Sur les traces des sans visage
124 pages
Français

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Sur les traces des sans visage , livre ebook

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Français

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Description

Qui suis-je ? D'où viens-je ? À qui vais-je ressembler ? Pourquoi dois-je toujours expliquer que j'ai été adoptée ? Ces questions, toujours sans réponses, hantent Élisa Frutier. Ce récit est un journal de voyage et nous transporte dans le quotidien d'un orphelinat à Aracaju dans lequel elle a séjourné pendant trois mois. Une histoire vraie, poignante, parfois drôle, toujours empreinte d'humanité.Š

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 8
EAN13 9782296497184
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sur les traces des sans visage
Collection “ TRAN S-DIVERSITÉS ”
Dirigée par :
Emmanuel JOVELIN et Mourad KAHLOULA
Aujourd’hui les États sont confrontés à la “trans-diversité” et nous vivons presque une “ interculturalité forcée ” liée à la diversité des communautés, des cultures, des langues et des projets de sociétés. L’homme contemporain doit de ce fait, non seulement s’accoutumer à une pluralité de communications mais encore les entendre exprimées de différentes manières. De même se posent les questions de la prise en compte des différentes composantes de la diversité. Si la rencontre des sociétés multi-ethniques et multiraciales devient urgente, d’autres interrogations renvoyant à l’altérité semblent aussi cruciales : immigrations, interculturalité, genre, discriminations, droits de l’homme, homophobie, racisme, religion etc. Ainsi avant d’être un objet d’étude la “trans-diversité” est d’abord une réalité vécue et constatée.
De par son ultime intérêt intellectuel, cette collection ouvre, donc, grandes les portes à toute réflexion en rapport avec les multiples questions que convoque la “transdiversité” en ce qu’elle consiste à permettre la reconnaissance mutuelle, le dialogue et la rencontre, se nourrissant de toute interrogation sur les questions de la construction d’un cadre épistémologique, conceptuel et méthodologique de la “trans-diversité”, alternative au “différentialisme” culturaliste et communautariste ainsi qu’à un universalisme globalisant et homogénéisant en permettant l’émergence de travaux pertinents croisant le paradigme de l’interculturalité avec les questions de terrain et de pratique. Cet espace de publication se veut un lieu pour penser la question de la similitude, de la différence, de la diversité et de l’altérité culturelle dans un contexte pris entre universalité et spécificités culturelles et ce dans une perspective d’un “humanisme du divers”.
COMITÉ DE LECTURE
Emmanuel JOVELIN, Université Catholique de Lille/Institut Social de Lille (France), Mourad KAHLOULA, Université d’Oran (Algérie), Abdoulaye DORO SOW, Université de Nouakchott (Mauritanie), Zohra GUERRAOUI, Université de Toulouse (France), Rachid ABOUTAIEB, Université de Casablanca (Maroc), Claudio BOLZMAN, Université de Genève (Suisse), Edelia VILLAROYA SOLER, Université de Valencia (Espagne), Jordi SABATER, Université Ramon Llul (Espagne), Ion IONESCU, Université de Iasi (Roumanie), Jean FOUCART, Haute École de Charleroi (Belgique), Ahcène SAADI, Université de Constantine (Algérie), Anna ELIA, Université de Calabria (Italie), Gautier PIROTTE, Université de Liège (Belgique), Peter ERATH, Université d’Eichstätt (Allemagne), Souad KAHLOULA, Université d’Oran (Algérie), Rosa MELO, Institut du travail social de l’Angola (Angola), Habib TENGHOUR, Université d’Evry Val d’Essonne (France), Luis de la MORA, Université de Pernambuc/Recife (Brésil), Josef FREISE, Université Catho Köln (Allemagne), René MONKOUNKOLO, Université de Tours (France).
Elisa Frutier
Sur les traces des sans visage
Récit d’une adoption
L’HARMATTAN
© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Pari s
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96242-2
EAN : 9782296962422
REMERCIEMENTS
Un grand merci à tous ceux qui ont cru en moi, comme à ceux qui ont tenté de me couper les ailes durant toutes ces années. Sans chacune de ces rencontres, je n’aurais pas pu trouver la force nécessaire pour réaliser ce retour vers ma terre natale.
Merci à mes parents pour leur ouverture d’esprit, leur force de conviction, sans jamais se déstabiliser face aux “préjugés”.
Merci à mon frère pour sa force et sa joie de vivre.
Et un grand merci à E. Jovelin pour cette chance qu’il me donne de m’exprimer et sa confiance.


Dans ces pages, vous trouverez consignées des bribes de vies des enfants de l’orphelinat des amis de Saint- Antonio.
Je vous prie de bien vouloir partager ces pages sans a priori, sans pitié ni tristesse, afin que ces enfants gardent toute leur dignité due à leur rang d’être humain.
Comme le disait si bien Christian Bobin1 :
“Il y a plus de texte écrit sur un visag e
Que sur un volume de la pléiad e
Et quand je regarde un visag e
J’essaie de tout lire ”
Je vous invite, tout comme lui, à ne pas vous arrêter sur un ressenti ou une image.
Sur ce, je vous souhaite bon voyage.
1 -La Lumière du monde, Éditions Gallimard, 2001
Confession intime
Salut toi, comment vas-tu ?
Pas la grande forme, à ce que je vois !
Que se passe-t-il ? Pourquoi trembles-tu ?
Cela fait longtemps que l’on se connaît, toi et moi. Raconte-moi cette lassitude.
La rose a fané, mais les épines sont restées. Mais cela ne m’a jamais empêchée d’avancer.
Je te l’accorde, c’est vrai. Pourtant, jamais, cela n’avait été pour toi si compliqué. Jamais tu n’avais ressenti autant le poids des années. Et je te vois ce soir, étendue dans le noir, à fixer hébétée ces étoiles scintiller.
Mais, dis-moi, que pensais-tu y trouver ?
Peu à peu, sur ton âme, je vois les pelletées de terre s’amasser. Mais, dis-moi, vas-tu bouger ou comptes-tu rester là et assister au dernier ballet donné en ton honneur ?
Les étoiles ne cessent d’illuminer ces yeux où les larmes ont séché, et où la vie, chaque année, s’est envolée. Ta vue commence à se brouiller ? Laisse-moi t’emmener. Regarde ! Les images commencent à se former.
Il fait noir. Je ne sais pas combien de temps elle a dormi. Peut-être dort-elle encore ? Il y a longtemps que cette histoire a commencé.
Celle-ci commence là-bas, dans ce pays où le soleil ne se cache que pour laisser place à la pluie, là où la terre chante chaque jour, dans ces paysages où se côtoient les espaces de terre brûlée et les forêts inaccessibles aux mille secrets.
Tout débuta dans ces quartiers aux maisons de papier, aux toits de plastique et aux murs construits de bric et de broc, où le ciment n’est que ficelle. On appelle cela des favelas.
Dis-moi, les vois-tu ?
Laisse-moi être ton guide. Allez, suis-moi !
Le ciel était d’un bleu d’azur. Pas un nuage ne venait rafraîchir cette atmosphère chargée d’humidité. Le vent tiède et poisseux venait balayer les détritus épars et secouer violemment les cocotiers. Dans les rues en terre battue, des enfants aux pieds nus, au ventre gonflé et à la peau dorée, jouent dans les ruelles, où les déchets s’amoncellent.
Les aînés ont terminé leurs jeux. Pour eux, finis les rêves en blanc : ils ne sont plus des enfants. Il est l’heure, désormais, de penser à chercher dans les décharges et les poubelles de quoi gagner quelque réais pour manger.
Ne les vois-tu pas gravir ces monticules artificiels, courbés sous la chaleur ? N’entends-tu pas le bruissement d’ailes des charognards dans leur vol interminable ?
L’odeur qui se dégage de ces lieux est pestilentielle. Éloignons-nous un peu.
Attends, attends, arrêtons-nous un instant. Ne seraient ce pas des cris que l’on entend ?
J’ai cru apercevoir, dans la chaleur du soir, deux petites ombres noires, entassées sur un pont. Pourquoi ne sont-ils pas dans une maison ? Comme pour les consoler, le vent se lève et se hâte de sécher ces larmes qui viennent de perler. Personne ne semble les entendre ou ont-ils peur de comprendre ?
Je te vois t’agiter.
Ne sois pas aussi impatiente ; reste encore un moment.
Regarde !
Un homme s’avance, ses articulations viennent de craquer. Il s’est penché sur ces deux corps recroquevillés. Ses bras décharnés s’allongent pour soulever ces deux êtres entrelacés. Malgré les morsures de l’âge, on le voit avancer, chargé de ces deux petits paquets. Devant une porte aux charnières rongées, notre petit convoi vient de s’arrêter, un abri ils ont trouvé.
Un vieil homme solitaire vient de trouver une raison de continuer d’avancer et deux enfants sont à l’abri du danger. Les jours passent, sans que personne ne vienne rechercher ces deux âmes égarées. Mais cela n’a pas d’importance, car, entre ces trois êtres, s’est créée une dépendance.
Les cris emplissent la favela et transforment ces murs décharnés en château de conte

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