L OMS et le paludisme
187 pages
Français

L'OMS et le paludisme , livre ebook

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187 pages
Français

Description


Collection : Acteurs de la Science

"Faire reculer le paludisme", tel est aujourd'hui le slogan et l'objectif de l'OMS ; un constat désastreux pour cette agence spécialisée des Nations Unies dont l'objectif initial était l'éradication mondiale de la malaria. S'appuyant sur sa longue expérience au service de l'OMS, l'auteur qui a organisé la campagne d'éradication du paludisme à l'île Maurice - campagne couronnée de succès - porte un jugement sévère sur la politique de l'Organisation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2005
Nombre de lectures 140
EAN13 9782296395626
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'OMS ET LE PALUDISME
Mémoires d'un médecin spécialiste de la malariaActeurs de la Science
Collection dirigée par Richard Moreau
La collection Acteurs de la Science est consacrée à des études sur
les acteurs de l'épopée scientifique moderne; à des inédits et à des
réimpressions de mémoires scientifiques anciens; à des textes
consacrés en leur temps à de grands savants par leurs pairs; à des
évaluations sur les découvertes les plus marquantes et la pratique de la
Science.
Dernières parutions
Christian MARAIS, L'âge du plastique, 2005.
Lucienne FÉLIX, Réflexions d'une agrégée de mathématiques au U
siècle, 2005.
Lise BRACHET, Le professeur Jean Brachet, mon père, 2004.
Patrice PINET, Pasteur et la philosophie, 2004.
Jean DEFRASNE, Histoire des Associations françaises, 2004.
Michel COINTAT, Le Moyen Age moderne: scènes de la vie
quotidienne au U siècle, 2003
Yvon HOUDAS, La Médecine arabe aux siècles d'or, 2003
Daniel PENZAC, Docteur Adrien Proust, 2003
Richard MOREAU, Les deux Pasteur, le père et le jils,
JeanJoseph Louis Pasteur (Dole, Marnoz, Arbois), 2003
Richard MOREAU, Louis Pasteur. Besançon et Paris :l'envol,
2003
M. HEYBERGER, Santé et développement économique en
France au XIX siècle. Essai d'histoire anthropométrique (série
médicale), 2003
Jean BOULAINE, Richard MOREAU, Olivier de Serres et
l'évolution de l'agriculture moderne (série Olivier de Serres),
2003
Claude VERMEIL, Médecins nantais en Outre-mer
(19621985),2002
Richard MOREAU, Michel DURAND-DELGA, Jules Marcou
(1824-1898) précurseur français de la géologie
nordaméricaine, 2002
(Ç) L'Harmattan, 2005
ISBN: 2-7475-8246-9
E~:9782747582469Jacques VERDRAGER
L'OMS ET LE PALUDISME
Mémoires d'un médecin spécialiste de la malaria
L'Harmattan Harmattan Konyvesbolt L'Harmattan Italla
5-7, rue de l'École-Polytechnique 1053 Budapest, Via Degli Artisti 15
75005 Paris Kossuth L. u. 14-16 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALIEDu même auteur:
Ces médicaments qui nous viennent des plantes, Maloine,
1978.
Médecine naturelle contre cancer, France Empire, 1987.La nuit et le jour, la nuit et le jour,
enfin un dernier village grelottant de
paludisme perdu dans l'universelle
désagrégation des choses sous le soleil
invisible. .. Contre l'air suffocant qui montait
du sol, subsistait seule l'affirmation du
dernier guide: le monument vers lequel ils
marchaient maintenant était sculpté.
André Malraux
La Voie RoyalePREFACE
Peu de domaines de I'histoire de la médecine sont
aussi riches, aussi variés, aussi captivants que celui de
I'histoire du paludisme.
Les plus anciens textes médicaux babyloniens,
chinois et indiens font déjà référence à des fièvres
périodiques et intermittentes caractéristiques du
paludisme.
La malaria serait devenue endémique en Grèce
vers 400 avant Jésus-Christ et, selon certains historiens,
aurait pu être, un siècle plus tard, un facteur de déclin de la
civilisation hellénique. Les médecins grecs font déjà une
distinction entre fièvres quotidiennes, tierces et quartes.
Platon, lui-même, utilise ces termes dans ses œuvres.
A Rome, en 200 avant Jésus-Christ, des auteurs
célèbres comme Plante, Térence, Cicéron et Pline
l'Ancien font également référence à ces fièvres. Cicéron
attribue la périodicité de ces fièvres au caprice des dieux.
Mais déjà beaucoup de médecins, que ce soit en Asie, en
Grèce ou à Rome, soutiennent que ces maladies sont dues
à des causes naturelles. Les Grecs et les Romains furent
les premiers à suspecter une relation étiologique entre les
marais et les fièvres intermittentes et entreprirent des
drainages préventifs.
Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que la malaria reçut
son nom. Les Italiens prirent l'habitude de dire que les
patients qui mouraient de fièvres intermittentes étaient
victimes du «mauvais air» ou « mal' aria ». HoraceWalpone, en 1740, décrit cette maladie comme une
«horrible chose appelée mal' aria qui arrive à Rome
chaque été et vous tue ». Les Français, eux, préférèrent
désigner « la fièvre des marais» par le mot paludisme. Ce
nom, synonyme de malaria, a pour origine paludis qui, en
latin, signifie marais.
En Asie du Sud-Est, des épidémies de paludisme,
faisant suite à la prise d'Angkor Thom par les Thaïs en
1431, ont probablement été à l'origine de la désertion
d'Angkor, centre d'une glorieuse civilisation pendant plus
de cinq siècles.
En Amérique, certains historiens pensent que le
paludisme était absent avant l'arrivée de Christophe
Colomb. Les premiers cas se seraient manifestés en 1493,
sous forme épidémique, parmi les colons espagnols
installés au nord d'Hispaniola (Haïti). De là le paludisme
se serait propagé progressivement à toute l'Amérique
tropicale.
La colonisation espagnole allait permettre de faire
les premiers pas vers un traitement efficace de la maladie.
Depuis longtemps l'écorce du quinquina, un arbre
originaire d'Amérique du Sud où il pousse à l'état sauvage
sur les pentes de la Cordillère des Andes, était utilisée par
les Indiens pour traiter les fièvres. La guérison
spectaculaire de certains colons puissants attira l'attention
sur cette écorce des Indiens, mais ce fut la guérison de la
comtesse deI Cinchon, femme du vice-roi du Pérou, qui
eut le plus de retentissement. La réputation du kina-kina
rebaptisé cinchona, en I'honneur de la vice-reine, se
répandit alors comme une traînée de poudre. Les Jésuites
d'Amérique du Sud importèrent l'écorce en Europe où,
malgré l'opposition de la médecine officielle, elle devint
vite célèbre sous le nom d' « écorce de la Comtesse» ou
de «poudre des Jésuites ». Ce succès fut couronné par la
guérison du fils de Louis XIV qui en acheta alors le secret
10à prix d'or. Son usage se répandit rapidement en Europe et
l'on se rendit bientôt compte qu'elle agissait surtout sur un
certain type de fièvre.
C'est en 1820 que deux chimistes français,
Pelletier et Caventou, isolèrent la quinine qui demeurera
l'alcaloïde le plus important du cinchona. Ce produit
devint alors le traitement de base du paludisme. C'est là
un exemple typique d'une maladie dont le traitement fut
trouvé avant qu'on ne connaisse l'origine réelle et le
mécanisme de transmission. On pensait alors que c'étaient
les miasmes, les émanations des marais et marécages, le
mauvais air, qui provoquaient le paludisme. Ce n'est qu'en
1880 qu'un médecin militaire français, Alphonse Laveran,
découvrit en Algérie, à Constantine, que le paludisme était
dû à l'infection des globules rouges du sang par un
microorganisme appelé plasmodium. Cette découverte lui valut
d'ailleurs en 1907 le Prix Nobel de médecine.
Entretemps, l'Anglais Ronald Ross (Prix Nobel 1902) avait
découvert, en 1897, que la malaria était une maladie
transmise par des moustiques. En 1898 l'Italien Battista
Grassi prouva que le paludisme humain était transmis par
un genre bien précis de moustique: l'anophèle.
C'est alors que la quinine fut au zénith de sa gloire.
Bien entendu le quinquina sauvage était incapable de
répondre à la demande mondiale aussi des plantations se
multiplièrent dans les colonies anglaises et hollandaises,
aux Indes, à Ceylan et surtout en Indonésie,
particulièrement dans les îles de Java et de Sumatra.
Avant la deuxième guerre mondiale l'Indonésie
était le premier producteur mondial de quinine.
L'occupation de l'Indonésie par le Japon, faisant suite à la
capitulation sans condition des alliés à Bandung le 9 mars
1942 après le débarquement des troupes du général
Mitoshi Imamura, mit fin à la fourniture du quinquina au
monde occidental.
IlAu revers militaire s'ajoutait donc un revers
médical car les troupes alliées privées de quinine allaient
être décimées par le paludisme. On estime en effet que les
troupes mises hors de combat par cette maladie furent bien
plus nombreuses que celles mises hors de

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