à gérer les problèmes sanitaires de leurs propres pays. Pour utiliser un langage médical, l’Afrique, même sous perfusion, « se meurt d’un suicide assisté ».
Tout en nous interrogeant pour savoir où se situent les vraies responsabilités, nous jetterons un regard nouveau sur ce que fut la médecine coloniale, son originalité, sa modernité, afin de déterminer si elle ne peut pas être considérée comme l’un des éléments positifs de la présence française outre-mer.
Voici la réponse apportée par le professeur Alexandre Minkowski, en 1991, alors qu’il était secrétaire d’État à l’Action humanitaire : « Il existait avant la guerre une très grande médecine coloniale française. Peut-être est-ce même ce qu’il y a eu de plus positif dans la politique coloniale » 1 . Il n’est pas question de faire l’apologie de la colonisation, mais il n’est pas interdit non plus de regarder le passé avec objectivité : ce qui permettra de rappeler ou de mieux faire connaître l’action du corps de santé colonial qui a été bien escamotée; puis de s’interroger aussi sur le présent avec lucidité pour faire un constat peu reluisant de la situation actuelle de la santé en Afrique ; de questionner, enfin, l’avenir afin de répondre avec courage et humilité à des questions difficiles mais cruciales sur le développement humain au XXI e siècle, afin que l’Afrique se « refasse une santé » 2 .
Car une question cruciale mérite d’être posée : les pays riches ont-ils vraiment envie d’aider l’Afrique à se développer ? Je n’en suis pas persuadé. Les Africains, eux-mêmes ont-ils réellement envie de s’en sortir ? En matière de santé, intègrent-ils dans leur réflexion les échecs d’un passé récent ?

Nos destins sont liés car, bientôt, ils seront plus d’un milliard sur un continent, plus ou moins abandonné, mais que l’on ne peut ignorer au nom d’un principe simple, celui de la solidarité à l’égard de ceux qui souffrent. Ne pas le faire, « c’est humainement insupportable, moralement inacceptable, et politiquement dangereux », comme l’a dit notre ex-ministre de la Coopération, madame Brigitte Girardin. Cependant, il faut peut-être les aider par des moyens différents de ceux qui ont été utilisés jusqu’à présent !
Pourquoi ? Madame Berthoud, journaliste à RFI, a parcouru l’Afrique pendant de nombreuses années. Que dit-elle ?
« Au cours de cette longue expérience, je suis révoltée de constater que malgré les promesses des grandes organisations internationales, malgré les discours et les engagements politiques, rien n’a changé en trente ans » 3 .

Aussi, avant de m’engager dans un plaidoyer pour la santé, facteur essentiel pour un développement durab

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