Le sourire de Maman
161 pages
Français

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Description

Déporté à douze ans, avec sa mère et ses jeunes soeurs, au début de l'insurrection de Varsovie (août-octobre 1944), Antoni Jaxa-Bykowski (1932-1986) écrit ce témoignage dans les années soixante-dix. Retrouvé des années après sa mort, il est publié ici pour la première fois. Toute l'infamie des camps est décrite. L'auteur raconte aussi ce qui lui a permis de survivre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2007
Nombre de lectures 233
EAN13 9782336259383
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Graveurs de mémoire Page de titre Page de Copyright Dedicace Avertissement Introduction Dans le convoi B II A — La quarantaine - Le lager des hommes B II D B II E À nouveau le B II D L’évacuation Mauthausen Melk À nouveau Mauthausen La libération Conclusion - Le sourire de Maman Weberei Un bref historique de la Pologne de 1939 à 1945 Chronologie Lexique des termes allemands Cartes et plans
Graveurs de mémoire
Dernières parutions
Xavier ARSENE-HENRY, « Arrêtons-nous quelques instants » , 3 ème étape du long parcours d’un architecte , 2007.
Jean-Jacques BERNARDINI, En route pour Varsovie, 2007. Francine AUGUST-FRANCK, Les feux follets de bourg d’Iré, 2006.
Boubacar COULIBALY, De Tonabouctou au Lac Léman, 2006. Francis DUCREST, L’aviateur , 2006.
Maurice et Stéphane WOLF, Es Brennt, un combattant dans la tourmente , 2006.
Jacques NOUGIER, Carnet d’Afriques , 2006.
Mathilde POIRSON (coord.), Sur le chemin du cœur, pour un pas de plus , 2006.
Nicolle ROUX, Midinette militante chez Nina Ricci , 2006. André COHEN AKNIN, La lèvre du vent , 2006.
Pauline BERGER, Les Vieilles, Album , 2006.
Raymond Louis MORGE, Trois générations de salariés chez Michelin, 2006.
Monique LE CALVEZ, La petite fille sur le palier , 2006.
Salih MARA, L’impasse de la République, récits d’enfrance (1956-1962), 2006.
My Youssef ALAOUI, L’homme qui plantait des chênes , 2006.
Albert et Monique BOUCHE, Albert Bouche (1909-1999) , un frontalier en liberté , 2006.
Paul DURAND, Je suis né deux fois , 2006.
Fortunée DWEK, Nonno, Un Juif d’Egypte , 2006.
Catherine VIGOR, Tarvildo Targani, mouleur à la main dans le Doubs , 2006.
Carole MONTIER, Une femme du peuple au XX ème siècle , 2006.
Valère DECEUNINCK, Du poisson en Centrafrique , 2006.
Claude CHAMINAS, Place de l’hôtel de ville. Nîmes 1965 — 1984 , Tome 1 et 2, 2006.
Bernard JAVAULT (Sous la direction de), L’œil et la plume. Carnets du docteur Léon Lecerf , 2006.
Françoise MESQUIDA, Chroniques d’une jeune fille dérangée , 2006.
Le sourire de Maman

Antoni Jaxa-Bykowski
© L’Harmattan 2007
5-7 rue de l’École Polytechnique ; Paris 5 e www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296030879
EAN : 9782296030879
À la mémoire de Roman Jaxa-Bykowski et de sa famille.
Avertissement
L’auteur a consigné ce récit dans les années soixante-dix. Il faut en prévenir ici le lecteur, le style est brut, sans fioriture. Que l’on ne s’arrête pas à cette forme : elle est significative. L’expérience du néant a aussi son écriture.
Cette première traduction posthume des souvenirs d’Antoni Jaxa-Bykowski est accompagnée d’une introduction et d’une conclusion de la plus jeune sœur de l’auteur. Cet ouvrage comporte également une notice historique sur la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale.
Introduction
L’auteur de ces souvenirs est mon frère. Né en 1932, il est le premier enfant de Margaret née Korff et de Szczęsny (Félix) Jaxa-Bykowski. Trois ans plus tard, en 1935, venait au monde ma sœur Anna et en 1937, moi-même, Krystyna.
Nos parents étaient originaires des territoires orientaux de la Pologne. Nés à la fin du XIX ème siècle en 1896 et en 1898, ils étaient fortement marqués par la révolution bolchevique et par la Première Guerre mondiale. Tous deux étaient polyglottes. Notre père avait une formation d’agronome et d’économiste. Il avait étudié à la SGGW ( Szkola glówna gospodarstwa wiejskiego 1 ) et à la SGPiS ( Szkola glówna planowania i statystyki 2 ).
Dans la Pologne qui renaissait à nouveau après les partages, mon père organisait les coopératives agricoles, était rédacteur de la gazette de ces coopératives et avait organisé avec d’autres l’exposition universelle de Poznań, qui a été à l’origine des foires internationales de Poznań renommées jusqu’à aujourd’hui.
A Poznań, nous habitions rue Hetmańska.
Premier septembre 1939. Début de la guerre. Notre père, officier de réserve, est mobilisé. Notre mère et nous trois sommes contraints par l’occupant de quitter notre maison en quelques heures. Nous sommes déplacés à Varsovie et nous nous installons dans le quartier d’Ochota, rue Kromera, n° 3.
Maman a alors trouvé du travail comme traductrice au RGO (Rada glowna opiekuncza 3 ). Nos conditions matérielles étaient très modestes. Nous avons cependant toujours eu une personne qui aidait aux tâches domestiques.
Mon frère allait à l’école. Il travaillait bien, lisait énormément, comprenait rapidement et possédait une excellente mémoire. Très mûr pour son âge, il avait le droit de participer à la conversation des adultes. Maman lui consacrait beaucoup de temps, elle tenait à ce que son éducation ne soit pas retardée par la guerre.
Ma sœur Anna (Anulka) commençait aussi à aller à l’école et a vite appris à lire. Elle était à la fois résistante et délicate.
Quant à moi, la troisième et la plus jeune, j’étais une enfant souvent malade et de ce fait, mon éducation a pris du retard dès le début. J’avais surtout le bonheur de recevoir beaucoup de tendresse et d’amour, mon bagage pour la vie.
Dans ces conditions, Maman trouvait le temps d’enseigner l’anglais à mon frère, d’initier ma sœur à la langue française et de chanter avec moi des chansons dans des langues étrangères.
Mes souvenirs de guerre, ce sont le couvre-feu, nos craintes communes lorsque Maman ne parvenait pas à rentrer à l’heure, les alarmes nocturnes, les descentes à l’abri, la vue des Allemands marchant au pas sur l’air de leur éternel : « hei li, hei lo », les perquisitions, les rafles, les fusillades, les fleurs déposées sur les lieux des exécutions, les immenses drapeaux avec la croix gammée et les portraits d’Hitler sur les bâtiments officiels, les sirènes, les raids aériens, surtout celui d’avril 1943, lorsque notre appartement du troisième et dernier étage a été détruit. Dans une de ses dernières lettres, mon frère me rappelait comment, pendant ce bombardement, assise dans l’abri, je m’interrogeais à voix haute : « Où allons-nous organiser la fête d’Aluś (diminutif de mon frère) si on nous détruit la maison ? »
Une autre nuit de ce mois d’avril 1943 est restée gravée dans ma mémoire de manière indélébile. Maman nous a tirés du lit au milieu de la nuit et, me tenant dans ses bras devant la fenêtre ouverte dont elle avait soulevé le store de carton noir, elle nous dit d’une voix pleine de gravité et d’horreur : « Vous voyez ces flammes au loin, vous ne pouvez pas comprendre ce qui se passe. Le ghetto brûle. L’Histoire ne l’oubliera jamais. » Je me souviendrai toujours de l’incommensurable tristesse de son visage.
Premier août 1944, l’Insurrection de Varsovie. Maman était en ville, mais la personne qui nous gardait avait reçu des consignes. À partir de quatorze heures, vêtues de nos robes du dimanche, avec les petits sacs contenant les masques à gaz, du bandage et des pansements, avec de la nourriture et des manteaux, nous sommes descendues dans la cour. C’était une splendide journée ensoleillée et les manteaux trop chauds nous gênaient beaucoup. Nous étions assises sur un banc, ma sœur et moi avec notre garde, tandis que notre frère tournait de la glace avec d’autres garçons. C’était extraordinaire. Nous étions assez nombreux et les garçons sont arrivés à court de cornets dans lesquels ils distribuaient la glace à tous ceux qui étaient présents. Ils ont emprunté des tasses à café aux habitants qui hésitaient dans la crainte de ne pouvoir les récupérer.
L’heure H : l’Insurrection commence. Des détonations éclatent à dix-sept heures et tous nous nous dirigeons vers l’abri antiaérien, la cave de la plus grande maison du côté de la rue Filtrowa, n°69. Nous sommes nombreux, mais les gens restent calmes. Au matin, nous décidons tous de retourner dans nos appartements respectifs, en silence et avec prudence.
Nous ne remontons plus au troisième étage. Nous restons au rez-de-chaussée où vivent trois dames âgées dans un grand appartement avec une cuisinière ukrainienne. L’une de ces dames est la veuve de l’oncle paternel de mon père, médecin laryngologiste mort pendant la guerre. L’âge et la condition ph

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