Déficience intellectuelle et vie institutionnelle
166 pages
Français

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Déficience intellectuelle et vie institutionnelle , livre ebook

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Description

Le travail d'accompagnement auprès de personnes avec handicap mental exige un savoir-faire qui implique non seulement l'acquisition d'outils théoriques et pratiques mais également une formation personnelle. L'ouvrage offre un outil de réflexion susceptible de soutenir le quotidien des professionnels. Les familles y trouveront également des pistes pour rencontrer les multiples questions que pose le devenir de personnes fragilisées par une atteinte organique, un problème génétique, un trouble relationnel…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2014
Nombre de lectures 77
EAN13 9782806107282
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dans la même collection
1. N AGELS Carla, R EA Andrea, Jeunes à perpète. Génération à problèmes ou problème de génération ?, 2007.
2. P LEYERS Geoffrey, Forums Sociaux Mondiaux et défis de l’altermondialisme. De Porto Alegre à Nairobi , 2007.
3. S TEVENS Bernard, Le nouveau capitalisme asiatique. Le modèle japonais , 2009.
Titre
Claire Morelle







Déficience intellectuelle
et vie institutionnelle


Un art au quotidien







PIXELS
Copyright





















D/2014/4910/37
EAN Epub : 978-2-806-11978-0
Éditions Academia
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-neuve
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.


www.editions-academia.be
EN PRÉAMBULE, d’une maison à l’autre, histoire de rencontres

Pourquoi ne pas raconter ces mille et une histoires récoltées de maison en maison, d’institution en institution, individuellement ou en groupe ?
Pourquoi ne pas rassembler plus de quarante années de réflexions menées avec des collègues engagés dans la vie institutionnelle auprès de personnes dites handicapées mentales ?
Pourquoi laisser ces notes éparses s’accumuler en piles bancales dans l’attente d’être lues ou relues, mises en forme sous les doigts de l’ordinateur ?
Pourquoi ces écrits – rédigés souvent dans le stress, à la veille d’un colloque – ne seraient-ils pas rassemblés et repensés, revus et corrigés, enrichis des échos des lecteurs ou auditeurs de saisons en saisons, de congrès en congrès, au gré des rencontres ?
Comment rendre compte du foisonnement d’idées glanées 1 dans ces temps formels ou informels, dans les réseaux de formation ou de recherche, en Belgique ou ailleurs ?
Comment transmettre ce qui est le fruit de tant d’heures passées ensemble à écouter les incertitudes, les plaintes, les déceptions ?
Que dire de ces temps de partage de nos essais, de nos erreurs, de nos réussites ?
Que faire de la révolte, de la lassitude, de l’enfermement, de la solitude ? Où est le coupable de tant de mal-être ?
Y a-t-il des points de rencontres possibles entre celui qui croit au bonheur dans la vie institutionnelle et celui qui y vit ou en vit faute de mieux ?
J’ai rencontré des parents heureux, des éducateurs heureux, j’ai rencontré des personnes porteuses d’un handicap mental heureuses.
J’ai souvent vu des regards perdus, des regards qui ne pouvaient se croiser, dans le malentendu de la différence ou de l’indifférence.
Il y a eu des rencontres impossibles.
Il y a eu des échanges fructueux, ils sont les plus nombreux.
Beaucoup d’entre vous ont participé à ce recueil. Votre contribution y est inscrite – souvent dans l’anonymat – quelle que soit la position ou la fonction que vous exercez dans l’institution.
Ce livre s’adresse tout spécialement aux soignants du quotidien, éducateurs ou rééducateurs, accompagnants ou thérapeutes, infirmiers, mais aussi à tous ceux qui vivent auprès de personnes porteuses d’une déficience intellectuelle : parents, sœurs ou frères, grands parents, amis de la famille…
Bien que ce livre se soit construit à partir de questions portées ou suscitées par des personnes dites handicapées mentales , je ne puis – par cet écrit – m’adresser à elles directement. J’ai parfois pris le risque de parler pour elles, de penser à leur place, comme si je pouvais en savoir quelque chose de leur position comme personnes déficientes intellectuelles.
Vous, lecteurs, serez les interlocuteurs des résidents au cœur de ce travail afin que celui-ci se poursuive en de nouveaux développements, en de nouvelles histoires.
1 Ce verbe glaner évoque ce superbe film intitulé Les glaneurs et la glaneuse, Agnès Varda, 2000. Images recueillies au gré des saisons, images d’hommes et de femmes heureux ou souffrants, dans les villes ou les campagnes, images glanées pour nous par une main, portées par une voix.
INTRODUCTION Sur le pas de la porte

a. Un lieu de vie
Vivre jour après jour, vivre le quotidien dans un lieu reconnu, répertorié comme propice à l’accueil de personnes porteuses d’un handicap. Lieu de vie et non de mort même si parfois on y meurt.
J’arrive un matin dans une institution que je ne connais pas. J’avais eu auparavant des contacts téléphoniques avec un des responsables de l’institution afin d’y organiser des temps de formation. Durant le trajet mes pensées se centraient sur le travail à y mener, il s’agissait en l’occurrence de rencontrer un groupe de soignants en leur proposant un module de formation. Quelle ne fut pas ma surprise de voir dans le couloir trois jeunes adultes dont l’un me semblait avoir un visage particulièrement tourmenté. Il était assis par terre et tentait de s’accrocher à moi. Un autre se tapait en criant et le troisième se balançait et geignait. J’ai été tentée de faire demi tour… Perdue dans mes pensées, j’avais presque oublié que j’entrais dans une institution pour personnes atteintes d’une déficience intellectuelle modérée ou sévère ; il était donc normal d’y rencontrer d’autres personnes que le personnel soignant !
Cette rencontre eut un effet traumatisant, il y avait pas mal de mécontentements dans le groupe des travailleurs. J’étais moi-même du côté des mécontents mais pour d’autres raisons probablement. La formation que j’étais censée y apporter m’a semblé totalement inadéquate, il y avait autre chose à faire pour contrecarrer l’atmosphère mortifère. Je ne percevais guère de plaisir dans la vie institutionnelle. Des tensions importantes occupaient les esprits, il eut fallu d’abord écouter cette souffrance institutionnelle et personnelle au sein des équipes et repérer un éventuel désir de changement.
Autre image, celle-là plus récente : je déambule dans une institution. J’y rencontre également des adultes tout aussi marqués par la déficience intellectuelle. Le couloir qui n’est objectivement pas très éclairé me paraît chaleureux. Je découvre quelques résidents qui me saluent à leur manière, l’un se balance, l’autre cherche à attirer l’attention de l’éducatrice qui m’accompagne. Celle-ci l’écoute, tente de la rassurer… je suis sous le charme d’une équipe pleine de tendresse mais aussi pleine d’idées. Retournant plusieurs mois après, je réaliserai que là aussi des questions souffrantes envahissent parfois le terrain, que l’agressivité submerge parfois résidents ou soignants.
L’institution idéale existe-t-elle ?
b. Qu’est-ce qu’une institution ?
Le mot institution peut faire référence à ce qui est établi, à ce qui est mis dedans (du latin, instituere : placer dans ). Pensons à la lourdeur institutionnelle, à la lenteur de certains services administratifs, aux processus d’évaluation parfois lourds qui empiètent sur le travail éducatif. Parallèlement, l’institution est garante d’un certain type de fonctionnement, de lois, qui soutiennent son existence dans le temps.
Instituer peut signifier donner une assise , un fondement , c’est-à-dire, éduquer, enseigner. Nous voilà, avec ce complément de sens, dans un processus dynamique, le lieu institution étant un dérivé métonymique du sens premier, « établissement privé d’éducation et d’instruction » 2 . Cette dynamique devient parfois dynamite tant la vie institutionnelle est chargée d’affects dans tous les groupes qui la composent et avec qui elle a à composer.
« Une institution , soulignait Jean Florence, a pour vocation de fonder un certain type de lien entre des personnes, en vue d’un but “idéal” (“objet”) déterminé (mais qui peut vivre, se transformer dans le mouvement même de sa mise en œuvre). » 3
Et cette institution – ou une autre – à quoi sert-elle ? Quelle est sa fonction ? Quelles finalités poursuit-elle ? Espoir et Joie, Les Vrais Richesses, Les Myosotis (qu’on appelle parfois : Ne m’oublie pas ), etc . Quel programme dans les diverses dénominations des maisons pour personnes intellectuellement déficientes mais aussi quelle bonne volonté

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