Vivre en Israël après la Shoah
160 pages
Français

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Vivre en Israël après la Shoah , livre ebook

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Description

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, chez les juifs survivants qui ont rejoint la terre d'Israël, l'affirmation de l'identité juive s'est produite parallèlement à l'émergence de l'Etat hébreu. Ce recueil présente des témoignages de survivants venus de France. Ils ont en commun une interrogation sous-jacente : quelles sont les modalités de l'existence juive après la Shoah ? L'identité juive est-elle radicalement différente dans l'Etat hébreu de celle des Juifs établis en diaspora ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 226
EAN13 9782336274713
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008 5-7, rue de l’Ecole polytechnique; 75005 Paris
http:/www.librairieharmattan.com harmattan l @wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296066472
EAN : 9782296066472
Vivre en Israël après la Shoah
Témoignages de survivants venus de France

Margalith Getraida
Françoise S. Ouzan
Des mêmes auteurs
Ouvrages de Margalith Getraida
En collaboration avec Patrick Petit-Ohayon, Transmettre la mémoire de la Shoah , Paris, FSJU, 1998.
Ouvrages de Françoise S. Ouzan
Ces Juifs dont l’Amérique ne voulait pas, 1945-1950 , préface d’André Kaspi, Bruxelles, éditions Complexe, 1995.
Demain, nous partons , Paris, éditions Bibliophane / Daniel Radford, 2007. Roman.
Histoire des Américains juifs, de la marge à l’influence, Bruxelles, éditions André Versaille, 2008.
De la mémoire de la Shoah dans le monde juif , sous la dir. de Françoise Ouzan et Dan Michman, Paris, éditions du CNRS (à paraître)
Contributions à des ouvrages collectifs
« Un enjeu pour les Etats-Unis: les réfugiés d’après-guerre, 1945-1953 », in L’Anticommunisme et la « chasse aux sorcières » aux États-Unis, 1946-1954 , sous la dir. de Pierre Lagayette, Paris, éditions Ellipses, 1995, p. 81-90.
« Un exemple d’engagement: l’ American Memorial Hospital de Reims, 1919-1947», in Les Américains et la France, 1917-1947, engagements et représentations , actes du colloque international, sous la dir. de F. Cochet, M. C. * Genêt-Delacroix, H. Trocmé, éditions Maisonneuve et La-rose, Paris, 1999, p. 41-53.
« Une nouvelle super-puissance face à un dilemme: Truman et la création de l’État d’Israël (1945-1948) » in La montée en puissance des États-Unis, De la guerre hispano-américaine à la guerre de Corée, L’Harmattan, 2004, sous la dir. de P. Melandri et S. Ricard, p. 115-130.
« La mémoire de la Shoah dans le vécu des Juifs aux Etats-Unis (1945-1961) : De la mémoire de la Shoah dans le monde juif, sous la dir. de Dan Michman et Françoise Ouzan, Paris, éditions du CNRS (à paraître)
Dictionnaire de la Shoah , éditions Larousse, Paris, 2008 (entrées : Personnes Déplacées, Etats-Unis), à paraître.
Que les témoins qui nous ont accordé leur confiance soient chaleureusement remerciés.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Des mêmes auteurs Remerciements Préface Introduction LES RESISTANTS RACONTENT... LES ENFANTS CACHES RACONTENT... En guise de conclusion ANNEXES Garder Théa en mémoire... Regards croisés : les « leçons » du passé Que sont-ils devenus ? REPERES CHRONOLOGIQUES DE L’OCCUPATION ALLEMANDE EN FRANCE Indications bibliographiques
Préface
Comment peut-on être survivant ? On ne peut pas se remettre à vivre comme avant. Alors comment voulez vous qu’on survive avec dans le corps, dans la famille et dans la mémoire la trace de la mort ?
Françoise Ouzan et Margalith Getraida essayent de répondre à ces questions en termes d’identité : comment être juif après la Shoah ? Reprend-on la même existence en France, aux Etats Unis ou en Israël ? C’est un problème d’identité, disent les auteurs.
Un homme seul n’a aucune possibilité de connaître son identité. Il a besoin des autres pour devenir lui-même et découvrir qui il est. Ce paradoxe qui constitue la condition humaine explique que notre monde intime est rempli de ce que les autres y mettent.
Leurs mimiques en exprimant leurs émotions imprègnent un sentiment dans l’âme des blessés et les mots qui leur échappent, les récits qu’ils font de ce qui nous est arrivé participent à la construction intime de notre identité.
Les archives administratives, les récits, les préjugés d’un groupe social et les témoignages des survivants nous invitent à regarder autrement les survivants. En 1939, il y avait sur la planète neuf millions de Juifs or, deux millions d’hommes se sont engagés dans toutes les armées qui ont combattu le nazisme. Les Juifs américains, ceux des pays arabes, les enfants, les vieux et les malades n’ont pas pu combattre. Ce qui revient à dire que pratiquement tous les hommes capables de faire la guerre se sont engagés. Les jeunes et les femmes non incorporables ont été sur-représentés dans les milieux de la Résistance. Et pourtant, ils ont été « conduits à l’abattoir » parce qu’ils ont fait confiance aux lois du pays d’accueil ou parce que les voisins en les dénonçant collaboraient avec la police et l’armée d’occupation.
La fin de la guerre n’a pas été la fin des problèmes. Il a fallu survivre avec ça dans la mémoire, avec les morts à table, avec des familles délabrées, dans un contexte social où tout était à reconstruire. La nouvelle identité devait donc prendre forme en établissant des transactions entre ce qu’on était devenu après la guerre et les récits culturels qui nous entouraient.
En France il a fallu se taire, car le témoignage des Juifs, en accusant Vichy, risquait de compromettre la réconciliation nationale. C’est donc le silence et même le déni culturel qui ont coupé les survivants en deux : une partie d’eux-mêmes socialement acceptable à condition de se taire, et une autre partie douloureuse et silencieuse.
Aux Etats Unis, dans les pays arabes on ne soupçonnait pas l’ampleur de la Shoah, on ne savait pas que sept adultes sur dix et neuf enfants sur dix ont été assassinés dans des conditions insupportables. Dans ces pays là on leur laissait prendre la parole sans trop écouter, mais au moins, ils n’étaient pas rejetés.
Quand les Juifs survivants sont arrivés en Israël, ils ont été entourés par des Juifs combattants qui avaient combattu les Arabes pour faire reconnaître l’existence d’Israël. Pour eux l’armée devenait un facteur d’intégration. Beaucoup de Juifs, qui étaient intellectuels en Europe acceptaient de prendre un poste de maçon ou d’agriculteur. Les persécutions antisémites et le terrorisme arabe augmentaient la solidarité des survivants. L’identité juive prenait un aspect nouveau au point que beaucoup d’immigrants en Israël s’exclamaient : « Quel beau pays ! C’est dommage qu’il n’y ait pas de Juifs ! ».
Mais l’identité n’est pas entièrement construite par le contexte. Les personnes interprètent les événements de la manière dont ils se sont développés. Les Juifs nés dans les années 1920 avaient déjà une personnalité construite quand le malheur s’est abattu sur eux. Ils ont pris conscience du traumatisme aigu qui les frappait. Alors que ceux qui sont nés dans les années 1930 étaient en cours de développement quand les persécutions ont massacré leur famille et leur groupe social. Pour eux, le traumatisme a été « développemental », il s’est inscrit dans la construction de leur personnalité.
Quand une partie de notre identité a été tuée, quand une escarre psychique s’est inscrite dans la représentation de soi, comme une blessure irrémédiable (mort des parents ou des enfants, déchirure familiale), quand on a été momentanément mort tant la contusion psychique était impensable, l’identité ne peut plus repartir comme avant. Elle dépend des récits d’alentour où chaque culture explique le trauma à sa manière. Et pourtant les blessés gardent au fond d’eux le sentiment de la continuité de soi.
Une identité est donc flexible et pour rester soi-même dans des contextes culturels variés, il importe de travailler à ses transactions avec les récits d’alentour. C’est pour cette raison que ce livre a été écrit.
Boris Cyrulnik
Introduction
L’après-guerre a confronté les survivants juifs — dans leur vécu et dans leur compréhension de soi — au double défi de redéfinir leur identité et de reprendre une vie “normale”, que ce soit dans leur pays d’origine, dans un pays “d’accueil” ou en terre d’Israël. Or, la France, lieu du franco judaïsme est un pays d’où, traditionnellement, on n’émigre pas. Par refus de mettre en question l’intégration à la française, les Juifs se sont généralement détournés du sionisme.
Au lendemain de la persécution des Juifs d’Europe, les survivants souffrent du constat de n’être plus comme les autres citoyens. La plaie béante, c’est la perte des siens mais aussi l’humiliation subie pendant les années de guerre. Comment ne plus risquer qu’on vous traque, qu’on vous déporte, qu’on vous jette dans une fosse commune ? Comment être sûr que son pays protège ses citoyens ? C’est par désir vital de retrouver sa dignité que s’enclenche l’imagination du départ vers le « foyer national juif » qui deviendra l’Etat d’Israël le 14 mai 1948. Sur cette terre, le pass

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