Le Grain du Temps
186 pages
Français

Le Grain du Temps , livre ebook

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186 pages
Français

Description

Isabelle Guyon poursuit son exploration d'une vision optimiste de l'homme dans le Temps. Elle cherche notamment, avec Le Grain du Temps, les voies possibles pour réussir à nous échapper de la tyrannie du Temps et être capables, comme elle l'écrit, de "nous élancer, au-delà de notre réalité présente, au-delà de nous-mêmes, enfin libres."

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Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782336387826
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Isabelle GuyonLe Grain du Temps
Le Grain du Temps
« Une réfexion généreuse que tout le monde devrait prendre
le temps de lire pour mieux vivre le leur »
Récit
— Philippe Raimbault, Journaliste des Mots Migrateurs.
Dans Le Grain du Temps, Isabelle Guyon partage avec nous
réfexions et sensations liées à notre relation au temps.
Nous, les êtres humains, avons cette curieuse faculté de vivre
le présent, de nous remémorer le passé et de penser le futur. Aussi
avons-nous une conscience aiguë du temps. Cette conscience nous
inquiète parfois, mais aussi ne cesse pas de nous fasciner.
Isabelle Guyon poursuit son exploration d’une vision optimiste
de l’homme dans le Temps. Elle cherche notamment, avec Le Grain
du Temps, les voies possibles pour réussir à nous échapper de la
tyrannie du Temps et être capables, comme elle l’écrit, de « nous
élancer, au-delà de notre réalité présente, au-delà de nous-mêmes,
enfn libres. »
Après des études de lettres classiques en Khâgne
à Marseille, puis des études théâtrales à Paris,
Isabelle Guyon a mis en scène au sein de la
Compagnie du Hibou des textes d’Italo Calvino,
Henri Michaux et Thomas Bernhard. Elle a aussi
animé des ateliers d’écriture et de théâtre en milieu Préface de Luc Hazebrouck
carcéral. Parallèlement à son travail d’écriture,
elle enseigne aujourd’hui la littérature à des jeunes sourds et
malentendants.
En couverture : Gouache de Luc Hazebrouck
ISBN : 978-2-343-06779-7
18 €
Isabelle Guyon
Le Grain du Temps





LE GRAIN DU TEMPS
















































© L’Harmattan, 2015

5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-343-06779-7
EAN : 9782343067797 Isabelle Guyon
Le Grain du Temps
Récit Du même auteur
La Mer des Pluies, récit, L’Harmattan, 2009
Identification et autres nouvelles, L’Harmattan, 2010
De Livres en îles, L’Harmattan, 2012
Marseille retrouvée, L’Harmattan, 2014 Préface
Pour Isabelle Guyon, le temps, sous ses différents aspects,
semble être perçu à la fois comme une évidence (nous
sommes plongés dans le temps) et comme une source sans
fin d’étonnement, de surprise.
Le lecteur se laisse bercer agréablement par les réflexions
du livre, dans son propre temps : celui de la lecture et de la
vitesse choisie pour se laisser prendre par cette pensée qui
chemine ; le cheminement devient d’ailleurs, peu à peu,
autant celui de l’écrivain que celui du lecteur. Je pense que si
nous avons autant de plaisir à nous laisser porter, c’est
parce que l’écrivain, par sa façon simple d’aborder son sujet,
est accueillant.
Chaque auteur, presque malgré lui, induit un rythme de
lecture. Ici, j’opte pour un temps lent presque méditatif. Je
perçois même la lecture rapide, performative, comme une
faute de goût, voire une incompréhension. Face à une
écriture qui prend son temps, prenons le nôtre également.
Quel plaisir de ressentir une réflexion en même temps que
nous la comprenons ! Les images, et plus généralement le
style, simple et travaillé, nous invitent plus à goûter en
gourmet ce que nous lisons qu’à dévorer les textes. Dans le
parcours personnel d’Isabelle Guyon, des figures littéraires
et fraternelles sont associées. J’en cite quelques-unes pour
exemple : Rousseau, Montaigne, Proust, etc. L’auteur convie,
volontiers, les auteurs rencontrés à l’intérieur de son propre
cheminement. Elle les convie de très bonne grâce dans un
dialogue imaginaire au-delà des frontières du temps et de
l’espace.
Nous, les êtres humains, nous avons cette curieuse faculté
de vivre le présent et de nous remémorer le passé. Aussi
avons-nous une conscience aigüe du temps. Cette conscience
nous inquiète parfois, mais aussi ne cesse pas de nous
fasciner. Un monde complexe de sensations enfouies s’ouvre
à partir de notre mémoire. Nous sommes sans cesse à la
recherche de ce qui nous constitue. Cette recherche semble
7
être presque inépuisable, si nous avons la curiosité de faire
un tant soit peu attention à nos richesses. L’écriture se fait
alors découverte d’un vaste continent méconnu. Isabelle
Guyon l’exprime très clairement dans le texte s’intitulant
« L’infini en nous » et dans la phrase suivante : « chaque
individu est un univers à lui tout seul. »
Mais derrière cette thématique affichée du temps, il y en a
une autre qui, de livre en livre, semble s’imposer : une
réflexion sur la matière même de l’écriture : les mots, le
langage. Il s’agit là, pour l’auteur, d’un centre encore plus
essentiel et une interrogation tout aussi infinie.

Luc Hazebrouck







8
A ma fille Margot I
LE GRAIN DU TEMPS Un temps ponctué

Parvenant par la fenêtre, les bruits quotidiens ponctuent
la journée de leur rituel rassurant : les voitures du matin
s’élançant vers leur destin du jour, le train enfui dans un
crissement sur la ferraille des voies, la camionnette du
facteur qui nous relie au monde, les cris des enfants qui
sortent de l’école à midi, clairs comme des cailloux roulant
et dévalant les rues, puis, à la fin de l’après-midi, leurs rires
caracolant sur le chemin de leur délivrance, les voitures
parties à l’aube qui reviennent, un aboiement mou et
velouté de chien dans le noir, et enfin, le train du soir.
Ils s’égrènent, lendemain après lendemain, régulièrement,
ces sons signes de vie, et de vie immuable, dessinant des
touches sur la page vierge du jour, donnant un cadre, dont
on n’a plus qu’à remplir les blancs.




13
Le soir
Le soir, tout paraît plus calme, tout s’apaise. La décrue de
la luminosité repose nos yeux, l’obscurité émousse leur
curiosité. Le rythme du monde autour de nous se ralentit,
les bruits, moins nombreux, diminuent, s’estompent. Le
quotidien cesse de nous appeler, nous ne sommes plus
tenus par le devoir d’effectuer de nouvelles tâches, ni
tenaillés par le désir d’en accomplir d’autres : la journée est
tacitement finie. L’activité journalière est suspendue, du
moins pour la majorité des gens qui nous entourent.
Héritage bienfaisant des temps où la nuit ne pouvait être
forcée par la lumière ?
« Cependant le ciel tourne, et la Nuit s’élance de l’océan
1enroulant d’une grande ombre la terre et le ciel »
Nous avons payé notre dû, nous avons versé notre écot,
en effectuant notre travail habituel et en nous soumettant
à toutes les règles, à toutes les lourdes ou menues
contraintes de l’aujourd’hui écoulé. Nous remettons au
lendemain ce que nous n’avons pu faire le jour même. A
chaque jour suffit sa peine, dit-on. Les soucis sont pour
quelques heures remisés dans un coin, autant que cela soit
possible.
Les oiseaux célèbrent l’arrivée du soir par leur chant de
crépuscule, accompagné parfois par la cloche patiente des
Vêpres.
Nos muscles se relâchent, nos membres se détendent,
déposant le poids qu’ils portaient depuis le réveil.
Le jour desserre son étreinte, l’atmosphère, pacifiée,
s’allège dans ses sons assourdis, devient soyeuse.
On sort « faire la fête », comme on dit, la fête du travail
achevé ?
1 VIRGILE, L’Enéide, Livre II, 216-310, trad. de M.Rat, Garnier Frères, 1965
14 Ou bien on enfile sa robe de chambre, comme un manteau
de soulagement, et l’on se glisse dans les vagues de la nuit :

« C’était l’heure où le premier sommeil commence pour
les Mortels tourmentés et, par

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