Entretiens - Jacques Attali
74 pages
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Entretiens - Jacques Attali , livre ebook

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Description


Je venais de sortir de l'X, j'étais un gamin, et j'avais des ambitions simples et mégalomaniaques je voulais être un intellectuel libre, travaillant au service du Président de la République de mon pays, et le seul homme que je voyais capable de l'être, c'était lui. Aucun autre ne me semblait intéressant.


Cet ouvrage constitue les actes de la rencontre organisée par les Amis de l'Institut François Mitterand avec le concours de l'Institut François Mitterand, à la Sorbonne, à Paris, le 11 janvier 2007.

Jacques Attali était interrogé par Laure Adler.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2007
Nombre de lectures 118
EAN13 9782876232129
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pierre BERGÉ: Mes chers amis, bonsoir. Merci d’être venus. Merci d’être venus, une fois de plus, pour assister à ce que nous appelons les grands entretiens des amis de l’Institut François Mitterrand. Je vous rappelle que nous avons commencé ces grands entre-tiens avec Robert Badinter, et poursuivi avec Pierre Mauroy, Jacques Delors, Jean-Pierre Chevènement et aujourd’hui Jacques Attali, Jacques Attali que l’on ne présente plus. Deux ou trois mots pourtant: il est ici à beaucoup de titres mais, particulièrement, à cause des deux derniers ouvrages qu’il a écrits. Le * premier:C’était François Mitterrandet le deuxième: ** Une brève histoire de l’avenir. Jacques Attali qui a été,
* Éditions Fayard, 2005. ** Éditions Fayard, 2006.
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on le sait, le conseiller de François Mitterrand, et dont le bureau jouxtait celui du Président. Je m’en souviens, la première fois que je suis allé voir le Président, j’étais passé, les épaules un peu basses, devant Jacques Attali… Il a eu sur François Mitterrand une influence certaine. Il a le premier, il y a six ans, dansL’Express, suggéré, prédit, que Ségolène Royal pourrait être un jour Présidente de la République. Alors on ne sait pas si Jacques Attali est un devin, mais moi je pense qu’il a en tout cas du flair, et qu’il sait de quoi il parle. Avant de lui donner la parole, je voudrais remercier Laure Adler, pour sa fidélité, pour son amitié, elle qui fut aussi conseillère de François Mitterrand. Je voudrais excu-ser Hubert Védrine, Président de l’Institut François Mitterrand, qui n’a pu être là ce soir et qui est repré-senté par Gilles Ménage, Secrétaire général. Je vous remercie à nouveau tous d’être là et je donne la pa-role à Laure et à Jacques.
Laure ADLER: Merci Pierre. Effectivement, on ne présente pas Jacques Attali, mais je voudrais quand même rappeler qu’il a une œuvre déjà monumentale,
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malgré son jeune âge: qu’il a commencé en 1973 par publier un livre qui était une analyse économique de la vie politique, aux Presses Universitaires de France, et depuis, dans différents registres, et c’est extrême-ment rare dans le panorama intellectuel français, il a publié plus de soixante ouvrages, à la fois des essais, des mémoires et des biographies (la dernière était * d’ailleurs consacrée à Karl Marx ). Il a écrit aussi des romans, qui sont des romans sentimentaux, mais aussi des romans qui peuvent s’apparenter au genre de la science-fiction. Il a écrit des essais, sur la musique notamment. Vous savez qu’il est aussi musicien et chef d’orchestre. À ce sujet, il a écrit un texte qui a fait beaucoup de bruit, sans mauvais jeux * de mots, puisque son texte s’intitulait:Bruits. Il a écrit aussi du théâtre, et également, ce qui est très important à mes yeux, des contes pour enfants. Jacques Attali est donc cette personne qui passe son temps à écrire, qui a occupé différents postes – mais qui n’a jamais voulu occuper de responsabilités poli-tiques centrales. Je crois que c’est cela, Jacques, qui
*Karl Marx ou l’esprit du monde, Éditions Fayard, 2005 * Éditions P.U.F., 1977.
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fait ton caractère et qui fait peut-être ton esprit d’indépendance et de liberté, et peut-être aussi ton goût pour l’amour, parce que si tu n’avais pas eu le goût des jolies femmes et l’envie d’être amoureux, peut-être n’aurais-tu jamais rencontré dans un caba-ret un peu minable, en 1966, François Mitterrand. Je crois que vous faisiez la même chose, à des tables dif-férentes, avec des femmes différentes: vous essayiez de les séduire… C’est un bon point commun, non?
Jacques ATTALI: Ça me rappelle la première phrase que François Mitterrand m’a dite quand il m’a demandé de l’accompagner… Mais avant de répondre à cela, je voudrais dire d’abord que je suis très heureux d’être là ce soir, très touché de retrouver beaucoup de compagnons de notre aventure: Pierre [Bergé], Laure [Adler], Gilles [Ménage] … Je vou-drais surtout dédier cette soirée à Irène Dayan, qui est là, au premier rang, avec Paule, parce que c’est grâce à Irène et Georges [Dayan] que toute mon aventure a commencé avec François Mitterrand… Je voudrais vraiment dédier cette soirée à cette longue amitié, magnifique amitié… Oui, c’est vrai que
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lorsque François Mitterrand m’a demandé de prendre le bureau d’à côté, alors que je travaillais avec lui depuis dix ans, la seule consigne qu’il m’a donnée c’était : « Méfiez-vous des femmes », avec le senti-ment que c’était certainement le risque d’une dis-traction excessive. Enfin, notre relation ne s’est pas limitée à cela… Nos conversations non plus…
Laure ADLER: C’était rare, à cette époque-là, des gens dotés de diplômes, grands commis de l’État, ou qui allaient le devenir, qui venaient dire à cet homme (nous étions en 70: il n’était pas encore Premier secrétaire du PS): « Je me mets à votre service ». Pourquoicet engagement?
Jacques ATTALI: J’étais un jeune étudiant… Je venais de sortir de l’X, j’étais un gamin, et j’avais des ambi-tions simples et mégalomaniaques: je voulais être un intellectuel libre, travaillant au service du Président de la République de mon pays, et le seul homme que je voyais capable de l’être, c’était lui. Aucun autre ne me semblait intéressant.
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